Humanitaire
L'Afrique est le théâtre récurrent d'opérations humanitaires, parfois qualifiées, d'une manière critique, de charity business lorsqu'elles sont perçues négativement en raison du jeu complexe entre l'exposition ou la mise en scène médiatique des populations et l'aide qui leur est apportée.
Certaines populations y sont maintenues sous la perfusion des ONG et des plans d'aide d'urgence internationale, par exemple, à travers le Programme alimentaire mondial (World food program - WFP / PAM) ou les activités du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR). Les guerres civiles, les conflits entre nations, l'intervention d'urgence en cas de grave aléa naturel, les épidémies et pandémies, placent souvent la "communauté internationale" devant ses responsabilités et ses devoirs d’intervention en Afrique subsaharienne. Il faudrait, bien entendu, toujours tout faire pour éviter d’y recourir et pour que ces situations ne s’éternisent pas. Mais ces modes d'intervention sont bien inséparables des problématiques de l’ingérence.
Les Organisations non gouvernementales (ONG) ont acquis une place de premier ordre dans la gestion de ces situations du fait de leur professionnalisme, de leurs savoirs-faire géopolitiques, logistiques et techniques dans les domaines de la santé et de l'urgence médicale. Apparues, pour la plupart, après 1945, les ONG avaient alors une vision rédemptrice de leur action (racheter les fautes de l’Occident colonialiste) et c'est en Afrique, dans les années 1970 - 1980, que les French Doctors ont mondialisé l'émotion humanitaire à travers l’image des enfants pris dans la tourmente de la guerre du Biafra au Nigéria (1967). Les situations d'urgence se sont depuis diversifiées et multipliées sur le terrain africain : Restore Hope en Somalie en 1992, le génocide au Rwanda en 1994 et ses conséquences pour les pays voisins, la sécheresse en Éthiopie en 2000 (Ogaden), plus récemment, l'assistance aux populations fuyant le Soudan, etc.
Les conditions de l'action humanitaire en Afrique sont souvent particulièrement difficiles du fait du manque d'infrastructures et de la faiblesse des États. On sait par ailleurs que les malheurs qui affectent l'Afrique subsaharienne suscitent, proportionnellement aux victimes concernées, beaucoup moins de dons que d'autres lieux et d'autres circonstances. Ainsi, la mobilisation humanitaire exceptionnelle suscitée par le tsunami dans l’océan Indien a conduit les gouvernements, les organisations internationales, les ONG et organismes de bienfaisance, les particuliers, les entreprises à promettre 13,6 milliards d'USD en faveur des pays affectés. Parallèlement, la crise alimentaire au Niger, les situations d’urgence qui prévalent actuellement au Soudan et en République démocratique du Congo mobilisaient beaucoup moins la générosité internationale.
(ST)
Pour compléter
- dans le dossier Afrique subsaharienne, territoires et conflits
> l'article de Luc Cambrézy, Les camps de réfugiés du Kenya : des territoires sous contrôle
> l'article de Marc Lavergne, Darfour : impacts ethniques et territoriaux d'une guerre civile en Afrique
- dans le dossier Géographie de la santé : espaces et sociétés
> le corpus documentaire, Choléra : géographie d'une pandémie. Étude de cas : Haïti, 2010 - 2012
- Le site de Médecins sans frontières : http://www.msf.fr/