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Liturgie

Publié le 03/03/2023
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La liturgie désigne le culte public rendu à un ou à plusieurs dieux par l’assemblée des fidèles (rites, cérémonies, prières). Conformément à son étymologie (du grec leitourgia, service du peuple), on la distingue donc habituellement des actes de piété individuels des fidèles. La distinction entre les deux est toutefois parfois difficile à réaliser, par exemple dans le cadre des pèlerinages : s’agit-il d’actes de piété individuels ou peut-on parler d’une « liturgie de pèlerinage » ?

Correspondant à une action en société, la liturgie peut donc s’appréhender par la sociologie des rites. En ce sens, toute liturgie est « un dispositif d’organisation des relations » entre les individus et une Église (de Bremond d’Ars, 2015). Elle joue donc un rôle politique d’encadrement des fidèles. La plupart des grandes religions, tout comme les nouveaux mouvements religieux, possèdent une liturgie propre. En conséquence, toute société porte les traces plus ou moins fortes et plus ou moins vivaces des différentes liturgies. En Occident, la liturgie chrétienne marque encore des sociétés, pourtant désormais largement déchristianisées.

Agissant en fonction d’un certain nombre d’événements qui rythment la vie sociale (obsèques, mariages, messe dominicale pour les chrétiens…) mais aussi de lieux sacrés (églises et temples chrétiens, mosquées, synagogues, temples hindouistes, lieux sacrés divers…), la liturgie peut donc également être appréhendée par la géographie des religions.

(SB et CB) janvier 2023.

 
Encadré 1. La liturgie chrétienne

La liturgie chrétienne se compose de l'ensemble des lectures, prières et rites constitutifs du culte chrétien, mis en œuvre au cours d'une célébration religieuse organisée par l'Église. Les deux principaux rameaux historiques de la liturgie chrétienne sont ceux de l’Orient et de l’Occident. En Occident, la liturgie romaine est, dans le temps long, de langue latine, depuis les derniers siècles de l’Empire romain, alors qu’en Orient, la liturgie a été traditionnellement de langue grecque, encore pratiquée, mais aussi plus diversifiée et ouverte tôt à d’autres langues, dont le slavon en Russie. Depuis la Réforme, le protestantisme fait beaucoup moins usage du terme de liturgie, qu’il associe très peu à des rites mais surtout aux textes (prières et chants) utilisés dans la célébration, même s’il faut ici opérer des nuances, notamment pour le luthéranisme classique et l’anglicanisme, plus proches des conceptions catholiques dans la forme.

La liturgie romaine préconciliaire est celle qui était pratiquée de façon quasi-générale dans le monde catholique jusqu’à la fin du concile Vatican II (1962-1965). On parle aussi de rite de saint Pie V ou messe tridentine, pour désigner cette forme de célébration eucharistique dont les origines remontent à l’Antiquité chrétienne latine mais qui a évolué au cours de l'époque médiévale et qui a été codifiée à la suite du Concile de Trente (en 1570). Par rapport à la liturgie réformée dans les années 1960, ses caractères majeurs sont  : célébration en latin, le prêtre et les fidèles orientés dans le même sens, face à l’autel (comme dans la plupart des liturgies orientales) et récitation à voix basse par le prêtre de la prière eucharistique (ce qui est a été une particularité historique de l’Occident).
Suite au Concile Vatican II (1962-1965), le pape Paul VI a introduit une réforme liturgique qui comporte de nombreux aspects. Les plus marquants sont la célébration face au peuple et une plus large place accordée à la langue du pays, pour favoriser ce que le concile a défini comme la « participation active » des fidèles. Dès les premières années de la réforme liturgique, l’usage de la langue usuelle a été généralisé mais le latin n’a pas été entièrement éliminé et il réapparaît partiellement ces dernières années, notamment à l’occasion de pèlerinages. Dans le cadre de cette réforme, un nouveau missel romain a été publié en 1969, avec une refonte profonde également des textes, notamment de la succession des lectures bibliques, et avec une multiplication des prières eucharistiques, désormais lues à haute voix par le célébrant. L'organisation spatiale de l'église a été alors transformée, avec une ouverture complète de l’espace du chœur sur la nef et l’implantation de l’autel face à l’assemblée. Les églises nouvelles mais aussi les églises anciennes, pratiquement toutes remodelées intérieurement, portent maintenant les marques de cette nouvelle organisation spatiale, liée à la célébration face au peuple dont la généralisation est d'autant plus remarquable qu'elle a été moins strictement imposée par Rome que promue et facilitée, depuis l'instruction Inter Oecumenici (n° 91) de 1964, reprise dans les normes actuelles de la liturgie postconciliaire (Présentation générale du missel romain, n° 299).
Toutefois, à la suite d’autorisations partielles sous le pontificat de Jean-Paul II (en 1984 et 1988), le pape Benoît XVI a libéralisé la messe de saint Pie V en 2007, c'est-à-dire qu'il donne l'autorisation de célébrer la messe selon l'ancien rite préconciliaire (selon l’édition de 1962 du missel romain) désormais normalisé sous le nom de  « forme extraordinaire du rite romain ».

(MCD), 2016, relu en janvier 2023

Pour aller plus loin
  • Constitution du concile Vatican II sur la liturgieSacrosanctum concilium, 1963
  • Présentation générale du missel romain
  • Levatois Marc, 2009, La messe à l’envers. La liturgie de l'Église catholique en débat, Paris, Jacqueline Chambon- Actes Sud, 200 p.
  • Martimort Aimé-Georges (dir.), 1983, L’Église en prière, t. 1, Principes de liturgie, Tournai, Desclée, 306 p.
  • Martin Philippe, 2010, Le théâtre divin. Une histoire de la messe du XVIe au XXe siècle, Paris, CNRS Éditions, 383 p
  • Nocent Adrien, 1977, La célébration eucharistique avant et après saint Pie V, Paris, Beauchesne, 85 p.
  • Sartore Domenico, Triacca Achille-M., 2002, Dictionnaire encyclopédique de la liturgie, Paris, Brepols, 2 vol., 677 et 575 p.

 
Références citées
  • De Bremond d’Ars Nicolas. La liturgie catholique. Quarante ans de pratiques en France. Presses Universitaires de Rennes. 2015
Pour compléter avec Géoconfluences

 

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