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Puissance révisionniste

Publié le 23/04/2025
Auteur(s) : Vincent Capdepuy, docteur en géographie, professeur d'histoire-géographie - académie de La Réunion

Une puissance révisionniste est un État dont on considère que sa politique vise à remettre en question – à réviser – l’ordre international établi. Par opposition, un États souhaitant le conserver est une puissance de statu quo, selon une distinction développée dès 2006 par James W. Davison :

« Récemment, les spécialistes des relations internationales ont recommencé à faire la distinction entre les États ayant des objectifs révisionnistes et ceux ayant des objectifs de statu quo. Alors que les révisionnistes cherchent à changer la donne en matière de politique internationale, les partisans du statu quo s’efforcent de préserver les choses telles qu'elles sont. »

Jason W. Davison, 2006, The Origin of Revisionist and Status-quo states, New York, Palgrave MacMillan, p. 1.

Le verbe « recommencer » indique que la notion n’est pas totalement nouvelle. En effet, le « révisionnisme », dans ce sens précis lié aux relations internationales, a été défini dès l’entre-deux-guerres. Il s’agissait alors, de la part de puissances vaincues, d’obtenir la révision des traités de 1919, au risque de compromettre de la paix. C’est du moins ainsi que cela est perçu, comme l’explique Frederick Llewellyn-Jones en 1933 devant la Grotius Society de Londres : « Les États d’Europe risquent de former deux groupes antagonistes, les États révisionnistes et les États qui refusent toute réouverture du règlement contenu dans les traités ».

Dans le contexte d’un monde multipolaire et d’un retour de l’exacerbation des rivalités de puissance, le terme est utilisé à nouveau, principalement par les États-Unis et certains de leurs alliés. Principaux bénéficiaires de l’ordre mondial établi après la Seconde guerre mondiale, ils sont hostiles à toute remise en cause de ce dernier. Les puissances révisionnistes mentionnées dans un document stratégique national états-unien selon les États-Unis (U. S. Gov, 2017) sont la Chine et la Russie, on y ajoute parfois l’Iran. Précédemment, la notion de « puissance révisionniste » avait été employée par Walter R. Mead dans un article paru dans la revue Foreign Affairs, en 2014, sur la « revanche des puissances révisionnistes » :

« La Chine, l’Iran et la Russie n’ont jamais adhéré à l’accord géopolitique qui a suivi la guerre froide et tentent de plus en plus vigoureusement de le renverser. Ce processus ne sera pas pacifique et, que les révisionnistes réussissent ou non, leurs efforts ont déjà ébranlé l’équilibre des puissances et modifié la dynamique de la politique internationale. »

Walter Russell Mead, « The Return of Geopolitics: The Revenge of the Revisionist Powers », Foreign Affairs, 2014, p. 69.

Le terme est à employer avec prudence et circonspection, sauf à vouloir embrasser sans réserve le point de vue hégémonique qui le porte. Par ailleurs, il présente en français un risque de confusion avec la notion de révisionnisme, qui consiste à nier l’existence de faits historiquement prouvés, comme les génocides perpétrés par les Nazis.

Vincent Capdepuy, avril 2025, dernières modifications (JBB).


Références citées
  • Davison Jason W., 2006, The Origin of Revisionist and Status-quo states, New York, Palgrave MacMillan, p. 1.
  • Llewellyn-Jones Frederick, 1933, « Treaty Revision and Art. XIX of the Covenant of the League of Nations », Transactions of the Grotius Society, vol. 19, p. 13.
  • Mead Walter Russell, 2014, « The Return of Geopolitics: The Revenge of the Revisionist Powers », Foreign Affairs.
  • U.S. Gov, 2017, National Security Strategy of the United States of America, 2017, p. 25.
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