Race et racisme aux États-Unis
Voir aussi >>> race et assignation raciale.
La race dans le recensement des États-Unis
Le Bureau du recensement des États-Unis pratique la classification de la population sur des bases raciales et ethniques. Jusqu'en 1970, l'agent recenseur assignait une identité raciale à l'individu recensé. Depuis 1970, la classification s'effectue sur la base de l'auto-déclaration et la possibilité de déclarer appartenir à une pluralité de groupes « raciaux » a été introduite en 2000.
L'U.S. Office of Management and Budget (OMB) propose une classification en 5 grands groupes : Blancs, Noirs ou Africains-Américains, Amérindiens ou originaires d'Alaska, Asiatiques et Hawaïen ou autre originaire d'une île de l'océan Pacifique, plus le groupe Autre race.
Le recensement a contribué à l’institutionnalisation de la race comme catégorie sociale dans le contexte états-unien et à sa persistance comme fait de conscience et référent langagier. La disparition de l’esclavage n'a pas entraîné celle du racisme, qui est sa matrice historique et son fondement théorique, en tant qu’idéologie pseudo-scientifique à valeur rationalisante. Le recensement a aussi joué un rôle dans l’internalisation par les individus de l'identité raciale, dont témoigne l’absence de bouleversements induits par le passage à l’auto-classification en 1970. Le recensement est donc un agent de la racialisation de la société états-unienne depuis le XIXe siècle.
Le formulaire de déclaration de la race dans le recensement 2020 aux États-UnisSource : US Census Bureau, 2020. |
Le formulaire de 2010 |
L'Amérique est-elle post-raciale ?
L’élection de Barack Obama en 2008 puis sa réélection en 2012 ont pu laisser croire que la couleur de la peau ne pose plus problème aux États-Unis. En reléguant la spécificité de la question raciale au rang des multiples divergences d’opinions, Barack Obama souscrit au mythe d’une société post-raciale, purgée de toute forme de racisme institutionnalisé et promise à une marche vers plus de justice et plus d’égalité.
De plus, l’installation durable de groupes ethniques et raciaux d’origines extrêmement diverses, rend moins opérante la seule division Blancs/Noirs. L'Amérique post-raciale verrait le conflit entre Blancs et Noirs tendre à s'effacer au profit d'une compétition entre des groupes culturellement différents. L'analyse des réalités sociales et spatiales montre qu'il n'en est rien : la société américaine est toujours fortement ségrégée et racialisée.
Les six années qui ont passé depuis la première rédaction de cet article n'ont pas démenti cette dernière phrase, avec l'affaire George Floyd (du nom de l'homme de 46 mort des suites d'une interpellation policière particulièrement violente) et le mouvement médiatique mondial « Black lives matters » (« Les vies des Noirs comptent » qui a suivi.
(MCD) novembre 2015, dernière mise à jour (JBB, SB et CB) : novembre 2021.
Pour compléter
- Charlotte Recoquillon, « Ce que " Ferguson" révèle du racisme systémique aux États-Unis », Géoconfluences, 2015.
- Séverin Guillard, « Le rap, miroir déformant des relations raciales dans les villes des États-Unis », Géoconfluences, janvier 2016.
Liens externes
- Questionnaire US Census 2020 : https://www2.census.gov/programs-surveys/decennial/2020/technical-documentation/questionnaires-and-instructions/questionnaires/2020-informational-questionnaire.pdf
- Schor Paul , Compter et classer : histoire des recensements américains, Paris, Presses de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, collection « En temps et lieux », 2009. 383 p. Compte-rendu par D. Sabbagh dans La Vie des Idées, 2010.