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L’Inde, une démocratie en (dys)fonctionnement

Publié le 09/04/2024
Un récent dossier du Monde diplomatique consacré à l’Inde (avril 2024) permet de nourrir la réflexion sur deux thèmes des programmes d'HGGSP : comprendre la démocratie et analyser les relations entre États et religions. Le dossier est réservé aux abonnés mais voici un résumé de quelques points saillants en rapport avec ces programmes.

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La plus grande démocratie du monde est dirigée, depuis 2014, par un ultraconservateur nationaliste et religieux, Narendra Modi. Issu d’un mouvement paramilitaire, le RSS, dont le BJP fut initialement la branche politique, il a expérimenté la gestion des affaires publiques à l’échelle d’un État fédéré, le Gujarat, de 2011 à 2014, avant de devenir premier ministre de l’Union indienne. Avec 180 millions de membres (en 2019), son parti, le BJP (Bharatiya Janata Party), est le plus grand parti du monde, dans la plus grande démocratie du monde.

L’article de Christophe Jaffrelot, dans ce numéro du Monde diplomatique, fait le bilan des dix ans de mandat de Narendra Modi. La politique observée par le BJP depuis son accession au pouvoir est la même que dans d’autres démocraties gouvernées par l’extrême-droite (Brésil de Jair Bolsonaro, Italie de Giorgia Meloni) : ultralibéralisme économique, conservatisme religieux et moral, intimidation des opposants, et remise en question des mécanismes démocratiques de l’état de droit ((Sur le recul de l’état de droit au Brésil, lire par exemple cette entrevue du Secours catholique avec Luis Urrego. Sur l’Italie, lire par l’exemple cet article d’Eric Jozsef dans Libération.)). Le cas illustre à nouveau l’affaiblissement d’une démocratie causé par un parti élu démocratiquement. L’autre point commun entre ces États dirigés par l’extrême droite est la désignation d’un ennemi intérieur, les musulmans dans le cas de l’Inde, ce qui se traduit dans le pays par des pogroms d’une violence redoublée depuis qu’ils sont encouragés par le pouvoir.

L’article de Camille Auvray, dans le même journal, explique de façon très synthétique mais avec une grande précision la mise en œuvre de cette stratégie. Elle s’appuie notamment sur des grands patrons (qu’on appellerait dans un régime autoritaire des oligarques) idéologiquement proche du pouvoir, dont l’archétype est Gautam Adani, l’une des plus grandes fortunes du pays. Le groupe Adani bénéficie d’un régime de faveur qui lui permet de réaliser d’importants bénéfices dans l’électricité, les terminaux portuaires, l’agroalimentaire, entre autres. La situation aboutit à un capitalisme de connivence et à un recul de l’État de droit. Nous proposons ici une adaptation visuelle des mécanismes décrits dans l’article (document 1).

Un autre article, de Clea Chakraverty, montre les tentatives du BJP de censurer les productions audiovisuelles, principalement lorsqu’elles critiquent le pouvoir, mais également pour des motifs religieux. « [Certaines] séries étant parvenues à passer à travers les mailles — pourtant serrées — du comité de censure (sous la tutelle du ministère de l’information et de la diffusion), le gouvernement central a souhaité faire évoluer les dispositifs existants, comme le "code éthique" permettant selon ses mots de "modérer" (comprendre "supprimer") des scènes ou épisodes jugés obscènes ou risquant de "heurter les sentiments religieux" ».

Document 1. L’Inde, une démocratie aux mains d’un parti ultranationaliste

Recul démocratique après l'arrivée d'un parti ultranationaliste, exemple de l'Inde

D’après Camille Auvray, « Les bons amis du premier ministre indien », Le Monde diplomatique, avril 2024. Licence C.C. 4.0 non commerciale (BY NC SA). Réalisation : J.-B. Bouron, Géoconfluences, 2024

 

Pour compléter avec Géoconfluences

Dossier sur l’Inde et le monde indien
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Pour citer cette brève :

« L’Inde, une démocratie en (dys)fonctionnement », brève de Géoconfluences, avril 2024.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/democratie-inde-dysfonctionnement