Une géographie de l’Asie du Sud-Est
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L’Asie du Sud-Est, située entre sous-continent indien et Chine, et entre Asie et Australie, est un carrefour ouvert sur l’extérieur dont la diversité est telle qu'elle remet parfois en cause l'idée qu'il s'agit d'une région. Le terme Asie du Sud-Est est lui-même exogène. C’est à partir de la Seconde Guerre mondiale que le terme Asie du Sud-Est s’impose, repris des archéologues du XIXe siècle par le commandement allié créant le Southeast Asia Command pour repousser les Japonais hors de la région. Son appropriation est ensuite renforcée par la création de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 1967.
Les découpages occidentaux ont longtemps envisagé cette région en creux par rapport à l’Inde et à la Chine et l’ont intégrée à des ensembles plus vastes, tel l’Extrême-Orient ou l’Asie orientale, ou l’ont divisée en sous-ensembles, selon des critères culturels ou de géographie physique : Asie du Sud-Est continentale (dite péninsule indochinoise) et insulaire (dite Insulinde), comprenant également la péninsule malaise de par son appartenance à un « monde malais » ; Asie du Sud-Est sinisée (Vietnam) et indianisée (le reste de la région)...
Ce texte de cadrage du dossier que Géoconfluences consacre à l'Asie du Sud-Est vise à poser le contexte général de cette région, à en brosser les grands traits, afin de permettre au lecteur de se familiariser avec ses caractéristiques. Ce tableau est ici seulement esquissé, mais il propose des pistes d’approfondissement que le lecteur ou la lectrice pourra explorer à l’aide des autres articles du dossier. Le fil directeur de cette introduction à l’Asie du Sud-Est sera bien de retracer les trajectoires communes à la région tout en soulignant les spécificités des différents pays.
1. Une région carrefour marquée par la diversité
Document 1. Le monde vu d'Asie du Sud-Est |
L’Asie du Sud-Est est une région de 646 millions d’habitants en 2017, soit 8,6 % de la population mondiale, qui comprend, dans son acception courante, onze pays, la Birmanie, Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, le Timor oriental et le Vietnam (document 1). Ils sont d’une grande diversité de taille, de population et de niveau de développement. La population varie de quelques centaines de milliers d’habitants à Brunei ou Timor oriental à 264 millions en Indonésie, le 4e pays le plus peuplé du monde (document 2). Les niveaux de développement sont tout aussi contrastés. Deux petits pays, la Cité-État de Singapour, plateforme financière et logistique de rang mondial et moteur économique de l’Asie du Sud-Est, et Brunei, sultanat pétrolier, ont des niveaux de vie de pays riches. En 2018 selon l’ONU, l’IDH de Singapour, de 0,935, est ainsi supérieur à celui du Japon (0,915). La plupart des autres pays sont des pays émergents, qui appartiennent, selon la classification de la Banque Mondiale, à la catégorie des pays à revenus intermédiaires, intermédiaires supérieurs (Malaisie, Thaïlande) ou intermédiaires inférieurs (Cambodge, Laos, Indonésie, Birmanie, Philippines, Vietnam). L’ONU en classe cependant quatre dans la catégorie des PMA (Pays les Moins Avancés) : Cambodge, Laos, Birmanie et Timor oriental. Outre les différences de taille et de niveau de développement, une coupure géopolitique a longtemps opposé les pays d’économie capitaliste, Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Brunei, aux pays d’économie dirigée, appelés groupe CLMV par les économistes pour Cambodge, Laos, Myanmar (Birmanie), Vietnam. Il s’agit d’États impliqués dans la guerre d’Indochine et réunifiés en 1975 sous l’égide de partis communistes, ou, en Birmanie, se réclamant après un coup d’état en 1962 d’un socialisme à la birmane.
Document 2. Population, surface, densités et produit intérieur brut par habitant, par pays, 2017
Source : Banque asiatique de développement |
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L’Asie du Sud-Est, plus maritime que continentale, s’étend sur 4,5 millions de km² de terres et 9,3 millions de km² d’espaces maritimes. Située au bout du continent asiatique dont elle est séparée par des chaines de montagne issues des contreforts himalayens, elle en constitue l’extrémité tropicale. Ses territoires continentaux, que l’on qualifie de péninsule, sont plus étroits que dans le reste du continent et se prolongent en un chapelet d’îles qui jette un pont jusqu’à la Nouvelle Guinée et l’Australie. Elle est toute entière située dans la zone intertropicale, dans une région au climat rythmé par la mousson, dans une zone de convergence tectonique entre plaque pacifique, indo-australienne et eurasiatique, qui fait de son pourtour un maillon de la ceinture de feu du Pacifique, quand son centre repose sur une plateforme continentale stable, la plateforme de la Sonde (document 3).
Document 3. L’Asie du Sud-Est, zone de convergence tectonique, maillon de la ceinture de feu du pacifique |
Cette région est en position de carrefour entre deux masses terrestres, le continent asiatique d’un côté, l’Australie et l’Océanie de l’autre ; entre deux océans, l’Océan indien et le Pacifique (document 1) ; et à la jonction de deux civilisations et géants démographiques, le sous-continent indien et la Chine. Cette localisation, par la variété de ses affinités asiatiques et australiennes, ajoute à la diversité de l’Asie du Sud-Est, sur le plan linguistique et biogéographique notamment. La région s’est aussi trouvée de longue date au carrefour de routes commerciales reliant l’Occident à la Chine : routes terrestres caravanières, reliant le Yunnan situé sur la route méridionale de la soie aux ports de la péninsule ; routes maritimes, empruntant depuis l’Ouest le détroit de Malacca et longeant les côtes vers le nord. Cette localisation a mis la région en contact avec d’autres civilisations, avec les grandes religions, hindouisme (à partir du début de notre ère), bouddhisme (à partir du VIIIe siècle), islam (à partir du XIIIe siècle), christianisme (à partir du XVIe siècle), qui, mêlées au substrat local, réinterprétées, forgent son identité et lui confèrent une extrême diversité.
Les échanges commerciaux ont en effet été le prélude à des emprunts culturels aux deux grands voisins chinois et indien, ayant conduit à la sinisation du nord du Vietnam et à l’indianisation du reste de la région, y compris sa partie insulaire. L’on retrouve ainsi dans toute la région des versions locales des grandes épopées indiennes, Ramayana et Mahabharata, à l’exception du Vietnam où l’influence de la civilisation chinoise a été prédominante. L’Asie du Sud-Est insulaire a ensuite été islamisée à partir du XIIIe siècle, l’expansion de l’islam ayant été stoppée aux Philippines et cantonnée au sud du pays par l’arrivée précoce des Espagnols, dès le XVIe siècle. L’Asie du Sud-Est continentale est ainsi majoritairement bouddhiste, bouddhisme du petit véhicule dans tous les pays sauf au Vietnam où domine le bouddhisme du grand véhicule, comme en Chine ; l’Asie du Sud-Est insulaire est majoritairement musulmane (Indonésie, Malaisie, Brunei) et chrétienne (Philippines, Timor oriental), avec de fortes minorités religieuses dans tous les pays.
D’autres éléments de contraste opposent l’Asie du Sud-Est continentale (Birmanie, Cambodge, Laos, Thaïlande, Vietnam), plus fragmentée, à l’Asie du Sud-Est insulaire (Brunei, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Timor oriental), unifiée par la mer.
L’Asie du Sud-Est continentale, compacte et moins étendue, (2 millions de km², environ 2 500 km d’est en ouest et 3 200 du nord au sud), est divisée entre cinq pays de taille moyenne, séparés les uns des autres par des chaines de montagnes et organisés autour de grands bassins fluviaux : celui de l’Irrawaddy en Birmanie, de la Chao Phraya en Thaïlande, et celui du Mékong, partagé entre la ThaïIande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam qui en contrôle le delta au sud de son territoire et qui compte au nord un deuxième grand fleuve, le Fleuve rouge (document 4). Chacun des pays est doté de son propre système d’écriture, et leur population appartient à trois familles linguistiques, ce qui en fait l’une des régions les plus diverses linguistiquement par rapport à sa surface : austro-asiatique (khmer, vietnamien), taï-kadaï (lao, thaï) et sino-tibétaine (birman), en plus de quelques populations austronésiennes. De forts contrastes y opposent les plaines rizicoles, unifiées sur le plan linguistique et densément peuplées par les populations majoritaires dans le cadre des États-nations, aux montagnes, où vivent des groupes ethniques minoritaires très divers, qui constituent des mosaïques linguistiques, pratiquant des formes d’agriculture moins intensives, notamment l’agriculture sur abattis-brulis, et formant les périphéries des États centrés sur les plaines (document 5).
Document 4. Un relief compartimentéSource : Fau et Franck, 2019, © Armand Colin, avec l'aimable autorisation des autrices et de l'éditeur. |
Document 5. La mosaïque ethnolinguistique |
L’Asie du Sud-Est insulaire, plus étendue, apparaît plus unifiée politiquement par la formation du géant indonésien (5 000 km d’est en ouest), et linguistiquement puisqu’elle est presqu’entièrement dominée par la famille des langues austronésiennes, à l’exception de l’Est indonésien où dominent les langues papoues. Le malais, aujourd’hui langue nationale de l’Indonésie comme de la Malaisie et une des langues nationales de Singapour, a constitué une lingua franca unifiant les populations des côtes, de la péninsule malaise aux Philippines. L’Asie du Sud-Est insulaire compte les deux plus grands États archipélagiques du monde, l’Indonésie (17 500 îles) et les Philippines (7 500 îles), qui s’organisent autour de mers intérieures. De forts contrastes dans les répartitions de la population opposent en Malaisie les côtes de la péninsule à son intérieur et à l’île de Bornéo, en Indonésie Java, Bali et Lombok aux autres îles, aux Philippines Luzon et les Visayas-Ouest (îles du centre des Philippines) à Mindanao (document 6). Sauf lorsqu’elles sont bordées de larges plaines marécageuses, les côtes sont plus peuplées que l’intérieur des îles, souvent montagneux.
Document 6. Les densités de population en 2005Source : Fau et Franck, 2019, © Armand Colin, avec l'aimable autorisation des autrices et de l'éditeur. |
Historiquement, l’Asie du Sud-Est est politiquement morcelée. Des formes étatiques ont existé, fonctionnant par tribut sur un mode clientéliste, que ce soient des royaumes agraires de l’intérieur des terres ou des thalassocraties maritimes. Elle est ensuite restée fragmentée entre les empires coloniaux de différents pays européens, dont découlent les frontières actuelles. Les Britanniques ont occupé la Birmanie et la Malaisie, les Français le Vietnam, le Laos et le Cambodge, regroupés sous le vocable d’Indochine française, les Portugais Timor, les Néerlandais l'Indonésie, les Espagnols puis les Américains (à partir de 1898) les Philippines. Seul le royaume du Siam, actuelle Thaïlande, a échappé à la colonisation au prix d’importantes concessions territoriales. L’unité politique de la région a pu être brièvement imposée pendant la seconde guerre mondiale, mais c’est encore sous la domination d’une puissance impérialiste, le Japon.
L’ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est), organisation régionale créée en 1967, a contribué à donner corps à cette région. Créée dans un contexte de guerre froide, celle-ci regroupait au départ les pays plutôt alignés sur le bloc occidental (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour), les autres pays (Vietnam, Laos, Cambodge, Birmanie) ne rejoignant l’ASEAN qu’à partir des années 1990. L’ASEAN regroupe aujourd’hui tous les pays de la région, à l’exception de Timor oriental, ancienne colonie portugaise occupée par l‘Indonésie, devenue indépendante en 2002, dont le processus d’adhésion est en cours. Devenue aujourd’hui un projet géopolitique, l’ASEAN contribue à l’appropriation de l’Asie du Sud-Est comme entité régionale par les populations et les institutions de la région. Cette appropriation s’appuie aussi sur la diffusion, dans les années 1990, de « valeurs asiatiques », mettant en exergue les valeurs spécifiques à l’Asie qui « affirment que la prospérité de l’État et de sa population prime sur le respect des libertés politiques perçues comme potentiellement dangereuses pour l’ordre social et l’économie » (Fau, 2019, p. 21), valeurs réactivées aujourd’hui par le modèle chinois qui propose une libéralisation économique sans démocratisation politique. Les régimes politiques d’aujourd’hui, monarchies parlementaires (Malaisie, Thaïlande, Cambodge) ou absolue (Brunei), et républiques (autres pays), sont pour la plupart autoritaires, avec des régimes de parti unique (communiste au Vietnam et au Laos) ou dominant (Singapour, Cambodge), une difficile sortie de dictature militaire (Birmanie) et presque partout un rôle éminent de l’armée.
2. Une région d’économie extravertie, en cours d’urbanisation
Victime de l’exploitation coloniale, la région était, à l’époque des indépendances obtenues à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, essentiellement agricole et productrice de matières premières agricoles, forestières et minières. Son intégration économique avec l’Asie du Nord-Est, couplée avec les interventions d’États développeurs intégrant politiques économiques et industrielles, est à l’origine d’une croissance économique rapide qualifiée de « miracle asiatique » par les experts de la Banque Mondiale (World Bank, The East Asia Miracle, 1993), selon des trajectoires et des temporalités différentes selon les pays mais empruntant au même modèle.
Depuis les indépendances jusqu’au milieu des années 1980, les pays ont d’abord adopté des politiques commerciales de substitution des importations protégeant des industries nationales naissantes. Financées par la rente pétrolière à la suite du choc pétrolier de 1973, ces politiques trouvent leurs limites dans les années 1980, notamment en raison de l’étroitesse des marchés intérieurs. Dès cette époque cependant, l’économie singapourienne apparaît plus ouverte et la Malaisie ouvre les premières zones franches pour accueillir les capitaux étrangers dans l’industrie, permettant de tester le libre-échange à échelle réduite, dont le modèle sera par la suite étendu à toute la région sous la forme de zones économiques spéciales.
Document 7. Taux de croissance annuel moyen des pays de l’ASEAN (1971 – 2015)
Source : F. Nicolas, 2019, p. 90, d’après les bases de données de la Banque Mondiale. |
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À partir du milieu des années 1980, le contre choc pétrolier met en difficulté les économies sud-est asiatiques et pousse aux retournements des politiques économiques vers la promotion des exportations et l’attraction des investissements étrangers. La croissance est alors tirée par les investissements directs étrangers originaires du Japon, affecté par le renchérissement du yen suite aux accords du Plaza, le forçant à délocaliser sa production industrielle vers les autres nouvelles économies industrialisées d’Asie (Corée du Sud, Taiwan, Singapour) puis vers l’Asie du Sud-Est, sur le modèle dit du « vol d’oie sauvage ». Ce processus, touchant essentiellement les secteurs du textile, de l’électronique et de l’automobile, est à l’origine d’une puissante intégration régionale entre Asie du Nord-Est et Asie du Sud-Est, commandée par le Japon, mais également entre pays de l’Asie du Sud-Est, la production des différents composants étant répartie entre les pays selon leurs avantages comparatifs, leur niveau technologique et logistique. Il initie une décennie de forte croissance économique, entre 1985 et 1995, y compris dans les pays d’économie dirigée (Vietnam, Laos, Cambodge, Birmanie), qui adoptent aussi des politiques de libéralisation de l’économie et d’attraction des investissements étrangers à partir de la fin des années 1980.
La crise financière de 1997, partie de Thaïlande où éclate une bulle immobilière, mettant en lumière la vulnérabilité des systèmes financiers nationaux, met un terme relatif à cette période de forte expansion, mais ne modifie pas le modèle de développement qui demeure capitaliste et extraverti. Celui-ci reste fondé sur l’ouverture, qui se manifeste par le primat des exportations dans les économies et par l’appui sur des investissements directs étrangers. La décennie 2000 est aussi marquée par l’augmentation des échanges intra-ASEAN et par le rôle croissant de la Chine dans les échanges avec l’Asie du Sud-Est, la Chine étant devenue le premier partenaire commercial des pays de l’Asie du Sud-Est. Les réseaux régionaux de production sont aujourd’hui organisés à l’échelle de l’Asie orientale (Asie du Nord-Est et du Sud-Est), « la Chine y jouant un rôle désormais central » (Nicolas, 2019, p. 112).
Ce dynamisme économique, largement fondé sur l’industrialisation et les investissements étrangers, provoque un rapide processus d’urbanisation et de métropolisation par l’internationalisation des économies urbaines, d’autant que les capitaux s’investissent aussi volontiers dans le secteur de l‘immobilier, réputé pour son rapide retour sur investissement. Le taux d’urbanisation est ainsi passé de 15 à 47 % de la population entre 1950 et 2015 (document 8).
Document 8. Accroissement de la population urbaine et rurale, 1950 à 2030 |
Le processus est fortement concentré dans les capitales qui sont les principales bénéficiaires des investissements, comme d’ailleurs des flux migratoires vers les villes. Elles ne cessent de s’agrandir, créant d’importants déséquilibres territoriaux. Ces villes sont les anciennes capitales coloniales, situées dans les deltas et sur les côtes, à l’interface entre réseaux maritimes mondialisés et intérieur des territoires (carte 7). L’Asie du Sud-Est compte ainsi certaines des plus grandes métropoles du monde, dont le niveau de primauté démographique et économique est très élevé, parmi lesquelles Bangkok, Jakarta et Manille qui dépassent les 10 millions d’habitants, ou Hô Chi Minh-Ville, capitale économique du Vietnam, qui s’en approche.
Document 9. Capitales et population des municipalités de plus de 500 000 habitants en 2018Source : Fau et Franck, 2019, © Armand Colin, avec l'aimable autorisation des autrices et de l'éditeur. Document 10. Skyline de Hô Chi Minh-Ville, 2018La capitale économique du Vietnam, Hô Chi Minh Ville, compte aujourd’hui 8 millions d’habitants, et présente un paysage urbain mixte, comme dans les autres capitales sud-est asiatiques, entre projets immobiliers, souvent verticalisés, et formes architecturales plus basses, plutôt issues de l’habitat autoproduit. Cliché : Clément Musil, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Document 11. Vue sur la ville nouvelle de Thu Thièm, 2012Hô Chi Minh Ville s’étend par un urbanisme de projet, comme les autres capitales d’Asie du Sud-Est. Ici, la construction de condominiums (immeubles de logements en copropriété) par des promoteurs privés, dans le cadre du méga-projet de ville nouvelle tertiaire de Thu Thièm, planifiée par le Comité populaire de Hô Chi Minh-ville sur 657 ha, pour accueillir à terme 145 000 habitants, qui contribue à l’urbanisation des districts orientaux de Hô Chi Minh Ville (districts 2, 9 et de Thu Đuc). Le développement de cette ville nouvelle est prévu en plusieurs étapes : récupération foncière-relogement, implantation des axes routiers structurants, définition d’un zonage fonctionnel, investissement développement immobilier par les promoteurs (Tran, 2019). Cliché : Clément Musil, avec l’aimable autorisation de l’auteur. |
Les trajectoires de métropolisation de ces villes, et de certaines villes secondaires également engagées dans des processus de métropolisation, sont diverses, selon leur histoire, le contexte politico-économique et social dans lequel elles se développent. Leur changement d’échelle est largement le produit d’un urbanisme de projet, porté par des acteurs publics et/ou privés, dont le niveau et les modalités d’inscription dans une planification sont variables : la planification à Singapour est entièrement portée par l’État et concerne l’ensemble de l’agglomération quand celle de Jakarta ou de Bangkok est plutôt portée par le marché et des acteurs privés. La métropolisation adopte des formes particulières dans les pays d’économie dirigée, où le rôle des pouvoirs publics reste important mais où les promoteurs immobiliers étrangers, mais aussi aujourd’hui nationaux, jouent un rôle de premier plan. On lira à ce sujet la typologie des trajectoires de métropolisation développée par Goldblum et Peyronnie (2019, p. 316-318). La gestion de ces vastes régions métropolitaines, en termes de gouvernance alors qu’elles franchissent plusieurs limites administratives, en termes de mise à disposition d’infrastructures, de logements, de transports publics, ou de gestion des déchets, notamment, est souvent problématique.
Avec les transformations de l’économie et l’urbanisation, la part de l’agriculture diminue dans les économies nationales et les activités se diversifient dans le monde rural, sur place ou par le recours à la migration temporaire vers les villes. L’agriculture demeure pourtant un secteur important, excepté à Singapour et à Brunei, et l’expansion des surfaces cultivées se poursuit. Selon la Banque Asiatique de Développement (BAD) et la Banque mondiale, le secteur occupe en moyenne près de 30 % de la population active, mais représente plus de 60 % au Laos, 48 % en Birmanie ou 39 % au Vietnam et contribue en moyenne à 15 % du PIB en 2017 (document 12). Ces chiffres de la population active et de la part dans le PIB n’incluent pas Singapour et Brunei.
Document 12. Part de l'agriculture dans l'emploi et dans le PIB, 2017 |
Les productions agricoles, très diversifiées, ont augmenté depuis les années 1960 par l’intensification des cultures vivrières et par l’extension des surfaces cultivées, ces dernières responsables d’une expansion des cultures de rente dont les cycles de développement d’un pays à l’autre contribuent à l’accroissement des surfaces cultivées.
L’intensification de l’agriculture a concerné au premier chef la riziculture. Elle s’est appuyée sur les outils de la révolution verte à partir des années 1970 – utilisation de semences hybrides à hauts rendements et à maturation rapide, développement de l’irrigation, utilisation d’intrants industriels – souvent dans le cadre de programmes gouvernementaux comme le programme BIMAS en Indonésie, le Muda Irrigation Scheme dans le Kedah en Malaisie ou le programme Masagana aux Philippines. En conséquence, la production rizicole a fortement augmenté, passant de 46 millions de tonnes en 1961 à 220 millions de tonnes en 2017 (FAO stat), tant par la multiplication des récoltes grâce à l’irrigation que par l’augmentation des rendements au cours d’une récolte, ceux-ci atteignant aujourd’hui en moyenne 4,4 t/ha contre 1,6 t/ha en 1961. Partout, l’augmentation de la production a excédé celle de la population et plusieurs pays, le Vietnam, la Thaïlande, et plus modestement la Birmanie et le Cambodge, sont exportateurs de riz (De Koninck, Bissonnette et Rousseau, 2019).
Certaines cultures commerciales ont connu une expansion foudroyante à la faveur de l’extension des surfaces cultivées, comme récemment le palmier à huile (production multipliée par 2,7 depuis 2000) en Indonésie et en Malaisie, l’hévéa (surface multipliée par 2 depuis 1985, avec une accélération depuis les années 2000) en Indonésie, au Vietnam, au Laos et au Cambodge, ou encore le caféier dans les plateaux du centre Vietnam (triplement des surfaces vietnamiennes entre 1985 et 2000). Cette expansion des surfaces cultivées a suscité d’importantes migrations de population, des zones les plus peuplées vers les zones moins peuplées et s’est produite aux détriments des forêts des régions de marges, zones montagneuses en Asie du Sud-Est continentale, de l’intérieur des grandes îles ou îles peu densément peuplées en Asie du Sud-Est insulaire. Elle a été encadrée la plupart du temps par des programmes gouvernementaux des années 1960 aux années 1990, dont les objectifs étaient certes d’augmenter et de diversifier la production agricole en étendant les surfaces cultivées, mais aussi de contrôler et d’intégrer les territoires de marge et les minorités y résidant, la paysannerie devenant « fer de lance territorial de l’État » (de Koninck, 1986). Il en est ainsi du programme des Nouvelles Zones Économiques au Vietnam, de la Transmigration indonésienne ou des programmes des agences FELDA ou RISDA en Malaisie. Ces programmes ont ouvert la voie à une colonisation agricole spontanée, par de petits paysans ou par de grandes plantations bénéficiant de systèmes de concessions, ces dernières à l’origine de l’expansion récente des surfaces en palmier à huile et en hévéa.
Tous les pays ont été concernés par la progression du front agricole et du peuplement qui l’accompagne, avec cependant des décalages chronologiques. Elle s’est accélérée dans les années 1960-70 aux Philippines et en Thaïlande, dans les années 1980 en Indonésie et au Vietnam. Elle se poursuit entre 1980 et 2000 vers les autres « frontières agricoles » sud-est asiatiques que constituent le Cambodge, la vallée du Mékong au Laos, les provinces périphériques de Birmanie, l’État de Sarawak en Malaisie, et les provinces indonésiennes riches en ressources de Sumatra, de Bornéo et de Papouasie. Au cours de la décennie 2010, elle touche aussi le nord du Laos, se poursuit en Birmanie, notamment à la faveur des investissements chinois dans les plantations d’hévéas, et, moins rapidement, en Indonésie. La frontière agricole est certes encore ouverte, mais quoique partie d’une situation d’abondance de terres, l’Asie du Sud-Est connaît aujourd’hui une relative pénurie de terres agricoles. La Thaïlande et les Philippines utilisent déjà plus de 40 % de leur territoire pour l’agriculture, le Vietnam 37 %, le Cambodge et l’Indonésie 30 %. Dans ces pays tropicaux, très montagneux, les terres restantes sont peu aptes à porter des cultures permanentes.
L’ensemble de ces dynamiques modifie les répartitions de population par deux mouvements, inverses mais concomitants : un étalement du peuplement vers les marges par la colonisation agricole et un mouvement inverse vers les villes, vers les zones centrales organisées autour des capitales.
3. Des configurations centre-périphérie bousculées par les dynamiques transnationales
L’organisation des territoires des pays d’Asie du Sud-Est s’interprète largement en termes de rapports de domination entre centres et périphéries, au sens donné par Alain Reynaud (1981), avec des gradients de développement et d’intégration décroissants du centre vers la périphérie. La gestion centralisée de la plupart des pays et le mode de développement extraverti accentuent la domination du centre ainsi que la primauté des capitales.
Aux échelles nationales, les centres sont les aires métropolitaines dont les modalités et les rythmes de développement sont liés à leur insertion dans la mondialisation. Leurs dynamiques d’expansion rejoignent celles d’autres grandes villes pour former de vastes corridors d’urbanisation et d’industrialisation polynucléaires, alliant métropoles, grandes villes, centres de services, noyaux spécialisés et campagnes, sur le modèle du desa-kota, soit en malais « ville-campagne », décrit par Terry Mc Gee (1991). Ces villes structurent des zones centrales, façonnées par la concentration des activités industrielles, de services et d’infrastructures, qui s’ajoutent aux productions de riches arrière-pays agricoles, ces zones étant souvent les principaux greniers à riz, pour former des zones d’accumulation et de concentration de pouvoirs, de populations, d’activités, de flux. En Asie du Sud-Est continentale, les zones centrales sont constituées par les grands bassins fluviaux de direction méridienne et leurs deltas. En Asie du Sud-Est insulaire, elles correspondent aux îles les plus peuplées et, à une autre échelle, aux lignes côtières ou parallèles aux côtes s’étendant sur des profondeurs territoriales variables (carte 11).
Document 13. Les structures spatiales des pays d’Asie du Sud-estSource : Fau et Franck, 2019, © Armand Colin, avec l'aimable autorisation des autrices et de l'éditeur. |
En Asie du Sud-Est continentale, ces processus ont contribué à créer des organisations spatiales mono-centrées à l’échelle nationale – sauf au Vietnam, bicéphale – polarisées par les deltas et les capitales qui y sont situées et les plaines des grands fleuves, qui s’opposent fortement aux montagnes. Les capitales politiques ou économiques, Rangoon, Bangkok, Phnom Penh, Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, sont relayées au nord des plaines centrales par des pôles régionaux, Mandalay en Birmanie, Chiang Mai en Thaïlande, Battambang au Cambodge ou Luang Prabang au Laos, qui confirment les orientations méridiennes. Le Vietnam fait exception avec une organisation bipolaire autour des métropoles de Hanoi, capitale politique, et de Hô Chi Minh-Ville, capitale économique, entre lesquelles émerge un troisième pôle d’importance moindre au centre du pays autour de Danang. Au Laos et au Vietnam, les plaines ne se trouvent pas en position centrale mais elles longent le littoral au Vietnam et la frontière avec la Thaïlande au Laos, donnant une organisation axiale, des plaines vers les montagnes, plutôt qu’auréolaire. Autre exception, le Laos, situé sur le moyen Mékong, n’en contrôle pas le delta. Sa capitale Vientiane est située sur la plus large plaine de la vallée du Mékong, celle-ci ponctuée du nord au sud par des villes secondaires. Mais dans tous les pays d’Asie du Sud-Est continentale, les périphéries les moins intégrées, quoiqu’en cours d’intégration par la colonisation agricole, sont composées des écosystèmes diversifiés de montagne.
Dans la partie insulaire, la logique d’organisation des espaces autour d’ensembles maritimes prévaut. L’organisation est y plus complexe du fait des contrastes entre les îles, et à une autre échelle entre côtes et intérieur, mais aussi de la discontinuité archipélagique qui handicape les communications et empêche la formation de corridors. Jakarta et l’île de Java constituent le centre de l’Indonésie, caractérisé par une concentration particulièrement élevée de la population (57 % de la population sur 7 % du territoire) et des activités économiques. Le pourtour de la mer de Java constitue sa périphérie la plus intégrée, position qui se manifeste par une intense circulation maritime et aérienne entre ses côtes. À l’Est de Bali, le Grand-Est indonésien, plus pauvre et handicapé par la distance au centre, constitue une périphérie moins développée, de même que l’intérieur de l’île de Bornéo. Sumatra se détache en revanche, par sa proximité avec Java pour sa partie méridionale, et surtout par sa localisation sur le détroit de Malacca qui concentre les flux internationaux de marchandises et lui procure des opportunités centrifuges.
Les Philippines s’organisent autour de Manille et de l’axe maritime principal qui relie Manille à la côte nord de Mindanao en passant par Cebu. La vallée de la Cagayan au nord de Luçon, les grandes vallées de l’Ouest puis de l’Est de Mindanao au sud ont été intégrées par la colonisation agricole à partir du milieu du XXe siècle. Un ensemble de périphéries externes, moins bien intégrées politiquement, est constitué par l'ouest de Mindanao, foyer de la résistance des « Moro » musulmans qui n'a pas cessée depuis la colonisation espagnole, et l'archipel des Sulu à majorité musulmane qui le prolonge à l'ouest ainsi que l'île de Palawan qui a aussi sa minorité Moro mais qui est surtout une zone pionnière pour les migrants provenant de Luçon.
La Malaisie s’organise autour de la colonne vertébrale du dense réseau de villes et d’infrastructures de communication de la façade occidentale de la péninsule longeant le détroit de Malacca, dont les infrastructures de communication sont constamment améliorées. La structure fédérale du pays, une tradition dans le domaine industriel et des affaires à Penang, et le développement de Johor Bahru face à Singapour, favorisent la persistance de plusieurs pôles économiques. La côte orientale de la péninsule, l’intérieur de la péninsule et les États de Bornéo en constituent les périphéries.
Ces organisations centre-périphéries sont bousculées par les dynamiques transnationales soutenues par la mise en place de zones de coopération (document 14) ou de corridors de développement terrestres et maritimes transnationaux. En mettant en relation des territoires d’espaces nationaux différents, ceux-ci orientent les flux hors des zones centrales nationales et mettent en concurrence les intégrations transnationales et nationales. Ces zones de coopération et ces corridors, soutenus par la Banque Asiatique de Développement, comme les corridors de la Région du Grand Mékong (document 15), ou partie prenante du plan de connectivité de l’ASEAN ou des nouvelles routes de la soie chinoises, articulés ou non à des corridors nationaux, contribuent à l'intégration régionale par le désenclavement des régions périphériques et sont à l’origine de nouvelles polarités hors des zones centrales. Celles-ci sont situées dans les confins septentrionaux de l’Asie du Sud-Est continentale, ou sur des axes transversaux traversant la péninsule et rompent son organisation méridienne, ou à Sumatra, dans l’Est indonésien et le sud philippin. La puissance de la Chine, en continuité géographique avec l’Asie du Sud-Est continentale, accentue encore aujourd’hui les dynamiques centrifuges.
Document 14. Les zones de coopération transnationales en Asie du Sud-Est insulaireSource : Fau et Franck, 2019, © Armand Colin, avec l'aimable autorisation des autrices et de l'éditeur. Document 15. Projets de corridors de la Région du Grand Mékong en 2000-2008 |
Conclusion : des enjeux sociaux et environnementaux
La forte croissance économique a contribué à une réduction massive de la pauvreté. Elle a aussi transformé les sociétés, devenues plus urbaines et marquées par l’émergence de classes moyennes de plus en plus consuméristes. Ces sociétés ont aussi engagé, voire terminé, leur transition démographique, au risque que le vieillissement de la population se produise rapidement, comme c’est déjà le cas en Thaïlande ou à Singapour, alors que les systèmes sanitaires sont déjà sous tension et que le modèle urbain de familles nucléaires rompt les pratiques traditionnelles de cohabitation intergénérationnelle.
Le modèle de croissance choisi, extraverti, peu régulé, génère de nombreux conflits, sociaux, fonciers, tant dans le monde rural qu’urbain. Il contribue aussi à créer de nouvelles inégalités socio-spatiales, entre zones centrales et périphéries, entre villes et campagnes, et à l’intérieur des villes entre ville planifiée et quartiers d’habitations spontanées que l’arrivée massive de migrants et l’expulsion d’habitants des centres-villes pour faire place aux grands projets ont contribué à multiplier. Malgré les apports de la révolution verte, la pauvreté reste un phénomène essentiellement rural, même si elle n’est pas absente des villes, du fait de la concentration de la croissance dans les grandes villes et les zones centrales. Les périphéries connaissent toujours d’importants écarts de développement. La pauvreté touche particulièrement les minorités, mais aussi les migrants, nationaux et étrangers, ruraux et urbains.
Les enjeux environnementaux sont aussi multiples et particulièrement aigus dans la région, très exposée aux aléas naturels (volcanisme, séismes, cyclones) et particulièrement vulnérable du fait des fortes densités de population. Dans un contexte de réchauffement climatique, les risques d’inondation augmentent, les épisodes climatiques extrêmes (cyclones, sécheresses) se multiplient. La surexploitation des ressources maritimes et terrestres (exploitation minière, déforestation, barrages, surpêche…), les politiques d’attribution de concessions dans des pays peu régulés provoquent d’importants dégâts environnementaux. Enfin, du fait de la concentration des industries et de l’augmentation de la circulation motorisée, la pollution des grandes villes s’aggrave continuellement. Leur subsidence, rapide dans les deltas, et la bétonisation y multiplient les risques d’inondation. Ce sont ces nombreux défis qu’auront à relever les sociétés de l’Asie du Sud-Est dans les décennies à venir.
Bibliographie
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- De Koninck Rodolphe, « La paysannerie comme fer de lance territorial de l’État : le cas de la Malaisie », Cahiers de sciences humaines, 1986, n° 22 (3-4), p. 355-370.
- Fau Nathalie, 2019, « Les valeurs asiatiques », in Nathalie Fau et Manuelle Franck (dir.), L’Asie du Sud-Est, émergence d’une région, mutations des territoires, 2019, Armand Colin, p. 16.
- Goldblum Charles, Peyronnie Karine, « Métropolisation en Asie du Sud-Est : Régions urbanisées, villes mondialisées », in Nathalie Fau et Manuelle Franck (dir.), L’Asie du Sud-Est, émergence d’une région, mutations des territoires, 2019, Armand Colin, p.286-321
- Nicolas Françoise, 2019, « Le miracle de l’émergence », in Nathalie Fau et Manuelle Franck (dir.), L’Asie du Sud-Est, émergence d’une région, mutations des territoires, 2019, Armand Colin, p. 86-117
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- Reynaud Alain, 1981, Société, espace et justice. Inégalités régionales et justice socio-spatiale, Presses Universitaires de France, coll. Espace et liberté, 264 pages.
- TRAN Khac Minh, 2019, Des métropolisations en concurrence : le développement des périphéries urbaines de la région de Hô Chi Minh Ville (Vietnam) sous l’effet de la création de zones industrielles, Doctorat de géographie, Université Paris 1.
Ce texte s’inspire des contributions des différents auteurs de l’ouvrage paru en 2019 chez Armand Colin, Nathalie Fau et Manuelle Franck (dir.), L’Asie du Sud-Est, Émergence d’une région, mutation des territoires, 2019, Armand Colin, 434 p.
Manuelle FRANCK
Professeure de géographie, Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), département Asie du Sud-Est et Pacifique, UMR 245 CESSMA.
Mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cet article :Manuelle Franck, « Une géographie de l’Asie du Sud-Est », Géoconfluences, juin 2020. |
Pour citer cet article :
Manuelle Franck, « Une géographie de l’Asie du Sud-Est », Géoconfluences, juin 2020.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/asie-du-sud-est/cadrage