Acceptabilité du risque
>>> Voir aussi : acceptation sociale
L'acceptabilité sociale des risques est fortement liée à la reconnaissance de leur nature anthropique et à leur gestion à travers un ensemble de procédures, de controverses, d'expertises. Un risque est considéré comme acceptable (ou tolérable) par une personne ou une collectivité lorsqu'elle peut en supporter les conséquences, les dommages, au regard de sa probabilité d’occurrence (aléa). De fait, l'acceptabilité est variable dans le temps et dans l'espace. Les législations et les réglementations, en fixant des normes, des seuils, des compensations, témoignent de ces évolutions et de cette variabilité spatiale et temporelle. Des jeux d'acteurs se nouent autour des enquêtes d'utilité publique, des décisions d'aménagements du territoire, entre associations, décideurs, entrepreneurs, assureurs.
Dans les sociétés contemporaines développées, les catastrophes sont de moins en moins bien acceptées, d'autant plus qu'elles semblent échapper au contrôle des spécialistes et des experts. Le passage à des sociétés plus individualistes a pu favoriser le développement de sentiments d'insécurité, rendant plus intolérable la réalisation du risque (Beck, 2001).
Une déclinaison économique de cette notion consiste à déterminer le montant maximal que les sociétés sont prêtes à payer pour bénéficier d'une protection contre les risques (consentement à payer – "willingness to pay" ou WTP) ou, sinon, le montant minimal que ces mêmes sociétés sont prêtes à recevoir en compensation de préjudices subis ("willingness to accept" ou WTA). Le consentement à payer peut être mesuré grâce à la méthode d’évaluation contingente. Elle s’appuie sur la réalisation de sondages censés cerner la propension à payer des individus.
Des analyses coût-avantage ou coût-bénéfice sont généralement un préalable à l’évaluation du consentement à payer. Elles permettent de chiffrer le coût d’un ouvrage de protection (calibré pour un aléa d’une intensité donnée) et les bénéfices qu’il induit (indemnisation moindre car les dégâts sont moindres). Ces analyses permettent de trouver le juste calibrage des ouvrages de protection comparativement aux bénéfices escomptés.
De même, l'acceptabilité sociale des pollutions ou des nuisances est variable dans le temps et dans l'espace. Les nuisances sonores d'un aéroport peuvent devenir inacceptables lorsque les rotations des appareils s'intensifient. Les quantités de particules fines contenues dans l'atmosphère peuvent devenir inacceptables lorsqu'on a établi une relation certaine avec des surmortalités. Une eau dont la potabilité peut paraître acceptable dans certains pays du Sud ne le sera plus pour ceux du Nord.
(ST) juillet 2004. Mise à jour : mai 2005.
Références citées
- Beck U. La société du risque, Aubier, 2001.