Pollution
La pollution regroupe de façon indifférenciée l'ensemble des externalités négatives liées aux activités humaines. La production de déchets solides, de particules en suspension, ou d'éléments chimiques présents dans les sols, dans l'air ou encore dans l'eau est recouverte, dans sa très grande variété, par ce terme polysémique mais usuel. Dans une définition la plus étendue possible, on pourrait dire, suivant Douglas (1966), que la pollution est « une matière qui n'est pas là où elle devrait être » (a matter out of place). Dans un sens plus étroit, François Jarrige (2011) indique que « la pollution désigne l'introduction d'une substance toxique dans un milieu donné, la souillure d'un milieu naturel par une action technique ». La toxicité n'est cependant pas systématique dans l'idée de pollution : la chercheuse Mailys Genouel (2025) inclut ainsi dans sa définition des déchets non toxiques ou des meubles abandonnés par la décrue après une inondation, et dont les sinistrés doivent se débarrasser.
Le terme tend également à regrouper l'ensemble des nuisances perceptibles et pas seulement les productions matérielles : pollution sonore, lumineuse, électromagnétique... Cette inclusion est un moyen, pour ceux qui combattent ces nuisances, d'insister sur leur caractère environnemental : elles deviennent un problème social qui concerne tout le monde et pas seulement une gêne pour une partie de la population. Mailys Genouel parle pour décrire cette nuisance collective d'un « commun négatif ». La prise en compte de ces « nouvelles » pollutions renforce le caractère systémique de la protection environnementale puisque lutter contre la pollution lumineuse aboutit aussi à réduire la consommation d'énergie, ou encore à protéger la biodiversité (Lapostolle et Challéat, 2019).
Comme les déchets, les pollutions sont une donnée sociale : c'est la valeur négative attribuée à une externalité qui en fait une pollution, et cette valeur est variable selon le temps et les cultures. La pollution de l'air liée aux gaz d'échappement a pu être mieux tolérée dans les sociétés passées où l'automobile était reine et où les conséquences de ses émissions en matière de santé publique et de climat global étaient moins bien documentées qu'aujourd'hui. Pour autant, les travaux historiques permettent bien souvent de trouver des voix s'élevant contre la pollution de l'air, des eaux, ou des sols, et ce bien avant l'entrée dans l'âge industriel, même si elle était nommée différemment (Béguin, 2013).
(JBB) septembre 2020. Dernières modifications : mars 2022, octobre 2025.
Sources
- Béguin Marine (2013), « L’histoire des ordures : de la préhistoire à la fin du dix-neuvième siècle », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], volume 13, numéro 3 | décembre 2013.
- Douglas Mary (1966). De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou (1971 pour l'édition française).
- Genouel Mailys (2025), (Re)connaître et vivre avec les pollutions causées par les inondations urbaines en France et au Québec, thèse de doctorat en géographie soutenue à l'ENS de Lyon, 9 octobre 2025.
- Jarrige François (2011), « Le point sur l'histoire de la pollution. Démesure et politique à l'ère industrielle ». La Revue des livres, nov-déc. 2011.
- Lapostolle Dany et Challéat Samuel (2019), « Lutter contre la pollution lumineuse », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, volume 19 numéro 2 | octobre 2019.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Virginie Chasles, « Les inégalités de santé dans les pays émergents, le cas de l’Inde », Géoconfluences, septembre 2022.
- Yves Duchère, « La pollution de la rivière To Lich à Hanoï », image à la une de Géoconfluences, septembre 2018.
- Sébastien Goulard, « Les réactions sociales face aux défis environnementaux en Chine », Géoconfluences, 2016.







