Catastrophe
La catastrophe est la réalisation d'un risque. c'est un risque devenu réalité qui, sur un territoire donné, par l’ampleur et le coût des dommages causés, provoque une grave interruption du fonctionnement d'une société. Dans la pratique, la catastrophe est bien souvent révélatrice du risque. Dans le cas d'une catastrophe, les pertes humaines, matérielles ou environnementales ne peuvent être surmontées par les seules ressources de la société affectée.
Différente par son ampleur, la catastrophe se distingue de l'accident en ce qu'elle désigne, étymologiquement, l'idée d'un renversement (d'une bifurcation dans le cadre de la théorie des systèmes), c'est à dire d'un "après" qui ne sera jamais plus comme "avant". Inimaginables, impensables, voilà bien les aspects fondamentaux de ces événements qui semblent échapper à l'entendement. De ce point de vue, les différents génocides, les bombardements nucléaires sur le Japon, Tchernobyl, Fukushima, les attentats sur les tours jumelles de New York, ou la pandémie de Covid-19 de 2020 sont incontestablement des catastrophes.
Le séisme de Lisbonne en 1755, les séismes et tsunamis d'Asie en 2004 et 2005, le séisme d'Haïti en janvier 2010, sont des catastrophes, généralement qualifiées de "naturelles", produits de l'aléa et de la vulnérabilité. Elles mettent à l'épreuve les capacités des États à y faire face, mais elles ne provoquent pas toujours de rupture dans la gestion et la culture du risque des sociétés affectées. Certaines sociétés, plus fatalistes ou plus démunies que d'autres, ne modifient pas radicalement leurs comportements à la suite d'une catastrophe d'origine naturelle qui ne joue pas forcément le rôle heuristique qu'on pourrait parfois supposer. Certaines sociétés peuvent être durablement affaiblies par une catastrophe. Enregistrées dans les annales ou les inconscients, elles peuvent contribuer à une mémoire du risque. Au fil du temps, la mémoire des catastrophes peut s'estomper plus ou moins rapidement et les capacités de résilience des sociétés sont variées.
Mais les situations de catastrophe naturelle peuvent avoir, par les dynamiques de solidarité induites, des effets politiques à différentes échelles. Par exemple, l'éboulement d'Elm de septembre 1881 en Suisse avait constitué un tournant pour le tout le jeune État fédéral, né en 1848 : l'assistance venue de tous les cantons avait contribué à forger l'identité nationale. Des politiques de reconstruction bien conduites après une catastrophe peuvent apporter des réponses durables pour faire face à une situation comparable. Notons enfin, d'une part, que la catastrophe dite "naturelle" fournit le prototype des risques involontaires et qu'elle a, dans son déclenchement, un caractère de soudaineté qui la distingue d'autres catastrophes aux temporalités plus étirées (épidémie du VIH-Sida par exemple).
De l'accident à la catastrophe majeure, on a pu chercher à établir une classification des catastrophes en fonction de leur degré de gravité en termes humains, financiers, voire écologiques.
(ST) Dernières modifications (JBB) septembre 2017 et juin 2020.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Dossier : Risques et sociétés
- Cécile Asanuma-Brice, « Namie (Fukushima), une commune rurale projetée en modèle mondial de résilience post-accident nucléaire », Géoconfluences, avril 2024.
- Victor Piganiol, « Un an après, retour sur les incendies forestiers en Gironde de 2022 », Géoconfluences, septembre 2023.
Pour aller plus loin
- Virginie Duvat, « Le système du risque à Saint-Martin (Petites Antilles françaises) », Développement durable et territoires, dossier 11 | 2008.