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L'Afrique orientale : des civilisations de l’hinterland face à la maritimisation

Publié le 09/01/2017
Auteur(s) : Alain Gascon, Professeur émérite des universités - Institut français de géopolitique-Université paris 8. Ancien chargé de cours à l’INALCO

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L'Afrique orientale est le creuset de civilisations métissées et d'États anciennement constitués. La croissance économique rapide affichée aujourd'hui par ces États et leur place près de routes maritimes majeures en font des carrefours économiques potentiels. Longtemps tournée vers l'intérieur, l'Afrique orientale s'engage sur la voie du désenclavement et de la littoralisation, mais il reste des obstacles à surmonter.

Bibliographie | citer cet article

L’Afrique orientale affiche, depuis dix ans, une croissance économique à « deux chiffres ». On la compare souvent à la Chine car les capitales s’y hérissent de tours et s’entourent d’usines. Elle se couvre de chantiers de barrages, d’aéroports, de chemins de fer, de routes et d’autoroutes. Il y a désaccord quant aux limites de la région centrée sur la Corne de l’Afrique (Éthiopie, Érythrée, Djibouti et Somalie) et le Kenya. On y inclut souvent la Tanzanie et, parfois — ce qui est discutable —, l’Afrique des Grands Lacs. Je m’en tiendrai aux membres de l’organisation régionale InterGovernment Authority for Development (IGAD) dont le siège est à Djibouti. Elle comprend, en plus des États de la Corne, le Kenya, l’Ouganda, le Soudan et le Soudan du Sud, mais l’Érythrée n’y est plus qu’observatrice depuis le conflit de 1998-2000 avec l’Éthiopie.

L’Est de l’Afrique s’inscrit, dans le temps long, à la confluence d’empires qui ont embrassé l’Asie et le Moyen-Orient. Par la mer Rouge et le Nil, il rejoint la Méditerranée et la péninsule Arabique, et l’océan Indien le relie aux thalassocraties du golfe Persique, à la péninsule Indienne et à l’Afrique australe. Introduits depuis des siècles, les trois monothéismes se sont acculturés à l’Est de l’Afrique. Le christianisme gagna, dès le IVe siècle, la Nubie et les hautes terres d’Éthiopie peuplées de céréaliculteurs à l’araire. L’islam et l’arabe ont pénétré au VIIe siècle dans la Corne et plus tard, les marchands arabes et persans, venus du Golfe, ont créé la civilisation swahili (rivage en arabe) sur les côtes de l’océan Indien. Il en est résulté, dans la région, plus qu’une mosaïque ethnolinguistique, un melting-pot linguistique original. Dans la Corne, les langues afro-asiatiques (tigrinia, amharique, oromo, somali), et le swahili bantou sur la côte de l’océan Indien, résistent à l’influence de l’anglais et de l’arabe.

À part quelques exceptions, la fin de la colonisation n’a pas donné lieu, à l’Est, à de longues guerres d’indépendance comme en Afrique australe ou au Maghreb. Toutefois, en dépit de l’OUA qui chercha à les maintenir, les frontières héritées de la colonisation furent, paradoxalement, à la fois abolies (Somalie) et restaurées ou instaurées (Somaliland, Érythrée, Soudan du Sud). De longs conflits séparatistes éclatèrent au Soudan et dans la Corne de l’Afrique et en Somalie, ils ont aboutit à l’éclatement et à la destruction de l’État. Cette instabilité favorisa la prise de pouvoir par les militaires (Somalie, Éthiopie, Soudan, Ouganda) qui provoquèrent, en retour, le réveil des identités régionales, causes de guerres civiles. À des dictatures, se disant marxistes, ont succédé des régimes « forts » issus des guérillas qui prônent une démocratie « avec des élections » et stables qui rassurent les institutions internationales et les investisseurs étrangers, notamment chinois. Ils se targuent de leurs « bons » résultats économiques pour se maintenir à la tête de l’État : 30 ans pour le président Museveni en Ouganda et 17 ans pour Ismaël Omar Guelleh à Djibouti. Certains se cramponnent au pouvoir par tous les moyens : les présidents Omar el-Béchir depuis 1989 au Soudan et Isayyas Afewerqi depuis 1991 en Érythrée et, lors des guerres civiles (Sud-Soudan, Somalie), les chefs de guerre se muent en dictateurs.

Même si des troubles perdurent, la fin des conflits, ou seulement la baisse de leur intensité, a entraîné une amélioration de la situation alimentaire des populations. Elles ont repris les cultures et l’élevage et, en cas de pénurie, les secours leur parviennent. Les crises de subsistance qui ont frappée l’Afrique orientale, dans le dernier quart du XXe siècle, étaient liées à des irrégularités climatiques, aggravées par les guerres et les guérillas. En dépit de la conjonction et de la répétition des crises de toute nature, la forte croissance démographique, entamée dans la région, depuis 1960, se poursuit au XXIe siècle. Depuis des siècles, de fortes densités agricoles se sont accumulés sur les plateaux salubres, bordiers de la mer Rouge et du Rift, en Érythrée, en Éthiopie, au Kenya, en Ouganda et jusqu’au Rwanda et au Burundi. Elles sont aussi élevées que dans les concentrations liées à l’agriculture irriguée des vallées du Nil, au Soudan et du Wabi Shabeele, au Benaadir, en Somalie. Dès 2015, le poids démographique de l’Afrique orientale dépasse celui du Nigeria. Les projections prévoient que les effectifs de l’Est du contient dépasseront ceux de l’Ouest et qu’il abritera le tiers de la population africaine en 2050.

Les États de l’IGAD, qui forment un ensemble régional cohérent, sont cependant soumis à des forces centrifuges. Ainsi, le Soudan, délesté du Sud depuis 2011, est-il membre de la Ligue arabe comme la Somalie et l’Érythrée. Le Kenya et l’Ouganda font partie, avec la Tanzanie, de l’East African Community héritée de la colonisation britannique. Des unions douanières sont en négociation, sous l’égide de l’Afrique du Sud, afin de regrouper l’Afrique australe et orientale et l’Afrique des Grands Lacs (Pourtier, 2010). L’Union africaine a, en effet, décidé de régionaliser ses actions, particulièrement de maintien de la paix, en épousant les limites des organisations économiques existantes. Nous examinerons d’abord le rythme soutenu et préoccupant de la croissance démographique. Ensuite, nous traiterons des politiques des régimes en place qui prétendent relever ce défi à coup de plans de d’ouverture aux marchés des enclaves de l’hinterland. Or, financés par des investisseurs étrangers, ces plans, qui créent des inégalités spatiales, sociales et économiques, suscitent les protestations des perdants (paysans, éleveurs et citadins déplacés et précarisés). Enfin, nous étudierons les corridors projetés par les États développeurs censés désenclaver la région et l’ouvrir sur les échanges maritimes. En dernier, nous aborderons la question du leadership dans l’Afrique orientale modernisée par « le haut ».

 

 

1. Les hautes terres les plus peuplées du monde

Jean Gallais (1989) qualifiait l’Éthiopie (et l’Érythrée) de « montagne la plus peuplée du monde » et l’expression s’applique à toute l’Afrique orientale. En effet, à part les oasis-rubans au Soudan et du Benaadir, en Somalie et le périmètre irrigué de la Gezireh en amont de Khartoum, le peuplement dense s’enracine sur les hautes terres, au-dessus de 1 800 m d’altitude. Elles bénéficient de pluies orographiques (liées aux montagnes) pendant la mousson d’été et échappent au paludisme et à la trypanosomiase qui affecte aussi les bovins. Environ 80 % de la population éthiopienne (et érythréenne) soit 80 millions d’habitants vivent sur un tiers du territoire, au-dessus de 1 800-2 000 m où les densités moyennes dépassent 300 habitants par km² comme sur les plateaux kenyans. Pareille concentration de population ne se retrouve que dans les vallées du Nil en aval de Khartoum et du bas-Wabi Shabeele, le « Nil de Mogadiscio » des géographes arabes. En Éthiopie, la taille moyenne des exploitations agricoles est passée d’1,5 ha (Gallais, 1989) à 0,8 ha (Atlas 2006). Comme au Kenya et en Ouganda, les jeunes sans terres affluent vers les villes en quête d’un emploi et alimentent un important exode rural. Les basses terres arides du Soudan et de l’Est de la Corne sont parcourues par des éleveurs qui, de puits en puits, recherchent les pacages entre les piémonts et les vallées des fleuves venus des montagnes (le Nil, l’Awash, le Wabi Shabeele, le Jubba,). Au Soudan du Sud dans la cuvette du Nil, occupée par les marais du Sudd, et en Ouganda, les pluies plus abondantes vers l’Équateur, permettent de joindre l’agriculture sédentaire à l’élevage.

Population, taux de croissance et revenu par habitant
États

Population 2015
en millions

Croît naturel Part de la population < de 15 ans

ISF*
nombre d'enfants par femme

Population 2050
en millions
Superficie
 en milliers de km²

RNB p.p.a.**
par habitant
en $US

Djibouti 0,9 + 18 ‰ 34 % 3,4 1,2 23 -
Érythrée 5,2 + 30 ‰ 43 % 4,4 10 118 1 180
Éthiopie 98,1 + 23 ‰ 41 % 4,1 165 1 104 1 500
Kenya 44,3 + 23 ‰ 41 % 3,9 81 580 2 890
Ouganda 40,1 + 31 ‰   5,5 104 241 1 690
Somalie 11,2 + 32 ‰ 47 % 6,6 27 638 -
Somaliland 3,5 - - - - 137 -
Soudan 40,9 + 29 ‰ 43 % 5,2 105 1 861 3 980
Soudan du Sud 12,2 + 24 ‰ 42 % 6,9 25 644 -
Total 252,8       518,2 5 209  

*ISF : indice synthétique de fécondité. **RNB p.p.a. : revenu national brut en parité de pouvoir d'achat

Source : INED, Population & Sociétés, n°525, sept. 2015

L’observation de la situation démographique de l’Éthiopie, le deuxième État le plus peuplé du continent, montre, au cours des siècles, la résilience des populations face à la répétition des disettes, des guerres et des épidémies (et des épizooties). De nombreuses sources écrites témoignent de dix siècles d’accumulation « primitive » des populations de même que l’on parle d’« accumulation primitive » du capital comme un préalable au déclenchement de la révolution industrielle en Europe. Elle fut aussi un atout : plus que l’obstacle de l’aridité, des falaises et des canyons, ce fut la masse du peuple qui repoussa des hautes terres les envahisseurs extérieurs, comme le constatèrent les Italiens à Adwa. Depuis le premier recensement éthiopien de 1970, au début de la transition démographique, les effectifs ont été multipliés par quatre en dépit des grandes famines de 1973-74 et de 1984-85 qui, du Sahel, gagnèrent la Corne et l’Afrique orientale. Depuis lors, la situation alimentaire s’est améliorée mais c’est l’encadrement sanitaire et la scolarisation qui ont entraîné la division par deux et parfois par trois de la mortalité infantile et l’augmentation, au delà de 60 ans, de l’espérance de vie à la naissance. Les moins de 15 ans représentent au moins 40 % du total des effectifs et, en dépit d’une baisse notable de la fécondité (hormis dans les régions en guerre), il est donc plus que probable qu’ils auront doublé en 2050 : l’Ouganda et le Soudan dépasseront 100 millions d’habitants et l’Éthiopie en comptera 156 millions, soit 30 millions de plus que la Russie (où, en 2015, l’espérance de vie des hommes à la naissance était de 65 ans contre 62 ans en Éthiopie).

Agriculture vivrière en Éthiopie
  photographie agriculture ethiopie  

Champs céréaliers, hutte et ensät ou « faux bananiers » en pays Sidamo. Cliché : A. Gascon, février 2008

En 1956, H. Smeds avait estimé la capacité maximale de charge des hautes terres de la Corne à une quarantaine de millions d’habitants (Gascon, 2011). Or, dès 1984 à la veille de la grande famine, l’Éthiopie et l’Érythrée en comptaient déjà 42 M. Ces trente dernières années, les paysans d’Afrique orientale ont accompli de constants efforts pour accroître la production en recourant à l’intensification par le travail des systèmes agraires et à l’introduction de cultures de rente tandis que la distribution de l’aide alimentaire a profité de l’extension du réseau de routes et de pistes. Toutefois, la FAO estime qu’entre 7 % et 11 % des Éthiopiens ont besoin d’aide alimentaire : leur proportion demeure la même depuis 30 ans, mais les effectifs ont doublé. Jusqu’à présent, l’essor démographique, hormis au Soudan, à Djibouti et en Somalie, s’est traduit par un accroissement des densités in situ sur les plateaux. En effet, les ruraux migrent vers les capitales et les autres villes, qui sont situées sur les hautes terres : Addis Abäba (4,56 millions d’habitants) et Asmara (1,5 millions), au-dessus de 2 300 m, Nairobi (4,7 millions), au-dessus de 1 600 m et Kampala (1,87 millions) à plus de 1 200 m (PopulationData.net, integrerciencespo.fr, 2016). A-t-on atteint le seuil au-delà duquel l’accroissement de la population se traduira par une dégradation irréversible de l’environnement et par l’impossibilité d’augmenter la production de nourriture ? Les basses terres de l’Est de la Corne et du Kenya et la cuvette nilotique, des zones de « basse pression démographique », pourront-elles accueillir le « trop plein des hauteurs surpeuplées » jusqu’en 2050 ? L'histoire des hauts-plateaux montre qu'il n'y a de surpopulation que par rapport à un système technique donné.

 

 

2. Désenclaver l’Afrique orientale : une urgence depuis 150 ans

Étape obligée, depuis l’Antiquité, du commerce entre Orient et Méditerranée et origine d’un important trafic d’esclaves, les côtes de l'Afrique orientale devinrent, avec l’ouverture du canal de Suez en 1869, une étape sur une route maritime majeure entre l’Europe et ses possessions d’Extrême-Orient. En 20 ans, France, Royaume-Uni et Italie, partant de leurs comptoirs côtiers arides, se ruèrent vers les hautes terres salubres pour les conquérir. Mais la défaite des Italiens à Adwa (1896) contraignit les Européens, désormais cantonnés dans les basses terres de la Corne, à reconnaître l’indépendance de l’Éthiopie. Fort de cette histoire héroïque, le souverain Haïlé Selassié obtint pour son pays un siège à la Société des Nations (1923), puis pour sa capitale Addis Abeba le siège de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, devenue Union Africaine en 2002).

« Lac arabe » jusqu’au percement de l’isthme de Suez, la mer Rouge, empruntée depuis lors par une route maritime majeure, ouvre les produits d’Afrique orientale aux marchés européens et mondiaux. Les puissances coloniales, puis les États indépendants, se sont heurtés à l’enclavement des régions productrices de l’intérieur qu’on atteint depuis ce que les Européens du XIXe siècle considéraient comme des côtes inhospitalières, en traversant des basses terres torrides et arides, hantées par des nomades guerriers (Béjja, Afar, Somali). Il s’agit de transporter les productions locales (céréales, le café et cuirs et peaux) et d’introduire des plantes tropicales (thé) et « tempérées » qu’auraient apportées les migrants européens, partis depuis la décolonisation. Depuis un siècle et demi, le désenclavement toujours recommencé de l’Afrique orientale est une question cruciale. Les Britanniques ont relié par voie ferrée le lac Victoria à Mombasa dès 1903 et entamé, dès 1898, la construction du réseau ferroviaire entre Port-Soudan, Khartoum et la Gezireh, un énorme périmètre irrigué. Les Ferrovie Eritree (1887-1932), les voies ferrées des Italiens ont escaladé les plateaux depuis Massawa. Ménélik II réunit Addis Abeba à Djibouti (1897-1917) le chef-lieu de la Côte française des Somali (Fontaine, 2012). La conquête de l’Éthiopie par l’Italie en 1936 fit entrer la Corne de l’Afrique dans l’ère des réseaux routiers.

Le périmètre irrigué de la Gezireh au Soudan
   

L’ouverture des terroirs des agriculteurs sédentaires et des parcours des éleveurs aux échanges se traduisit par des cultures obligatoires, des regroupements forcés et des expulsions pour faire place aux fermes agro-industrielles et aux réserves naturelles. Les hautes terres salubres du Kenya, « le jardin de la Chambre des Lords », furent vidées des Kikuyu sédentaires qui se soulevèrent (Mau-Mau 1952-60) comme les Masaï, les Somali et les Oromo, des éleveurs chassés de leurs parcours sur les piémonts. En Éthiopie, les projets italiens de colonisation suscitèrent l’opposition résolue des paysans qui rejoignirent la résistance. Dans les années 1960, le gouvernement concéda des fermes commerciales dans les vallées de l’Awash et du Wabi Shabeele (en Ogadén) et provoqua une flambée de violence parmi les Afar et les Somali. L’implantation de périmètres irrigués dans les périphéries arides peu peuplées rencontra, toutefois, une moindre opposition. En 1925, les Britanniques entreprirent, au Soudan anglo-égyptien en amont de Khartoum, un périmètre irrigué par gravitation entre Nil bleu et blanc dans le but de diversifier leur approvisionnement en coton, assuré jusque-là, par l’Égypte. La Gezireh — la péninsule entre les deux fleuves — présentait, débarrassée de ses nomades, des atouts physiques, humains et économiques (les capitaux des marchands d’Omdurman) et le chemin de fer la reliant à Port-Soudan. Encadrés militairement, permanents et saisonniers devaient étendre à 1 Mha (en réalité 800 000 ha) le quadrillage des canaux bordés d’eucalyptus. Réduit à 500 000 ha faute d’entretien en 1993, le périmètre regroupe plus de 4 Mh ajoutés aux 6 Mh dans la capitale. Il servit de modèle aux fermes de Villabruzzi [Jowhar] et de Merca-Genale (50 000 ha au total) sur le Wabi-Shabeele, en Somalie italienne et, au Soudan, du périmètre de Kashm el-Girba (190 000 ha), lancé en 1964 sur l’Atbara pour accueillir, au sud de la ville New Halfa, 40 000 Nubiens déplacés par la mise en eau du lac Nasser. À l’instar de leur modèle, ces périmètres irrigués souffrent d’un manque d’entretien, de l’impact de la monoculture persistante et sont, en outre, des objectifs pendant les périodes de troubles.

Ce rappel des étapes la modernisation de l’agriculture en Afrique orientale appelle deux remarques. Les indépendances n’ont pas amélioré le sort des paysans et des pasteurs embarqués dans les projets qui, une fois abandonné le « socialisme africain », ont resurgi avec les accaparements de terres, corollaire de l’ouverture l’agriculture aux échanges. Se réclamant de l’exemple de l’ujamaa de Julius Nyerere en Tanzanie (Dubresson, 1994), à partir des années 1970 les gouvernants s’étaient engagés dans des réformes agraires autoritaires appliquées, le plus souvent, par des militaires en quête de l’appui de l’URSS. Tant qu’elles assurèrent la sécurité de la tenure elles restèrent populaires en Somalie sous Siyaad Barre et en Éthiopie sous Mängestu Haylä Maryam, mais ces réformes suscitèrent le rejet quand s’ajoutèrent la collectivisation, la villagisation et les fermes d’État. Au Soudan, Nimeyri déposséda les peuples animistes et chrétiens du Sud de leurs terres collectives au profit du Nord musulman. En Ouganda et au Kenya, on redistribua les terres des colons aux proches du pouvoir (Kikuyu sous Kenyatta et Kalenji sous Moi).

Les accaparements de terre depuis 2010
 
Bailleurs Investisseurs
États Superficies
en millions d'ha
Rang mondial États Superficies
en millions d'ha
Rang mondial
Éthiopie 3,2 3e Chine 4,5 1er
Tanzanie 2 7e Corée du Sud 2,3 5e
Soudan 1,6 8e Arabie Saoudite 2,1 6e
Kenya 0,576 16e Inde 1,8  
Somalie 1,7 ? Egypte 1,7  

Source : Land Matrix, Le Monde, 14 août 2012 et 13-14 septembre 2012

 

Le « néo-colonialisme agraire » (Bouquet in Bart, 2012) sévit particulièrement en Afrique orientale tournée vers les principaux investisseurs du Moyen et d’Extrême-Orient qui craignent, depuis la crise céréalière de 2008, qu’une crise de subsistance ne survienne. Au Soudan et en Éthiopie, les nationaux obtiennent des lopins inférieurs à quelques centaines d’hectares et les étrangers des concessions de plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Des Saoudiens, des Émiratis, l’armée jordanienne et des membres de l’entourage présidentiel s’installent au confluent de l’Atbara et du Nil et près du barrage de Méroé. Au Sud-Ouest de l’Éthiopie, les périphéries humides et notamment la moitié de la Surface agricole utilisée (SAU) de la région de Gambélla ont été concédées dès 2009 à des groupes agro-industriels arabes et asiatiques qui font pousser du coton, du riz et des oléagineux, destinés à l’exportation. Les Anuak et les Nuer, les agro-éleveurs déplacés, refusent les réinstallations et de violents incidents ont éclaté (Gascon, 2012). Un pays à la situation alimentaire précaire peut-il soustraire un septième (bientôt un cinquième ?) des 22 millions d'hectares de sa SAU à la production vivrière ? En Ouganda et au Kenya, les concessions, quoique de plus petite taille, entraînent des milliers d’expulsions.

Accaparement des terres en Afrique orientale

carte land grab afrique orientale

 

 

3. Enclaves, corridors et les États développeurs

Les réformes agraires ont abouti à la mainmise des États sur la terre. Ils sécurisent, certes, la tenure mais, quand ils estiment que les terres sont « vacantes, mal ou sous-utilisées » (Ministre éthiopien de l’Agriculture cité in Gascon, 2012), ils les reprennent et les concèdent de nouveau au nom de l’intérêt national qu’ils invoquent aussi pour se réserver l’accès aux ressources du sous-sol et pour lancer les grands travaux d’infrastructure. Mais, faute de crédits pour mener ces chantiers, les gouvernements font appel aux investissements directs étrangers (IDE) des groupes internationaux auxquels ils offrent des garanties refusées à la paysannerie locale (baux emphytéotiques, rapatriement des capitaux, exemptions d’impôts et de taxes). Ces ententes, peu transparentes, produisent des annonces sans lendemain — un TGV reliant Nairobi à Mombasa — et alimentent la corruption qui sévit au sommet des États et parmi les élites économiques. L’amitié entre Melles Zénawi, Premier ministre éthiopien (1995-2012), et le milliardaire éthio-saoudien, Cheikh Al-Amoudi, favori des privatisations et des concessions, a été épinglée par la presse éthiopienne. Au Soudan, au Soudan du Sud, en Ouganda et en Érythrée, on sait que les autorités confisquent le produit des richesses du sous-sol.

Une course âpre est entamée pour exploiter le pétrole du lac Albert, en Ouganda, et du Rift, au Kenya. Ce dernier a lancé le projet "Lamu Port and Lamu-Southern Sudan-Ethiopia Transport Corridor" (Corridor de transport Lamu-Soudan du Sud-Ethiopie, LAPPSET) afin de relier par des oléoducs, des voies ferrées et des routes les gisements ougandais, kenyans et sud-soudanais au futur port kenyan, en eau profonde, de Lamu — pourtant situé dans un parc marin —, au grand dam de Mombasa((À propos des projets pétroliers et du port de Lamu voir aussi Cristina D'Alessandro, « Géographies accélérées du pétrole et du gaz en Afrique orientale », Géoconfluences, 2016)). Les travaux ont pris du retard car il traverse une région menacée par les Shabaab (littéralement les « jeunes », les insurgés islamistes somaliens ») et, récemment, l’Ouganda a annoncé que de son pétrole passerait par la Tanzanie. Avant sa sécession en 2011, les hydrocarbures extraits au Soudan du Sud transitaient par Khartoum et gagnaient Port-Soudan sur la mer Rouge. Le Sud, désormais enclavé, a arrêté l’exploitation pour protester contre les droits élevés exigés par le Nord. La reprise de la guerre entre le président Salva Kiir, appuyé par les Dinka, et le vice-président Riek Machar, soutenu par les Nuer, a hâté la récente signature d’un accord avec le Nord, mais Juba, qui boude le corridor LAPPSET, étudie la construction d’un oléoduc vers Djibouti, via l’Éthiopie. En 1995, Melles Zénawi avait inventé l’Agricultural Development Led Industrialization (ADLI) une stratégie de décollage économique de l’Éthiopie qui détonait en Afrique orientale. Mais, fragilisée par son enclavement depuis la guerre avec l’Érythrée (1998-2000) et en proie à un essor démographique soutenu, son économie stagnait alors qu’elle avait peiné à surmonter la disette de 2008. Ébranlé à la suite des émeutes consécutives au résultat disputé des élections de 2005, Melles Zénawi lança, en 2010, le Growth and Transformation Plan (GTP) qui ressuscitait la planification étatique des années de la junte marxiste de Mengestu et de Haïlé Selassié.

 
Le Growth and Transformation Plan
Le GTP (Growth and Transformation Plan) éthiopien repose sur trois piliers : 1. le land grab, 2. le Plan directeur de 25 ans d’édification d’ouvrages hydroélectriques, 3. un programme de construction de logements urbains et de réseaux de transports et de distribution. Des centrales géantes, sur le Nil et l’Omo/Gibé, et un champ d’éoliennes au Tegray assureront l’indépendance énergétique et l’exportation du courant chez ses voisins. Financés à moitié par des banques chinoises, exécutés par Salini (Italie) et équipés par Alstom, les barrages, à l’exception des périmètres irrigués du Tana-Bäläs et du Gibé V, ne produisent que l’énergie. Djibouti et le Kenya, et bientôt le Soudan, achètent du courant à l’Éthiopie qui finance par souscription populaire le Barrage de la Renaissance éthiopienne édifié sur le Nil bleu. À Khartoum en 2015, les dirigeants Béchir (Soudan), Sissi (Égypte) et Haïlé Maryam Dessalegn (Éthiopie) ont levé les obstacles à la construction de la pièce maîtresse du plan éthiopien. Aux lignes à haute tension, aux routes asphaltées et à l’autoroute Addis Abeba-Nazrét, s’ajouteront 4 500 km de voies ferrées électrifiés à écartement normal. Elles desserviront, venant de Djibouti et de Tadjoura, les villes des hautes terres et rejoindront les frontières. Le consortium d’entreprises turques, chinoises et indiennes a achevé la liaison Addis Abeba-Djibouti et étend le réseau qui atteindra le Kenya et le Soudan du Sud bien avant le corridor LAPPSET. La capitale est maintenant parcourue par un tramway, étudié par les Suédois, financé et construit par les Chinois. Expression de l’État « développeur », le GTP repose sur le postulat que l’énergie abondante et à bas coût, la main d’œuvre abondante et docile, un réseau de transport efficace et un bmarché de 100 millions de consommateurs, pourraient faire de l’Éthiopie, en 20 ans, le grenier et l’atelier de l’Afrique orientale.
 

Les programmes de développement projettent de relier puis d’intégrer dans des corridors de développement puis dans le territoire national, les enclaves « modernes » qu’ils ont créées. Toutefois, les quartiers centraux des capitales — leurs Sheraton et Hilton, leurs gated communities et leurs malls fréquentés par les élites au pouvoir, les expatriés et les touristes —, les zones d’activités, les parcs avec leurs lodges, les concessions agro-industrielles et minières forment dans toute la région, un archipel dispersé. Au Kenya, en Ouganda et en Éthiopie, les serres florales, clôturées et sévèrement gardées, appartiennent à des groupes étrangers qui, certes, fournissent des emplois précaires aux Africains mais rapatrient leurs bénéfices hors du pays. Le seul couloir identifiable regroupe 5 millions d’habitants et la partie la plus notable des entreprises éthiopiennes et étrangères, sur 100 km entre Addis Abeba, Debre Zeyt et Nazrét. Vers Djibouti, l’extension du possible corridor est relayée par les villes de Dirré Dawa et de Harar et vers le Kenya, par Awasa. Pour le moment, elle est jalonnée par un chapelet de plantations agro-industrielles, de réserves naturelles et de villes grossies par l’afflux des migrants ruraux. Partant de Mombasa (1,23 million), le LAPPSET relie des villes importantes : Nairobi, Kisumu, Kampala sans, pourtant, les intégrer dans un corridor. À l’intérieur des villes s’élèvent des frontières de qu’on cherche à rendre de plus en plus étanches entre les quartiers de prestige et l’habitat précaire : à Nairobi, entre le grand bidonville du centre et les tours et des malls, entre les « quartiers » et Balbala et le Plateau à Djibouti (750 000 habitants) et à Khartoum (7,2 millions), entre « Dubaï sur Nil » et les camps de réfugiés à la périphérie. D’autres îles s’ajoutent à l’archipel d’Afrique orientale avec la persistance des troubles politiques et des crises climatiques. Sud-Soudanais, Érythréens et Somaliens s’abritent, en Éthiopie (600 000 réfugiés), au Kenya (600 000 réfugiés dont plus de la moitié dans le camp de Dadaab) et en Ouganda. Mogadiscio (1,6 millions) n’est qu’un camp de réfugiés, maintenu sous perfusion, parmi les ruines et quelques « places fortes » tenues par l’AMISOM et l’armée somalienne en perpétuelle reconstitution. Certains s’intègrent, cependant, dans les familles et les clans présents de chaque côté des frontières. Pour beaucoup, rejoints par les jeunes sans travail, c’est une première étape avant le départ vers le Golfe, l’Arabie et la Méditerranée puis l’Europe. L’Afrique orientale, sans la Tanzanie, fait exception à la « littoralisation » du peuplement et des activités , observée en Afrique australe, dans le golfe de Guinée et au Maghreb. En effet, la fédération, pourtant cinquantenaire, du Tanganyika et de Zanzibar a préservé l’autonomie jalouse de l’archipel. Les ports (Port-Soudan, Massawa, Asab, Djibouti, Berbera) entourés de steppes arides, demeurent isolés de la Gezireh et des hautes terres au peuplement dense.

Serres florales en Éthiopie
  photographie serres fleurs afrique  

Serres florales à Holäta, à 35 km à l’ouest d’Addis Abeba. Cliché : A. Gascon, 2008

4. Désenclavement et hégémonie régionale

Selon les promoteurs des programmes, les réticences tomberont quand la technique améliorera la condition des populations, à brève échéance, promettent-ils. Pour l’instant, quand les grandes fermes exportatrices s’installent avec leurs tracteurs géants, les familles paysannes, qui cultivent les lopins vivriers, sont déplacées manu militari vers des sites « préparés » à les recevoir. En réalité, la mécanisation les prive d’emplois agricoles et beaucoup quittent les campagnes et notamment les jeunes. En fait, agriculteurs et éleveurs ne sont pas rétifs « au progrès » quand il ne les sacrifie pour des lendemains meilleurs. Ainsi, sans aucune aide, les paysans ont étendu la culture du tchat ou khât au Harar, au Kenya, en Tanzanie et à Madagascar. Catha edulis Forsk, ou la feuille d’Allah (Ezekiel, 2004) est une plante dont la mastication procure des effets psychotropes. Grâce au réseau de collecte, les feuilles, cueillies la nuit sur les hautes terres, sont vendues encore fraîches en Somalie, à Djibouti et au Yémen. Le khât a remplacé le café au Harar depuis que le démantèlement du cartel des pays producteurs s’est traduit par un effondrement du prix payé au cultivateur. Faute d’être utilisée pour une culture licite, les capacités de la population se sont investies dans la production et la diffusion d’une drogue « douce ». Rappelons que les Éthiopiens, parfois forcés (d’après les témoignages recueillis), soutiennent le plan « électrique », même dans la diaspora. Selon eux, les grands barrages, motifs de fierté nationale, délivreront le pays des coupures d’électricité qui paralysent les activités urbaines et aggravent le retard dans les campagnes. Le réseau ferré électrifié sécurisera le commerce extérieur tandis que la vente de courant resserrera les liens avec les États riverains de la mer Rouge. Le réseau électrique donne aux successeurs des negus, forts du dynamisme démographique et économique du pays, un outil supplémentaire pour accéder au rang de puissance régionale.

En Afrique orientale, le dynamisme éthiopien ébranle le la prééminence politico-économique de fait, du Kenya. Nairobi regroupe toujours beaucoup des sièges régionaux des entreprises et des organisations internationales, mais ceux de l’Union Africaine et de la Commission économique de l’Afrique (CEA) demeurent à Addis Abeba. Le QG de la de la Force africaine en attente (FAA) est à Nairobi, mais le contingent éthiopien est plus professionnel (Ferras, 2011). Addis Abeba, hub aérien majeur et métropole hérissée de tours, prétend rivaliser désormais en notoriété avec Nairobi. Hostile à l’Éthiopie, le dirigeant érythréen Isayyas a pactisé avec les Shabaab somaliens pour ouvrir un second front à la frontière entre l’Éthiopie et le Kenya. Conservant des soutiens à l’ONU et l’UA, il a fait de son pays une forteresse d’où s’évadent, chaque mois, des milliers de réfugiés dont les familles sont rançonnées jusque dans la diaspora (Vincent, 2012, Guéry & Vilmer, 2015). Le Soudan du Sud, livré à des chefs de guerre, a bénéficié du même soutien aveugle des institutions internationales alors que le Somaliland, démocratique mais ostracisé, s’est reconstruit, aidé de sa seule diaspora (Wiren, 2014). Depuis l’échec de l’ONUSOM en 1992-93, les puissances régionales, espérant contenir la contagion de la déstabilisation, entourent la péninsule somali d’un cordon sanitaire maritime dont Djibouti, avec ses bases française, italienne, américaine et japonaise et bientôt chinoise à Tadjoura, est le lazaret. Pourtant, la coalition des flottes de l’OTAN, de l’Europe et des États-Unis a chassé les pirates somaliens du golfe d’Aden et de l’océan Indien et aujourd’hui, le Bab al-Mandab est plus sûr que le détroit de Malacca et le golfe de Guinée (Gascon, 2009).

Conclusion

Plus qu’une imitation d’un modèle chinois, le développement administré d’en haut en Afrique orientale reprend les recettes utilisées depuis 150 ans qui renforcent l’emprise de l’hinterland. La région participe aux échanges mondiaux par d’étroites fenêtres maritimes plutôt que par une littoralisation des activités et du peuplement : le heartland domine le rimland. Le Growth and Transformation Plan (GTP) recentre les flux de la périphérie vers l’Éthiopie, l’« empire du milieu » de la Corne de l’Afrique et bientôt, peut-être, de l’IGAD.


Pour compléter

Bibliographie de référence
  • Atlas of the Ethiopian Rural Economy, 2006, Washington-Addis Ababa, IFPRI-CSA, 93 p.
  • Bezunesh Tamru, 2012, Villes et territoires en Éthiopie, Paris, L'Harmattan, 439 p.
  • Dubresson A., Raison J.-P., Marchal J.-Y. (dir.), 1994, Les Afriques au sud du Sahara, Paris-Montpellier, Belin-Géographie Universelle Reclus, 480 p.
  • Fouéré M.-A., Maupeu H. (dir.), 2015, « Une nouvelle Afrique de l’Est », Afrique contemporaine 253, p. 13-129.
  • Gallais J., 1989, Une géographie politique de l’Éthiopie. Le poids de l’État, Paris, Économica, Liberté Sans Frontières, 209 p.
  • Gascon A., 2006, Sur les hautes terres comme au ciel. Identités et territoires en Éthiopie. Paris, Publications de la Sorbonne, 335 p.
  • Gascon A., 1995, La Grande Éthiopie, une utopie africaine. Éthiopie ou Oromie, l’intégra-tion des hautes terres du Sud, Paris, CNRS éditions, (Espaces et milieux), 251 p.
  • Gascon A., 2015, « L’Éthiopie des « 15 Glorieuses », moteur de l’Afrique orientale », Afrique contemporaine 253, p. 37-52.
  • Gascon A., 2015, « L’Éthiopie, une puissance africaine », Politique étrangère, 4, p. 105-117.
  • Gascon A., 2009, « La piraterie dans le golfe d’Aden : les puissances désarmées ? », Hérodote, Paris, n° 134, p. 107-124.
  • Gascon A., 2008, « Oublier Malthus : Éthiopie, la crise alimentaire surmontée ? », Hérodote, n° 131, 4e tr., p. 73-91.
  • Gascon A., « La Somalie en mauvais État », 2008, EchoGéo [En ligne], Sur le Vif, mis en ligne le 27 mai 2008
  • Jeangène Vilmer J.-B. et Gouéry F., 2015, Érythrée. Un naufrage totalitaire, Paris, PUF, 335 p.
  • Médard C., 2009, « Crise politique et foncière au Kenya », in Babo A. N., Médard C., Antil A., Les questions foncières rurales comme facteur de crise en Afrique subsaharienne : Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Kenya. Note de l’Ifri, décembre, p.44-57.
  • Pourtier R., 2010, Afriques noires, Paris, Hachette, 286 p. (2e édition).
  • Saïd Chiré A. et Gascon A. (dir.), 2007, Atlas de Djibouti, Paris, Éditions du Jaguar, 63 p.
  • Vincent L., 2012, Les Érythréens. Récit, Paris, Éditions Payot & Rivages (« Littérature »), 256 p.
  • Wiren, R., 2014, Somaliland, pays en quarantaine, Paris, Khartala, 202 p.
Pour aller plus loin
  • Bart F. (dir.), 2012,  « Terres et tensions en Afrique », BAGF-3, p. 381-500.
  • Dewel S., 2014, L’Éthiopie charismatique. Résistances et mutations d’une ancienne chrétienté ?, Paris, L’Harmattan-Aresæ, 256 p.
  • Fontaine H., 2012, Un Train en Afrique. African Train. Addis Abeba, CFEE-Shama Books, 312 p.
  • Planel S., 2008, La chute d’un Éden éthiopien, Paris, IRD, « À travers champs », 430 p.
  • Prunier G., 2005, Darfour, un génocide ambigu, Paris, La Table ronde, 266 p.
  • Uhlig S. et Bausi A. (dir.), 2003-2014, Encyclopaedia Aethiopica, 5 Vol., Wiesbaden, Harrassowitz Verlag.
Et sur Géoconfluences 

 

 

Alain GASCON,
Professeur émérite, 
Institut français de géopolitique-Université Paris 8, Centre de recherche et d’analyse géopolitique EA 353,
ancien chargé de cours à l'INALCO (Langues Orientales) en histoire et géographie des populations de la Corne de l'Afrique

Conception et réalisation de la page web : Jean-Benoît Bouron

Pour citer cet article :  

Alain Gascon, « L'Afrique orientale : des civilisations de l’hinterland face à la maritimisation », Géoconfluences, janvier 2017.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/afrique-dynamiques-regionales/articles-scientifiques/afrique-orientale-face-maritimisation