Arairage et labourage
L’araire et la charrue sont des instruments agricoles de travail du sol. L’araire a un soc droit, tandis que la charrue a un soc recourbé qui retourne la terre. Si les deux instruments peuvent utiliser la force humaine ou animale, l’araire est le plus souvent poussée, tandis que la charrue est généralement tractée. L'arairage comme le labourage sont, au moins en partie, liés à l'élevage d'animaux de trait.
L’histoire de l’agriculture en Europe occidentale repose de façon ancienne et structurante sur le passage de l’araire, utilisée jusqu’à la fin de l’Antiquité, à la charrue, dont le soc retourne la terre. Des volumes d’histoire rurale ont été consacrés aux augmentations de rendement permises par le labourage, puis par ses optimisations techniques (la charrue à double soc, l’amélioration des attelages). Dans le contexte des terres lourdes, argileuses, des grands bassins sédimentaires de l’Europe septentrionale, ces évolutions techniques ont effectivement permis de dégager les surplus qui ont permis une croissance économique et démographique à certains moments de l’époque médiévale puis moderne.
La géographie coloniale, puis tropicale, ont eu tendance à transposer ce raisonnement à d’autres espaces, en opposant l’araire à la charrue comme deux stades du développement agricole, voire civilisationnel, en en hiérarchisant la valeur accordée à ces stades. Elles ont longuement développé le thème du « paysan qui gratte la terre », sans la retourner, pour en faire un signe de retard de développement.
En fait, le travail des agronomes a montré depuis que l’arairage est, dans de nombreux cas, mieux adapté aux sols tropicaux que le labourage, car ce dernier risque d’accentuer le lessivage des sols et l’érosion. Ainsi, les expériences pour introduire la charrue dans les espaces tropicaux colonisés par l’Europe occidentale se sont-elles parfois soldées par un échec.
(JBB), avril 2023.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Ninon Blond, « Systèmes agricoles dans le Tigray (Éthiopie), entre héritages et recompositions contemporaines », Géoconfluences, mai 2023.
