Un important gisement de terres rares découvert dans la ZEE japonaise
Un article publié dans la revue Scientific Reports le 10 avril 2018 a donné aux Japonais l'espoir d'une possible émancipation de leur dépendance à leur fournisseur chinois en matière de métaux stratégiques.
- Yutaro Takaya et al., “The tremendous potential of deep sea mud as a source of rare-earth elements”, Scientific Reports, 10 avril 2018. Version web | version pdf
L’article, signé par vingt chercheurs de plusieurs universités japonaises, est publié dans la revue Scientific Reports, du groupe Nature. Son titre peut se traduire par « Le gigantesque potentiel des boues sous-marines profondes comme source de terres rares ». Le Larousse nous apprend que le mot « tremendous » a le sens d’énorme, vertigineux, monumental, ce qui témoigne d’une emphase à laquelle l’édition scientifique nous a peu habitués.
Voici les premières lignes de l’article en version originale et en français :
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>>> Qu’est-ce que les terres rares exactement ? Voir le glossaire : Terres rares, métaux stratégiques |
Revue de presse
- The Japan Times, “Japan team maps ‘semi-infinite’ trove of rare earth elements”, AFP-Jiji, April 11, 2018 (en anglais).
Le point de vue japonais et notamment le spectre d’une rupture de l’approvisionnement : « Le monde dépend fortement de la Chine pour les terres rares, car elle produit l’essentiel de ces éléments mis sur le marché. Mais Pékin a sévèrement restreint ses exportations dans les périodes de tensions diplomatiques. En 2010, par exemple, les manufacturiers japonais ont affronté une grave pénurie suite à une limitation des exportations chinoises. »
- Naoki Asanuma “Hundreds of years' worth of rare earths found in Japan territory” Nikkei Asian Review, April 10, 2018 (en anglais).
L’article convertit les quantités exprimées en ppm (parties par million) dans l’article de Yutaro Takaya et al. et aboutit à 16 millions de tonnes terres rares pour le gisement découvert (la demande mondiale était d’environ 160 000 tonnes pour l’année 2016).
- Courrier International, « D’immenses réserves de terres rares découvertes au large du Japon », 13 avril 2018.
L’article cite un extrait du South China Morning Post : « Les chercheurs ont défini une zone de 400 km² de fonds marins qu’ils estiment contenir 16 millions de tonnes d’oxydes de terres rares, y compris suffisamment d’yttrium pour satisfaire 780 années de demande intérieure, 620 années d’europium, 420 années de terbium et 730 années de dysprosium ».
Tous ces articles insistent sur la grande profondeur du gisement découvert (entre 5 000 et 6 000 mètres sous la surface). Les technologies nécessaires pour exploiter des gisements à telle profondeur ne sont pas encore au point. Il est toutefois vraisemblable que le Japon cherche à les mettre au point dans un futur proche.
Pour compléter sur les terres rares
- Terres rares, métaux stratégiques dans le glossaire
- Sur futura-sciences, voir la série de photos consacrées aux terres rares, qui donne pour chaque métal des exemples de son utilisation
- Sur France Culture, dans l’émission La Méthode scientifique par Nicolas Martin : « Terres rares, le nouvel or noir », 24 avril 2018. 58 minutes
- Sur Géoconfluences, Marine Duc, « L’extractivisme sans extraction ? Au Groenland, des politiques de développement territorial entre volontarisme minier et dépossessions », novembre 2017. L’article montre que la présence de gisements de terres rares aux Groenland entraîne d’importants débats en raison des problèmes posés par l’idéologie dite de l’ « extractivisme ».