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Taïpei – Pékin : de nouvelles donnes géopolitiques et économiques pour une relation complexe ?

Publié le 21/01/2016

Le 7 novembre 2015, pour la première fois depuis la révolution communiste de 1949 et le départ des nationalistes pour l'île de Taïwan, le président de la Chine communiste, Xi Jingping et son homologue taïwanais Ma Ying-jeou issu de la majorité du Kuomintang (KMT) ont échangé, à Singapour, une poignée de main symbolisant les différents rapprochements économiques, techniques, culturels, qui ont marqué les années précédentes.
De nombreux différends subsistent néanmoins entre les deux pays. Le 16 janvier 2016, les Taiwanais ont élu une femme, Tsai Ing-wen, à la présidence de la République de Chine (Taïwan). Sa formation, le Parti démocratique progressiste (PDP / Democratic Progressive Party, DPP) a obtenu une large majorité parlementaire, les Taïwanais exprimant ainsi leur souhait de tourner le dos à des années de rapprochement accéléré avec la Chine. Taïwan pourrait ainsi, dans la mesure du possible, reprendre des positions plus indépendantes de Pékin tant dans les domaines économiques que géopolitiques, en confortant la souveraineté de l’entité insulaire.  


1. Chaud et froid dans les relations de part et d’autre du détroit. Mises en perspective historique.
  • Université de Sherbrooke, Perspective Monde – Taiwan. Chronologie depuis 1949

Taïwan s'impose en Asie comme un modèle sur le plan démocratique et économique. La question des relations avec la Chine, incluant même la possibilité d'une éventuelle réunification, demeure au cœur des débats qui marquent les différentes campagnes électorales. http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMHistoriquePays?codePays=TWN&langue=fr

  • Les Etudes du CERI n° 213, "Relations informelles entre Pékin et Taïpei : l’essor de la diplomatie académique dans le détroit de Taiwan", Alice Ekman, septembre 2015.

Depuis le retour au pouvoir du Kuomintang en 2008, Pékin a ajusté sa stratégie de communication à l’égard de Taïwan tout en gardant le même objectif de long terme : la réunification. Il s’agit d’une stratégie de rapprochement par la séduction plus que par la menace, qui promeut l’augmentation rapide des échanges entre populations chinoises et taiwanaises à tous les niveaux : étudiants, touristes, paysans, hommes d’affaires, universitaires, diplomates et militaires à la retraite, hommes politiques, etc. http://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/Etude_213_0.pdf

  • Le Monde - Brice Pedroletti,

- "Comprendre les enjeux des élections à Taïwan", 16 janvier 2016
Le rapprochement de ces huit dernières années entre la Chine et Taïwan, qui se considèrent tous deux comme des pays souverains et fonctionnent comme tels, a été conduit sous l’égide du KMT et en Chine, de son ancien ennemi de la guerre civile chinoise, le Parti communiste chinois (PCC). [Ce rapprochement] s’est accéléré à partir de 2008 sous Ma Ying-jeou.
Ce dégel a pour base le « consensus de 1992 », selon lequel les deux rives du détroit s’entendent sur le fait d’appartenir à « une seule Chine », mais avec « chacune son interprétation ». Or, ce « consensus », sur lequel nationalistes et communistes ne se sont en réalité entendus que bien après 1992, est dénoncé par le DPP comme un arrangement entre deux partis qui n’a jamais été validé démocratiquement à Taïwan. Pour simplifier, le KMT, venu de Chine, continue d’espérer jouer un rôle dans une grande Chine, tandis que le DPP, force politique locale, considère n’avoir aucun compte à rendre avec le passé continental de son rival.
Sous Tsai Ing-wen, le balancier est de nouveau du côté des « indépendantistes », même si le DPP est attaché, comme le KMT, au maintien du « statu quo » avec la Chine. Mme Tsai a durant sa campagne été prudente dans ses déclarations sur la Chine et ne devrait pas remettre en question les avancées obtenues sous son prédécesseur. Le « consensus de 1992 » sera toutefois certainement un motif de contentieux de principe avec Pékin : il est sacralisé par la Chine communiste, qui l’évoque sans cesse dans sa propagande et sa diplomatie. Pékin, qui s’est dotée d’une loi anti-sécession taillée sur mesure pour Taïwan en 2005, monte au créneau chaque fois qu’il est question « d’indépendance de Taïwan », de « deux Chine », ou « d’une Chine et un Taïwan » (…) http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2016/01/16/comprendre-les-enjeux-des-elections-a-taiwan_4848508_3216.html
- "A Taïwan, la nouvelle présidente veut défendre la démocratie taïwanaise face à Pékin", 16 janvier 2016 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2016/01/16/a-taiwan-la-nouvelle-presidente-veut-defendre-la-democratie-taiwanaise-face-a-pekin_4848638_3216.html
- "Entre la Chine et Taïwan, une poignée de main historique" ", 6 novembre 2015 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2015/11/06/la-poignee-de-main-historique-qui-secoue-taiwan_4804457_3216.html

- "Clouds loom over Cross-Strait airline market as Taiwan faces political change". 26 octobre 2015,
Avec un certain nombre de graphiques concernant, entre autres : Taiwan annual tourist arrivals from mainland China: 2009-2014 ; Mainland China annual tourist arrivals from Taiwan: 2009-2014 http://centreforaviation.com/analysis/clouds-loom-over-cross-strait-airline-market-as-taiwan-faces-political-change-hong-kong-may-benefit-248843
- "China-Taiwan aviation transit policy would allow progressive increases for Taiwan's airlines", 11 janvier 2016 http://centreforaviation.com/analysis/china-taiwan-aviation-transit-policy-would-allow-progressive-increases-for-taiwans-airlines-260688

  • France Culture / Enjeux internationaux, une sélection

- "Taïwan. La contestation populaire de la politique pro-chinoise du président Ma", 24 avril 2014
Avec une série de liens sur l’évolution de la vie politique insulaire, http://www.franceculture.fr/emission-les-enjeux-internationaux-taiwan-la-contestation-populaire-de-la-politique-pro-chinoise-du-
- "Taïwan. Les relations entre Taipeh et Pékin et le rôle de Taïwan dans les organisations internationales", 26 novembre 2014
Avec une série de liens sur l’évolution des relations Taipeh–Pékin http://www.franceculture.fr/emission-les-enjeux-internationaux-taiwan-les-relations-entre-taipeh-et-pekin-et-le-role-de-taiwan-d

Depuis l’élection du président Ma Ying-jeou et le retour du Kuomintang (KMT) au pouvoir en 2008, Taiwan est entrée dans une période de détente sans précédent avec la République populaire de Chine (RPC). Les contacts « officieux » entre les autorités de Taipei et de Pékin se sont multipliés ; une douzaine d’accords commerciaux et techniques ont été signés ; en juin 2010, un ambitieux accord cadre de coopération économique (Economic Cooperation Framework Agreement ou EFCA) a été conclu, approfondissant un peu plus une dépendance économique déjà stimulée par des échanges commerciaux chaque année plus intenses (120 milliards de dollars) ; le tourisme chinois à Taiwan se développe à vive allure (…) http://www.reseau-asie.com/edito/avenir-taiwan-chine-cabestan/avenir-taiwan-chine-cabestan/avenir-taiwan-chine-cabestan/

  • Géoconfluences -  Taiwan : naissance des frontières d’une démocratie insulaire », Stéphane Corcuff, juillet 2006

Si Taiwan dispose d'un État souverain, n'y aurait-il donc pas nécessairement une frontière entre la Chine et Taiwan ? La question n'est pas simple car nous sommes dans une situation de "souveraineté en partage, juridiction séparée", probablement même dans une situation de distinction formelle entre deux États, l'un "chinois", l'autre "taiwanais".
(…)  Si cette frontière est souvent niée et n'a pas encore trouvé de traduction juridique complète et régulière, elle est pourtant déjà dans tous les esprits. Si ces dimensions nouvelles dans la théorie des relations internationales que sont la psychologie des peuples et leur traduction médiatique peinent à trouver leur place dans l'analyse, elles suggèrent néanmoins que leur ignorance nuit à la compréhension des phénomènes politiques en cours sur le terrain.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/etpays/Chine/ChineScient6.htm

  • Un récit personnel, dans le cadre d’une plate-forme de recueil d’expériences, "Flight report", sur les relations aériennes entre RPC et République de Chine, 24 septembre 2011 http://flight-report.com/fr/report-682.html

2. Taiwan dans le « concert des nations »

La normalisation diplomatique progressive de la Chine communiste à partir de 1971 a contribué à isoler Taipei sur la scène internationale. Avec sa monnaie, son Parlement, son système judiciaire et sa Constitution, Taiwan fait valoir qu’elle est un Etat alors que son grand voisin, la République populaire de Chine (RPC), en fait une de ses provinces. Mais non reconnue par les Nations unies et alors que seules 22 chancelleries lui sont restées fidèles, dont le Vatican -, Taipei est une capitale isolée politiquement et diplomatiquement. Elle n’a pas été conviée à la Conférence de Paris sur le climat. Egalement non membre de l’Asean, Taipei est restée à la porte de la Banque asiatique d’investissement.

Avec une infographie des pays entretenant des relations diplomatiques directes avec Taïwan et les indices de corruption, du climat des affaires, de liberté d'entreprendre et de compétitivité comparés avec la Chine communiste et d'autres pays. http://www.boursorama.com/actualites/apres-la-presidentielle-a-taiwan-pekin-met-en-avant-sa-retenue-157155c0826f73b9414b3c95a7761c1e



Sélection : Sylviane Tabarly, pour Géoconfluences