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Construire un mur à la frontière États-Unis–Mexique : derrière le slogan politique, des faits tenaces

Publié le 15/01/2019

La construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique, promesse de campagne de l’actuel président étasunien, s’est transformée en slogan répété avec une fréquence qui augmente à mesure que la faisabilité de la promesse semble s’éloigner.

Le blocage au congrès entre la majorité démocrate et le président intransigeant au sujet du financement de la coûteuse construction du mur ont abouti au shutdown, c’est-à-dire à l’arrêt du versement des traitements des fonctionnaires fédéraux en l’absence d’accord sur le budget, le plus long de l’histoire du pays.

L’insistance obsessionnelle du président a conduit de nombreux médias à s’intéresser à la réalité de la frontière et à sa représentation dans l’esprit des Étatsuniens. Voici quelques-unes des publications récentes sur le sujet.

 

Mur frontière États-Unis Mexique

Tony Webster, la grille de la frontière Mexique–État-Unis sur l'océan Pacifique. Imperial Beach, San Diego, Californie. 14 décembre 2014. CC BY 2.0. (source).

 

Les Étasuniens et l’immigration illégale

Un article récent du Pew Research Center indiquent la perception des Étasuniens sur l’immigration illégale, et le mur frontalier existant et en projet. Par exemple, 45 % des personnes sondées savent que la majorité des migrants vivant aux États-Unis sont légaux, contre 42 % qui croient que la majorité des migrants sont illégaux, et 13 % qui ne se prononcent pas.

Un autre article montre que le nombre d’appréhensions de familles et d’enfants non accompagnés a augmenté entre novembre 2017 et novembre 2018.

Vérification de faits

Sur le blog des Décodeurs du Monde : Pierre Breteau, « Mensongers ou détournés : les arguments de Donald Trump pour la construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique », 10 janvier 2019. L’auteur rappelle par exemple que l’essentiel de l’importation de substances illégales du Mexique vers les États-Unis passe par les points d’entrée légaux et pas à travers le Rio Grande par exemple, un mur ne permettrait pas d’endiguer ces trafics.

Un Fact-checking du Pew Research Center donne des informations sur la réalité des migrations illégales en provenance d’Amérique Latine aux États-Unis et apportent de la nuance aux discours binaires :

1. Il y avait 10,7 millions de migrants illégaux aux États-Unis en 2016, soit 3,3 % de la population du pays. Ce chiffre est en recul (12,2 millions en 2007).

2. Le nombre de migrants illégaux mexicains a diminué depuis 2007, mais le total des autres origines a peu évolué. Les Mexicains représentent la moitié des migrants illégaux en 2016 contre 57 % en 2007. Les migrants mexicains illégaux sont 5,4 millions aux États-Unis, ils étaient 6,9 millions en 2007. La seule région d’origine ayant connu une hausse du nombre de migrants illégaux est la triade Salvador, Guatemala et Honduras.

3. Le nombre et la part de migrants illégaux dans la main d’œuvre étasunienne ont reculé entre 2007 et 2016.

4. Six États accueillent 58 % des migrants illégaux : la Californie, le Texas, la Floride, New York, le New Jersey et l’Illinois.

5. Signe de l’enracinement des migrants illégaux et du tarissement des flux, une part croissante d’entre eux (66 % en 2016 contre 36 % en 1995) vit aux États-Unis depuis plus de 10 ans, tandis que la part de ceux qui y vivent depuis moins de 5 ans diminue (de 33 à 18 % entre 1995 et 2016).

Carte de la frontière actuelle
Quelques articles de blog et de presse
Sur le shutdown et ses conséquences :
Voir aussi
Épilogue (provisoire ? — 28 janvier 2019)