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Banlieue

Publié le 05/12/2025
Auteur(s) : Sylviane Tabarly, professeure agrégée de géographie, responsable éditoriale de Géoconfluences de 2002 à 2012 - DGESCO et École normale supérieure de Lyon
Serge Bourgeat, agrégé et docteur en géographie
Catherine Bras, professeure agrégée de géographie - académie de Grenoble
Jean-Benoît Bouron, agrégé de géographie, responsable éditorial de Géoconfluences - DGESCO, ENS de Lyon.
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Le terme de banlieue, du latin médiéval banleuca, désignait dans cette langue le territoire d'une lieue autour d'une ville sur lequel s'exerçait le ban, c'est à dire la juridiction des autorités de la ville, seigneuriales ou communales. La banlieue renvoie ainsi à une ambivalence entre inclusion et exclusion avec, dès l'origine, une acception administrative désignant les communes autonomes urbanisées sous l'influence d'une ville-centre. Par extension, elle désigne le territoire urbanisé hors des limites (en particulier hors des remparts, extra-muros), en périphérie d'une ville, suggérant une relation de dépendance, historique et fonctionnelle, à l'égard de la ville-centre. Ville-centre et banlieue forment ensemble, en géographie urbaine classique, une agglomération urbaine.

Au fil de l'expansion urbaine, des banlieues ont été absorbées progressivement par la ville-centre : ainsi onze communes de banlieue (Auteuil, Montmartre…) furent annexées par Paris en 1860. Et la « petite banlieue » parisienne des débuts du XXe siècle (Clichy, Boulogne-Billancourt…) fait partie intégrante de la ville du fait du continuum urbain. À Lyon, des communes limitrophes de l’Ain et de l’Isère ont été rattachées au Rhône pour leur permettre d’intégrer la communauté urbaine, à une époque où la règle était que cette structure intercommunale soit nécessairement monodépartementales (Ghorra-Gobin, 2025, p. 72). Lorsque les communes n’ont pas été absorbées administrativement

Certaines villes n’ont pas de banlieues, par exemple lorsqu’un périmètre municipal a été tracé bien au-delà du front d’urbanisation, pour englober dans le territoire communal tous les espace bâtis en continu. C’est le cas de la municipalité de Shanghai, avec sa trentaine de millions d’habitants.

Au fil des excroissances urbaines successives, du desserrement des activités, et dans une optique de zonage fonctionnel des espaces, les différenciations spatiales ont conduit à distinguer différents types de banlieues de la spécialisation de leurs fonctions urbaines : banlieues industrielles, de bureaux, résidentielles (« banlieues-dortoirs »), mixtes... Les banlieues de type résidentiel sont très diversifiées en fonction du type de construction et des formes d'habitat dominant, des classes sociales représentées et de leurs niveaux de ségrégation, des distances euclidiennes ou des distances-temps, ou encore des distances mentales qui les séparent des espaces centraux (ou de la centralité). Les gradients de prix du foncier entraînent pour les classes populaires un éloignement géographique par rapport aux emplois qualifiés, identifié dès les années 1960, c’est le « Spatial mismatch » ou décalage spatial. Certaines orientations fonctionnelles ont pu, historiquement, déterminer en grandes parties les compositions sociologiques et les fidélités électorales, comme dans les cas des banlieues dites rouges ou bleues. Les oppositions électorales entre commune-centre et banlieues ont eu des effets durables et ancrés dans les territoires, jusque dans la conception et le tracés des réseaux de transport comme le métro (Lévêque, 2019).

Au début du XXIe siècle, le terme de banlieue est souvent associé, dans le discours médiatique, aux difficultés rencontrées dans certains quartiers (le « mal des banlieues »), dans certains grands ensembles et des zones à urbaniser en priorité (ZUP) des années 1960. La politique de la ville, mise en place depuis plus de quarante ans, tente d'y porter remède. En géographie scolaire et scientifique, le mot « banlieue » ne doit jamais être utilisé comme synonyme de « quartier défavorisé », dans la mesure où ce sont souvent des communes de banlieue qui sont les plus riches de leur agglomération, comme Neuilly-sur-Seine à Paris ou Dommartemont à Nancy.

Du fait de l’étalement urbain et de la difficulté croissante à différencier milieu urbain et milieu rural, le mot générique de « périphérie urbaine» tend à se substituer à celui de banlieue dont les limites sont floues :

  • périphérie suburbaine pour les espaces contigus avec la ville-centre (mais ce terme, peu utilisé en français, renvoie aux suburbs est souvent réservé aux terrains nord-américains)
  • périphérie périurbaine pour les espaces les plus extérieurs et relâchés de l'agglomération (mais, au sens strict, le périurbain n’a pas de continuité de bâti avec l’agglomération)

(ST) juillet 2005, dernière modification (SB, CB et JBB), décembre 2025.


Références citées
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