Banlieue
Le terme (banleuca en latin médiéval) désignait le territoire d'une lieue autour d'une ville sur lequel s'exerçait le ban, c'est à dire une juridiction, un ordre. La banlieue renvoie ainsi à des idées de soumission et d'exclusion et elle a, à l'origine, une acception administrative désignant les communes autonomes urbanisées sous l'influence d'une ville-centre. Par extension, elle désigne le territoire urbanisé hors des limites, en périphérie d'une ville, suggérant une relation de dépendance, historique et fonctionnelle, à l'égard de la ville-centre.
Au fil de l'expansion urbaine, des banlieues ont été absorbées progressivement par la ville-centre : la "petite banlieue" parisienne des débuts du XXe siècle fait partie intégrante de la ville. Mais, au fil des excroissances urbaines successives, du desserrement des activités, et dans une optique de zonage fonctionnel des espaces, les différenciations spatiales ont conduit à distinguer différents types de banlieues : industrielles, résidentielles, mixtes, etc.. Les banlieues de type résidentiel sont très diversifiées en fonction du type de construction et des formes d'habitat dominant, des classes sociales représentées et de leurs niveaux de ségrégation, des distances euclidiennes ou des distances - temps ou des distances mentales qui les séparent des espaces centraux (ou de la centralité), enfin, de leur mode d'intégration à l'agglomération.
Au début du XXIe siècle, le terme de banlieue est souvent associé aux difficultés rencontrées dans certains quartiers (le "mal des banlieues"), dans certains "grands ensembles" et des zones à urbaniser en priorité (ZUP) des années 1960. Le malaise repose tout à la fois sur des sentiments d'éloignement, de ségrégation, d'abandon, de dégradation du cadre de vie, d'insécurité, de difficultés économiques, de manque d’emploi et de montée du chômage. La "politique de la ville", mise en place depuis plus de vingt ans, tente d'y porter remède.
Le mot générique "périphérie" tend à se substituer à celui de banlieue dont les limites sont floues :
- périphérie suburbaine pour les espaces contigus avec la ville-centre,
- périphérie périurbaine pour les espaces les plus extérieurs et relâchés de l'agglomération.
(ST) juillet 2005.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Antoine Lévêque, « Un gouvernement métropolitain de la relégation urbaine ? Politiques intercommunales de transport et banlieue populaire, l’exemple de Vaulx-en-Velin », Géoconfluences, juin 2019.
- Élias Burgel, « "Banlieusard et fier de l’être" : Kery James, ou le retournement "à vif" du stigmate spatio-symbolique », Géoconfluences, septembre 2017.