Desakota
La notion de desakota (littéralement « ville-village ») proposé par Terry G. McGee (1991) vise à caractériser des formes de peuplement propres à l’Asie qui présentent pour caractéristiques une mixité des activités agricoles et non-agricoles dans des espaces densément peuplés et où la mobilité des populations est localement importante. Développée avant tout pour l’Indonésie, la desakota correspond aussi à des formes d’habitat et de vie d’autres lieux comme le Kérala au sud de l'Inde.
Mc Gee définit 5 critères pour identifier les desakotas :
- une grande partie de la population est, ou a été, engagée dans la seconde moitié du XXe siècle, dans l’agriculture (principalement la riziculture) ;
- des activités non agricoles variées (commerce, transport et industrie) se développent dans des zones qui étaient auparavant largement agricoles ;
- la participation des femmes dans la production industrielle et les services ;
- l’utilisation des sols est imbriquée de façon complexe (agriculture, industrie, commerce, habitat) ;
- une forte mobilité de la population et des biens vers les grands centres urbains, mais aussi au sein de ces zones.
Au Kérala, si l’on s'en tient à la définition du recensement, 90 % de la population est urbaine. Mais l’urbanisation est diffuse, avec des densités supérieures à 1 000 h/km² tout le long de la côte et une industrie et des services développés et diffus.
McGee distingue trois types de desakota :
- Le premier type se caractérise par des espaces où l’activité agricole n’est plus dominante. Les densités de population sont relativement plus faibles, les zones industrielles sont nombreuses et les exploitations agricoles de grande taille sont courantes (Corée du Sud, Japon)
- Le second type concerne des espaces où la part de la population agricole décroit progressivement depuis trente ans en parallèle de l’industrialisation de petite et moyenne taille limitant l‘émigration vers la ville. Par ailleurs, les succès de la révolution verte font de ces espaces des plaines rizicoles très performantes comme c’est le cas à Bangkok ou à Jabodetabek.
- Le troisième type est proche du second mais les performances agricoles et industrielles sont bien plus faibles (Kerala, bassin du Sichuan).
(MCD, 2015) complété par Yves Duchère, septembre 2022.
Source principale
- McGee, Terry G., 1991, “The emergence of desakota regions in Asia: expanding a hypothesis”. In Ginsburg et al., The extended metropolis: Settlement transition in Asia, 3-25.
Pour compléter
- Un exemple au Vietnam : Yves Duchère, « L'État-parti et la ville. Le moment post-moderne de l'urbanisation vietnamienne », Géoconfluences, janvier 2023.
- Un exemple en Malaisie : Quentin Jaboin et Étienne Ménager, « Labuan, la « perle de Bornéo » : intégration et fragmentation d’une île caractéristique des défis de l’Asie du Sud-Est ». Géoconfluences, septembre 2021.