Pentecôtisme
On appelle pentecôtisme le mouvement religieux qui place au premier rang des croyances l’Esprit-Saint représenté par les langues de feu sur la tête des Apôtres le jour de Pentecôte. Le pentecôtisme prend naissance en 1906 aux États-Unis avec l’évangéliste noir William James Seymour. On associe fréquemment le pentecôtisme et l'évangélisme charismatique car ils mettent tous deux l’accent sur la puissance de l’Esprit Saint et sur la place de la dimension émotive de l’expression religieuse.
L'histoire du pentecôtisme se décompose en trois vagues :
- la « première vague », depuis le début du XXe siècle, met l’accent sur le baptême du Saint-Esprit, la glossolalie (ou prière dans une langue inintelligible par les hommes), le biblicisme (ou attachement à l’Écriture) et une structuration confessionnelle séparée. Le représentant le plus connu de cette vague est le puissant mouvement des ADD (Assemblées de Dieu).
- la « seconde vague » aurait, elle, donné naissance au charismatisme classique, à partir du début des années 1960. Elle se caractérise par un fort accent sur l'épanouissement par l'Esprit, la diversité des dons spirituels (sans se focaliser sur la glossolalie qui perd son statut de signe indispensable), une ouverture œcuménique (dimension trans-confessionnelle), et un biblicisme à géométrie variable.
- le charismatisme constitue la « troisième vague » (largement assimilable à ce qu'on appelle le « néo-pentecôtisme ») se développe au début des années 1980. Il emprunte à ses deux prédécesseurs, mais se distingue sur trois points : la spiritualisation des lieux et des nations (possédés par des esprits, des démons, des anges....), l’insistance sur la « guerre spirituelle » (spiritual warfare) de Dieu et ses anges contre les forces des ténèbres, et l'idée que l'Évangile doit être « puissant » (Power Evangelism), donc se manifester obligatoirement par des « signes et prodiges » ce qui a nettement tendance à marginaliser le biblicisme évangélique au profit d'une vision hyper-enchantée du monde.
Rompant avec l’idée d’un religieux de plus en plus déterritorialisé, le mouvement néo-pentecôtiste opère au contraire une sorte de « retour » sur le territoire en focalisant ses actions sur la guerre spirituelle ici-bas (combat contre les démons territorialisés et autres forteresses du diable, marches pour Jésus dans la ville, prières ciblées sur certains lieux : hauts-lieux du paganisme, bars, boîtes de nuit…) visant à la purification et la conversion des territoires. L’un des spécialistes de cette mouvance est l’inventeur du spiritual mapping, George Otis Junior, qui cherche à identifier les lieux où les démons sont à l'œuvre afin de les attaquer.
(MCD) octobre 2016.
Liens externes
- Aubrée Marion, article 'Pentecôtisme/Néo-pentecôtisme', Dictionnaire des faits religieux, PUF, 2010.
- Fath Sébastien, « Les charismatiques troisième vague, c'est quoi ? », blog, 4 mai 2007
- Archives de sciences sociales des religions, ‘Le Pentecôtisme : les paradoxes d'une religion transnationale de l'émotion’, n°105, 1999.
- en particulier Willaime Jean-Paul. « Le Pentecôtisme : contours et paradoxes d'un protestantisme émotionnel », p. 5-28.
Des exemples de diffusion de l'évangélisme dans Géoconfluences
- dans les villes ouest-africaines : Maud Lasseur, « Le pluralisme religieux dans la production des villes ouest-africaines », Géoconfluences, 2016
- dans les banlieues françaises : Hervé Vieillard-Baron, « Les religions dans les banlieues : territoires et sociétés en mutation », Géoconfluences, 2016.