BIMBY
BIMBY, pour « build in my backyard », en référence à NIMBY (Not in my backyard), est un concept d’urbanisme visant à la densification des espaces résidentiels pavillonnaires. Le projet Bimby est né entre 2009 et 2012 dans le cadre du programme de recherche français « Villes durables » financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Il regroupe des laboratoires de recherche (LATTS, laboratoires techniques, territoires et sociétés, et RIVES, Risques d’inondation en ville et évaluation de scénarios), des bureaux d’études du Réseau scientifique et technique du ministère de l’Écologie (les Centres d’études techniques de l’équipement Normandie-Centre et Île-de-France), des structures d’enseignement (trois écoles d’architecture), ainsi que des collectivités territoriales (Communautés d’agglomérations de Rouen, de Saint-Quentin-en-Yvelines et Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement de l’Eure).
Plutôt que de critiquer le modèle de la maison individuelle, archétype de l’habitat du périurbain (Jaillet 2004 ; Cailly 2010), le projet Bimby vise à démontrer que les quartiers déjà constitués peuvent accueillir chaque année l’ensemble de la production de maisons individuelles par une densification douce et ainsi réduire l’étalement urbain (Miet et Le Foll 2010). Dans ce contexte, les collectivités territoriales sont amenées à repenser leur mode d’action pour libérer du foncier et ainsi continuer à voir leur territoire se développer.
Ainsi, le concept BIMBY désigne toute action ou démarche ayant pour objectif de favoriser la création de logements, dans les conditions suivantes :
- Sans étalement urbain, sur parcelles déjà bâties, sans démolition complète des habitations existantes ;
- À l'initiative de l'habitant, dans une démarche architecturale et paysagère respectueuse du voisinage et du projet commun de territoire ;
- Orchestrée par les collectivités locales, dans une démarche de développement territorial fédératrice et intégratrice des projets des habitants ;
- Sans spéculation foncière, dans le cadre d'une communication transparente sur les capacités de valorisation patrimoniale des biens.
Depuis 2014, environ 80 territoires en France, de toute taille, se sont engagés dans une opération Bimby.
La démarche opérationnelle consiste, pour une collectivité impliquée dans le projet, à associer les propriétaires de maisons individuelles à un projet de territoire qui ne se saisit pas seulement de l’enjeu de l’urbanisation diffuse. Il s’agit donc de partir des besoins réels des habitants, invités à rencontrer des architectes qui peuvent les conseiller pour densifier leur parcelle. De nombreux propriétaires de maisons individuelles vivent dans un logement devenu trop grand mais disposent des ressources sur leur parcelle pour adapter leur habitat à leurs aspirations et projets de vie. Ainsi en vendant une partie de leur propriété, ils peuvent financer un nouveau projet sur la partie restante. D’autre part, de nombreux ménages cherchent à se loger à prix corrects sans trop s’éloigner des centres urbains. Pour la collectivité l’objectif est donc double : produire du logement en dépassant les problèmes et les controverses relevant du NIMBY et réduire les coûts d’aménagement en limitant la consommation de foncier agricole. La démarche BIMBY lui permet de mettre en œuvre une densification douce maîtrisée.
Rémy Vigneron,
Urbaniste, docteur en architecture, chercheur associé, Laboratoire Cultures Constructives, ENSA de Grenoble
Mise à jour : décembre 2018.
Références
- Cailly, L. 2010. « La question périurbaine revisitée ». Cailly L. et Vanier M., La France : une géographie urbaine, Armand Colin, p. 213–230.
- Jaillet, Marie-Christine. 2004. « L’espace périurbain : un univers pour les classes moyennes ». La ville à trois vitesses, Esprit, no. 303 : 40–62.
- Miet, David, et Benoit Le Foll. 2010. « Faire émerger la ville durable des tissus pavillonnaires ». Document de travail, ANR.