Care
L'usage du mot « care » en France date d'une dizaine d'années et nous vient des États-Unis. Ce verbe qui signifie "s'occuper de" est devenu un substantif à la suite des travaux de la psychologue américaine Carol Gilligan en 1982 sur l'éthique du care, dans le cadre d’une étude de psychologie morale. Le concept de « care » s'est ensuite diffusé dans de nombreux champs disciplinaires, allant de l’éthique à la sociologie, en passant par les études médicales et la philosophie politique. Joan Tronto, la politiste et féministe américaine, le définit comme « une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre monde».
Parfois traduit en français par "soin" ou "souci" ou "sollicitude" ou "dévouement", le mot "care" est souvent utilisé non traduit, faute de terme suffisamment englobant en français pour ce terme polysémique. En effet, il désigne à la fois l’attention portée à autrui qui suppose une disposition, une attitude ou un sentiment et les pratiques de soin qui font du care une affaire d’activités et de travail. Une tension majeure travaille en effet le concept de care, entre disposition morale et pratique sociale.
Le care est l’objet d’un partage social selon le genre, la race et la classe. Il peut alors devenir l’objet d’un travail mal rémunéré (travail des dominés ou des faibles au service des puissants) et peu considéré alors même qu’il constitue un rouage essentiel du fonctionnement de la société.
Sources :
- Carol Gilligan, Une voix différente. Pour une éthique du care, trad. A. Kwiatek, Paris, Champs essais-Flammarion, 1982, trad. 2008
- Joan Tronto, Un monde vulnérable, pour une politique du care, traduit de l’anglais par Hervé Maury, La Découverte, 1993, trad. 2009
- Joan Tronto, « Du care », Revue du MAUSS 2/2008 (n° 32) , p. 243-265.
Mise à jour : juin 2015