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Discrimination positive

Publié le 05/01/2022
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La discrimination positive en Inde

L'Inde est sans doute le pays du monde qui s'est doté du système de discrimination positive (ou affirmative action) le plus ample et le plus précoce. Il a des racines coloniales dès la fin du XIXe siècle dans le domaine de l'éducation.

Aux lendemains de l'indépendance (1947), la Constitution de 1950 a concédé des avantages aux "sections les plus faibles de la population" c'est à dire : d'une part aux dalits, classés comme "castes répertoriées" (Scheduled castes ou SC) et les tribus comme "tribus répertoriées" (Scheduled tribes ou ST). Des mesures socio-économiques visaient alors à promouvoir ces catégories défavorisées en leur réservant des quotas d'emplois dans les services publics (système éducatif, administration) et les assemblées.  En 1990, ce sont à leur tour d'autres castes défavorisées (Other Backward Classes ou OBC, situées entre les hautes castes et les SC) qui se voient attribuer des quotas réservés.

Ces dispositifs successifs ont poussé à l'établissement d'un classement administratif de la population. En 2011, les SC représentent 16,6 % de la population, les ST 8,6 % de la population, les OBC un peu plus de 50 %. Le plafond des quotas réservés ne peut dépasser la moitié des postes d'emplois publics, mais il a été relevé dans certains États du Sud (Karnataka, Tamil Nadu).

Les mesures de discrimination positive ont donné lieu à des formes de mobilité sociale individuelles plutôt que collectives. Elles ont aussi contribué à renforcer les identités de caste. Plus encore, cette complexe arithmétique de postes réservés a fini par générer de fortes tensions entre catégories et castes. Au départ destinée à tenter d'atténuer les inégalités, la discrimination positive a engendré des effets pervers en contribuant à mettre en concurrence les communautés et castes qui exercent pressions politiques, lobbying, pour obtenir ou bénéficier des quotas de réservation. Ainsi, par exemple, les Jats au Rajasthan, jati de paysans moyens, ont réussi à obtenir un statut d'OBC pour occuper un pourcentage significatif des postes administratifs de l'Etat. Certains vont même jusqu'à rechercher le déclassement vers des catégories défavorisées afin de bénéficier des avantages associés.

Le débat reste largement ouvert. La question qui se pose désormais est celle de l'extension de la politique des quotas, jusque-là réservée au secteur public, au secteur privé. Mais les dirigeants des établissements d'enseignement et les chefs d'entreprise entendent défendre la promotion selon le seul principe du mérite individuel.

 

 

 

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