"No boots on the ground"
La stratégie étatsunienne du « no boots on the ground » (« ne pas poser les bottes sur le sol ») consiste à se battre sans employer aucune unité de l'armée de terre. Après les difficultés des engagements massifs en Afghanistan et en Irak, ayant entraîné de nombreuses pertes pour l'armée des États-Unis, l'administration Obama a employé l'expression pour justifier le rappel de nombreuses unités. En fait, l'idée qu'il soit possible de gagner une guerre sans engager de soldats au sol (et donc sans risquer d'en perdre) est ancienne et liée au développement de la balistique et de l'aviation (avec les fameuses « frappes chirurgicales » pendant les guerres d'ex-Yougoslavie) – et aujourd'hui des drones –, couplé à la possibilité de déployer des unités d'élite à l'arrière des lignes ennemies. Dans tous les cas, s'il s'agit d'épargner les vies des soldats, cela ne permet pas d'empêcher les « dommages collatéraux », c'est-à-dire les erreurs de cible et les victimes civiles. C'est la stratégie qui a été employée par les États-Unis en Syrie. En fait, si elle peut permettre de gagner rapidement une guerre, elle ne permet pas d'espérer stabiliser un pays ou mettre fin à une guerre civile.
(JBB) juin 2019.
Source
- « No boots on the ground », Entretien avec Charles-Philippe David, in Benoît Pelopidas et Frédéric Ramel, Guerres et conflits armés au XXIe siècle, Presses de Sciences Po, coll. « L'Enjeu mondial », 2018.