Sémiologie graphique
La sémiologie graphique est l'ensemble des techniques et méthodes visant à adapter un mode de représentation graphique à l’information représentée en fonction de codes (perceptifs, esthétiques) et de conventions (habitudes culturelles, symbolique du signe). La sémiologie graphique est marquée par les travaux de Jacques Bertin (1918–2010) qui utilise le terme « pour désigner les règles de bon usage des signes et symboles de la légende » (Brunet, 1992), et par les réflexions de Roger Brunet sur les chorèmes.
La sémiologie graphique repose sur l'intégration des apports de la sémiologie (ou sémiotique, pour une distinction claire entre les deux termes voir Mondada et Racine, p. 242–244.) à la géographie. En effet, comme les autres sciences sociales, la géographie de la seconde moitié du XXe siècle a été fortement influencée par les travaux de Ferdinand de Saussure et de ses héritiers comme Roland Barthes. Dans son Cours de linguistique générale, Saussure définit la sémiologie comme « sciences qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale », dont la linguistique serait l'une des branches. Plusieurs auteurs insistent sur le fait que les liens entre géographie et sémiotique sont souvent assez lâches et que peu d'auteurs ont vraiment appliqué tous les présupposés de la démarche de la sémiologie à la géographie (Lussault, 2013, p. 909).
La sémiologie graphique fait aujourd’hui essentiellement référence à l’ensemble des codes et conventions propres à la représentation cartographique dans ses différentes formes (cartes thématiques, cartes topographiques, etc.). Ces règles ne sont pas arbitraires ou purement conventionnelles, puisqu’elles trouvent leur raison d’être dans la manière dont la perception d’une représentation influence sa compréhension. Ainsi, il est d’usage d’utiliser des aplats en gamme de couleurs pour représenter une information continue (densités, proportions, pourcentages) et des figurés proportionnels pour représenter des données discontinues (nombre d’habitants, volumes, tonnages…). Faire l’inverse conduit à des erreurs d’interprétation visuelle de l’information représentée.
(La rédaction). Dernière modification : septembre 2021.
Références citées
- Michel Lussault, « Sémiologie/sémiotique (géographie et) », in Jacques Lévy et Michel Lussault, 2013, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin (2003 pour la 1re édition).
- Lorenza Mondada et Jean-Bernard Racine, 1995, « Géographie et sémio-linguistique », in Antoine Bailly, Robert Ferras, Denise Pumain, Encyclopédie de géographie, Economica (1992 pour la 1re édition).
- Roger Brunet, Robert Ferras, Hervé Théry, 1992, Les mots de la géographie, dictionnaire critique, Reclus.
- Paul Claval, 1974, « Géographie et sémiologie », L'Espace géographique, n° 2.
- Jacques Bertin, 1967, Sémiologie Graphique. Les diagrammes, les réseaux, les cartes, 2e édition : 1973, 3e édition : 1999, EHESS, Paris.
Pour compléter
- Emmanuelle Santoire, « Réédition de "Comment faire mentir les cartes" de Mark Monmonier », veille de Géoconfluences, 2019.
- Jérémie Ory, « Carte à la une : les cartes topographiques ont du style ! », à la une de Géoconfluences, 2017.
- Sébastien Bourdin, « Tous cartographes : l’exemple de l’"épidémie cartographique" suscitée par la flambée de la maladie à virus Ebola », Géoconfluences, 2016.
- Un poisson d’avril pour faire réfléchir sur les règles de la sémiologie graphique : « Les règles officielles de la sémiologie graphique évoluent », veille de Géoconfluences, 1er avril 2020.