Top down et bottom up
« Top down » et « bottom up » désignent deux modalités de gouvernance opposées. Les expressions anglaises « top down » (de haut en bas) et « bottom up » (de bas en haut) tendent à remplacer dans le jargon politique et économique leurs équivalents « descendant.e » et « ascendant.e ».
Une approche top down, descendante (on dirait aussi en français verticale ou hiérarchique), reflète une conception traditionnelle du pouvoir. Les ordres émanent d'en haut pour être appliqués à chaque échelon par une autorité subalterne. Sa représentation graphique classique est l'organigramme pyramidal, avec des flèches descendant du sommet (top) vers la base (bottom). En politique, l'État centralisé jacobin à la française en est une illustration. Les critiques faites à ce fonctionnement sont sa rigidité et sa faible capacité à prendre en compte les spécificités et les réalités du terrain.
L'approche bottom up, ascendante (ou parfois horizontale), se présente souvent comme la réponse ou le remède à ces critiques : les innovations et les idées émaneraient de la base pour être transmises aux autres composantes de l'entité considérée, le sommet ne jouant plus que le rôle de courroie de transmission entre les parties, ou de chambre d'enregistrement. Les approches collaboratives ou participatives, les modèles fédéraux ou décentralisés, procèdent en partie de ce fonctionnement, qui vise alors l'autonomisation (empowerment en anglais) de la base. Mais ce modèle a également fait l'objet de différentes critiques. D'une part, dans le cadre d'idéologies néolibérales, une telle approche a pu accélérer le retrait de la puissance publique et des financements qui l'accompagnent : sous prétexte de déconcentration des décisions, les échelons locaux de gouvernement sont aussi chargés de trouver des sources alternatives de financement, accroissant leur dépendance à l’égard du secteur privé – comme dans le cas des politiques de décentralisation (devolution) aux États-Unis (Giband, 2007). Plus largement, la promotion d’initiatives citoyennes a pu être considérée comme un moyen de reporter sur les individus des responsabilités qui relevaient habituellement du service public (Kinder, 2016). D'autre part, cette démarche ne va pas forcément de pair avec un fonctionnement démocratique : l'historien Johann Chapoutot a montré comment les préceptes du new management avaient pu être mis en œuvre dans le régime nazi (Mourier, 2020).
(JBB et FN) novembre 2020.
Références citées
- Giband David, 2007, « Le pouvoir institutionnel local et la question sociale aux États-Unis », Politique Américaine, Été Automne 2007, n° 8, p. 113-131.
- Kinder Kimberley, 2016, DIY Detroit: Making Do in a City without Services, University of Minnesota Press, Minneapolis, 248 p.
- Mourier Maurice (2020), « Les formules nazies du management », En attendant Nadeau, 17 février 2020 (compte-rendu de l'ouvrage Johann Chapoutot, Libres d’obéir. Le management du nazisme à aujourd’hui. Gallimard, 163 p.)
Pour compléter
- Antoine Grandclement, « Les pôles de compétitivité : d’une géographie de l’innovation à une géographie de la production », Géoconfluences, novembre 2020.