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Appel à constituer un groupe de recherche en sciences sociales sur le coronavirus

Publié le 16/03/2020
Des chercheurs de l'université Grenoble-Alpes se proposent de constituer un groupe de recherche transdisciplinaire en sciences humaines et sociales pour étudier les conséquences du coronavirus.

Le texte d'appel à projets qu'ils ont rédigé montre comment les sciences sociales peuvent alimenter la réflexion autour des conséquences de cette pandémie mondiale. 

Nous le reproduisons ici intégralement : 

 

CODE-VIRUS (Coordination interDisciplinaire pour l'Etude de l'impact sociétal du CoronaVIRUS)

Objectif : Suivre, documenter et anticiper collectivement et de manière interdisciplinaire les conséquences de la pandémie de Coronavirus sur nos modes de vie, nos organisations et nos territoires. Appel à constitution d'un collectif de travail interdisciplinaire en sciences humaines et sociales

Un constat implacable

Le 12 mars, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié de « pandémie », l'épidémie du Covid-19, qui a déjà contaminé plus de 110.000 personnes dans le monde depuis décembre 2019. La France est entrée dans la plus importante crise sanitaire depuis un siècle, pour reprendre les termes du Président de la République française.  Après la Chine, la Corée, l'Italie, plus d'une centaine de pays sont désormais concernés. Face à cette crise sanitaire majeure, à des vitesses et selon des modalités différentes, les pouvoirs publics multiplient les mesures : annulation des rassemblements, fermetures des écoles, des universités et des frontières. Entre début de panique et discours rassurant le virus se répand. Chacun en est désormais convaincu : cette épreuve à laquelle nous sommes désormais confrontés n'a rien d'anecdotique. Après avoir observé la crise de loin, s'être inquiété de son arrivée, on constate que la pandémie frappe désormais partout autour de nous en Europe, dans nos territoires, nos organisations, nos familles, bouleversant nos rythmes de vie quotidiens.

Des conséquences

L'une des questions les plus pressantes concerne les mutations susceptibles d'être engendrées par cette crise sanitaire inédite. Dans quels nouveaux mondes allons-nous vivre ? Quels impacts sur les territorialités européennes ? Quelles évolutions des représentations des groupes et des minorités, des catégories liées à la maladie (personnes fragiles, personnes âgées) ? Dans quelle mesure les modifications transitoires mises en places et les possibles et contraintes qu'elles introduisent dans les situations institutionnelles (télétravail, enseignement, gestion des flux médicaux etc) vont-ils marquer les évolutions de ces fonctionnements, des accélérations, des bifurcations ? Ce sont là quelques-unes de nos interrogations.

Des hypothèses à explorer ensemble

Sur un fond de saturation médiatique, nous pouvons élaborer quelques hypothèses de travail en termes d'impacts à plus ou moins long terme sur l'économie, la politique, l'environnement, le social, la culture, les mobilités, les territorialités et l'espace public. Entre menace et imprévisibilité, on peut d'ores et déjà imaginer des chantiers sur la panique, les mécanismes d'immunisation, les tactiques et stratégies d'anticipation et d'adaptation décentralisées ou non, développées à différentes échelles et par différents acteurs, sur la conduite et le management différentiel de la crise. On peut aussi s'interroger sur les conséquences réelles ou symboliques à plus long terme de la crise sanitaire, des mesures de fermeture des frontières et de distanciation sociale comme des formes de « démondialisation » voire de « démodernisation », sur nos modèles de production et de consommation et sur la relocalisation d'activités. Pourront être également questionnées les conséquences de cette urgence sanitaire sur les équilibres internationaux, la redéfinition des rapports entre l'Etat et les collectivités locales, les politiques, le public et le privé, le marché et le régalien, sur les libertés, l'environnement, l'espace public, la numérisation et le déploiement des technologies de l'information et la communication, l'hospitalité, l'isolement, les solidarités, le télétravail, la fabrique et la gestion de la ville de demain. Sans visibilité sur la durée de la période exceptionnelle qui s'ouvre devant nous, Ce collectif aura aussi à préciser ces hypothèses, champs, terrains, outils et méthodes d'intervention. Des monographies comparées pourraient être envisagées sur des villes et zones rurales particulières à de fins de suivi sur le moyen et long termes.

Une proposition d'approche interdisciplinaire

Au-delà de la médecine, toutes les disciplines en sciences humaines et sociales sont concernées par ce projet : sociologie, anthropologie, histoire, géographie, urbanisme, psychologie, communication... Au-delà de cette interdisciplinarité, nous souhaitons ouvrir le collectif de recherche à des acteurs et professionnels concernés dans la gestion de crises, la culture, l'entreprise, les ONG et d'autres secteurs de la société.

Une plateforme collective ouverte

A partir de la MSH-Alpes, en profitant des compétences du site grenoblois mais également en nous appuyant sur des partenaires universitaires et d'autres acteurs et professionnels déjà identifiés et intéressés en France et dans des pays diversement impactés par le virus (Chine, Italie, Inde, Canada, Maroc...), nous vous proposons de répondre dans les meilleurs délais à cet appel à constitution d'une plateforme interdisciplinaire de travail en sciences humaines et sociales sur la crise sanitaire du Coronavirus (Covid-19) et ses impacts à court, moyen et long terme dans différents domaines. En nous appuyant sur cette plateforme et vos différentes contributions nous proposons également de répondre pour le collectif à l'appel à projets flash Covid-19 de l'ANR https://anr.fr/fr/detail/call/appel-a-projets-flash-covid-19/ sur l'axe « prise en compte des sciences sociales dans la riposte à la flambée ». Quelles que soient les suites données à notre réponse collective à l'ANR, la plateforme « Coordination interDisciplinaire pour l'Etude de l'impact sociétal du CoronaVIRUS » commencera son travail.

Un objectif

L'objectif de ce collectif, de cette plateforme qui dans un premier temps pourrait réunir une vingtaine de personnes (chercheurs de différentes disciplines mais également professionnels et acteurs économiques, sociaux et culturels) est de suivre, documenter et anticiper collectivement et de manière interdisciplinaire les conséquences de la pandémie de Coronavirus sur nos modes de vie, nos organisations et nos territoires.

Modalités, méthode et moyens

Ce premier appel porté par la MSH-Alpes doit permettre de réunir des déclarations d'intention, de mettre rapidement en place une plateforme ouverte sur la question et d'organiser ce collectif. Dans quelques jours, sans doute le 20 mars, après réception des déclarations d'intention, nous organiserons un premier rendez-vous afin de faire connaissance, préciser nos compétences respectives, vérifier la pluralité de nos disciplines, préciser nos approches, valider une stratégie commune sur la plate forme et l'appel à projets flash, imaginer une gouvernance et un calendrier de travail. Dans un premier temps, nous nous adapterons à la réalité du moment et envisageons l'organisation de séminaires par visio-conférence, avec la possibilité d'enquêtes, de stages en immersion. La MSH-Alpes a d'ores et déjà débloqué des moyens sur le projet et sollicitera naturellement d'autres partenaires régionaux et nationaux.

Invitation

Nous vous invitons à diffuser largement cet appel autour de vous,  et de nous contacter au plus vite par courriel à l'adresse suivante : Code-virus@msh-alpes.fr. Il vous suffit d'indiquer vos noms, prénoms, disciplines, organismes de rattachement, ainsi que le thème sur lequel vous souhaiteriez travailler. Vous pouvez également nous faire des suggestions en termes de thématiques, d'angles d'approches, de terrains, de méthodologies ou d'outils. Ensemble, explorons ces nouveaux mondes.


 
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