Le développement durable, approches géographiques

En archives : novembre et décembre 2010

Publié le 02/03/2011

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Allemagne, 1er décembre 2010

>> Lufthansa vole avec un biocarburant

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65222.htm

La compagnie aérienne allemande Lufthansa va employer du biocarburant sur un vol régulier. Ce sera la première compagnie au monde à lancer un tel essai en conditions de vol réelles. A partir d'avril 2011 et pour une durée de 6 mois, un Airbus A321 effectuera ses vols entre Hambourg et Francfort avec à son bord du biocarburant [1]. Un réacteur sera alimenté par du kérosène classique, et l'autre par un mélange de kérosène et de biocarburant, car légalement la part de ce dernier ne doit pas dépasser 50%.

Le kérosène biologique employé par Lufthansa est synthétisé par un producteur finlandais, et son homologation devrait avoir lieu en mars 2011. Lufthansa insiste sur le fait qu'il n'est pas produit sur la base de plantes qui pourraient être utilisées à des fins nutritives, contrairement aux pratiques usuelles dans le secteur automobile (l'éthanol par exemple, beaucoup utilisé au Brésil, provient de la canne à sucre). L'intérêt de Lufthansa pour les carburants alternatifs trouve sa justification dans les nouvelles directives européennes, qui intègrent les compagnies aériennes dans le marché des émissions de gaz à effet de serre à compter de 2012. Ceci provoquerait des surcoûts de plusieurs centaines de millions d'euros pour Lufthansa.

L'essai sera suivi par des scientifiques de l'Université de Hambourg-Harbourg et de l'Université technique (TU) de Munich, qui examineront notamment les répercussions sur les réacteurs. Le Centre allemand de recherche aérospatiale (DLR) estime déjà que ce carburant permettra de réduire considérablement les émissions de particules de suie. M. Buse, chef de projet chez Lufthansa, admet cependant que ce biocarburant ne pourra pas encore être employé à grande échelle dans les 10 années à venir. En effet, il n'a encore jamais été produit industriellement, et son coût est pour l'instant 3 à 4 fois plus élevé que celui du carburant classique.

Le Gouvernement fédéral soutient ces essais par des fonds du programme de recherche aéronautique LuFo [2].

[1] Plusieurs entreprises concurrentes de Lufthansa réalisent déjà des essais depuis des années avec des carburants alternatifs comme du gaz naturel ou des biocarburants, mais aucun ne dispose actuellement de retours d'expérience en conditions réelles.
Pour en savoir plus, contacts :
- [2] Rapport sur la recherche aéronautique en Allemagne : "Activité aéronautique en Allemagne - Synthèse 2008" - BE Allemagne 420 - 21/01/2009 - www.bulletins-electroniques.com/actualites/57409.htm
- Andreas Schütz, Communication - DLR - tél. : +49 2203 601-2474, fax : +49 2203 601-3249 - email : andreas.schuetz@dlr.de
- Dr. Peter Schneckenleitner - Lufthansa - tél. : +49 69 696-94969 - email peter.schneckenleitner@dlh.de
- Beatrix Brodkorb, Presse - Ministère fédéral de l'économie et de la technologie - tél. : +49 30 18615-6132, fax : +49 30 18615-7020 - email : beatrix.brodkorb@bmwi.bund.de
Source :
- "Lufthansa fliegt mit Biosprit", Die Welt - 30/11/2010
- "Lufthansa fliegt mit Biosprit", Der Tagesspiegel - 30/11/2010
- Communiqué de presse du DLR - 29/11/2010 - www.dlr.de/DesktopDefault.aspx/tabid-1/86_read-27961

Rédacteur : Sebastian Ritter, sebastian.ritter@diplomatie.gouv.fr - www.science-allemagne.fr
Origine : BE Allemagne numéro 507 (1/12/2010) - Ambassade de France en Allemagne / ADIT

Allemagne, 24 novembre 2010

>> Un hiver froid pourrait suivre le réchauffement climatique

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65193.htm

Le réchauffement climatique, causé par les gaz à effet de serre, pourrait se traduire par des hivers froids en Europe. Les glaces qui reposent sur les eaux de l'est arctique fondent, ce qui entraîne un réchauffement local des couches d'air inférieures qui pourrait provoquer de fortes interférences dans les courants atmosphériques. Un éventuel refroidissement des continents du nord pourrait voir le jour. Cette hypothèse est présentée dans la revue "Journal of Geophysical Research". "Cette interférence pourrait tripler le risque d'un hiver très froid en Europe et en Asie du Nord" déclare l'auteur principal de cette étude, Vladimir Petoukhov de l'Institut de recherche climatique de Potsdam (PIK). Il explique que des hivers rudes, comme ceux connus ces dernières années, ne contredisent en rien un réchauffement planétaire, mais au contraire l'attestent.

Les chercheurs fondent leurs déclarations sur des simulations informatiques effectuées à l'aide d'un logiciel modélisant le climat et connu sous le nom de ECHAM5. Le logiciel, développé par l'Institut Max-Planck de météorologie de Hambourg, permet de réaliser des modèles de circulation atmosphérique. Les scientifiques ont concentré leurs études sur la mer de Barents-Kara au nord de la Norvège et de la Russie, où il a été possible d'observer une importante réduction des glaces au cours de l'hiver 2005-2006, qui fut très froid en Europe. Lorsque la glace disparait de la surface des mers, ces dernières ont tendance à perdre beaucoup de chaleur dans l'atmosphère. Les chercheurs ont donc intégré des scénarios dans lesquels la couverture de glace de l'est arctique ne cesse de diminuer, allant de 100% à 1%.

"Nos simulations ont fourni une réponse non-linéaire de la température de l'air et du vent face aux variations que subit la glace au-dessus des mers", explique le physicien Petoukhov. "Nous passons d'un réchauffement à un refroidissement et de nouveau à un réchauffement". Un changement brutal entre les différents mécanismes de circulation atmosphérique, qui ont lieu dans les zones subpolaires, pourrait donc tout à fait être possible. Le réchauffement de l'air au-dessus de la mer de Barents-Kara semble être à l'origine de vents d'hiver froids en Europe.

Pour Vladimir Petoukhov, les autres approches du sujet "hiver froid et réchauffement climatique", qui font référence à l'activité du soleil ou à la circulation du Gulf Stream, ont tendance à exagérer leurs effets. En comparaison aux nouvelles découvertes faites dans la mer de Barents-Kara, la corrélation entre ces phénomènes et les hivers froids en Europe est relativement faible. Il semblerait qu'au cours de l'hiver 2005-2006, aucune anomalie dans l'oscillation nord-Atlantique n'ait été enregistrée. Les variations de pression atmosphérique entre l'anticyclone des Açores et la dépression d'Islande sont généralement associées à des températures inhabituelles en Europe.

Pour Petoukhov, cette étude ne fournit pas de prévisions météorologiques pour l'hiver prochain, mais permet une évaluation des changements climatiques au long terme. Ainsi, "personne ne peut dire comment sera l'hiver cette année".

Pour en savoir plus, contacts :
- Lien pour l'étude complète : www.agu.org/journals/jd/jd1021/2009JD013568
- PIK, contact presse - tél. : +49 331 288 2507- email : presse@pik-potsdam.de
Source : Dépêche idw, communiqué de presse de l'Institut de recherche climatique de Potsdam (PIK) - 16/11/2010 - http://idw-online.de/pages/en/news397225

Rédacteur : Myrina Meunier, myrina.meunier@diplomatie.gouv.fr - www.science-allemagne.fr
Origine : BE Allemagne numéro 506 (24/11/2010) - Ambassade de France en Allemagne / ADIT

Allemagne, 3 novembre 2010

>> Du carbone à partir de déchets végétaux : la plus grande installation au monde entre en fonctionnement à Karlsruhe,
www.bulletins-electroniques.com/actualites/64994.htm

La plus grande installation industrielle au monde de carbonisation hydrothermale (HTC) est entrée en fonctionnement à Karlsruhe le 26 octobre 2010. Grâce à ce procédé, la biomasse est transformée en charbon lors d'un processus chimique, à l'abri de l'air. C'est une filiale de la société AVA-CO2, pionnière de la technologie HTC, dont le siège est situé à Zoug (Suisse), qui va exploiter cette centrale, d'une capacité de 14.400 L et pouvant traiter 8.400 tonnes de biomasse par an.

Le procédé HTC, dans certaines conditions de température (180°C) et de pression, retire l'eau de la biomasse et transforme le carbone en "biocharbon" dans un autoclave en l'espace de quelques heures. Dans un premier temps, la biomasse est chauffée sous forme de solution aqueuse dans un réservoir sous pression jusqu'à l'entrée en action d'un procédé exothermique. A partir de ce moment, l'exploitation de l'installation ne requiert aucune énergie additionnelle. Les catalyseurs utilisés sont l'acide citrique et le sel de fer. Le processus HTC a été exploré en 1913 par Friedrich Bergius, qui reçut en 1931 avec Carl Bosch le prix Nobel de chimie. Il a été réactualisé par le Prof. Dr. Antonietti de l'Institut Max Planck de recherche sur les surfaces colloïdes et interfaces de Potsdam. Le procédé HTC est validé en laboratoire, et quelques expérimentations à l'échelle industrielle viennent de démarrer.

L'installation d'AVA-CO2 permettra de fabriquer 2 produits finaux différents : le produit "courant" (temps de chauffage de 12h) consiste en un "AVA-bluecoal" de haute qualité et neutre en CO2, dont la stabilité et la haute densité d'énergie permettent de le stocker sans problèmes et de le transporter efficacement ; le processus HTC peut également produire (temps de chauffage réduit à 5h) l'"AVA-biochar", un produit semblable à de l'humus utilisé pour l'amendement des sols agricoles et pour le stockage de CO2.

"Avec son utilisation à l'échelle industrielle, la carbonisation hydrothermale (HTC), transformant la biomasse en biocharbon neutre en CO2, ouvre des perspectives totalement nouvelles pour la réduction des gaz à effet de serre et la production d'énergie renouvelable" explique Peter Achermann, président du conseil d'administration d'AVA-CO2. "Partout où la biomasse est produite en continu et en grande quantité, le procédé HTC peut être mis à profit par un grand nombre d'industries pour de nombreuses applications" poursuit Jan Vyskocil, co-PDG d'AVA-CO2.

L'installation HTC présentée à Karlsruhe est composée de 3 éléments principaux : une cuve de mixage, un réacteur et un "outlet buffer tank". Dans la cuve de mixage de 5 m de haut, la biomasse est mélangée et préchauffée à environ 150° C. La réaction chimique a lieu dans le réacteur à environ 220° C et 22 bars de pression. Cette cuve, d'une contenance de plus de 14 mètres cubes, possède une couche isolante supplémentaire. Dans la plus grande cuve, appelée "outlet buffer tank", sont entreposés l'énergie excédentaire et le produit final. Ce procédé, développé par AVA-CO2, s'intègre dans les processus de production continus des clients. Les cuves sous pression sont reliées les unes aux autres par une conduite en circuit fermé, afin que l'énergie du processus puisse être transmise le long du système, ce qui contribue fortement à la haute efficacité du procédé.

Le procédé HTC présente plusieurs avantages :
- Il permet de produire du charbon à partir de biomasse en valorisant les déchets végétaux et sans émettre de CO2 : le CO2 dégagé par la combustion du charbon fabriqué artificiellement à partir de biomasse ne fait que relarguer du carbone qui avait été auparavant stocké par les végétaux pendant leur croissance.
- Il permet le traitement d'une biomasse végétale variée (bois, feuillage, déchets de tonte, purin, boues d'épuration...), même contenant de grandes quantités d'eau.
- Il est très puissant et fait usage de l'ensemble du carbone présent dans la biomasse.
- Les produits obtenus sont variés selon la durée du processus : produits pétroliers, humus, acide humique (utile pour la régénération des sols dégradés), houille ou lignite (utilisables comme combustibles de chauffage).
- Il libère la totalité de l'énergie chimique contenue dans la biomasse, se révélant ainsi plus efficace que les autres procédés dans lesquels les restes fermentés contiennent encore la moitié de leur énergie : le bioéthanol permet de transformer seulement 10% de la canne à sucre, le biogaz utilise au maximum la moitié du carbone, et la carbonisation à froid atteint presque 100%.
- Grâce à son caractère exothermique, le bilan énergétique de la réaction est très bon. De plus, le procédé repose sur un procédé purement chimique catalytique qui reste très stable, même en cas de forte variation des matériaux de départ.
- Enfin, le biocharbon pourrait être utilisé comme carburant ou réservoir de CO2 : "Si on pouvait enfermer seulement 8,5% de la biomasse sous cette forme, on pourrait compenser tout le CO2 produit lors de la combustion du pétrole", selon M. Antonietti.
C'est donc un procédé qui combine plusieurs avantages : décarbonisation de l'atmosphère, valorisation de déchets organiques, restauration des sols et fourniture d'énergie.

Source :"Biokohle über Nacht", Die Welt - 26/10/2010

Rédacteur : Claire Vaille, claire.vaille@diplomatie.gouv.fr - www.science-allemagne.fr
Origine : BE Allemagne numéro 503 (3/11/2010) - Ambassade de France en Allemagne / ADIT

Allemagne, 3 novembre 2010

>> Biodiversité et climat protégés par les forêts tropicales

www.bulletins-electroniques.com/actualites/64993.htm

Le Ministère fédéral de l'environnement (BMU) va mettre à disposition 10 millions d'euros pour la protection des forêts tropicales.

Lors du sommet de Nagoya au Japon, Norbert Röttgen, Ministre fédéral de l'environnement, déclarait "qu'à l'heure actuelle, près de 13 millions d'hectares de forêt disparaissent annuellement ; les forêts tropicales sont d'une importance exceptionnelle aussi bien pour la biodiversité que pour la lutte contre le changement climatique. Par leur perte nous détruisons non seulement nos ressources indispensables à la vie mais également celles des générations futures". M. Röttgen a pris part à Nagoya à une réunion ministérielle sur le thème d'un partenariat mondial pour la protection des forêts tropicales. Cette réunion a eu lieu dans le cadre de la dixième rencontre de la Conférence des Parties (COP 10) de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB). Ce partenariat encourage les négociations internationales sur le climat par l'élaboration d'un mécanisme mondial dont le but est de stopper la déforestation et l'utilisation destructrice des forêts. Ce mécanisme baptisé REDD (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation) était en discussion depuis plusieurs années.

Les 10 millions d'euros mis à disposition par le BMU serviront à alimenter un fond de la Banque mondiale à destination de projets de conservation de la forêt dans les pays tropicaux. De plus, le BMU participe au financement du "Partenariat pour la forêt" lancé en mars 2010 à Paris.

Les principaux paramètres du vaste programme de travail du partenariat pour les deux prochaines années ont été présentés à Nagoya. Les sujets phares seront les changements climatiques et la protection des forêts qui vont de pair avec la protection de la diversité biologique. Le Ministre Röttgen a souligné que "la biodiversité dans le monde n'a pas seulement une valeur morale mais également une valeur matérielle". Il a réitéré l'annonce d'une étude lancée par le BMU, qui sera chargée d'évaluer la valeur économique exacte de la biodiversité en Allemagne. Cette étude sera réalisée en conformité avec l'étude internationale sur "l'économie des écosystèmes et de la biodiversité" (TEEB). Les résultats définitifs de l'étude TEEB ont été présentés à la conférence de la CDB à Nagoya.

Le BMU prend déjà en charge un certain nombre de projets dans le cadre de son initiative internationale pour la lutte contre le changement climatique, dont les objectifs principaux sont la protection, la conservation et l'utilisation durable des forêts tropicales.

Pour en savoir plus, contacts :
Autre article sur la biodiversité et les forêts tropicales :
- " Vers une intégration de la protection des forêts tropicales dans les droits d'émission de gaz à effet de serre ?" - BE Allemagne 390 - 18/06/2008- www.bulletins-electroniques.com/actualites/55074.htm
- " Nouvelle résolution pour la biodiversité" - BE Allemagne 498 - 30/09/2010-
www.bulletins-electroniques.com/actualites/64626.htm
Source : Communiqué du BMU - 26/10/2010 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/0ojxF

Rédacteur : Myrina Meunier, myrina.meunier@diplomatie.gouv.fr - www.science-allemagne.fr
Origine : BE Allemagne numéro 503 (3/11/2010) - Ambassade de France en Allemagne / ADIT

Italie, 7 décembre 2010

>> Les géologues s'alarment sur l'état des glaciers italiens

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65273.htm

Le rapport annuel du comité glaciologique italien, publié début décembre, est alarmant : les glaciers italiens, en perdant chaque année des millions de mètres cube de leur eau, sont menacés de disparition. Leur volume total a déjà diminué de moitié lors de ces 80 dernières années, et risquent de disparaître totalement d'ici 2030. Pire, leur fusion va en s'accélérant. Ce processus rapide n'affecte pas uniquement le panorama des Alpes et le patrimoine de l'humanité que sont les glaciers, mais aussi les industries qui nécessitent de l'eau minérale, et l'équilibre social et anthropologique des alpes.

On compte encore plus de 1300 glaciers en Italie mais tous voient leur superficie et leur épaisseur diminuer, et tous sont en danger. Carlo Baroni, président du comité glaciologique italien, déclare que "dans certains cas, comme le glacier Fellaria du groupe du Bernina, en Lombardie, il y a eu un détachement d'une partie de près de 350 mètres." Selon le professeur Baroni, le chiffre le plus alarmant et celui des millions de mètres cube d'eau qui partent chaque année, et qui ne sont pas remplacés par les précipitations. Le bilan a été négatif chaque année depuis 1980.

Un autre exemple est celui du glacier de la Sforzellina, dans la province de Sondrio en Lombardie. Il a perdu, selon le professeur Baroni, 26 mètres de hauteur en 25 ans. L'étude prouve que les glaciers perdront de nouveau la moitié de leur volume si les températures augmentent de 0,6 à 1 degré Celsius. Enfin, le rapport dénonce un manque d'investissements : aujourd'hui seuls 200 glaciers sont suivis par les scientifiques, ce qui fait qu'il est compliqué de savoir exactement l'évolution de la structure des centaines d'autres glaciers.

Pour en savoir plus, contacts : Le site du comité glaciologique italien: www.glaciologia.it
Source : L'article sur le site du corriere della sera: http://redirectix.bulletins-electroniques.com/iJMfi

Rédacteur : Hubert Heidsieck - hubert.heidsieck@diplomatie.gouv.fr
Origine : BE Italie numéro 87 (7/12/2010) - Ambassade de France en Italie / ADIT

Norvège, 21 décembre 2010

>> Les biocarburants augmenteraient le risque de cancer

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65445.htm

Les émissions des moteurs diesels sont connus comme pouvant être cancérigènes (cancérogènes de catégorie 2A selon le Centre Internationale de Recherche sur le Cancer : CIRC). Mais qu'en est-il du biodiesel ?

La combustion incomplète de diesel -de même que la combustion incomplète d'essence mais dans une moindre mesure- produit des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP ou PAH pour les anglophones) connus pour leur toxicité. En effet certains HAP sont mutagènes et la plupart également cancérigènes. Le benzopyrène par exemple a été le premier carcinogène chimique à être découvert, il est appartient au groupe 1 (cancérogène pour l'homme) selon le CIRC. En tout, au moins 17 HAPs sont recensés par l'agence pour les substances toxiques et recensement de la maladie. Des études menées sur les émissions de moteurs diesels ont permis de réduire les émissions de HAPs (mise en place de pots catalytiques et filtres à particules) mais des chercheurs norvégiens affirment que le principe de précaution n'a pas été appliqué lors de l'introduction du biodiesel.

On sait déjà que le biodiesel entraîne une augmentation des émissions d'oxydes d'azote (NOx), mais le biodiesel engendre également la formation de nanoparticules, qui pénètrent facilement et en profondeur dans l'organisme, en plus grand nombre. Ainsi selon des chercheurs finlandais, l'émission de nanoparticules serait 5 à 10 fois plus importante lors de la combustion de biodiesel par rapport au diesel fossile. En cause : une combustion incomplète due au moteur conçu pour du diesel d'origine fossile.

Le biodiesel est obtenu à partir de la transestérification d'huile végétale avec un alcool : l'huile végétale réagit avec du méthanol en présence d'un catalyseur et on obtient alors un échange de groupe alkyle. Cette réaction permet de réduire la masse moléculaire, la viscosité et la densité tout en augmentant la volatilité afin de se rapprocher des caractéristiques d'un diesel classique. Les huiles proviennent par exemple d'huile de soja, de palme ou encore d'huile de colza, tous trois devenant après transestérification des esters méthyliques d'huiles végétales (FAME : fatty acid methyl ester). Lors de la combustion incomplète de biodiesel des FAMEs sont émis. Peu d'études se sont intéressées aux émissions d'un mélange diesel fossile et biodiesel. Or ce sont actuellement ces mélanges qui sont principalement commercialisés. Des chercheurs norvégiens du centre Vestlandsforskning étudient actuellement l'impact du couple PAH-FAME provenant d'un mélange diesel fossile- biodiesel.

On connait les propriétés carcinogènes des HAPs mais leurs actions avec les FAMEs n'est pas encore assez étudiées s'inquiètent les chercheurs de Vestlandsforskning. Les FAMEs ont la propriété de s'attacher aux membranes cellulaires. Ainsi l'action combinée des FAMEs et HAPs, pourrait permettre aux HAPs d'entrer plus facilement à l'intérieur des cellules pour endommager l'ADN et augmenter le risque de cancers. Toutes ces théories sont en train d'être vérifiées par informatique à l'aide de logiciels de simulation de dynamique moléculaire.

A l'heure actuelle les biocarburants (principalement le biodiesel : en 2007, le biodiesel représentait 75% des biocarburants produit dans l'Union européenne) représentent 3% de la consommation en Norvège et 5% d'ici à mai 2011 ; soit une augmentation de plus de 120 millions de litres de biodiesels. Deux semaines après la parution d'un article soulevant ce problème dans l'hebdomadaire scientifique et technologique norvégien "Teknisk Ukeblad", la secrétaire d'Etat à l'environnement, Heidi Sørensen, a affirmé prendre ce problème au sérieux et avoir saisi l'agence sur le climat et la pollution (KLIF) de concert avec les autorités sanitaires afin d'obtenir rapidement de nouveaux résultats. Il est en effet urgent de clarifier la situation si l'on veut développer sereinement la consommation de biocarburant dans les années à venir.

Source :
- Articles du Teknisk Ukeblad (norvégien):
* Nilsen, J. 2010. Biodrivstoff kan øke kreftfaren. Teknisk Ukeblad n°3610, 4/11/2010, p. 6-8.
* Nilsen, J. 2010. Biodrivstoff kan gi helseskader: Sørenser krever svar. Teknisk Ukeblad n°3810, 18/11/2010, p. 8-9.
- Site internet de Vestlandsforskning (anglais): http://redirectix.bulletins-electroniques.com/M1417
- Présentation de l'étude en cours (anglais): http://redirectix.bulletins-electroniques.com/cn5yZ
- Agence sur le climat et la pollution: KLIF: www.klif.no/english

Rédacteur : Geoffroy Thill, Ambassade de France en Norvège, science@france.no
Origine : BE Norvège numéro 98 (21/12/2010) - Ambassade de France en Norvège / ADIT

Pologne, 21 décembre 2010

>> La pollution sous surveillance en Silésie

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65434.htm

L'est de la Silésie, région transfrontalière entre Pologne et République Tchèque, de par ses mines de charbon encore en activité et ses industries sidérurgiques et de production, est une des régions les plus polluées de l'Union Européenne. Dernièrement, lors de pics de pollution dans la région côté tchèque, les autorités locales ont conseillé aux habitants de rester chez eux ; alors que les taux de substances polluantes dans la région sont déjà habituellement supérieurs de 3 fois à ceux recommandés en Union Européenne...

Les masses d'air ne s'arrêtant pas aux frontières, les ministres de l'environnement des deux pays s'engagent pour l'amélioration de la qualité de l'air sur cette région transfrontalière. Sous leur impulsion, un groupe binational d'instituts de recherche et d'universités se sont regroupées pour mener à partir de 2011 une vaste étude sur l'influence des conditions météorologiques sur la pollution de l'air.

Ce projet, qui sera financé par l'UE dès l'an prochain, développera un système de surveillance transfrontalier qui mesurera les teneurs en dioxyde de soufre, en oxydes d'azote et en d'autres substances organiques présentant un risque pour la santé. Un réseau de capteurs comportera une partie fixe mais sera renforcé par des stations mobiles, notamment embarquées en avion. Les données qu'ils obtiendront seront accessibles par internet.

Ce type de projet s'apparente au projet IAGOS-ERI, une des infrastructures européennes sur la feuille de route ESFRI depuis 2006, qui a établit et met en oeuvre une infrastructure distribuée pour l'observation de la composition atmosphérique et la teneur en aérosols et suies. Ce projet, inscrit dans la durée et à large échelle, réunit une flotte d'une vingtaine d'avions commerciaux moyens et longs courriers instrumentés. La Pologne, qui n'a pas encore publié sa feuille de route des grandes infrastructures de recherche, ne fait pas encore partie d'IAGOS.

Les équipes associées sont l'institut de santé publique et l'université technique d'Ostrava (Rép. Tchèque), l'institut tchèque d'hydrométéorologie, l'institut polonais de météorologie et de surveillance des eaux, l'institut polonais d'ingénierie environnementale, l'Académie Polonaise des Sciences (PAN), l'institut central des mines de Katowice.

Ajoutons que la région polonaise de Basse-Silésie, région frontalière avec l'Allemagne et la Tchéquie est une des "communautés régionales d'implémentation de l'innovation" de la "Climate-KIC" [1]. A ce titre, elle drainera des fonds structurels et nationaux pour implémenter les solutions innovantes notamment en matière de réduction d'émissions de carbone.

[1] : la "Climate-KIC", est l'une des 3 "Knowledge and Innovation Communities" qui viennent d'être lancée par la commission européenne. Elle regroupe des partenaires académiques et industriels distribués en centres coordinateurs - ou centres de "co-location" dans la terminologie des KICs - et des communautés régionales d'implémentation de l'innovation.

Voir également l'actualité "Lancement de la KIC InnoEnergy : AGH Cracovie coordinateur des institutions polonaises" : www.bulletins-electroniques.com/actualites/65433.htm
Pour en savoir plus, contacts :
- Institut central des mines de Katowice : www.gig.eu/eng
- Institut polonais d'ingénierie environnementale : www.ipis.zabrze.pl
- Institut polonais de météorologie et de surveillance des eaux :
www.imgw.pl/wl/internet/zz/english/index.html
- Projet IAGOS, très grande infrastructure de recherche inscrite dans ESFRI : www.iagos.org

Rédacteur : Nicolas Frichot-Manoury
Origine : BE Pologne numéro 14 (21/12/2010) - Ambassade de France en Pologne / ADIT

Royaume-Uni, 9 novembre 2010

>> L'énergie éolienne au Royaume-Uni

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65040.htm

Malgré l'échec relatif des négociations de Copenhague sur le climat à la fin de l'année 2009, la lutte contre le changement climatique et la recherche de nouveaux moyens de production d'énergie sont devenus partout dans le monde des préoccupations majeures. Le Royaume-Uni ne fait pas exception. Poussé par les exigences de l'Union Européenne et par les lois qu'il a adoptées, le pays s'est lancé dans une restructuration à grande échelle de son système énergétique qui répond à deux priorités : réduire les émissions de gaz à effet de serre occasionnées par la production d'électricité et assurer l'approvisionnement futur du réseau électrique britannique.

Au coeur de cette stratégie se trouve, aux côtés du nucléaire, le secteur éolien, notamment à travers l'installation de nombreuses fermes en mer. Déjà premier pays par sa capacité de production éolienne offshore à la fin de l'année 2009, le Royaume-Uni compte développer fortement cette dernière pour atteindre les objectifs qu'il s'est fixés.

Il est donc important de se pencher sur l'industrie éolienne britannique et les éléments sur lesquels sa croissance future est appelée à s'appuyer.

Auteurs : CONSTANT Joël, Ambassade de France au Royaume-Uni - 16 pages - 1/10/2010

Téléchargez gratuitement ce rapport au format pdf :
www.bulletins-electroniques.com/rapports/smm10_047.htm
Pour en savoir plus, contacts : www.bulletins-electroniques.com

Rédacteur : Joël Constant
Origine : BE Royaume-Uni numéro 106 (9/11/2010) - Ambassade de France au Royaume-Uni / ADIT





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Canada, 2 novembre 2010

>> Cartographier la pollution de l'air
, www.bulletins-electroniques.com/actualites/64931.htm

La pollution de l'air est un problème connu de longue date et est apparue dans les grandes villes des pays développés avec la révolution industrielle. Mais pour la première fois, Dr. Randall Martin et le doctorant Aaron Van Donkelaar [1] ont produit une carte [2] de la planète faisant état de la concentration sur un long terme de fines particules dans l'atmosphère.

"Nous observons des parties du globe pour lesquelles nous n'avions pas particulièrement porté attention et nous sommes surpris par le taux élevé [de fines particules] de ces régions" nous informe Van Donkelaar. "Les conséquences sont potentiellement élevées pour la qualité de vie de nombreuses personnes." Par exemple, 50% de la population de l'est de la Chine et 38% de la population du nord de l'Inde seraient affectés par les hautes concentrations de polluants sur la période des mesures, dépassant de loin le taux limite donné par l'Organisation Mondiale de la Santé.

D'après les chercheurs du domaine de la santé, la taille des particules est d'importance capitale dans cette étude, les particules étant assez petites pour outrepasser les défenses naturelles du corps humain. Les fines particules, connues sous le nom d'aérosols, ont un diamètre inférieur à 2.5 microns, et sont environ trois fois plus petites qu'un globule rouge. "Ces fines particules sont les plus à même à pénétrer dans nos poumons et peuvent causer plus de dégâts que les autres", explique Dr. Martin. Malgré leur taille, ces fines particules peuvent être vues depuis l'espace. "C'est une chose importante, continue Dr. Martin, d'autres polluants, comme l'ozone, sont plus difficile à observer depuis l'espace."

Les instruments [3] du satellite Terra de la NASA ont commencé à recueillir des données sur les aérosols en 2000. Terra effectue 15 révolutions de la Terre par jour, balayant la Terre et mesurant l'opacité provoquée par ces polluants à la lumière du soleil. Dr. Martin et Mr. Van Donkelaar ont analysé les données recueillies par le satellite de la Nasa au cours de la période 2001-2006. Avec l'aide des scientifiques de l'Agence américaine [4], les chercheurs ont combiné les données du satellite avec le modèle trois dimensions de l'atmosphère terrestre et les ont comparées avec les données disponibles au niveau du sol.

"Il y a des incertitudes", explique Van Donkelaar, lequel avec son collègue ont beaucoup travaillé à diminuer ces incertitudes pour réaliser la carte. "Le désert est un type de surface très différente de la forêt par exemple", dit il. "Quand le satellite fait ses mesures, il est nécessaire de savoir quelle quantité de lumière a été réfléchie par le sol en la comparant à la lumière qui a réussi à traverser l'atmosphère". Déterminer ceci est difficile et peut être une source d'erreurs, bien que Van Donkelaar pense que la quantité de données à disposition diminue le problème. "Une des raisons pour laquelle nous avons réalisé cette moyenne sur le long terme est l'existence de ce type d'erreurs, aussi rassembler toutes ces données nous apporte davantage de fiabilité dans le résultat final que nous obtiendrons."

Les futurs travaux vont porter sur des cartes de tendance indiquant comment la concentration de ces polluants change dans le temps, d'où ils proviennent et comment ils parviennent à entrer en suspension dans l'atmosphère.

Pour en savoir plus, contacts :
- [1] co- auteurs : Brauer M, Kahn R, Levy R, Verduzco C.
- [2] Carte de la planète faisant état de la moyenne annuelle du taux de particules de diamètre inférieur à 2,5 micromètres mesuré par AOD (Aerosol Optical Depth), pour une humidité relative de 35%. Carte visible sur l'article internet source : http://dalnews.dal.ca/2010/10/18/pollute.html
- [3] Les instruments intégrés et utilisés sur le satellite Terra sont le MODIS (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer) et MISR (Multiangle Imaging Spectroradiometer).
- [4] Dr. Martin mène le groupe de chercheurs "Atmospheric Composition Analysis" du Département de Physique et de Science Atmosphérique de l'University de Dalhousie. Contacts : A. van Donkelaar, Department of Physics and Atmospheric Science, Dalhousie University, 6300 Coburg Rd., Halifax, NS, Canada B3H 3J5 - tél : (001) 902 494-1820, fax : (001) 902 494-5191 - email : Aaron.van.Donkelaar@dal.ca
Source : Article publié le 25 mars 2010 sous le nom de "Global Estimates of Ambient Fine Particulate Matter Concentrations from Satellite-Based Aerosol Optical Depth: Development and Application". Environnemental Health Perspective 118:847-855. doi:10.1289/ehp.0901623

Rédacteur : Florent Bouvier
Origine : BE Canada numéro 374 (2/11/2010) - Ambassade de France au Canada / ADIT

Canada, 2 novembre 2010

>> Le trou dans la couche d'ozone a-t-il contribué à accroître l'extension de glace antarctique sur la mer ?
, www.bulletins-electroniques.com/actualites/64932.htm

Alors que la fonte de la glace arctique s'est accélérée de manière assez spectaculaire depuis les années 1970, dans le même temps la glace antarctique a eu tendance à se développer dans les mers de l'extrême sud. Face à cette constatation, certains scientifiques ont suggéré que l'augmentation pourrait être due au trou d'ozone situé au dessus de l'Antarctique. En effet, des simulations indiquaient que le trou d'ozone induisait un changement important dans la circulation atmosphérique en été austral.

Afin de vérifier ces hypothèses, un chercheur du Département de Physique de l'Université de Toronto, Michael Sigmond, et un chercheur du Centre Canadien de Modélisation et d'Analyse d'Environnement Canada, John Fyfe, ont utilisé un modèle climatique, tenant compte des changements mensuels observés de l'ozone stratosphérique de 1979 à 2005, afin de simuler les effets de l'appauvrissement de l'ozone stratosphérique sur la glace en mer antarctique.

Contrairement aux prédictions précédentes, le modèle de Sigmond et Fyle montre que la diminution de la couche d'ozone se traduit par une diminution tout au long de l'année de la glace en mer antarctique et non une augmentation telle qu'elle est actuellement observée. Ces résultats suggèrent que des processus autres que la couche d'ozone doivent être à l'origine du développement de la glace en mer antarctique. Les auteurs indiquent qu'il est difficile à l'heure actuelle de comprendre pourquoi les évolutions du niveau de glace dans les mers de l'hémisphère Sud et de l'hémisphère Nord sont si différentes.

Pour en savoir plus, contacts :
M. Sigmond, PhD Student, Department of Physics, University of Toronto, Toronto, Ontario, Canada - tél : (001) 416 946-0620 - email. sigmond@atmosp.physics.utoronto.ca
Source :
- Etude publiée dans la revue scientifique Geophysical Research Letters, vol. 37, L18502, 2010.
- Source de l'article : www.agu.org/pubs/crossref/2010/2010GL044301.shtml

Rédacteur : Christian Turquat
Origine : BE Canada numéro 374 (2/11/2010) - Ambassade de France au Canada / ADIT

Etats-Unis, 17 décembre 2010

>> Agriculture du Midwest, drainage agricole et "zones mortes" du Golfe du Mexique

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65397.htm

Avec près de 3 780 km de long et un débit moyen de 18.000 m3/s à son embouchure, le Mississipi est le 3ème plus long fleuve du monde (derrière l'Amazone et le Nil). Le fleuve draine un bassin de plus de 3,2 millions de km2 dont environ 58% sont occupés par des cultures agricoles. En moyenne, le fleuve déverse chaque année 1,57 millions de tonnes d'azote (environ 0,95 millions de tonnes de nitrates et 0,58 millions de tonnes d'azote organique) dans le Golfe du Mexique. Derrière ce constat, ce sont les systèmes de drainage agricole des terres arables de la région supérieure du Mississippi (depuis le sud-ouest du Minnesota en passant par l'Iowa, l'Illinois, l'Indiana et l'Ohio) qui seraient les principaux responsables des fortes teneurs en azote des eaux de ruissellement qui se déversent dans le Golfe du Mexique. Cette pollution proviendrait des champs de maïs fertilisés et drainés des plaines céréalières du Midwest. Cette étude a été réalisée par des chercheurs de Cornell University et de l'University of Illinois à Urbana-Champaign et publiée dans le Journal of Environmental Quality.

Ces fortes teneurs en azote ont été identifiées comme la principale cause des zones mortes du Golfe du Mexique. Elles entraînent à la fois un accroissement de la biomasse algale et leur floraison. Ces algues sont des dinoflagellés appartenant par exemple aux genres Alexandrium ou Karenia. Celles-ci vont épuiser la teneur en oxygène de l'eau et en conséquence asphyxier d'autres formes de vie ; et ce sur plusieurs milliers de km2 chaque été.

Le drainage agricole a grandement augmenté les surfaces cultivables, même dans les zones marécageuses, depuis le début du 19ème siècle. Ces systèmes consistent en des conduites perforées enterrées, permettant le drainage du sol dans des canaux. Selon la présente étude, lorsque de tels champs sont fertilisés, de plus fortes teneurs en azote se retrouvent dans les eaux de ruissellement du bassin versant du Mississipi.

L'étude, financée par la National Science Foundation (NSF), a été réalisée par Mark David, biogéochimiste à l'University of Illinois à Urbana-Champaign (UIUC), auteur principal, Gregory McIsaac de UIUC et Laurie Drinkwater de Cornell University. Selon cette dernière, il reste à déterminer, avec plus de précision, le nombre de systèmes de ce genre installés et leurs localisations. Ceci permettrait d'envisager des mesures réglementaires dans le but d'inverser le phénomène d'hypoxie qui sévit dans le Golfe du Mexique.
Afin d'estimer les apports et rejets d'azote, les chercheurs ont mis en place une base de données regroupant des enregistrements s'échelonnant de 1977 à 2006 pour 1 768 comtés du bassin du Mississipi. Les différents paramètres étudiés concernaient les cultures agricoles (dont le maïs et le soja), le bétail, le fumier, les apports de fertilisant, les dépôts atmosphériques d'azote et la population humaine. La base de données comprenait également des informations relatives aux concentrations en nitrate et leurs écoulements dans les cours d'eau de 153 bassins versants, dont les données étaient disponibles pour la même période de temps.

Ces données ont été analysées par un modèle informatique développé permettant d'analyser les écoulements en nitrate pour chaque comté du bassin du Mississipi. Les résultats ont révélé que la source de pollution provenait essentiellement de la région supérieure du bassin du Mississipi ainsi que des zones du sud-est du Missouri et du nord-est de l'Arkansas.
L'azote atmosphérique et le fumier animal, en revanche, ne joueraient pas un rôle significatif dans les rendements en azote déversés dans le Mississipi. Cependant, les eaux usées humaines pourraient également contribuer à l'apport de faibles quantités d'azote.

Pour réduire de telles charges dans les eaux de ruissellement, les solutions, proposées dans la présente étude, incluent d'une part, l'installation de terres marécageuses dans des zones où sont situés les systèmes de drainage agricole afin de filtrer l'eau et d'autre part, l'optimisation de la période de fertilisation des sols. De plus, il est avéré que de l'azote est perdu entre les périodes de cultures de plantes commerciales, lorsque les sols agricoles sont au repos. Une solution possible pourrait alors consister en la plantation de cultures de recouvrement et la diversification des rotations des cultures, ce qui pourrait significativement réduire les pertes d'azote dans les eaux de ruissellement. D'après une étude réalisée en 2006 par le groupe de recherche de Drinkwater, les cultures de recouvrement pourraient réduire de près de 70% le lessivage de l'azote des sols.

Avec un bassin drainant 40% de la superficie totale des Etats-Unis et représentant l'une des principales régions d'agriculture intensive mondiale, les eaux du Mississipi semblent être le principal véhicule des pollutions azotées bouleversant l'écosystème du Golfe du Mexique.

Le thème de l'eau et de l'agriculture dans un contexte de changement climatique apparaît comme une problématique internationale mobilisant de nombreux chercheurs. La preuve en a été faite avec près de 15 propositions de projets qui ont émergé à l'issue du colloque franco-américain, co-organisé par la Mission pour la Science et la Technologie de Chicago, intitulé "Developing Partnerships for Sustainable Water management and Agriculture in the context of climate and global change". Cet événement s'est tenu les 11 et 12 mai 2010 à Purdue University, IN et Mark David, principal auteur de la présente publication, y a présenté ses travaux.

Pour en savoir plus, contacts :
- Mark B. David, Laurie E. Drinkwater et Gregory F. McIsaac - Sources of Nitrate Yields in the Mississippi River Basin - Journal of Environmental Quality (Reçu le 17/03/2010)- Vol. 39 No. 5, p. 1657-1667- doi: 10.2134/jeq2010.0115 - https://www.crops.org/publications/jeq/abstracts/39/5/1657
- Developing Partnerships for Sustainable Water management and Agriculture in the context of climate and global change - bulletin du programme - www.france-science.org/IMG/pdf/Maq-Symposium-V4.pdf
Source :
- Study: Midwest farm drainage systems partly to blame for Gulf of Mexico dead zones - Cornell University Chronicle Online - 23/11/2010 - www.news.cornell.edu/stories/Nov10/DeadZones.html
- Nitrogen in the Mississippi Basin-Estimating Sources and Predicting Flux to the Gulf of Mexico - Kansas Water Science Center - décembre 2000 - http://ks.water.usgs.gov/pubs/fact-sheets/fs.135-00.html

Rédacteur : Magali Muller, deputy-agro.mst@consulfrance-chicago.org ; Adèle Martial, attache-agro.mst@consulfrance-chicago.org
Origine : BE Etats-Unis numéro 229 (17/12/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT

Etats-Unis, 17 décembre 2010

>> Saumon transgénique : entre industriels, politiques, scientifiques et consommateurs les avis divergent
- www.bulletins-electroniques.com/actualites/65398.htm

Les grandes compagnies de biotechnologie qui développent les organismes génétiquement modifiés ont dépensé plus d'un demi-milliard de dollars en contribution pour les campagnes de communication et le lobbying au cours de la dernière décennie. Une étude réalisée en septembre 2010 par Thomas Reuters, montre que 64% des Américains interrogés, s'inquiètent de la sécurité des aliments génétiquement modifiés (GM) et que 93% des membres de ce panel souhaitent que les aliments GM soient étiquetés. C'est dans ce contexte, que nous annoncions, dans un précédent bulletin [1] que le premier animal (GM), destiné à la consommation humaine, était sur le point d'être autorisé par la Food and Drug Administration (FDA). Il s'agit d'un saumon transgénique nommé AquAdvantage et développé par la société AquaBounty Technologies basée dans le Massachusetts. Il possède la caractéristique d'atteindre sa taille adulte deux fois plus rapidement que l'espèce sauvage. Les audiences publiques du mois de septembre n'ont pas permis à la FDA de prendre position quant à l'innocuité de ce produit et la décision finale a été reportée. Le Veterinary Medicine Advisory Committee (VMAC) de la FDA a demandé que des recherches supplémentaires soient faites pour évaluer ce nouveau produit. Certains groupes de consommateurs, et hommes politiques (membres du Congrès et du U.S. Fish and Wild Life Service) s'opposent à l'autorisation du saumon GM. Par ailleurs, une récente étude publiée dans Science remet en question la procédure mis en oeuvre par la FDA pour décider d'autoriser ou non ce produit.

L'avis des consommateurs

Plusieurs groupes de consommateurs comme le FWW, Food and Water Watch, s'opposent au saumon GM et ont rassemblé, au cours des derniers mois, plus de 200.000 pétitions de consommateurs s'opposant à l'autorisation de mise sur le marché de ce produit par la FDA. Cependant, d'après les déclarations du directeur de FWW, il faudrait que ces consommateurs déboursent chacun 3.000 dollars pour égaler l'influence des groupes de pression de l'industrie des biotechnologies. Le groupe s'inquiète d'ailleurs de la forte influence politique de ces industriels, qui peserait plus lourd auprès du Congrès et de la FDA que les inquiétudes des scientifiques et des consommateurs.

Un rapport de la FWW [2] met en évidence une augmentation constante des dépenses "politiques" des industries des biotechnologies et décrit un système de "tourniquet" impliquant des anciens décideurs politiques, retournant à Washington pour faire pression au profit de ces entreprises. En effet, de nombreux groupes industriels du secteur des biotechnologies disposent de comités d'action politique ou PACs ("political action comittees"). Les contributions de ces PACs ont plus que doublé entre 2000 et 2008 en passant de 2,4 à 5,3 millions de dollars. De plus, la Biotechnology Industry Organization, BIO, aurait dépensé plus de 4 millions de dollars pendant le premier semestre de l'année 2010 pour, entre autres, faire pression sur la FDA pour l'autorisation d'animaux génétiquement modifiés.

D'un point de vue aquacole, un récent rapport réalisé par le FWW [3] s'accorde à réfuter chaque aspect bénéfique, avancé par AquaBounty, du saumon GM par rapport à son équivalent naturel. En voici quelques-uns relatifs à l'élevage et au profil nutritionnel de ces animaux :
- Les saumons d'élevage non-GM contiendraient 35% d'acides gras oméga-3 de moins que l'espèce sauvage et des composés industriels hautement toxiques comme les polychlorobiphényles (PCB) qui peuvent s'accumuler dans leurs tissus adipeux au cours du temps (jusqu'à 10 fois plus que chez le saumon sauvage). Ces différences s'expliquent notamment par l'alimentation des poissons. Si les saumons GM sont nourris de la même façon, ils accumuleraient également d'avantage de contaminants.
- Les saumons GM contiendraient également des quantités légèrement supérieures de facteur de croissance analogue à l'insuline de type 1 (IGF-1) qui, à des doses élevées augmenteraient les risques de cancers.
- AquaBounty prétend également que le saumon GM nécessiterait de 20 à 25% moins de nourriture pour atteindre la taille adulte. Or, ceci ne serait valable que si les animaux sont nourris à satiété, à savoir une ration cinq fois plus importante que pour les saumons standards ; ...

L'opinion des scientifiques

Du côté de la communauté scientifique, une récente étude publiée dans le magazine Science met en doute la procédure mise en oeuvre par la FDA pour autoriser la mise sur le marché de ce produit. Ces travaux ont été réalisé par une équipe internationale rassemblant des chercheurs de Duke University, de l'University of Stavanger en Norvège, de la Norwegian University of Life Sciences et du Resources for the Future à Washington, DC. On notera que ces scientifiques sont spécialisés en économie, économie industrielle, gestion des ressources, droit et politique publique et non en sciences du vivant.

1. La New Animal Drug Application, NADA, ne permettrait pas l'intégration des impacts globaux sur le marché du saumon

La procédure remise en question est la NADA (New Animal Drug Application) qui doit démontrer la sécurité et l'efficacité du produit pour l'usage voulu. Selon l'étude publiée dans Science [Vol. 330, 19. nov. 2010], ce procédé n'évaluerait pas l'impact que ce nouveau produit pourrait avoir sur l'ensemble de la filière de production et de consommation de saumon. Ceci inclut des impacts potentiels, à la fois bénéfiques et négatifs, sur la santé humaine et l'environnement. Dans le présent bulletin, nous nous intéresserons uniquement aux impacts potentiels sur la santé publique et non aux impacts environnementaux induits par l'autorisation du saumon GM.

Selon Aqua Bounty Technologies, le saumon AquAdvantage diffère de l'espèce sauvage sur 2 points : sa vitesse de croissance et la quantité de nourriture nécessaire pour atteindre sa taille adulte.
La procédure de la FDA consiste à évaluer ces deux caractéristiques et à comparer ce produit génétiquement modifié à son équivalent naturel. Les risques pour la santé sont évalués en comparant le profil nutritionnel de ces deux espèces piscicoles ainsi que la présence de toxines et d'allergènes.
Les auteurs de l'étude parue dans Science, remettent en cause ce protocole. Selon eux, une telle méthode d'évaluation suppose, de manière implicite (et peu plausible), que ce nouveau produit va simplement remplacer l'ancien sur le marché et que cela n'entraînera aucun changement en termes de prix et de volume du marché.

En fait, les chercheurs prétendent que les petites différences observés dans les profils nutritionnels de ces deux espèces pourraient être négligeables en comparaison des bénéfices pour la santé publique inhérents à la croissance du marché du saumon du fait de l'augmentation de sa consommation. Les scientifiques émettent donc ici un avis favorable quant à l'autorisation de ce produit sur le marché de la consommation.

2. Le saumon GM - un impact positif sur l'alimentation américaine ?

En termes de transformation du marché et d'impact sur la santé publique, les scientifiques rappellent que l'innovation technologique a permis, au cours des dernières années, la diminution des coûts ce qui a conduit à une augmentation de la production de saumon. Ce phénomène est si important que, malgré une augmentation de la demande en raison de l'accroissement des revenues, les prix réels du saumon (c'est-à-dire ajustés selon l'inflation) ont décliné. La consommation de saumon par habitant a doublé, aux Etats-Unis, entre 1994 et 2004 : en passant de 500 g à 1kg/an, même si les prix réels d'autres produits source de protéine, comme le boeuf, ont diminué. Les prix du saumon ont diminué plus rapidement que ceux du boeuf entre 1981 et 2009. Ces changements des prix et des habitudes de consommation observés, pourraient, selon cette étude, augurer une future croissance du marché si le saumon GM est autorisé et permet de diminuer les coûts de production.

Sur les aspects sanitaires, dans l'ensemble, les bénéfices excédent les risques inhérents à la consommation de poisson chez l'adulte. Sur les 10 espèces piscicoles les plus consommées aux Etats-Unis, le saumon a les plus fortes concentrations en acides gras oméga-3. Pour des adultes américains qui actuellement ne consomment pas ou peu de poissons, la consommation d'une portion de saumon par semaine pourrait réduire de près de 36% les risques de décès dus à une maladie coronaire. Ainsi, si le saumon GM permet le développement du marché du saumon, celui-ci augmenterait par rapport à celui d'autres sources de protéines plus faibles en acides gras oméga-3.

3. Une redéfinition du protocole de la FDA

D'un point de vue législatif, la responsabilité de la FDA est de déterminer si un produit est "sain" et d'examiner ses impacts environnementaux. Les chercheurs de Duke University critiquent l'approche de la FDA, qu'ils qualifient de trop "étroite" et qui dérive de leur décision de traiter ce poisson GM plus comme un produit pharmaceutique animal que comme un aliment. Dans l'ensemble, l'exposition à un produit pharmaceutique est en grande partie déterminée par la survenance de maladies ; alors que l'exposition à un aliment est plutôt dictée par les prix du marché.

Les chercheurs proposent d'une part que le Congrès facilite une analyse plus large en accordant à la FDA l'autorité et les ressources pour mieux intégrer les aspects biologiques et économiques permettant d'évaluer l'ensemble des impacts sur le marché du saumon. D'autre part, selon les auteurs, la FDA devrait inclure la sécurité d'ensemble de ce nouveau produit dans le régime du consommateur en comparaison d'autres aliments qu'il pourrait remplacer, comme le boeuf ; prenant ainsi en compte les effets de ce nouveau produit sur les indicateurs de santé publique dans leur ensemble. Ils suggèrent également une redéfinition du terme "sain" qui prendrait en compte de manière plus large les conséquences sur la santé publique et l'environnement de l'autorisation du saumon AquAdvantage. Selon eux, il serait plus pertinent d'évaluer si, dans l'ensemble, la société se porte mieux avec l'introduction de ce produit sur le marché plutôt que de se concentrer sur la comparaison des aspects sanitaires relatifs à la prise alimentaire d'une portion GM ou non GM.

Finalement, la FDA devra décider de la pertinence d'évaluer de manière plus large les impacts du saumon GM en prenant en compte les coûts supplémentaires liés à cette analyse. Selon les chercheurs, un bon compromis serait d'utiliser les études existantes pour développer des scénarios de croissance du marché et des impacts résultant sur la santé humaine et l'environnement.

La position des politiques et agents fédéraux

Aux inquiétudes de certains groupes de consommateurs s'ajoutent celles exprimées dans une lettre envoyée par 11 sénateurs à majorité démocrate à la FDA en septembre 2010 [4] ainsi que celles de membres du U.S. Fish and Wildlife Service. Les sénateurs s'inquiètent notamment des aspects relatifs à la sécurité environnementale de l'autorisation d'un tel produit et souhaitent également qu'il soit soumis à une évaluation par le Center for Food Safety and Applied Nutrition et non par la NADA. Le sénateur démocrate Mark Begich a d'ailleurs introduit le 18 novembre, une loi visant à interdire le saumon GM. Les membres du U.S. Fish and Wildlife Service regrettent de ne pas avoir été impliqués dans la décision de la FDA et soulèvent le fait que l'autorisation du produit pourrait entraîner de sérieux risques environnementaux (notamment si les saumons GM s'échappent et se reproduisent avec des individus sauvages - AquaBounty Technologies ne garantissant leur stérilité par triploïdie qu'à 95%).

Pour en savoir plus, contacts :
- [1] FDA : autoriser le premier animal génétiquement modifié destiné à la consommation humaine ? - BE Etats-Unis 216 - 16/07/2010 - www.bulletins-electroniques.com/actualites/64077.htm
- [2] Food and Agriculture Biotechnology Industry Spends More Than Half a Billion Dollars to Influence Congress - Food and Water Watch - novembre 2010 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/kvOa0
- [3] GE Samon Will Not Feed the World - Food and Water Watch - novembre 2010 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/s3E6n
- [4] Le projet de saumon génétiquement modifié n'est pas du goût de tout le monde - BE Etats-Unis 222 - Gabriel Marty - 15/10/2010 - www.bulletins-electroniques.com/actualites/64786.htm
Source :
- No recommendation on GM salmon after hearings - FoodQualityNews - 21/09/2010 -
http://redirectix.bulletins-electroniques.com/BjA85
- Ban on Genetically Modified Salmon Proposed in Senate Despite Powerful Biotech Lobby - Truth-out.org - 19/11/2010 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/VK770
- Martin D. Smith, Frank Asche, Atle G. Guttormsen, Jonathan B. Wiener - Genetically Modified Salmon and Full Impact Assessment - Science (19/11/2010) - Vol. 330 no. 6007 pp. 1052-1053 - DOI: 10.1126/science.1197769 -www.sciencemag.org/content/330/6007/1052.summary
- Officials worried over safety of genetically altered fish - CaliforniaWatch - 30/11/2010 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/4JgKZ
- US court orders GMO beets destroyed - Physorg.com - 01/12/2010 -
www.physorg.com/news/2010-12-court-gmo-beets.html

Rédacteur : Magali Muller, deputy-agro.mst@consulfrance-chicago.org ; Adèle Martial, attache-agro.mst@consulfrance-chicago.org
Origine : BE Etats-Unis numéro 229 (17/12/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT

Etats-Unis, 17 décembre 2010

>> L'administration se met en ordre de bataille pour promouvoir les exportations dans le domaine des énergies propres,
www.bulletins-electroniques.com/actualites/65409.htm

Parmi ses engagements en vue d'une nouvelle donne énergétique et de la création d'emplois, l'administration Obama s'est fixée l'objectif de faire des Etats-Unis le premier pays exportateur de technologies dans le domaine des "énergies propres". C'est dans ce cadre que le Département de l'Energie (DoE), le Département du Commerce (DoC) et six autres agences fédérales ont annoncé la semaine dernière la création de la Renewable Energy and Energy Efficiency Export Initiative (REEEEI), un groupe de travail inter-agence qui a pour but de favoriser l'export et l'adoption à l'étranger de technologies américaines.

Il s'agit de la première action du Gouvernement fédéral en matière de soutien à l'exportation des technologies dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Cette création s'inscrit dans le cadre de la National Export Initiative (NEI), une stratégie adoptée par décret en mars dernier [1] et qui vise à doubler les exportations des Etats-Unis d'ici 2015. Ce groupe de travail inter-agences est co-présidé par le DoE et le DoC, et inclut le Représentant Américain au Commerce (USTR), le Département d'Etat (DoS), l'Agence Américaine pour le Commerce et le Développement (USTDA), la Banque import-export des Etats-Unis (Ex-Im Bank), l'Overseas Private Investment Corporation (OPIC) et le Département de l'Agriculture (USDA).

D'après un rapport publié par la REEEEI la semaine dernière [2], il existe plus d'une centaine de pays à travers le monde qui ont adopté des politiques favorisant l'adoption de technologies dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. De plus, le marché mondial de l'énergie est estimé à 6000 milliards de dollars, et le secteur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique est celui qui a la plus forte croissance. Ainsi, le marché est mûr pour la vente et l'export de technologies américaines, d'autant plus que les besoins seront très importants dans les années à venir.

Cependant, à l'heure actuelle, les exportations américaines ne représentent qu'une faible partie du marché. En 2009, les Etats-Unis ont exporté pour une valeur d'environ 2 milliards de dollars en biens manufacturés dans le domaine des énergies renouvelables ; en comparaison, les investissements privés dans les technologies relatives aux énergies propres ont représenté 162 milliards de dollars à travers le monde, et les investissements publics ont pesé 183 milliards de dollars.

"Développer les exportations américaines dans le domaine des énergies propres est une étape essentielle pour s'assurer de la compétitivité économique des Etats-Unis dans les années à venir" a déclaré le Secrétaire à l'Energie Steven Chu dans un communiqué de presse. "Les initiatives que nous annonçons aujourd'hui nous permettront de mieux comprendre le marché mondial de l'énergie propre et nous aideront à accélérer les exportations américaines."

La mise en place de l'Initiative prévoit l'adoption de 23 engagements pour les 8 agences concernées, à accomplir dans le cadre de leurs budgets et autorités existants. Par exemple, le DoE aura pour tâche la réalisation d'une étude de marché afin d'identifier les produits manufacturés américains dans le domaine de l'efficacité énergétique qui sont susceptibles d'être compétitif dans les marchés étrangers ; il devra également collaborer avec les organisations professionnelles pour recenser les technologies et services disponibles aux Etats-Unis afin de servir de guide aux acheteurs étrangers potentiels. Ces engagements sont déclinés selon 4 axes : développer un financement adapté pour les entreprises, améliorer l'accès aux marchés des entreprises américaines, améliorer les efforts de promotion du commerce pour rapprocher les acheteurs et les vendeurs, renforcer les efforts du gouvernement américain.

Pour répondre aux engagements de cette dernière catégorie, le gouvernement a mis en ligne un portal destiné à fournir des informations aux exportateurs dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique [3]. De plus, le DoC a récemment annoncé la création du Renewable Energy and Energy Efficiency Advisory Committee (REEEAC), un comité chargé de conseiller le Secrétaire au Commerce Gary Locke sur la politique à adopter afin d'améliorer la compétitivité de l'industrie américaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Le REEEAC, dont la première réunion s'est tenue le 7 Décembre dernier, est composé de 29 professionnels représentant tous les secteurs de cette industrie - solaire, éolien, construction, finance... . La tâche du REEEAC sera d'identifier les marchés et d'établir des stratégies à court et moyen terme pour augmenter les exportations américaines. "Nous allons travailler étroitement avec le comité afin contribuer à accomplir l'objectif du Président Obama de faire des Etats-Unis un leader dans l'économie verte mondiale" a déclaré Locke le 2 Décembre dernier.

L'administration se mobilise pour aider l'industrie des énergies propres à trouver des débouchés à l'étranger, condition indispensable du développement d'une industrie nationale dans ce secteur porteur emplois. Reste à savoir si les Etats-Unis pourront rattraper leur retard vis-à-vis d'autres acteurs déjà bien implantés, comme le Danemark, l'Allemagne et surtout la Chine, qui apparaît comme le grand rival de ces prochaines années.

Pour en savoir plus, contacts :
- [1] White House Executive Order - National Export Initiative :
http://redirectix.bulletins-electroniques.com/ZTXRY
- [2] Rapport de la Renewable Energy and Energy Efficiency Export Initiative :
http://redirectix.bulletins-electroniques.com/556Fu
- [3] Le portail "Renewable Energy and Energy Efficiency Exporter Portal" : http://export.gov/reee
Source :
- "ENERGY POLICY: Obama admin launches technology-export initiative" - E&E News PM - McARDLE John - 07/12/2010 - www.eenews.net/eenewspm/rss/2010/12/07/6
- "Energy export initiative" - Federal Technology Watch n°49 vol. 8 - Editeur : Neil MacDonald - 13/12/2010 - p. 3 - par abonnement
- "DOC sets up REEEAC" - Federal Technology Watch n°49 vol. 8 - Editeur : Neil MacDonald - 13/12/2010 - p. 7 - par abonnement
- "Secretary Chu Joins 7 Other Agencies in Launching Renewable Energy and Energy Efficiency Export Initiative" - DoE Press Release - 07/12/2010 - www.energy.gov/news/9864.htm
- "Commerce Secretary Locke Launches First Federally Coordinated Renewable Energy and Energy Efficiency Export Initiative"- DoC Press Release - 07/12/2010 -
http://redirectix.bulletins-electroniques.com/nxfHT

Rédacteur : Gabriel Marty, deputy-envt.mst@ambafrance-us.org
Origine : BE Etats-Unis numéro 229 (17/12/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT

Etats-Unis, 17 décembre 2010

>> Climat : gros temps pour la science si Hall barde

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65410.htm

On s'y attendait, mais la confirmation n'est tombée que le 6 décembre : la sous-commission "Réchauffement climatique et Indépendance énergétique" disparaitra de la Chambre des Représentants, victime collatérale du "rééquilibrage" électoral du 2 novembre dernier. Les élus républicains n'ont en effet pas voulu accréditer, en baptisant de son nom une commission parlementaire, une théorie scientifique que, dans leur immense majorité, ils réfutent.

Après ce premier symbole, une autre série de nouvelles devrait passablement inquiéter la communauté scientifique : la nomination de Fred Upton à la tête de la Commission Energie et Commerce et celle Ralph Hall à la tête de la Commission Science et Technologie de la Chambre des Représentants. Car malgré leurs parcours de Républicains modérés, Upton et Hall ont dû démontrer lors d'une campagne pour la Présidence des commissions, acquises contre des conservateurs texans, qu'ils mettraient les institutions à rude épreuve, que ce soit l'Environmental Protection Agency (EPA) ou le monde scientifique.

Upton, un républicain modéré... qui a progressivement pris des positions plus radicales

Agé de 57 ans, Fred Upton est Représentant du Michigan depuis 1987. Au cours du 111ième Congrès, Upton était membre de la Commission Energie et Commerce et Vice-président, chef de la minorité à la sous Commission Environnement et Energie. Malgré son intérêt pour les questions énergétiques, qui l'a mené notamment à proposer le passage à l'heure d'été aux Etats-Unis et à faire voter une interdiction des ampoules à incandescence, il a placé comme première priorité de sa Commission en 2011 l'abrogation de la réforme de la Santé, sur laquelle elle est aussi compétente.

Jusqu'à présent considéré comme un Républicain modéré, Fred Upton a embrassé un programme plus conservateur sous l'effet à la fois de la dynamique de la campagne 2010 et de son affrontement pour la présidence de la Commission avec le très conservateur Représentant du Texas, Joe Barton.

Dans le cadre de la radicalisation de ses positions durant la campagne, Fred Upton a, comme de nombreux autres Représentants, pris l'Environmental Protection Agency (EPA) comme cible. Bouc émissaire et symbole du "too big government", l'EPA incarne pour lui comme pour d'autres un obstacle à la croissance et à la création d'emplois. Aussi, dès sa nomination, Fred Upton a annoncé qu'il travaillerait avec la Commission des finances à des réductions ciblées du budget de l'EPA, afin d'empêcher la mise en oeuvre de certaines dispositions, dont la réglementation des émissions de CO2. Et il a déclaré qu'il soumettrait l'Administratrice de l'EPA à une véritable inquisition, avec un objectif annoncé de 25 auditions parlementaires pour la seule Lisa Jackson pendant le premier semestre 2011 !

Sur les questions énergétiques, Upton est favorable à un portefeuille énergétique diversifié, reflet de celui de son état du Michigan : nucléaire, charbon "propre", énergies renouvelables et exploitation pétrolière et gazière. Sur ce dernier point, il a prévenu le Department of Interior qu'il le surveillerait de près, craignant qu'il ne réglemente les aspects environnementaux de l'exploitation gazière, et notamment des gaz de schiste. Il a de plus pris position en faveur de l'exploitation pétrolière dans l'Artic National Wildlife Refuge en Alaska, contentieux historique entre partisans d'une énergie "domestique" et défenseurs de l'environnement.

Fred Upton demeure malgré tout, parmi les quatre candidats qui s'étaient présentés à la Présidence de la Commission Energie et Commerce, le candidat le plus modéré. Mais il sera sans doute contraint par les membres de sa Commission, qui pourraient finalement être les principaux obstacles à des avancées sur les questions environnementales et énergétiques.

Ralph Hall, conservateur "traditionnel"... qui devrait mettre les scientifiques à l'épreuve

C'est Ralph Hall qui deviendra le prochain Président de la Commission pour la Science et la Technologie. Représentant du Texas, âgé de 87 ans, Hall ne se définit pas comme un climato-sceptique. Il a néanmoins annoncé qu'il poursuivrait l'enquête sur ce qu'il qualifie de "courant malhonnête" au sein de la communauté scientifique (à la suite du Climategate), et qu'il ferait témoigner des acteurs de la science climatique sous serment.
Hall a servi pendant plus de 20 ans à la chambre des Représentants ; d'abord comme élu sous l'étiquette du parti démocrate, puis comme Républicain depuis 2004. Connu pour ses liens étroits avec les milieux pétrolier et gazier, il adopte des positions très conservatrices sur les questions fiscales. On se souviendra par ailleurs qu'il s'était illustré sur le volet des "valeurs morales", en introduisant lors de la discussion parlementaire de l'America Competes Act, un amendement visant à sanctionner (licenciement ou suspension de traitement) les employés fédéraux qui visionneraient des images pornographiques sur leur lieu de travail.

Pour les environnementalistes, partisans d'une réduction des émissions, Hall est perçu comme le moindre de deux maux. Il a en effet remporté la Présidence de la Commission S&T aux dépens de Dana Rohrabacher, Représentant de Californie, considéré comme un pourfendeur de la Science climatique, et assimilé, dans ses positions, à celles tenues par Jim Inhofe (R-Oklahoma) au Sénat. Pour mémoire, Rohrabacher s'était notamment distingué en 2007 en ironisant sur le fait que le réchauffement climatique pourrait avoir pour origine les flatulences des dinosaures...

Ralph Hall est d'ailleurs bien perçu par ses collègues républicains, qui le décrivent comme "beaucoup plus intelligent que sa décontraction et son accent texan ne pourraient laisser paraitre". Sa commission restera néanmoins dominée par les climato-sceptiques notoires, dont le représentant Sensenbrenner (R-Wisconsin), susceptible d'obtenir la présidence d'une sous-commission. Or, cette nomination est de nature à inquiéter plus encore les scientifiques, dont Sensenbrenner s'est donné pour mission de "débusquer les mythes".

Pour en savoir plus, contacts :
- GOP Climate Deniers vie to run House Energy Committee - Climateprogress (blog) du 6/11/10 :
http://redirectix.bulletins-electroniques.com/aYHJI
- Incoming House Science Chair Ralph Hall: "We have some real challenges; we have the global warming or the global freezing - Climateprogess (blog) du 9/12/10: http://redirectix.bulletins-electroniques.com/UrFNi
Source :
- "Conservative leaders attack Browner, Administration and Upton on Climate Science and Clean Energy" - South Capitol Street, 23/12/10: http://redirectix.bulletins-electroniques.com/GRPwd
- Ralph Hall to Chair Science Panel - Politico du 7/12/10:
http://mobile.politico.com/story.cfm?id=46101&cat=topnews

Rédacteur : Marc Magaud, attache-envt.mst@ambafrance-us.org
Origine : BE Etats-Unis numéro 229 (17/12/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT

Etats-Unis, 10 décembre 2010

>> L'administration Obama avance sur la réglementation des transports

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65314.htm

Suite à l'impulsion donnée par le président Obama dés le début de son mandat [1], renouvelée par un décret signé en mai dernier [2], l'administration s'est mise au travail pour réviser et renforcer les réglementations sur les transports, existant depuis plusieurs décennies mais demeurées pratiquement inchangées depuis. Le mois d'octobre a vu l'annonce de plusieurs décisions importantes dans ce domaine.

Pour la première fois, vers des camions moins polluants

L'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) et le Department of Transportation (DoT) ont annoncé le 25 octobre dernier des mesures de limitation des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) et de consommation de carburant pour les camions et les bus, une catégorie de véhicules jusqu'ici exempte de toute réglementation en la matière [3]. Selon le type de véhicule, les modèles produits entre 2014 et 2018 doivent réduire de 10% à 20% leur émission de GES et leur consommation de carburant.

Ces mesures devraient permettre d'éviter l'émission d'environ 250 millions de tonnes de GES et économiser 500 millions de barils de pétrole pendant les cinq premières années du programme, de 2014 à 2018. De plus, l'EPA et le DoT estiment que ce programme permettra d'économiser 41 milliards de dollars au cours de la durée de vie des véhicules concernés. "Par [l'adoption de ces] nouvelles mesures [...], nous n'allons pas seulement réduire l'impact environnemental du transport, nous allons réduire le coût du transport de fret" déclare le Secrétaire aux Transports Ray LaHood. "Il s'agit [d'une décision] gagnant-gagnant-gagnant pour l'environnement, les entreprises et le consommateur américain."

Le transport de fret par camion est essentiel à l'économie américaine puisqu'il représente plus de 60% en poids des approvisionnements et que les alternatives peuvent difficilement le concurrencer au niveau de la flexibilité et du coût. "Ces camions ne représentent que 4% des véhicules en circulation, mais ils consomment 20% du carburant [total]" affirme Don Anair, analyste principal au sein du Programme pour les Véhicules Propres de l'Union of Concerned Scientist (UCS, ONG à but non-lucratif pour la promotion de la science environnementale) [4].

Outre le soutien des associations de défense de l'environnement, ces mesures bénéficient aussi du soutien des principaux constructeurs de véhicules poids-moyens et poids-lourds. "Une consommation moindre [des véhicules] est une demande importante dans le secteur du transport commercial [...]" affirme Jed Mandel, président de l'EMA (Engine Manufacturers Association, une association regroupant les principaux constructeurs de moteur) [5].

Après une période de consultation publique de 2 mois, la nouvelle réglementation devrait entrer en vigueur début 2011.

Davantage d'éthanol dans le carburant

Le 13 octobre dernier, l'EPA a autorisé une augmentation de la part d'éthanol dans le carburant automobile. Alors que la composition du mélange était limitée à 10% d'éthanol (E10) depuis les années 1970, le nouveau mélange pourra désormais comporter jusqu'à 15% d'éthanol (E15). Cette mesure ne s'applique que pour les nouveaux modèles de voitures et camions légers, fabriqués après 2007, qui représentent environ 15% des véhicules actuellement en circulation. L'EPA conduit actuellement des tests pour les modèles antérieurs construits entre 2001 et 2006 - soit 37% du parc automobile, et a repoussé sa décision à l'année prochaine quant à savoir s'ils seront concernés par l'autorisation.

L'autorisation du carburant E15, qui répond partiellement à la volonté de l'industrie des biocarburants de trouver des débouchés pour sa production, va aussi dans le sens de la loi sur l'énergie de 2007, qui a fixé comme objectif d'attendre une production de 36 milliards de gallons (136 milliards de litres) d'ici 2022, dont 22 milliards de gallons (83 milliards de litres) de biocarburants de nouvelle génération, c'est-à-dire à partir de sources non alimentaires. La production actuelle, exclusivement composée de bioéthanol de maïs, est évaluée à environ 6 milliards de gallons (environ 23 milliards de litres), soit 16.7% de l'objectif fixé.

Néanmoins, ce coup de pouce à l'industrie des biocarburants est vivement critiqué, aussi bien par les défenseurs de l'environnement que par les industriels. Sasha Lyutse, analyste au NRDC (Natural Resources Defense Council, une importante ONG de protection de l'environnement), se déclare inquiet de l'impact de la production d'éthanol sur les prix de la nourriture, l'utilisation des terres et les habitats naturels. " [Le développement de] l'éthanol de maïs n'est pas la voie que nous voulons voir emprunter pour les développements des biocarburants, et [se fera] au détriment du développement des biocarburants de nouvelle génération" déclare-t'il.

Si la plupart des industriels des biocarburants ont approuvé la décision de l'EPA, l'enthousiasme reste toutefois modéré, car l'effort est considéré comme insuffisant. "Nous pensons que cette mesure ne conduira pas à une augmentation des ventes de bioéthanol, puisque les stations-service ne sont pas susceptible de proposer [le carburant E15] au vu de la faible part du marché concernée" déclare Matt Hartwig, de l'Association pour les Carburants Renouvelables. "L'EPA introduit de la confusion inutilement ; notre inquiétude est que cela ne fera rien pour faire bouger les choses, surtout à court terme."

D'autres industries comme les constructeurs automobiles reprochent à l'EPA d'avoir pris cette décision "prématurément", ce qui pourrait entraîner des problèmes de corrosion accélérée des moteurs et des attaques en justice de la part des consommateurs. Ce mécontentement a par ailleurs conduit une coalition de groupes industriels agroalimentaires et pétroliers à attaquer en justice l'EPA, arguant du fait qu'elle n'avait pas l'autorité nécessaire pour autoriser le nouveau carburant pour une catégorie d'usagers seulement [6].

Des voitures moins gourmandes grâce au CAFE

En avril dernier, l'EPA et le DoT avaient déjà entrepris de revoir le niveau maximum de consommation des voitures - nommé Corporate Average Fuel Economy (CAFE), qui avait été mis en place à la fin des années 1970 en réponse aux chocs pétroliers et qui n'avaient que peu varié depuis. Entre 2012 et 2016, les nouveaux véhicules devront progressivement augmenter leur efficacité, jusqu'à atteindre le seuil minimum de 35.5 mpg (miles par gallon) - soit 6.63L/100kms - en 2016.

L'administration Obama a annoncé que d'autres règles étaient à l'étude pour la période 2017-2025, avec une augmentation d'efficacité qui pourrait se situer entre 3% et 6% par an, atteignant selon les scénarios une consommation maximale comprise entre 47 mpg (5L/100kms) et 62 mpg (3.79L/100kms) en 2025. L'EPA et le DoT travaillent à l'élaboration de ces règles, et prévoient de les finaliser d'ici Juillet 2012. "Outre protéger notre air et réduire notre consommation de carburant, [ces mesures] fourniront aux constructeurs américains la certitude dont ils ont besoin pour réaliser les investissements nécessaires et pour promouvoir l'innovation" a déclaré l'administratrice de l'EPA Lisa Jackson.

D'après le groupe de réflexion Resources for the Future, ces nouvelles mesures CAFE ont subi des modifications importantes dans leur mise en application, afin d'obtenir une approche plus adaptée et flexible que les précédentes. Ainsi, les objectifs de réduction de la consommation ne sont plus basés sur la catégorie de véhicule (voitures, camion léger...) mais sur l'empreinte carbone du véhicule ; cela afin de ne pas désavantager les modèles moins consommateurs de carburants, qui auraient plus de difficulté à réduire leur consommation que des véhicules moins performants et entrant dans la même catégorie. Il existe aussi la possibilité pour un constructeur d'utiliser les "crédits" d'économie obtenus avec une gamme de véhicule performante - comme des voitures hybrides - qui dépasse l'objectif pour aider une autre gamme moins performante à remplir cet objectif [7].

Une coalition de 18 associations et de groupes scientifiques et environnementaux soutiennent ces mesures et font activement campagne pour promouvoir l'objectif de 60 mpg d'ici 2025. Ils sont soutenus dans cette démarche par un groupe de 8 gouverneurs démocrates qui ont envoyé une lettre au président Obama le mois dernier afin de plaider dans ce sens. Cependant, après 2 ans de collaboration avec l'administration Obama, les constructeurs automobiles ont décidé de s'opposer à la mise en place de ces nouvelles mesures. Ils accusent l'EPA et le DoT de sous-estimer grandement les coûts nécessaires à l'adoption de ces mesures, et menacent d'attaquer en justice.

Aller dans le sens d'une plus stricte réglementation du transport routier semble néanmoins nécessaire, au vu des médiocres performances des constructeurs américains. D'après un classement de l'UCS sur les constructeurs automobiles les plus "verts", les trois constructeurs américains General Motors, Chrysler et Ford arrivent bons derniers [8]. Avec l'abandon de la législation climat, l'élection d'un nouveau Congrès peu enclin à faire des compromis en matière de réduction de GES et d'efficacité énergétique et les tentatives répétées de l'industrie pour limiter l'action de l'EPA, réglementer les transports est peut-être un des seuls domaines où l'administration Obama pourra encore avancer au cours des deux prochaines années dans son dessein de lutter contre le changement climatique.

Pour en savoir plus, contacts :
- [1] "Obama s'attaque aux émissions provenant des transports" - BE Etats-Unis 152 - DUMAS Agathe - 06/02/2009: www.bulletins-electroniques.com/actualites/57627.htm
- [2] Presidential Memorandum Regarding Fuel Efficiency Standards :
http://redirectix.bulletins-electroniques.com/OZqSQ
- [3] Annonce de nouveaux standards d'émission pour les camions sur le site de l'EPA : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/ZhwxH
- [4] Page de présentation de l'Union of Concerned Scientists : www.ucsusa.org/about
- [5] Page de présentation de l'Engine Manufacturers Association : www.enginemanufacturers.org
- [6] "Farm industry group sue EPA over E15 decision" - Energy & Environment Greenwire - WINTER Allison - 09/11/2010 : http://www.eenews.net/Greenwire/rss/2010/11/09/1  (par abonnement)
- [7] Evaluating Recent Changes to Corporate Average Fuel Economy Standards - Resources For the Future : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/kJbPq
- [8] Automaker Rankings 2010: The Environmental Performance of Car Companies - Union of Concerned Scientists: http://redirectix.bulletins-electroniques.com/Ga6aV
Source :
- "New Truck Emission Standards and Controls" - Environmental News Network - SOOS Andy - 26/10/2010 :
www.enn.com/top_stories/article/41927
- "Freight in America" - U.S. Department of Transportation, Research and Innovative Technology Administration, Bureau of Transportation Statistics - Washington DC - January 2006 - :
www.bts.gov/publications/freight_in_america/pdf/entire.pdf  (pdf)
- "CLIMATE: EPA, DOT unveil truck emissions standards" - Energy & Environment News PM - NELSON Gabriel, PLAUTZ Jason - 25/10/2010: www.eenews.net/eenewspm/rss/2010/10/25/1  (par abonnement)
- "A bit More Ethanol in the Fuel Tank" - New York Times - WALD Matthew L. - 13/10/2010 : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/r7glz  (inscription gratuite requise)
- "BIOFUELS: EPA approves expanded ethanol blend for newer vehicules" - Energy & Environment Greenwire - WINTER Allison, PLAUTZ Jason : www.eenews.net/Greenwire/2010/10/13/1  (par abonnement)
- "AUTOS: Obama admin may push fuel economy to 62mpg" - Energy & Environment Greenwire - PLAUTZ Jason, BRAVENDER Robin - 01/10/2010: www.eenews.net/Greenwire/2010/10/01/1/  (par abonnement)

Rédacteur : Gabriel Marty, deputy-envt.mst@ambafrance-us.org
Origine : BE Etats-Unis numéro 228 (10/12/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT

Etats-Unis, 10 décembre 2010

>> Refonte de la politique énergétique américaine : l'effet Spoutnik

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65315.htm

Le 29 novembre dernier, le Groupe des Conseillers du Président pour la Science et la Technologie (PCAST) a rendu public un rapport adressé au Président Obama, intitulé "Accélérer le rythme du changement dans le domaine des technologies de l'énergie par une politique énergétique fédérale intégrée". Ce rapport est la conclusion d'un travail commencé à l'automne 2009 suite à une demande du Secrétaire à l'Energie Steven Chu d'évaluer l'état de l'innovation technologique dans le domaine de l'énergie et de fournir des recommandations pour accélérer la transition vers un système énergétique de faible intensité carbone.

Pour répondre à des considérations de compétitivité économique, de lutte contre le changement climatique et de sécurité nationale, les Etats-Unis doivent accélérer grandement le rythme de l'innovation technologique dans le domaine de l'énergie. Le rapport établit ce que le gouvernement fédéral "peut faire pour accélérer l'innovation dans le secteur de l'énergie, encourager le développement des bonnes idées, et surmonter les obstacles à l'adoption plus large de technologies gagnantes" déclare Ernest Moniz, co-président du groupe de travail auteur du rapport.

La recommandation la plus importante figurant dans le rapport concerne l'établissement d'une stratégie gouvernementale globale et renforcée dans le domaine de l'énergie. Menée par le Bureau Exécutif du Président, cette stratégie permettra de rassembler et rendre plus visible une politique énergétique actuellement dispersée à travers plusieurs agences, du fait de la dimension transversale de la thématique énergie. En effet, un trop grand nombre de réglementations et un manque de coordination entre les différentes agences et départements fédéraux ont été identifiés par le PCAST comme des obstacles majeurs à la transition énergétique. Un processus de révision nommé Quadrennial Energy Review (QER) devra être mis en place pour actualiser la stratégie tous les quatre ans -de façon similaire aux procédures en vigueur au Département de la Défense- et fournir une feuille de route qui précisera les objectifs à court, moyen et long terme. A travers ce rapport, le PCAST encourage aussi le Congrès à envisager l'autorisation des dépenses sur la période du QER - soit quatre ans.

La conception de cette stratégie gouvernementale prendra du temps et son adoption devrait être envisagée pour le début 2015. Afin de fournir des résultats plus immédiats, le rapport préconise dans un premier temps l'adoption d'une stratégie similaire nommée DoE-QER à l'échelle du Département de l'Energie (DoE), qui servira de test pour le futur QER gouvernemental et en sera une composante. Le DoE-QER servira de guide pour déterminer le rôle du DoE au sein de l'effort fédéral global, et devra être élaboré à l'aide de la contribution de nombreux acteurs (administration fédérale et locale, industrie, organisations non gouvernementales, citoyens...).

Le rapport pointe aussi que l'investissement fédéral dans la recherche, développement, démonstration et déploiement (RDD&D) dans le secteur de l'énergie est "considérablement moindre" en termes de part du PIB que celui de plusieurs autres pays développés - dont la France, et qu'il est nettement insuffisant au regard des besoins. Le rapport appelle donc à un effort d'investissement fédéral massif pour porter le financement public de la RDD&D à 16 milliards de dollars par an, alors qu'elle n'est actuellement dotée que d'environ 5 milliards par an. Les 10 milliards de dollars supplémentaires devront être fournis par de nouvelles sources de revenus, pour lesquelles il est essentiel d'associer le Congrès et le secteur privé. A titre d'exemple de nouvelles sources de revenus, le rapport évoque l'adoption d'une très faible taxe sur la consommation d'électricité ou d'essence.

D'autres recommandations d'actions sont aussi formulées pour le gouvernement fédéral et le DoE en particulier. Le gouvernement fédéral devrait commencer par faire l'inventaire des subventions et incitations fiscales existantes dans le domaine de l'énergie afin de pouvoir ensuite les réorganiser en accord avec les priorités définies dans la QER, et maximiser l'effet prescripteur que son pouvoir d'achat peut avoir sur le secteur de l'énergie. Le DoE devrait procéder à des changements organisationnels pour être plus en phase avec les nouveaux objectifs énergétiques, comme systématiser l'adoption pour tous ses projets des structures novatrices mises en place pour l'Agence de Recherche Avancée en Energie (ARPA-E) [1] ; collaborer avec le Bureau du Management et du Budget (OMB) et le Département du Trésor pour faciliter le financement de projets ; mettre en place un programme de recherche multidisciplinaire en sciences sociales pour fournir des informations sur la diffusion des nouvelles technologies.

En écho à ces recommandations, le secrétaire de l'énergie Steven Chu déclarait il y a quelques jours que, face à l'avancée rapide de la Chine et du reste du monde dans le domaine des énergies nouvelles, l'Amérique se trouvait à un nouveau "moment Spoutnik" - faisant allusion à la prise de conscience du retard technologique des Etats-Unis lors du lancement du satellite Spoutnik par les Soviétiques en 1957 - et qu'elle devait se mobiliser dans les mêmes proportions pour ne pas perdre la course à l'innovation technologique. "Quand il s'agit d'innovation, les Américains ne se font mettre sur la touche par personne [...]. Comme l'a dit le Président Obama, nous ne devons pas, nous ne pouvons pas, et nous ne nous contenterons pas de la seconde place" prévient Chu. Les solutions proposées dans ce rapport sont peut-être le commencement du retour au premier plan des Etats-Unis, reste la question du financement dans un nouveau Congrès dont la priorité est clairement la maîtrise du déficit et la réduction du rôle joué par le gouvernement fédéral.

Pour en savoir plus, contacts :
- Rapport "Accelerating the pace of change in energy technologies through an integrated federal energy policy": www.eenews.net/assets/2010/11/29/document_gw_01.pdf
- [1] -"Examen de passage réussi pour ARPA-e" - BE 193 - MAGAUD Marc - 29/01/2010:
www.bulletins-electroniques.com/actualites/62102.htm
Source :
- "Energy Policy: Presidential panel urges $16B a year for R&D, quadrennial reviews" - E&E News Greenwire - MANDEL Jenny - 29/11/2010 - www.eenews.net/Greenwire/rss/2010/11/29/5  (par abonnement)
- Executive Summary of the Report "Accelerating the pace of change in energy technologies through an integrated federal energy policy"- President's Council of Advisors on Science and Technology - 29/11/2010 - 14 pp. - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/5UheQ
- "Secretary Chu: China's Clean Energy Successes Represent a New "Sputnik Moment" for America" - EERE News - 29/11/2010: http://apps1.eere.energy.gov/news/news_detail.cfm/news_id=16528

Rédacteur : Gabriel Marty, deputy-envt.mst@ambafrance-us.org
Origine : BE Etats-Unis numéro 228 (10/12/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT

Etats-Unis, 18 novembre 2010

>> La "Smart Grid" aux Etats-Unis, un enjeu fédéral

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65145.htm

Le terme de "Smart Grid" s'impose aujourd'hui de manière incontournable dans le débat sur l'avenir de la consommation énergétique. Face à l'augmentation de la demande, à l'apparition de sources d'énergie nouvelles et à un usage en pleine évolution, le réseau (Grid) de distribution de l'électricité doit devenir un élément de plus en plus actif (Smart).

Illustration disponible sur le web à l'url :
www.bulletins-electroniques.com/actualites/65145.htm

Les technologies de l'information doivent permettre d'affronter deux défis majeurs : favoriser l'introduction de sources multiples et décentralisées grâce à un flux bidirectionnel d'information ; réguler l'offre et la demande pour optimiser la production et la fiabilité du réseau. Nous présentons les dimensions technique et sociétale que cette notion recouvre et en quoi elle est devenue un enjeu majeur dans la réalité américaine de 2010.

Ce rapport présente un état des lieux du réseau américain, de ses failles qui montrent combien l'intervention fédérale est indispensable dans cet immense pays. Après une description des technologies utilisées dans la Smart Grid, nous montrons les bénéfices espérés comme les obstacles attendus (normalisation, sécurité, confidentialité), pour finir sur l'impact économique, politique et législatif sur la société américaine.

Auteurs : DELPONT Franz - JEANSOULIN Robert - LOHIER Frédéric
Ambassade de France aux Etats-Unis - 44 pages - 2/09/2010

Téléchargez gratuitement ce rapport au format pdf :
www.bulletins-electroniques.com/rapports/smm10_049.htm
Pour en savoir plus, contacts : www.bulletins-electroniques.com

Rédacteur : DELPONT Franz - JEANSOULIN Robert (attache-stic.mst@ambafrance-us.org) - LOHIER Frédéric (deputy-stic.mst@ambafrance-us.org)
Origine : BE Etats-Unis numéro 226 (18/11/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT

Etats-Unis, 18 novembre 2010

>> 2010 ou l'euphorie de l'investissement dans le solaire thermodynamique

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65146.htm

Etats-Unis: La course aux aides gouvernementales

Avec le lancement de l'American Recovery and Reinvestment Act (ARRA) en février 2009, le gouvernement Obama s'est fixé l'objectif de consolider et faire croître l'emploi, de développer l'activité économique dans une perspective de croissance à long terme et de disposer des fonds gouvernementaux avec une grande transparence [1]. A cet effet, deux programmes de soutien aux énergies renouvelables ont été créés par le DoE (department of Energy) avec l'objectif de doubler la capacité installée en trois ans:

1. Le programme 1705 permet à l'Etat d'endosser une part du risque à l'investissement dans les technologies propres par le biais de garanties de prêt. Le gouvernement est alors la caution d'une jeune entreprise et il s'engage à payer au cas où celle-ci ne pourrait rembourser ses emprunts. Pour être éligible, un projet doit notamment être localisé aux Etats-Unis et débuter la mise en oeuvre avant le 30 septembre 2011 [2].

2. Le programme 1603 donne la possibilité aux entreprises du secteur de profiter d'une bourse, à condition d'abandonner la réduction d'impôts (30%) à laquelle ils ont le droit, appelée "Business Energy Investment Tax Credit" ou ITC [3].

Si l'efficacité du programme 1603 est reconnue - le Lawrence Berkeley National Lab a par exemple estimé que 2,4 GW d'éolien n'auraient pas vu le jour en 2009 sans lui [4] - le programme 1705 a failli disparaître sur les recommandations des conseillers du président. En effet à ce jour, seulement 8 entreprises ont reçu un engagement ferme de garantie de prêt, après un temps d'attente de 6 mois en moyenne, tandis que près de 4000 projets ont bénéficié des bourses du programme 1603 après un délai de 4 à 6 semaines. C'est pourquoi l'OMB (Office of Management and Budget) a annoncé début novembre la fluidification et l'accélération des procédures [5].

A moins d'un an de l'échéance pour le début des projets et dans l'incertitude sur le sort du programme 1705, le secrétaire intérieur Ken Salazar s'est hâté de signer en octobre le lancement de sept projets solaires (toutes technologies confondues). Ceux-ci avaient été répertoriés au préalable par le BLM (Bureau of Land Management) sur une liste "fastrack" de projets qui peuvent espérer être approuvés avant le 31 décembre et dès lors candidater pour une garantie de prêt [6].

Le solaire thermodynamique

Le solaire thermodynamique, appelé Concentrated Solar Thermal ou CST en anglais, est l'une des valorisations du rayonnement solaire concentré (utilisant seulement le rayonnement solaire direct) pour produire de l'électricité. Les zones de prédilection pour le développement de cette énergie se trouvent dans les zones fortement ensoleillées et bénéficiant d'une lumière directe, c'est-à-dire entre 15° et 30° de latitude, au nord comme au sud. Contrairement au solaire photovoltaïque avec lequel la puissance du soleil est directement convertie en électricité, c'est ici la chaleur du soleil qui est valorisée à l'aide de cycles thermodynamiques.

Trois technologies différentes de CST consistent à utiliser l'énergie du soleil pour chauffer un fluide caloporteur, l'énergie thermique étant ensuite transférée à un circuit d'eau avant d'être utilisée par un turboalternateur pour produire l'électricité. Il s'agit d'une part des centrales à capteurs cylindro-paraboliques et des centrales à capteurs linéaires de Fresnel, qui utilisent de longs miroirs qui tournent au cours de la journée autour d'un axe de rotation afin d'être face au soleil et de pouvoir concentrer les rayons solaires sur un tube horizontal où circule le fluide caloporteur. La différence entre ces deux techniques réside dans la forme et le nombre des miroirs : ils sont hémicylindriques dans le premier cas (un miroir par rangée), tandis que les capteurs de Fresnel sont linéaires (plusieurs miroirs par rangée), ce qui est bien moins cher à produire. D'autre part, les centrales à tours sont composées d'une multitude de miroirs apposés sur des héliostats (outrackers) à deux axes de rotation qui suivent le soleil au cours de la journée et réfléchissent les rayons du soleil vers un point unique en haut d'une tour. La chaleur ainsi récupérée permet de chauffer le fluide caloporteur.

Enfin, une technologie un peu différente consiste à concentrer les rayons solaires au point de convergence d'un miroir parabolique, où se trouve un récepteur et, derrière, un moteur Dish-Sterling qui convertit l'énergie thermique en électricité.

Parmi les dix projets de centrale solaire thermodynamique de la liste "fastrack", les quatre qui ont été acceptés sont prévus en Californie; comme trois des six projets restants. Au total dans cet Etat 3,5 GW sont en voie de construction et 1 GW est à l'étude pour être approuvé par la commission de l'énergie [7].

Le projet Californien d'Ivanpah

Au coeur de cet afflux solaire, remarquons le projet d'Ivanpah: il se distingue technologiquement puisqu'il compte pour l'essentiel des 420 MW prévus avec des centrales à tour, contre 2,6 GW de récepteurs paraboliques et 1,37 GW de moteurs Dish-Sterling.

C'est le 27 octobre dernier dans le désert du Mojave que BrightSource a lancé la construction de la première des trois centrales qui composent le projet Ivanpah. En partenariat avec NRG Energy qui pourrait débourser jusqu'à 300 millions de dollars, BrightSource érigera d'ici à juin 2013 dix tours solaires entourées d'environ 200.000 héliostats. Répartis sur trois sites d'une surface cumulée de plus de 1300 hectares, les 392 MW installés devraient produire l'équivalent de la consommation d'électricité de 140.000 foyers, dont la distribution sera assurée par Pacific Gas and Electricity (PG&E) et Southern California Edison (SCE). D'autres acteurs gravitent autour de ce développement de taille, tant du côté des investisseurs (parmi lesquels Google.org et Alstom) que des industriels avec Riley Power Inc pour les chaudières, Siemens pour les générateurs de vapeur, ou encore Bechtel Corporation pour la construction et l'ingénierie. BrigthSource a reçu la promesse conditionnelle d'une garantie de prêt de 1,37 milliards de dollars grâce au dispositif de l'ARRA [8].

Les français ne sont pas sur la touche

Il est intéressant de noter qu'outre Alstom via son investissement dans BrightSource en mai dernier, d'autres acteurs majeurs de l'énergie en France se sont positionnés en 2010 dans le solaire thermodynamique à concentration. Toujours en Californie, Areva a acquis au début de l'année Austra, une compagnie qui installe des capteurs linéaires de Fresnel. En juin, Total a investit avec Abengoa et la compagnie d'énergie renouvelable d'Abu Dabhi dans une centrale solaire pour le projet MASDAR [9]. En septembre, c'est GDFSuez qui a annoncé sa participation à un projet chilien pour surchauffer la vapeur à l'aide d'énergie solaire (+5 MW sur la centrale charbon existante de Mejilones).

Des annonces qui font suite aux nombreux projets de développement de cette énergie en Espagne depuis quelques années [10] et à l'investissement de Siemens qui avait racheté l'entreprise israélienne Solel en 2009.

Pour en savoir plus, contacts :
Site d'information sur le solaire thermodynamique: www.ecosources.info/le-solaire-thermodynamique
Source :
- [1] American Recovery and Reinvestment Act - Site officiel, www.recovery.gov/About/Pages/The_Act.aspx
- [2] Loan program office - Department of Energy http://lpo.energy.gov/?page_id=31
- [3] Database for State Incentives for Renewables & Efficiency (DSIRE) - Business Energy Investment Tax Credit (ITC) http://redirectix.bulletins-electroniques.com/cEcC5
- [4] Statement of Mark Bolinger (Research Scientist, Lawrence Berkeley National Laboratory) before the committee on ways and means : http://eetd.lbl.gov/EA/EMP/reports/lbnl-3188e-house-testimony.pdf
- [5] Article de Gigaom sur le loan guarantee program : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/5BWMr
- [6] Liste des projets "Fastrack" - Bureau of Land Management (Department of Interior) -
http://redirectix.bulletins-electroniques.com/hFTKC
- [7] Liste des projets solaires californiens de grande échelle - Californian Energy Commission
www.energy.ca.gov/siting/solar/index.html
- [8] Liste des projets approuvés ou en voie d'approbation pour le loan guarantee program - Department of Energy : www.energy.gov/news/8719.htm
- [9] Communiqué de presse de Total sur le projet http://redirectix.bulletins-electroniques.com/W3Hhm
- [10] Carte des installations solaires thermodynamiques en Espagne - Enerzine :
http://redirectix.bulletins-electroniques.com/yor9y

Rédacteur : Pauline Caumon (deputy-stic.mst@consulfrance-sanfrancisco.org)
Origine : BE Etats-Unis numéro 226 (18/11/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT

Etats-Unis, 5 novembre 2010

>> La Californie annonce la couleur pour son marché carbone

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65015.htm

Alors que s'achèvent les élections pour le poste de Gouverneur de Californie, il est intéressant de revenir sur la publication par le California Air Resources Board (CARB) [1] du programme de mise en place des limites en terme d'émissions de CO2 à partir de 2012 et des permis d'émissions qui vont donc pouvoir s'échanger sur un marché du carbone. Ce texte est ouvert aux commentaires pour une période de 45 jours avant de faire l'objet d'un vote final du CARB.

Les Californiens sont clairement en faveur de cette législation, mais leur préoccupation est aussi le taux de chômage, supérieur à 12% en Californie. Il est également difficile dans le conjoncture actuelle pour le CARB de mettre en place des mesures agressives sans risquer de faire fuir certaines industries. C'est donc un travail graduel qui est proposé à travers ce programme.

Le volet final d'AB32

Il est question ici du testament politique du gouverneur actuel, Arnold Schwarzenegger, et de sa fameuse loi Global Warming Solutions Act of 2006, ou Assembly Bill 32 (AB32) [2]. L'objectif de cette loi est de ramener les émissions de CO2 de l'état de Californie en 2020 à leur niveau de 1990. Cet objectif ambitieux ne peut être atteint qu'en mettant un place un certain nombre de règles telles que l'obligation pour les producteurs d'électricité Californien d'inclure 33% de sources d'énergies renouvelables à l'horizon 2020 dans leur mix énergétique. Le marché carbone est la clef de voute de ce système qui ne peut fonctionner si on ne met pas un prix sur le CO2, et si on ne rend pas compétitives les autres sources d'énergies telles que l'éolien et le photovoltaique.

Un marché carbone qui peine à s'installer

Les marchés d'échange de droits d'émissions ont émergé en Europe [3] comme un moyen de réduire les émissions de CO2 en forçant les entreprises à payer lorsqu'elles dépassent les limites imposées par le gouvernement. Les gros pollueurs -centrales, usines, raffineries- peuvent acheter des droits d'émissions auprès de ceux qui polluent moins. En réduisant au cours du temps le nombre de permis d'émissions, le mécanisme impose de manière progressive aux pollueurs de trouver des moyens de réduire leurs émissions, en faisant appel notamment à des nouvelles technologies pour obtenir de l'énergie de sources renouvelables ou bien capturer et séquestrer le carbone.

Mais même en Europe, dans un contexte politique plus favorable à l'interventionnisme d'état dans la lutte contre le changement climatique, et un moindre débat autour de l'influence humaine sur ce phénomène, certains pays s'inquiètent de la mise en place de ces marchés d'échanges, au motif qu'ils pourraient impacter l'activité économique.

Le contenu du programme Californien

Fort de ces exemples, le CARB propose un programme graduel [4] qui commence par se focaliser sur les gros pollueurs, et commencera par distribuer gratuitement les permis d'émissions pendant les premières années. L'état fait donc le choix de ne pas profiter de l'introduction de ces permis pour se renflouer en les mettant aux enchères. Mais le système jouera néanmoins son rôle premier, puisque les entreprises moins polluantes vont pouvoir obtenir des financements de la part de celles qui polluent le plus et qui paieront pour accéder à ces permis.

Par ailleurs, certaines industries -notamment cimentière, responsable de 14% des émissions- vont pouvoir bénéficier de permis gratuits jusqu'à l'horizon 2020 [5]. L'objectif est pour le régulateur CARB de ne pas trop impacter l'activité économique de l'état en donnant du temps aux industries vulnérables ou exposées à la concurrence internationales pour s'adapter à ces nouvelles règles [6].

Une autre proposition du CARB consiste à utiliser les permis d'émissions comme des récompenses pour les acteurs industriels qui mettent en place des mesures importantes pour réduire leur empreinte carbone. Les opérateurs comme PG&E recevraient gratuitement ces permis d'émettre. Les vendre sur un marché d'échange devrait donc leur permettre de réduire l'impact sur les consommateurs de la mise en oeuvre d'AB32. Par contre, les producteurs d'électricité n'obtiendraient pas ces permis gratuitement, pour les encourager d'une part à les acheter, et à introduire une part grandissante d'énergies renouvelables dans le mix énergétique Californien.

Un contexte politique favorable

Le gouverneur Schwarzenegger peut célébrer dignement la défaite de la proposition qui aurait mis un coup d'arrêt à sa loi Assembly Bill 32 (AB32) contre le changement climatique. Cette loi AB32 constitue dorénavant plus qu'autre chose son testament politique, et elle a su s'attirer les attentions des électeurs de Californie.

Il faut dire que la proposition 23, qui imposait de stopper la mise en place d'AB32 tant que le chômage resterait en deçà de 5%, a été stoppée net dans son élan, tandis que Meg Whitman, qui proposait un moratoire d'un an sur l'entrée en vigueur d'AB32, n'a pas accédé au poste de Gouverneur malgré un investissement personnel de $150 millions dans sa campagne.

La proposition 23 avait fait scandale: son financement était couvert à hauteur de 90% par des entreprises liées à l'activité de raffinerie et d'exploitation pétrolières du Texas: Valero, Tesoro and Koch Industries entre autres. Finalement la proposition 23 a eu l'effet inverse de ce qu'espérait ses supporteurs: au lieu d'associer clairement AB32 avec des pertes d'emploi à venir, elle a au contraire permis l'émergence d'un lobby de l'économie verte: des entreprises emblématiques de la région ont clairement pris la défense d'AB32, à commencer par Google - dont les investissements dans les énergies renouvelables sont nombreux - et Khosla Ventures, un fond d'investissement qui se spécialise dans les technologies propres (Amyris, Stion, Seeo, Calera, etc...).Peu après, les entreprises actives dans ce secteur, comme SunRun et Applied Materials, ont clairement pris la défense d'AB32.

On a ainsi vu s'opérer un retour de bâton violent lorsque le financement du camp du "No on Prop23" a dépassé celui du "Yes on Prop23", grâce à l'aide de Bill Gates entre autres, et lorsque les actionnaires des entreprises texanes qui financent cette proposition ont demandé l'arrêt de ces pratiques pour ne pas dévaloriser le prix de leurs actions qui résulteraient de ces interventions dans la politique d'un autre état. C'est donc une double victoire [7] pour un gouverneur qui laisse derrière lui un bilan mitigé, mais qui a pu redorer son blason in-extremis. Le CARB devrait donc pouvoir bénéficier d'un contexte politique favorable pour la suite de l'implémentation du marché d'échange des droits d'émissions.

On rappellera ici qu'aux Etats-Unis, le seul marché actif, avec un prix du carbone, est le RGGI, auquel participent 10 états du Nord-Est. L'établissement d'un marché carbone national avait été inscrite dans la loi Waxmann-Markey, votée par la Chambre des Représentants fin 2009, mais le Sénat avait refusé de s'emparer du sujet. Il semble évident qu'au vu des résultats de l'élection du 2 novembre, la législation "climat" est désormais enterrée, au moins jusqu'au prochaines législatives (2012). La Californie, si elle réussit à mettre en oeuvre un véritables marché "à l'européenne" avec un prix plancher de $10/tonne, démontrera à nouveau qu'elle est, comme c'est souvent le cas, leader sur les politiques publiques environnementales.

Source :
- [1] California Air Resources Board Website www.arb.ca.gov
- [2] Assembly Bill 32 website www.arb.ca.gov/cc/ab32/ab32.htm
- [3] Eu Emission Trading Scheme website http://ec.europa.eu/clima/policies/ets/index_en.htm
- [4] Cap & Trade Website www.arb.ca.gov/regact/2010/capandtrade10/capandtrade10.htm
- [5] Cap and Trade, the California Way, NY Times, October 31, 2010
- [6] California Cap and Trade move forward on tough economy, GigaOm, November 1, 2010
- [7] Schwarzenegger Congratulates Giants, Bashes Prop 23, the Bay Citizen, November 1 2010

Rédacteur : Thomas Deschamps, science@consulfrance-sanfrancisco.org ; Marc Magaud, attache-envt.mst@ambafrance-us.org
Origine : BE Etats-Unis numéro 225 (5/11/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT



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Chine, 6 décembre 2010

>> Le four solaire chinois se place au troisième rang mondial

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65250.htm

Selon l'Agence Internationale de l'énergie (IEA), l'énergie solaire concentrée pourrait contribuer, en 2050, à plus de 10% de la production d'électricité mondiale, soit l'équivalent du solaire photovoltaïque.

Les ingénieurs du Solar Thermal Power Lab, de l'Institut de génie électrique de l'Académie chinoise des sciences (IEECAS, [1]), ont récemment installé un four solaire à Huianbao, dans la province du Ningxia. L'installation a permis, après trois années d'étude, de produire de l'hydrogène en utilisant l'énergie solaire. Ce four solaire est le troisième plus important au mondial en termes de puissance thermique, après le four d'Odeillo en France et celui de Parkent de l'Institut de Physique en Ouzbékistan.

Le principe utilisé est celui de la concentration des rayons du soleil par des miroirs réfléchissants. Le four solaire chinois est constitué de trois héliostats de 120m2 avec une rugosité de 1mm, d'un système de contrôle de suivi, d'un concentrateur parabolique de 300m2, auquel a été ajouté un système de production d'hydrogène. Les rayons solaires sont captés par une première série de miroirs situés sur une pente, les héliostats de 11m de long étant disposés en forme de triangle surélevés de 1,8m d'une rangée sur l'autre. Les rayons sont ensuite envoyés vers un concentrateur parabolique, situé à 3m au dessus du sol, de là ils convergent vers une cible. Les technologies solaires à concentration utilisent les rayons du soleil pour produire de l'électricité, de la vapeur, de l'hydrogène... Connecté à un réacteur de l'Université de Jiaotong à Xi'an, le système a pu produire de l'hydrogène.

Le four solaire serait capable, sur une base de 1.000W/m2, de produire 0,3 MW. Le condensateur de grande puissance est le premier de ce type en Chine, permettant de focaliser avec un maximum de 10MW/m2 au foyer. Le système atteint des températures supérieures à 3.000°C, ce qui permet aux équipes d'étudier le comportement d'échantillons à haute température (oxydation à haute température, corrosion sèche), sans aucune contamination par des combustibles ou autres.

Par comparaison, le four solaire d'Odeillo de 1 MW, qui dépend de l'Institut de science et de génie des matériaux et procédés du CNRS [2], est composé d'un miroir parabolique de 1830m2 éclairé par un champ de 63 héliostats mobiles d'une surface totale de 2835 m2. La température maximale pouvant être atteinte est de 3.800°C. Le four se situe non loin de Perpignan où s'est tenue l'édition 2010 du colloque SolarPACES en septembre dernier.

Pour en savoir plus, contacts :
- [1] IEECAS, http://english.iee.cas.cn , Le Solar Thermal Power Lab fait parti du Laboratoire International Associé (LIA) Sino-French Laboratory for Sustainable Energy LSE
- [2] PROMES, www.promes.cnrs.fr/TOUT-PUBLIC/Les-fours/lesfours1.htm
Source : Ministry of Science and Technology MOST : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/6cHDK

Rédacteur : Zoé Lombard, zoe.lombard@diplomatie.gouv.fr
Origine : BE Chine numéro 98 (6/12/2010) - Ambassade de France en Chine / ADIT

Chine, 6 décembre 2010

>> La plus grande centrale hydroélectrique de la région du Tibet en construction

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65251.htm

La fermeture du Fleuve Yarlung Zangbo, nom du célèbre fleuve Brahmapoutre dans sa partie chinoise, a marqué le début de la construction de la centrale hydroélectrique de Zangmu, dans la préfecture de Shannan dans la région du Tibet. La centrale est située sur le cours supérieur du fleuve Yarlung Zangbo, fleuve majeur partagé par la Chine, l'Inde et le Bangladesh qui prend sa source au Tibet. Le fleuve a creusé au Tibet d'impressionnantes gorges, sur plus de 500km de long avec une profondeur moyenne de 2 220 mètres. La centrale se situe à Zangmu, dans une gorge où le fleuve plonge de 2 500 mètres.

L'ouvrage, d'un investissement de 7,9 milliards de yuans (soit environ 893 millions d'euro) sera la première centrale hydroélectrique géante sur le plateau tibétain avec six turbines de 85 MW chacune. La première turbine devrait produire de l'électricité d'ici 2014. A terme, la capacité installée sera de 510 MW. Le projet, qui devra surpasser les contraintes technologiques liées au site, permettra d'alléger les pressions d'approvisionnement en électricité qui pèse sur la région centrale du Tibet. Le démarrage du projet a inévitablement suscité de vives réactions de la part des pays situés en aval, qui craignent les conséquences d'un tel projet sur les écosystèmes et leurs propres approvisionnements en eau.

Le 21 août 1910, les travaux de la première centrale hydroélectrique chinoise débutaient à Kunming dans la province de Yunnan sur le barrage de Shilong. A l'époque, la ligne de distribution électrique la plus avancée avait une longueur de 34 km et une tension de 23 kV.

Pour satisfaire des besoins en rapide augmentation en électricité et en eau, la Chine s'est ainsi engagée dans un vaste programme de construction de barrages, localisés principalement dans la partie occidentale, plus montagneuse, du pays. Aujourd'hui, la Chine possède plus de 45.000 barrages d'envergure différente et une puissance installée totale dépassant les 200 GW, ce qui place le pays au rang n°1. Elle possède le plus important potentiel hydraulique au monde, avec une puissance exploitable atteignant les 542 GW. Toutefois, le taux d'utilisation de l'énergie hydraulique en Chine représente actuellement environ 34%, soit un pourcentage nettement inférieur à celui des pays développés, qui est compris entre 60% et 70%.

Le Directeur de l'Administration nationale de l'énergie, Zhang Guobao, a annoncé que la capacité du système hydroélectrique pourrait atteindre 380 GW en 2020, contribuant à l'objectif des 15% d'énergie non fossile d'ici 2020. L'énergie hydraulique traditionnelle représenterait 330 GW et les centrales hydroélectriques à pompage-turbinage 50 GW.

Pour en savoir plus, contacts :
- A lire également BE Chine 93, 4/06/2010 "Au Tibet, le projet chinois du plus grand barrage hydroélectrique au monde" - www.bulletins-electroniques.com/actualites/63590.htm
- Experts cast doubt over benefits of hydropower, Global Times, 24/11/2010 -
http://china.globaltimes.cn/society/2010-11/596090.html
Source : China.org - www.china.org.cn/environment/2010-11/15/content_21347532.htm

Rédacteur : Zoé Lombard, zoe.lombard@diplomatie.gouv.fr, Wenjing Xu, wenjing.xu@diplomatie.gouv.fr
Origine : BE Chine numéro 98 (6/12/2010) - Ambassade de France en Chine / ADIT

Chine, 18 novembre 2010

>> Avancement de la plus grande ferme éolienne chinoise

www.bulletins-electroniques.com/actualites/65131.htm

La Chine a achevé la première étape de développement de la ferme éolienne de Jiuquan dans la région du Gansu, vouée à devenir la plus grande ferme du pays avec une capacité de 10GW. Les travaux de constructions ont débuté en août 2009 [1] et devraient s'achever en 2015. Plus de 3 500 turbines ont été érigées avec une capacité installée de 5,16 GW, a déclaré Wang Jianxin, le Directeur de la Commission de Développement et de Réforme de Jiuquan. Toutefois, la capacité réelle connectée au réseau est aujourd'hui de seulement 1,15 GW. La seconde phase du projet devrait permettre d'aboutir à une capacité de 7,55 GW.

Une ligne à haute tension de 750 kV relie ainsi sur 1 780 km la base de Jiuquan aux régions énergivores de l'est du Guansu. Le projet participera grandement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Li Jianhua, chef du parti communiste de Jiuquan, avance le chiffre de 16 millions de tonnes de dioxyde de carbone de réduction par an, lorsque que le projet sera totalement opérationnel.

La Chine prévoit de construire six autres fermes éoliennes de 10GW, avec l'ambition de porter à 281 milliards de kWh la production en 2020, contre 26,9 milliards de kWh en 2009. Selon le Conseil mondial de l'énergie éolienne [2], la capacité de production d'énergie éolienne en Chine devrait plus que quintupler dans les dix prochaines années. La Chine dispose en effet d'un fort potentiel à la fois en termes de ressources et de disponibilité de terres inhospitalières. Selon le gouvernement municipal de Jiuquan, la région pourrait théoriquement fournir en énergie éolienne la puissance de 150GW, dont 45GW pourrait être exploité sur le court terme. Toutefois, le bureau de l'information du gouvernement municipal affirme que le réseau actuel ne peut supporter une telle puissance. Le renforcement des réseaux d'acheminement d'électricité est ainsi défini comme une priorité du XIIème plan quinquennal. Des lignes haute tension (800kV) seront construites en 2015 pour accepter des puissances de plus de 5GW.

Pour en savoir plus, contacts :
- [1] Début de la construction de centrales éoliennes de 10 millions de kW, BE Chine 73, 20/07/2009, www.bulletins-electroniques.com/actualites/60043.htm
- [2] World Wind Energy Association, www.wwindea.org
- [3] Rapport 2010 rédigé par Global Wind Energy Council GWEC (www.gwec.net/index.php?id=169 ) et la Chinese Renewable Energy Industries Association CREIA (www.creia.net)
Source :
- ChinaDaily, 04/11/2010 - www.chinadaily.com.cn/bizchina/2010-11/04/content_11502951.htm
- Beijing Review - www.bjreview.com.cn/business/txt/2010-07/30/content_288106.htm
- WindPowermonthly, 19/07/2010 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/wUu8v

Rédacteur : Zoé Lombard, zoe.lombard@diplomatie.gouv.fr
Origine : BE Chine numéro 97 (18/11/2010) - Ambassade de France en Chine / ADIT


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Informations sélectionnées par Sylviane Tabarly,
avec l'aimable autorisation de l'ADIT et de
François Moille responsable de diffusion des BE


 

Mise à jour : 02-03-2011

 

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Pour citer cet article :  

« En archives : novembre et décembre 2010 », Géoconfluences, mars 2011.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/DevDur/DevdurAditArch17.htm