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Gouvernance urbaine

Publié le 01/12/2022
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Dans l'usage devenu le plus courant, le terme général de gouvernance se rapporte aux relations entre les dirigeants et les dirigés, notamment entre l'État et la société civile. Il désigne l'ensemble des processus et des institutions qui participent à la gestion politique d'une société. La gouvernance urbaine désigne particulièrement les modalités de prise de décision dans les agglomérations urbaines, principalement selon deux acceptions : l'acception performative (« la ville doit aller vers une meilleure gouvernance ») et l'acception critique (« les modalités de la gouvernance sont un impensé qui devrait être discuté pour éviter une dépossession des citoyens »). 

À l'échelle de la cité, de la métropole, géographes, économistes, sociologues et urbanistes nourrissent un débat autour de la notion de « gouvernance urbaine entrepreneuriale ». Pour certains, cette notion souligne l'importance croissante des formes de partenariat entre les collectivités locales et le secteur privé en lieu et place des formes de régulation étatiques traditionnelles ; différentes formes de partenariat public-privé tendent à s'imposer dans certaines villes et métropoles. Pour d'autres, l'affirmation des grandes cités ne signifie pas la relégation de l'État. Par ailleurs, les échelons administratifs des maillages intermédiaires (Régions en France, Länder en Allemagne, Junta des provinces espagnoles) peuvent entrer en concurrence avec les municipalités et restreindre leur autonomie. Il faut ajouter à cela la complexité des maillages décisionnels : toutes les agglomérations n'ont pas été comme Shanghai (municipalité la plus peuplée du monde) absorbées dans une municipalité dont les concours englobent même les périphéries rurales. Au contraire, à Paris, le pouvoir municipal est morcelé ; à Los Angeles, la municipalisation de certains quartiers de l'agglomération a aussi été un outil de groupes de pression locaux pour éviter la mixité sociale et raciale et défendre une approche nimby (Davis, 1990).

La gouvernance urbaine n'est pas dépourvue de liens avec la gouvernance internationale. Les institutions internationales, en promouvant une « bonne gouvernance » conditionnant l'attribution des aides au développement, imposent leur conception des « bonnes » pratiques de gouvernance. Ces injonctions s'exercent aussi à l'échelle infranationale, en particulier sur l'échelon métropolitain. Certains auteurs parlent alors de production d'une « ville néolibérale », lorsque les préceptes du néo-libéralisme sont appliqués verticalement aux choix d'aménagement urbain. À Lomé, la réalisation des injonctions des institutions internationales passe par des aménagements urbains qui contribuent à évincer une partie de la population, notamment les acteurs défavorisés du secteur informel contraint au déguerpissement (Gourland, 2017). À Istanbul, la collaboration entre la mairie et les institutions internationales et nationales aboutit à un morcellement de la décision et à des formes de privatisation de l'espace urbain (Fleury, 2010).

La ville intelligente a également fait l'objet d'une analyse critique montrant qu'en reposant sur des partenariats public-privé encouragés par les autorités étatiques, sa gouvernance peut accorder une importance insuffisante aux instances de décision urbaine et aux citoyens. Les villes intelligentes japonaises, encouragées par le METI et répliquées à travers le monde, notamment à Lyon, sans que leur rôle dans la fabrique urbaine ne soit remis en question (Leprêtre, 2017), peuvent illustrer cette critique. De ce fait, la ville intelligente devrait aussi, et ce n'est pas toujours le cas, être une ville où l'utilisation des TIC et de l'intelligence humaine aboutisse à une « gouvernance intelligente » (Meijer et Rodríguez Bolívar, 2016) reposant sur la démocratie locale. En présentant les villes intelligentes commes des « laboratoires » (Meijer et Meijer et Rodríguez Bolívar, 2016 ; Leprêtre, 2017), sous-entendu de la ville de demain, leurs promoteurs peuvent oublier que les villes sont aussi habitées par des citoyennes et des citoyens.

(La rédaction) novembre 2010 ; novembre 2017.


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