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Ville néolibérale, ville entrepreneuriale

Publié le 03/12/2025
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Voir aussi : néolibéralisme

Le concept de « ville néolibérale » (Hackworth, 2007) désigne la ville « entrepreneuriale », tournée vers l’attraction des ressources, des emplois, du capital, des innovations. À partir du tournant des années 1970-1980, la ville néolibérale orientée vers l’offre tend à remplacer la ville keynésienne orientée vers la demande. En France, le projet Euralille, inauguré en 1994, est considéré comme un tournant néolibéral de la production urbaine (Didelon, 2021). La ville néolibérale est plus généralement définie par l'application des préceptes économiques néolibéraux aux espaces urbains, notamment la financiarisation de l'économie, dont la crise des subprimes aux États-Unis est l'un des exemples emblématiques. Sa gouvernance repose massivement sur les grands projets et les partenariats public-privé dont la gestion est confiée à des agences spécialisées, souvent autonomes (Beye, 2025) en court-circuitant les fonctionnements administratifs traditionnels (agencification).

Le contexte de libéralisation des échanges marchands conduit à un durcissement de la concurrence interurbaine : les villes cherchent chacune à attirer entreprises et classes sociales privilégiées. En même temps, les politiques urbaines laissent une place croissante aux acteurs privés :

«

« La menace de pertes d’emplois, de désengagement et de fuite des capitaux, le caractère inévitable des restrictions budgétaires dans un environnement concurrentiel, marquent une nouvelle donne dans l’orientation des politiques urbaines, qui délaissent les questions d’équité et de justice sociale au profit de l’efficacité, de l’innovation et de la hausse des taux réels d’exploitation »

David Harvey (2010, p. 126).

»

Ces modifications se traduisent dans l’espace urbain par le renouveau des centres-villes, la reconversion/reconquête d’anciens espaces industriels. En concentrant les investissements dans quelques zones soigneusement sélectionnées, ces politiques urbaines participent à la fragmentation socio-spatiale des métropoles contemporaines.

Toutefois, d’un contexte national à l’autre, d’une ville à l’autre, des différences notables s’expriment dans le poids accordé par les politiques urbaines aux objectifs de compétitivité et à ceux d’équité et de justice spatiale.

(MCD et JBB) 2016. Dernière modification (JBB) : mai 2024, novembre 2025.


Références citées
  • BEYE Khalifa Ababacar (2025), « Diamniadio : un projet de ville nouvelle au service de l’émergence du Sénégal », Géoconfluences, décembre 2025.
  • Didelon Valéry (2021), La Déconstruction de la ville européenne. Euralille 1988-1995, Paris, Éditions de la Villette, 2021, 159 p.
  • Hackworth Jason (2006), The Neoliberal City. Governance, Ideology, and Development in American Urbanism, Cornell University Press, 2006.
  • Harvey David (2010), Géographie et capital.
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