Géopolitiques du riz dans Cahiers d’Outre-Mer
La dernière livraison des Cahiers d’Outre-Mer s’intéresse à la géopolitique du riz (no. 275, janvier-juin 2017). Cette approche peut être utile pour traiter des programmes comme « L’alimentation : comment nourrir une humanité en croissance démographique et aux besoins alimentaires accrus ? » (classe de cinquième) ou « L’alimentation » (programme d’entrée de l’ENS Ulm 2019).
L’introduction de Charlotte Torretti donne en première approche de nombreux éléments sur cette céréale. Elle est la plus cultivée au monde et, « à la différence du blé et du maïs, la seule à être presque exclusivement destinée à la consommation humaine » (p. 5). Elle est une céréale des « Suds », mais elle a bénéficié de transfert de technologie depuis les États-Unis vers le Mexique d’abord, puis l’Inde, débouchant sur la Révolution verte (p. 6). Celle-ci suppose des transformations majeures qui ont permis de nourrir des populations en forte croissance dans les sociétés rizicoles asiatiques pendant la guerre froide. À ce jour, « en Asie, où plus de 90 % de la production mondiale de riz est à la fois produite et consommée, la "Révolution verte" a permis également des gains de productivité sans précédent, faisant de certains pays asiatiques les principaux exportateurs mondiaux, et ce notamment vers l’Afrique subsaharienne qui importe la moitié de sa consommation en riz » (p. 10). La crise agricole et économique de 2008 et la prise de conscience de l’urgence environnementale n’ont pas fondamentalement changé les politiques publiques liées au riz dans les pays producteurs en Afrique ou en Asie : une politique d’intensification et de grands travaux hydrauliques pèse sur des écosystèmes fragilisés et n’ont même pas toujours les résultats escomptés en termes de rendements (p. 14).
Sommaire :
- Charlotte Torretti, Introduction à une géopolitique du riz [Texte intégral]
- Étienne Monin, Des rizicultures métropolitaines chinoises : logiques productives et recompositions spatiales dans les périphéries de Shanghai
- Xavier Aurégan, Les centres de démonstration agricoles chinois en Afrique : étude de cas en Côte d’Ivoire
- Pascal Rey et Marine Rétif, Le mythe de l’autosuffisance en riz en Guinée. Le paradoxe des politiques face aux stratégies locales
- Charlotte Torretti, Histoires de vie, trajectoire du riz : le cas ougandais
- Marie Redon et Raoul Petit-Bel, Réduire l’insécurité mais augmenter la vulnérabilité ? Assistance alimentaire et riziculture en Haïti
- Hernández Valeria, Serpe Paula et Spinoso Nahuel, Expansion du modèle agrobusiness dans la filière rizicole en Argentine : enjeux productifs, environnementaux et sociaux
- Michaël Bruckert, La plante et le territoire : conflits écologiques, économiques et patrimoniaux autour du riz de Camargue
- Sylvain Racaud et Bernard Calas, Entretien avec Eugénie Hébrard, Propos recueillis par Sylvain Racaud et Bernard Calas, février 2018
Pour compléter
Jean-Paul Charvet vient de publier (décembre 2018) la 3e édition de son Atlas de l'agriculture chez Autrement, avec le sous-titre : « mieux nourrir le monde ». Cartographie : Claire Levasseur.
Sommaire :
- Les défis du présent et du futur
- Facteurs d’évolution de la demande alimentaire
- L’accroissement de la production alimentaire
- Des échanges internationaux qui augmentent
- Agriculture et développement durable
- Politiques et actions
Sur la géographie du riz, dans Géoconfluences :
- François Durand-Dastès, « Les hautes densités démographiques de l'Inde », 2015.
- Éric Penot et Andriatsitohaina Rakotoarimanana, « Savoirs, pratiques, innovations et changement de paradigme de l'agriculture dans la région du lac Alaotra (Madagascar) », 2011.
- Hervé Théry, « Les dynamiques de l’agriculture brésilienne », 2009.
- Glossaire, révolution verte