Un rapport du CNRS sur les terres rares, complet et accessible
- Communiqué de presse : Vers une utilisation responsable des terres rares tout au long de leur cycle de vie : résultats de l’expertise scientifique du CNRS
- La synthèse de l’expertise consultable sur Calaméo (104 p., nombreuses illustrations) : Vers une utilisation responsable des terres rares tout au long de leur cycle de vie : quelles perspectives en termes de sobriété, recyclage et mode de production ?
Introduction du communiqué de presse
Souvent confondus avec les métaux rares, les terres rares ne sont pas rares et comptent parmi les métaux critiques sans s’y superposer. Les terres rares se retrouvent dans un vaste panel d’usages et d’enjeux stratégiques. Présentes dans nombre de dispositifs électroniques miniaturisés, nécessaires par exemple à l’imagerie médicale ou aux outils de l’industrie pour la fabrication d’une grande variété de produits, elles constituent également un maillon clé de la transition énergétique. Alors que 90 % de la capacité de raffinage de terres rares est aujourd’hui maîtrisée par la Chine, la France ne dispose d’aucun gisement dans son sous-sol qui soit exploitable à court terme. L’expertise collective a ainsi pris le parti d’analyser systématiquement la littérature scientifique en partant des usages et en questionnant la possibilité d’une utilisation responsable des terres rares, comme un potentiel pilier de la politique de sécurisation. Un prisme décliné sous trois aspects :
- Réduire l’utilisation des terres rares par leur substitution dans les matériaux ou par une sobriété d’usage des produits qui en contiennent,
- Recycler en exploitant la « mine urbaine » ((Les « mines urbaines » représentent les déchets des dispositifs électroniques, des éoliennes marines, etc. Elles sont au cœur de stratégies industrielles. Leur reconnaissance en tant qu’enjeu de souveraineté nationale pose la question de savoir si les mines urbaines peuvent être à la base d’une économie circulaire à grande échelle.)),
- Extraire autrement en passant par des procédés plus respectueux de l’environnement, des sources d’approvisionnement alternatives et une meilleure prise en compte de la dimension sociale de l’extraction.
Quelques extraits
1. Les éléments de terres rares (ETR) face aux idées reçues (page 13)
- Les ETR ne sont pas rares, ils sont abondants mais faiblement concentres dans la croûte terrestre.
- Les ETR ne sont pas des terres, ce sont des métaux répartis naturellement dans des minéraux.
- Les ETR ne sont pas uniquement utilisés dans les technologies de la transition environnementale.
- Les ETR ne sont pas radioactifs, mais sont naturellement associés à des éléments radioactifs (uranium).
- L'extraction des ETR n'est pas sans danger sur l'environnement, les impacts sont plus élevés que ceux des métaux de base.
- Certaines technologies de la transition énergétique consomment beaucoup d'ETR (éoliennes en mer), mais d'autres n'en utilisent pas du tout (certaines voitures électriques et éoliennes terrestres).
- Le recyclage des ETR est très peu pratiqué (< 1 %), il est complexe, parfois encore peu rentable et manque actuellement d'une chaîne de valorisation.
- La quantité d’ETR extraits par an est très faible, comparée aux autres métaux (0,007 % des métaux extraits sont des ETR).
- Les réserves mondiales d'ETR sont conséquentes, mais leur accessibilité et leur rentabilité varient en fonction des avancées technologiques et des enjeux géopolitiques.
2. Les usages des terres rares : omniprésentes au quotidien (page 15)

Source : D'après Vaughan et al., 2023 et Alonso et al., 2023. Extrait de : CNRS, Vers une utilisation responsable des terres rares tout au long de leur cycle de vie : quelles perspectives en termes de sobriété, recyclage et mode de production ?, synthèse de l’expertise scientifique collective, 2025, page 15, modifié par Géoconfluences (décembre 2025).
3. Le recyclage des terres rares
On apprend (page 50), qu’il faut traiter deux millions de téléphones (ou un million d’ordinateurs, ou 300 000 lave-linge) pour obtenir la même quantité de terres rares qu’en recyclant une seule éolienne en mer. Les téléphones, en particulier, sont difficiles à recycler car ils contiennent beaucoup d’éléments différents en toutes petites quantités. Seul un téléphone sur 10 est recyclé, sur 16 milliards d’appareils en circulation avec une durée de vie moyenne de trois ans. La difficulté et le coût du recyclage limitent pour l’instant la mise en place d’une filière industrielle (p. 51).
4. Quelques exemples locaux
- En Chine, 22 à 25 % du volume de l’extraction de terres rares provient de mines illégales, avec d’importants risques de corruption, travail des enfants et catastrophes environnementales (p. 73).
- Au Portugal, les entreprises et les autorités pro-mine tentent de gagner l’acceptation des communautés locales « en employant des techniques de guerre sociale et de colonisation infrastructurelle » pour une mine de lithium (p. 74).
- Au Groenland, l’exploitation de la montagne Kuannersuit par l’entreprise australienne Greenland Minerals Ltd, se fait en dépit les protestations de la population locale (p. 76)
Dans la presse
- Julien Gouesmat, « Recyclage, substitution, gisements alternatifs : les solutions du CNRS pour les terres rares », La Tribune, 14 novembre 2025.
- Marianne Enault, « Téléphones, éoliennes, voitures… le casse-tête des terres rares dans nos objets du quotidien », TF1, 15 novembre 2025.



Mode zen



