La France des marges en littérature
Sur le modèle de la rubrique « Les auteurs ont lu, ont vu et vous conseillent... », que nous avons publié dans le récent dossier consacré aux dynamiques régionales en Afrique, Samuel Depraz, maître de conférences à l'université Lyon 3 Jean Moulin, nous propose un tour d'horizon non exhaustif de la France des marges (thème inscrit au programme des concours de recrutement de l'enseignement) en littérature. La géographie s'intéresse depuis longtemps à ce que la littérature nous dit de l'espace, et cela peut s'avérer une entrée pertinente pour appréhender le sujet. La notion de marge ne renvoie-t-elle pas implicitement à la pratique de l'écriture et de la lecture ? On peut commencer par une analyse très superficielle des couvertures choisies par les éditeurs qui montrent une France uniforme ou délabrée, et surtout sans habitants (à l'exception d'une personne vue de dos sur la couverture du roman de François Maspéro). La France des marges, une France sans visage ? |
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Olivier Adam, Les Lisières, éd. Flammarion, 2012. Une œuvre aux échos autobiographiques sur la banlieue endormie, tenue par l’ennui, faisant écho à l’angoisse et la fuite de soi-même. |
Jean-Christophe Bailly, Le Dépaysement. Voyages en France, éd. Le Seuil, 2011. Un essai tantôt positif, tantôt corrosif sur l’identité des lieux et les références culturelles ou personnelles qu’ils inspirent à l’auteur. |
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Bruce Bégout, Suburbia, éd. Inculte, 2013. Un essai sur la dissolution de la ville dans l’éclatement des banlieues. Propos à tonalité philosophique sur la centralité, et la forme des villes. |
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François Bon, Paysage fer, éd. Verdier, 2000. Une description de la répétition subjective des paysages depuis le train sur le trajet Paris-Nancy, qui questionne l’héritage industriel, le survol des formes urbaines et l’esthétique du déclin. |
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Éric Chauvier, Contre Télérama, éd. Allia, 2011. Un court essai, personnel mais décalé, sur la perception de la vie périurbaine au quotidien, par petites touches et mots-clés : « espace », « lumière », « rue », « bienséance », « laideur », qui montre l’ambiguïté d’un refus de toute condamnation de cette « France moche », de tout jugement de classe, tout en reconnaissant implicitement la solitude ou l’ennui des habitants. |
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Éric Dupin, Voyages en France. La fatigue de la modernité, éd. du Seuil, 2011. Un écrit construit à partir de 17 voyages dans la « France inverse », dans les marges du territoire avec une nette distance critique vis-à-vis de la ville, de son stress et de ses modes de vie accélérés. Un plaidoyer également sur la diversité des paysages, des héritages patrimoniaux ou culinaires, des choix de vie alternatifs face au nivellement des productions paysagères urbaines ou périurbaines. |
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Isabelle Hoarau, Réunionnisme, Errances, éd. Orphie, 2015. Des contes qui révèlent à la fois l'hybridité et la violence de l'identité insulaire réunionnaise. | |
Jean-Paul Kauffmann, Remonter la Marne, Fayard, 2014. Comme un explorateur, le romancier a remonté la Marne du confluent avec la Seine jusqu'à sa source, et son récit est celui d'une plongée dans une France insoupçonnée et presque d'une aventure anthropologique au pays du silence. Suggéré par une lectrice du site. | |
Marie-Hélène Lafon, Les derniers Indiens, Buchet Chastel, 2008. Dans le parc naturel régional des volcans d'Auvergne, un frère et une soeur vieillissent, presque assiégés dans leur maison vétuste. Il assistent à la fin de leur monde, tout en enviant en silence la modernité tapageuse de leurs nouveaux voisins. La disparition de la paysannerie dans une marge rurale est racontée sans outrance. Conseillé par Géoconfluences. | |
François Maspéro, Les passagers du Roissy Express, éd. du Seuil, 1990. Un transect périurbain depuis Roissy vers le sud-ouest parisien, le long du RER B jusqu’à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Une série d’impressions visuelles et littéraires. |
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Jacques Réda, Beauté suburbaine, éd. Fanlac, 1985. Sur l’esthétique des terrains vagues et des friches usinières, oscillant entre dégradation et surgissements visuels dans le contexte périurbain. |
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Jacques Réda, Hors les murs, éd. Gallimard, 1982. Les poésies sur la banlieue puis vers le rural périurbain d’un « écrivain déambulateur » autour de figures indéterminées de la ville, de la ruine ou des espaces vagues, en cheminant avec lenteur pour saisir les ambiances des lieux. |
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Jean Rolin, La Clôture, éd. P.O.L., 2001. Décrit l’avenue du Maréchal Ney et un « morceau d'horreur urbaine », à travers des trajectoires personnelles de personnes à l’abandon. |
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Jean Rolin, Zones, éd. Gallimard, 1995. Une déambulation dans les banlieues, au milieu de figures de petites gens jouant au loto ou des beurs de banlieue face à la banalisation des paysages urbanisés, de la Défense aux banlieues anonymes. Une description des lieux de transit, des zones de grisaille ou de fêtes imposées (musique, voisins) avec les lassitudes que cela entraîne. Un aperçu des figures de « grands vaincus », des personnes en marge ou « zonards », presque inconsistantes dans le désert social des banlieues. |
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Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs, Gallimard, Collection Blanche, 2016. Inspiré en partie du rapport sénatorial d'Alain Bertrand de 2014 sur l'hyper-ruralité, cet ouvrage a donné lieu à une recension d'Antoine Vermauwt sur les Cafés géographiques en février 2017. | |
Philippe Vasset, Un livre blanc, éd. Fayard, 2007. L’auteur débute son propos à partir des « blancs » de la carte topographique est-parisienne (2314 OT) pour identifier ce qu’’il y a dedans. Au fil du texte, le propos glisse vers un questionnement sur ces territoires du provisoire, et sur la manière dont on cache ce qui semble abandonné, honteux ou inacceptable. |