Déguerpissement
Déguerpir, dans son sens premier, signifie abandonner quelque chose ou renoncer à la possession de quelque chose. Dans son sens moderne, intransitif, le verbe signifie « abandonner un lieu en se sauvant par crainte ». En Afrique subsaharienne, il est également transitif dans le sens de « expulser par décision administrative (d’un logement, d’un quartier, de la voie publique) » (Rey, 2010). On peut donc « être déguerpi » d’un endroit.
Dans son sens actuel, d’expulsion « collective et contrainte d’individus qui ne possèdent pas de droits reconnus sur les parcelles qu’ils occupent », le terme a une origine coloniale (Spire, Blot), et il est utilisé par les administrations publiques des pays du « Sud » francophones. Le phénomène implique nécessairement une dimension coercitive et donc, dans de nombreux cas, l’usage de la force, notamment de la part des pouvoirs publics (étatiques ou municipaux par exemple).
Le déguerpissement peut être lié, mais pas exclusivement, à la destruction des quartiers d’habitat informel, aux politiques d’aménagement urbain, ou aux opérations de rénovation éventuellement destinées à améliorer l’image de la ville ou du quartier. Le déguerpissement, selon les recommandations de la Banque Mondiale, devrait être accompagné d’une réinstallation aidée par les pouvoirs publics (Gourland, 2016). Dans les faits, ce n’est pas toujours le cas.
Pour compléter :
- Gourland Natacha, « Vendre ou courir, il faut choisir : Déguerpissements et réinstallations des commerçants de rue à Lomé », Géoconfluences, 2016, mis en ligne le 2 décembre 2016.
- Rey Alain, Dictionnaire historique de la langue française, éditions Le Robert, 2010, quatrième édition.
- Spire Amandine, Blot Julie, « Déguerpissement », Hypergéo, consulté en septembre 2016.
- Dans le glossaire de Géoconfluences : justice spatiale / ville néolibérale
Mise à jour : septembre 2016