Villes globales, villes mondiales
L’expression « villes mondiales » désigne les métropoles se situant au niveau supérieur de la hiérarchie urbaine à l'échelle mondiale. Popularisée par la sociologue et économiste américaine Saskia Sassen sous la forme global cities (1991), et en français dans sa traduction « villes mondiales », ou parfois « villes globales », l'expression renvoie alors aux métropoles capables de commander l'économie mondiale. Elles sont les lieux où se concentrent les pouvoirs centraux des entreprises et de l'économie mondiale et leur émergence résulte d'une dynamique double et contradictoire de :
- dispersion (délocalisations-relocalisations des activités de production de biens),
- centralisation des fonctions de coordination, de prévision et de gestion mondialisées. Ainsi, plus l'économie s'internationalise et plus les fonctions de contrôle des grandes firmes s'agglomèrent dans un petit nombre de sites.
Au regard des critères de Saskia Sassen, il n'y avait que trois villes globales : Tokyo, Londres et New York. Les autres grandes métropoles mondiales ne seraient « globales » qu'à des échelles régionales. Cette classification a largement évolué depuis avec la montée en puissance des grandes métropoles des pays émergents. Les géographes et les économistes ont alors multiplié les critères et les classements pour établir une liste de villes mondiales, et l'expression ne désigne plus un absolu mais un degré d'insertion dans la mondialisation, fondé principalement sur des critères économiques. Anne Bretagnolle a dressé une liste de ces classements. Si on les compile pour relever les villes les plus fréquemment citées, on aboutit à la liste suivante :
Source : Compilation de dix classements, chacun ayant ses propres indicateurs (source). Seules les villes citées au moins trois fois sont indiquées. |
La plupart des indicateurs sur lesquels se fonde ce tableau commencent déjà à dater et cette liste doit donc fortement évoluer au gré des classements.
Pour certains géographes comme Cynthia Ghorra-Gobin (2007), le terme de « villes globales » renvoie de préférence à la mesure économique du commandement mondial, tandis que celui de « ville mondiale » évoque des aspects historiques et culturels. La recherche en langue anglaise a également intégré la double dénomination (global city et world city). Le groupe de travail sur les villes mondiales du département de géographie de l'université de Loughborough les appelle world/global city. Son but est d'intégrer davantage les relations entre villes dans l'étude des villes mondiales. Il fournit tous les deux ou quatre ans un classement des villes mondiales, ainsi en 2000, 2004, 2008, 2010, 2012, 2016, 2018 et 2020. Le classement 2022 n'était pas publié à la date du 16 janvier 2023. Voici le début du classement de 2020 :
Source : Globalization and World Cities (GaWC Research Network), Loughborough University, 2020. |
Le Global City Power Index, proposé par un groupe de chercheurs internationaux financés par une fondation japonaise, donne un autre classement en précisant dans son rapport annuel l'ensemble des 70 indicateurs choisis.
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(Coll.), nombreuses mises à jour. Dernières mises à jour (LF et JBB), février 2021, (JBB) janvier 2023.
Pour compléter
- Rapport du Global city power index, 2019.
- Le groupe GaWC (Globalization and World Cities) du département de géographie de l'université de Loughborough (en anglais).
- Brève « Les villes mondiales en compétition ? », Géoconfluences, 2014.
- Anne Bretagnolle, « La ville mondiale : une histoire de représentations », Questions Internationales, Dossier « Les villes mondiales », n° 60, mars-avril, La Documentation Française, 2013, p. 8-20.
- Cynthia Ghorra-Gobin, « Mondialisation et globalisation », Géoconfluences, décembre 2017.
- Raphaël Languillon-Aussel, « Tokyo, ville globale olympique : de l’échec du projet de 2016 au succès de la candidature de 2020 », Géoconfluences, octobre 2017.
- Rémi Scoccimarro, « Naissance d’une skyline : la verticalisation du front de mer de Tokyo et ses implications sociodémographiques », Géoconfluences, octobre 2017.
- Laure Semple, Le mégaprojet du Dubai Water Canal : fabrique d’une ville mondiale à travers la construction d’un réseau touristique, Géoconfluences, 2017.
- Hervé Théry, « Portrait de São Paulo (1) : une capitale du Brésil ? », et « Portrait de São Paulo (2) : contrastes, problèmes, défis », Géoconfluences, novembre 2016.
- Aurélie Delage, « Le Bronx, des flammes aux fleurs : combattre les inégalités socio-spatiales et environnementales au cœur de la ville globale ? », Géoconfluences, janvier 2016.