NIMBY (Not In My BackYard - pas près de chez moi)
NIMBY est un acronyme tiré de l'anglais traduit par « pas dans mon arrière-cour » ou « pas dans mon jardin » ou « surtout pas chez moi ». Le syndrome NIMBY désigne l'attitude qui consiste à approuver un projet pourvu qu'il se fasse ailleurs, ou à refuser un projet à proximité de son lieu de résidence. La commission d'enrichissement de la langue française du ministère de la Culture suggère comme traduction NAPI (« Non Au Projet Ici »).
D'après Rémy Vigneron (2018), c'est le géographe étasunien Mike Davis qui a popularisé le terme dans son ouvrage City of quartz : Los Angeles, capitale du futur (1990), dans lequel il décrit la municipalisation des quartiers de l'agglomération comme moyen pour les communautés locales (au sens nord-américain de communities) de s'organiser contre tout ce qu'elles considèrent comme une nuisance, y compris dans une optique raciale.
L'expression a eu un tel succès qu'elle a inspiré des dérivés tels que le NIMEY : Not In My Election Year (pas dans mon année électorale !) qui consiste en un rejet par la classe politique locale de la réalisation d’un projet controversé durant une année électorale. Le syndrome BANANA (Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anything : ne construisez absolument rien, nulle part, à proximité de rien) est plus radical et est employé le plus souvent pour critiquer l'opposition de certains groupes de pression à tout aménagement. Nimby a aussi inspiré d'autres acronymes opposés comme Yimby (Yes In My Back Yard) ou Bimby : Build In My Back Yard, un mode opératoire d'urbanisme promouvant la densification résidentielle.
Le terme NIMBY ou nimbysme, à connotation péjorative, doit être utilisé avec précaution : toute protestation locale contre des projets exogènes ne peut être assimilée à du nimbysme. Annaig Oiry (2018) a ainsi montré que les protestations locales contre les projets de production énergétique marine renouvelable (éoliennes, hydroliennes...) s'appuient également sur des préoccupations d'ordre environnemental, économique et social, à d'autres échelles que l'échelle locale. Ainsi, Léa Sébastien constatait déjà en 2013, à propos d'une opposition à une décharge, que « le nimby est mort » et proposait d'insister sur des formes de « résistance éclairée » (Sébastien, 2013), insistant sur la capacité des opposants à mobiliser des expertises scientifiques et des arguments d'intérêt général. Plus que du NIMBY, la plupart des conflits environnementaux relèvent d'une approche NINA : « Ni Ici Ni Ailleurs ».
(MCD) 2014 ; modifié (JBB) 2018, 2021, (SC et CB) octobre 2022, (JBB) juillet 2023, février 2025.
Références citées
- Oiry Annaig (2018), « Développer les énergies marines renouvelables sur la façade atlantique française : entre contestation et planification », Géoconfluences, novembre 2018.
- Sébastien Léa (2013), « Le nimby est mort. Vive la résistance éclairée : le cas de l'opposition à un projet de décharge, Essonne, France ». Sociologies pratiques, n° 27(2), 145–165.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Jacques Guillaume, 2014. « Le potentiel énergétique de l'océan mondial entre contraintes d'exploitation et enjeux de territorialisation », Géoconfluences, juillet 2014.
- Jean Renard, Cécile Rialland-Juin, Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : les rebonds d’un aménagement conflictuel, Géoconfluences, 2013
- Raymond Woessner, La grande vitesse ferroviaire en Europe, Géoconfluences, 2014