Zone grise
La zone grise est un espace de dérégulation sociale, de nature politique ou socio-économique, échappant au contrôle de l’État (Minassian, 2011). Notion utilisée notamment en géopolitique, la zone grise permet de caractériser un espace dont le contrôle est aux mains de groupes alternatifs et dans lequel tend parfois à se développer une économie parallèle. Amaël Cattaruzza rappelle que l'ambiguïté des zones grises s'insère dans une stratégie géopolitique des acteurs : elles ne sont pas hors du système interétatique, elles en font au contraire pleinement partie (Cattaruzza, 2012).
La zone grise se traduit par une certaine indépendance politique ou économique vis-à-vis de l’État central, parfois qualifié d’État failli, et est souvent associée à l’idée d’insécurité puisque difficile à contrôler. Une zone grise ne l’est que du point de vue de l’autorité centrale qui peine à la contrôler, (et à la cartographier, d’où son nom) : elle ne saurait l’être du point de vue de ceux qui la vivent et la pratiquent de l’intérieur.
Les exemples de zones grises sont nombreux, la notion recouvrant aussi bien le cas des régions sécessionnistes, des zones de piraterie, que des zones de conflits (guerre du Mali par exemple).
(LF et JBB), novembre 2020. Dernire modification : novembre 2022.
Références citées
- Cattaruzza Amaël (2012), « "Zones grises" », interstices durables de la carte politique ? Relecture critique d'un concept géopolitique », Bulletin de l'Association de géographes français, 89e année, 2012. « Risques et conflits », sous la direction de Roland Pourtier et Stéphane Rosière, p. 104-120.
- Minassian Gaïdz (2011). Zones grises, quand les États perdent le contrôle, Autrement, 2011, 208 p.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Thomas Merle, « Notions en débat. État failli, État de facto, quasi-État », Géoconfluences, novembre 2022.
- Armelle Choplin et Olivier Pliez, « Un Sahara, des Sahara-s. Lumières sur un espace déclaré "zone grise" », Géoconfluences, 2013.