Diaspora
Le terme de diaspora vient du verbe grec speirein (semer) ou plus précisément du verbe composé diaspeirein (disséminer) et indique la dispersion d'une population. Longtemps appliqué seulement à la diaspora juive, le terme ne s’étend à d’autres diasporas qu’à partir des années 1960 et n’entre dans les dictionnaires que dans les années 1980.
Selon Michel Bruneau (2011), le terme « diaspora » désigne un phénomène migratoire et transnational répondant à quatre principaux critères :
- Une population dispersée sous la contrainte dans plusieurs lieux ou territoires non immédiatement voisins de celui d’origine.
- Des territoires de destination choisis en raison de la constitution de chaînes migratoires qui relient les migrants à ceux qui sont déjà installés dans les pays d’accueil.
- Une population s’intégrant dans les pays d’accueil sans s’assimiler, c’est-à-dire conservant une conscience identitaire liée à la mémoire de la société et du territoire d’origine.
- Des groupes dispersés qui conservent et développent entre eux et avec la société d’origine (lorsqu’elle existe encore), des échanges matériels et immatériels organisés en réseaux (personnes, biens, informations, capitaux, etc.).
La durée est indispensable pour prouver la résistance à l’assimilation des migrants. Après avoir reculé aux XIXe et XXe siècles face aux progrès des nationalismes, les diasporas connaissent un renouveau qui s’explique par plusieurs facteurs : l’essor des mobilités, en particulier circulatoires, le développement des réseaux mondialisés, en particulier les réseaux de télécommunication et internet, l’affaiblissement des capacités intégratrices des sociétés nationales, les réactions identitaires face à la mondialisation culturelle. Cet essor du fait diasporique a contribué à une diversification des peuples concernés, au point que certains géographes préfèrent parler de quasi-diaspora pour les nationalités présentes dans plusieurs pays et qui tissent des relations transnationales puissantes entre leurs membres : il s’agit par exemple de la communauté turque présente en Europe, principalement en Allemagne, ou encore des Marocains, présents en France, Espagne ou Italie
Les diasporas asiatiques (chinoise, indienne) occupent une part croissante des diasporas mondiales tout en représentant une faible part de la population d’origine.
(MCD) septembre 2015, dernière modification (SB et CB) novembre 2024.
Référence citée
- Michel Bruneau, « Phénomène diasporique, transnationalisme, lieux et territoires », CERISCOPE Frontières, 2011.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Pierre-Yves Trouillet, « Les populations d'origine indienne hors de l'Inde : fabrique et enjeux d'une "diaspora" », 2015