Enrésinement

L’enrésinement peut désigner 1) la plantation en résineux et en conifères de parcelles qui étaient plantées d’autres végétaux et 2) l’augmentation de la proportion des résineux dans le boisement, au détriment des feuillus. Il peut s’agir d’une politique volontariste : en France, à partir du XVIII^e siècle, l’État a encouragé le boisement en résineux, d’abord pour les besoins de l’industrie et de la construction, notamment navale puis ferroviaire, ensuite comme moyen efficace de limiter l’érosion des pentes, lors des phases de reboisement du territoire (par exemple la politique de restauration des terrains de montagne). Le résultat est la transformation radicale des paysages et des environnements de régions entières, comme dans le cas des Landes de Gascogne sous le Second empire, avec une mise au pas des acteurs locaux : Julien Aldhuy (2010) va jusqu’à parler de « colonisation intérieure ».

L’enrésinement a fait l’objet, notamment à partir des années 1970, d’une critique intense étudiée par la thèse de Vincent Moriniaux (1999). Les résineux symbolisaient tout à la fois le recul des usages communs de la forêt par les communautés villageoises, l’accaparement par l’État dans une vision techniciste et verticale, et la fermeture des paysages. Les plantations de sapin de Noël ont aussi été accusées de contribuer à l’enrésinement, et cela a effectivement été le cas notamment dans le Morvan, lorsqu’une crise du secteur a entraîné l’abandon des parcelles plantées et que les arbres qui auraient dû être récoltés ont été laissés sur pied (Baysse-Lainé et Bernard, 2024).

(JBB), octobre 2024.

Références citées

• Aldhuy Julien (2010), « La transformation des Landes de Gascogne (xviii^e–xix^e), de la mise en valeur comme colonisation intérieure ? », Confins [En ligne], 8 | 2010.
• Baysse-Lainé Adrien et Bernard Mathilde (2024), à paraître dans Géoconfluences
• Moriniaux, Vincent (1999). Les Français face à l’enrésinement : XVI^e-XX^e siècle, thèse de doctorat, Université Paris 4.