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Étranger proche de la Russie et Communauté des États indépendants (CEI)

Publié le 16/05/2022
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La Russie, en tant qu'"héritière unique de l'URSS", considère que l'ensemble des pays de l'ex-URSS constitue une "sphère d'intérêt vital". Sous quelle forme redéfinir alors leurs relations mutuelles ?

Dans les toutes premières années qui ont suivi la dislocation de l'URSS, la Russie a défini ses relations avec "l'étranger proche" (blijnéié zaroubiéjé) comme l'une des priorités de sa politique étrangère. Ce terme d'"étranger proche" est utilisé en Russie pour désigner les quatorze autres ex-républiques soviétiques.  En raison de l'ancienneté de leurs liens socio-culturels et économiques, la Russie considère qu'elle y a des intérêts permanents et les autorités se déclarent particulièrement concernées par le sort des populations russes et russophones de ces anciennes républiques.

Concrètement, l'"étranger proche", ce sont essentiellement les pays de la Communauté des États indépendants (CEI), structure créée dès 1991 pour rassembler les anciennes entités de l'URSS devenues indépendantes. De leur côté, les trois pays baltes ont, dès l'origine, rompu les liens pour se tourner vers l'OTAN et l'UE. La CEI compte donc aujourd'hui douze pays répartis, outre la Russie, en trois sous-ensembles : à l'ouest, la Belarus, l'Ukraine et la Moldavie, les trois pays du Caucase - Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie - et les cinq États d'Asie centrale : Turkménistan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Kirghizstan. La CEI forme un ensemble d'environ 280 millions d'habitants, dont environ seize millions de Russes (appelés parfois "pieds rouges" en France, en Russie on parle plutôt de "compatriotes") qui résideraient dans les onze autres pays membres de la CEI.

La CEI a pour objectif affiché d'encourager l'intégration économique, politique et militaire entre ses membres. Mais ces pays ne forment pas un ensemble homogène et la CEI elle-même constitue un cadre très lâche, une organisation faiblement structurée, à géométrie variable selon que l'on traite de sécurité ou d'économie et qui ne comporte pas de dispositifs contraignants. Grâce aux sommets de chefs d'État et autres réunions, elle offre un cadre utile à la résolution de certains problèmes bilatéraux bien que les relations restent complexes et souvent tendues, au bord de la rupture parfois avec des pays comme la Géorgie et l'Ukraine.

La Russie a signé une série de traités bi- et multi-latéraux avec plusieurs des États de la CEI, initiant un système de défense et de sécurité collective au terme duquel elle entretient plusieurs bases militaires, assure des missions collectives. Moscou a réussi à transformer ce système en une véritable organisation de défense avec la création en 2002 de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective ( OTSC) qui rassemble, autour de la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan et se veut une sorte d’OTAN eurasiatique. Á l’inverse, les États du GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie) cherchent à profiter des propositions alternatives de l'OTAN ou des États-Unis pour renforcer leur souveraineté. Suite au conflit d’août 2008, la Géorgie a décidé de quitter la CEI, mais le concept d'"étranger proche" continue d'exercer une influence sur ses relations avec la Russie, notamment pour ce qui concerne la situation des régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.

La Communauté économique eurasiatique, qui inclut les mêmes États que l’OTSC (à l’exception de l’Ouzbékistan et de l’Arménie), met en place un "Espace économique commun" avec une élimination progressive des barrières douanières. Enfin, les relations entre la Biélorussie et la Fédération de Russie constituent une exception. Ces deux pays ont institué en 1996 une communauté qui est devenue, en 1997, l'"Union russo-biélorusse". Ce partenariat russo-biélorusse qui vise à la formation d’un État confédéral, connaît d’importantes tensions depuis que la Russie remet en cause les préférences économiques accordées à Minsk, qui de son côté, tente de résister aux demandes de compensations formulées par Moscou synonymes de perte définitive de souveraineté.

D'une manière générale, les relations avec l' "étranger proche" oscillent entre poussées nostalgiques de l'empire et réalisme politique. L'administration Poutine parait parfois s'efforcer de développer une politique de bon voisinage avec cette périphérie, en faisant preuve d'un certain pragmatisme. Mais les relations sont loin d'être stabilisées. Par ailleurs, une véritable bataille économique et géostratégique est engagée autour de la redéfinition et de la maîtrise des réseaux de transport et d'approvisionnement énergétique car la Russie cherche à profiter de l'atout de ses ressources pour imposer une domination économique et financière à sa périphérie.

(ST) septembre 2007.


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