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Expertise scientifique

Publié le 20/09/2024
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La notion d’expertise scientifique peut être définie comme « la production de connaissances intégrée à des processus de prise de décision de différentes natures (politique, économique, judiciaire, etc.) [et qui] tire sa légitimité de celle de la science » (Maxime et Arnold, 2012). L’expertise scientifique est utilisée en géographie dans plusieurs domaines précis : étude des risques, géographie de la santé, aménagement des territoires, urbanisme… Elle relève donc d’« experts » (éthymologiquement, du latin expertus, « celui qui a fait ses preuves ») et suppose une interdisciplinarité et la mobilisation de connaissances d’autres disciplines.

La réflexion et la prise de décision concernant les conditions d'application du principe de précaution, l'appréciation de l'incertitude, impliquent nécessairement le recours à des expertises scientifiques. Ces expertises produisent des connaissances au service de la décision et de l'action. Mais on peut légitimement s'interroger sur la manière dont elles sont conduites, dans une société donnée, sur un sujet, à un moment donné. En situation de gestion de crise (accident ou catastrophe), décideurs et médias également font largement appel aux experts, pour aider à la prise de décision pour les uns, pour cautionner leurs discours et annonces pour les autres. Tout concourt donc à une utilisation croissante des experts, par ailleurs alimentée par la possible inculture scientifique des citoyens et des médias, par la complexité des systèmes en jeu, par la sophistication des techniques.

La découverte de catastrophes sanitaires ou environnementales, longtemps après que leurs risques potentiels aient pourtant été identifiés scientifiquement (amiante, chlordécone, épizooties, polluants éternels…), conduit à réinterroger les rapports entre la science et la décision publique et à poser la question de l'indépendance des experts à l'égard de certains lobbies. Elles ont introduit le doute quant à l'indépendance des comités d'experts vis-à-vis des tutelles administratives et des pouvoirs économiques. L’analyse du risque est souvent sous-évaluée lorsque des intérêts économiques sont en jeu. Thomas Le Roux (2023) parle même d’une « impuissance de l’État » face au risque industriel, tant les procédures et les normes sont favorables à la poursuite de l’activité industrielle plutôt qu’à l’évaluation extérieure et objective de ses conséquences sanitaires et environnementales.

« Depuis 1810, première législation mondiale sur les pollutions, décrétée en régime impérial autoritaire, tous les règlements sont conçus pour protéger les industriels, sécuriser leur capital productif et leur éviter des poursuites en justice pénale en les mettant sous la surveillance d’une administration bienveillante. »

(ST) 2005, partiellement réécrit (JBB, SB et CB) en septembre 2024.


Références citées
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