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Ranch, ranching

Publié le 10/10/2024
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Le ranch est une exploitation d’élevage (généralement bovin, autrefois également équin) extensif caractéristique de ce qu’on appelait autrefois les « pays neufs », c’est-à-dire dont le peuplement autochtone a été presque entièrement remplacé par la colonisation. Le mot, d’origine française et passé à l’anglais par l’intermédiaire de l’espagnol « rancho », est attesté sous cette forme en français depuis 1862 (CNRTL). Le ranching est le système agraire dominé par ce type d’exploitation, que l’on retrouve principalement dans l’Ouest des États-Unis, au Mexique, dans la pampa argentine et en Australie.

Le ranching est indissociable du processus historique d’accaparement des terres lié à la colonisation. Il permet la mise en valeur de surfaces très vastes, peu productives pour l’agriculture, par une population très peu nombreuse. L’absence de clôtures permet aux animaux de trouver leur nourriture seuls, réduit la possibilité de contrôle, augmente le risque de conflits et contraint finalement l’État et l’armée à intervenir pour faire appliquer la loi du plus fort et repousser plus loin les populations jugées indésirables, notamment les autochtones. Le rôle historique du ranching dans la construction du territoire américain s'est incarné dans le personnage du cow-boy (garçon vacher), véhiculé par le cinéma hollywoodien dans une version romancée, idéalisée et blanchie (un cinquième à un quart des cow-boys étaient afro-américains).

En raison de la concurrence agricole mondiale, on assiste aujourd’hui, aux États-Unis notamment, à une crise du ranch, étudiée par exemple dans le Montana par Gabrielle Saumon (2019, 2024). Menacé d’émiettement parcellaire, le ranch, objet à forte valeur culturelle, fait l’objet d’une grande attention par les pouvoirs publics, avec notamment la mise en place d’un outil juridique visant à préserver l’intégrité parcellaire : le conservation easement, un accord peu contraignant pour les propriétaires. Ces politiques contribues à une mutation territoriale dans laquelle l’activité d’élevage, peu rémunératrice, est remplacée par des fonctions paysagères et de résidence secondaire, dans le cadre de migrations d’aménité et d’un processus de gentrification rurale (Saumon, 2024). Un amenity ranch est une exploitation maintenue uniquement pour stabiliser les paysages et maintenir le cadre de vie de ses propriétaires, indépendamment de toute rentabilité agricole.

(JBB), octobre 2024.


Références citées
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