Récif corallien
Le récif corallien est une construction biologique formée d’un empilement de squelettes calcaires secrétés par des organismes, vivant en colonies et où dominent les coraux. C’est tout à la fois un cimetière et une pouponnière. Les formes de récifs sont nombreuses depuis les platures, édifices embryonnaires, peu épais, immergés, jusqu’aux atolls, minces anneaux enserrant un lagon et communiquant avec l’océan par des passes. De petits atolls ou faros dessinent parfois des figures complexes, alignement ou couronnes concentriques.
Outres les atolls, deux autres types de récifs bordent des terres non coralliennes. Les récifs frangeants sont des formes linéaires, souvent discontinues, accolées à un rivage. Construits à de grandes distances des rivages, les récifs barrières forment, loin des littoraux, une série d’îles basses et allongées (Grande Barrière australienne, 1 500 km de long, Ceinture de Nouvelle Calédonie)
Charles Darwin, le premier, a proposé, au retour de son tour du monde sur le navire Beagle, une explication cohérente permettant de rendre compte de la diversité des formes coralliennes. La clé de son explication réside dans une active subsidence (enfoncement) du soubassement de l’édifice corallien qui détermine le passage du récif frangeant au récif barrière puis à l’atoll. En plus de cette hypothèse unificatrice, il faut tenir compte de nombreuses données actuelles ou passées qui contribuent à compliquer ce schéma d’une grande simplicité : la nature du support, les positions en bordure de continent ou en haute mer, la concurrence biologique entre espèces, la direction des grandes houles, des vents, des courants marins.
Encadré 1. Les formations coralliennes : récifs frangeants, barrières et atolls
Ce sont des constructions édifiées par des êtres vivants. Il existe des récifs d'algues corallinnacées (Amérique du Sud, Cap vert), de mollusques (coquilles sondées de vermets en Floride) ou de vers polychètes (serpulides), mais la plupart des récifs sont édifiés par des coraux hermatypiques (cnidaires : surtout scléractiniaires et hydrocoralliaires) qui possèdent des algues microscopiques symbiotiques ( les zooxanthelles).
On en distingue quelques principaux types : les coraux de pierre, madréporaires ; les algues rouges productrices de calcaire (Lithothamnia). Les polypes coralliens vivent en association avec des algues vertes, dans une eau claire d'une température comprise entre 18 °C et 30 °C, jusqu'à une profondeur d'environ 30 m maximum pour du corail vivant.
Il existe trois principaux types de récifs coralliens :
- les récifs frangeants bordent une terre émergée. Ils sont généralement étroits et directement accolés à la côte ou parfois séparés d'elle par un petit chenal peu profond
- les récifs-barrières beaucoup plus larges, séparés de la côte par un chenal de largeur variable, parfois plusieurs kilomètres, et profond, de l'ordre de 10 à 70 m. Des petites îles coralliennes peuvent se former sur le récif.
- l'atoll est une île basse formée d'un récif annulaire qui entoure un lagon. Il se forme à partir d'une île volcanique affectée de subsidence (donc submergée).
Atolls et lagons : schémasCoupe partielle d'un atoll (platier corallien)Un plan |
Les atolls sont des édifices de corail disposés en anneau, supportant des îles discontinues, entrecoupés de passe. Ils cernent un lagon dont la profondeur excède en général 30 m, mais rarement plus de 100 m. Leur diamètre, très variable, peut dépasser 60 km. Sur la côte au vent de l'atoll (exposé à la houle des alizés), on peut observer une crête algate à Lithothamnion qui forme la marge externe du récif affleurant. Le platier du récif se trouve en arrière. Il porte les îles constituées de sable calcaire composé des divers débris des êtres vivants sur l'atoll. Sur un récif corallien, une caye est un îlot de sable, habituellement insubmersible, mais susceptible d'être détruit ou fortement remanié par les tempêtes (cyclones, typhons). Les cayes sont formées de sables coralliens et coquilliers, avec de nombreux cailloux ou galets de corail mort, et elles sont souvent couvertes de cocotiers. En polynésien, motu si elle est stable, et tahuna si elle est souvent remaniée par la mer. |
(ST) décembre 2003.
Les mouvements tectoniques de soulèvement et les variations du niveau marin, montée rapide lors des transgressions et descentes au cours des régressions peuvent bloquer l’évolution des récifs et provoquer la mort des colonies de coraux. Édifice jeune, réinstallé depuis quelques millénaires, en liaison avec la relative stabilisation du niveau marin, l’écosystème corallien, avec 50 t/ha/an est un des plus productifs du globe.
Les édifices coralliens les plus complets comportent une succession rythmée d’éléments, de la haute mer au lagon, soulignés par les couleurs vives de l’eau des roches et de la végétation.
- Le front, face au déferlement des houles venues du large est un talus raide (45° et plus), présentant des surplombs et des parois caverneuses. Partie vivante du récif, elle est constituée de polypiers, de blocs de coraux effondrés et recimentés formant des marches d’escaliers tapissées de sable fin.
- La crête corallienne, partie affleurante au sommet du front, résultant surtout de l’activité des algues rouges (Lithothamniées), est un espace battu par les vagues, entre hautes et basses mers. Troué de vasques, de cavités, de tunnels qui permettent la pénétration, la stagnation et l’évacuation des eaux marines, son bourrelet calcaire est plus élevé du côté au vent que sous le vent.
- Le platier est un large espace de plusieurs centaines de mètres, aux eaux chaudes, encombré de coraux morts et de leurs débris remaniés par les vagues et le vent. Rochers champignons, cordons de galets, plages de sables consolidés en grès, îles sableuses (les cayes) couronnées de cocotiers, composent la riche gamme des formes de relief du platier.
- Le revers termine le platier du côté sous le vent. Sa pente, tapissée de sable corallien est moins forte que celle du front. Son bourrelet d’algues est peu développé. Seules quelques colonies de polypes en pinacles, succédant à la mangrove, forment l’ourlet bordant le lagon.
Paul Arnould, professeur des universités, ENS de Lyon, décembre 2003.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Virginie Duvat, « La crise climatique crée-t-elle une situation d’urgence dans les atolls ? », Géoconfluences, mai 2024.
- Esméralda Longépée, Les atolls, des territoires menacés par le changement climatique global ? L’exemple de Kiribati (Pacifique Sud), Géoconfluences, 2015.
- La conquête touristique du Monde, l’exemple de Hurghada (Égypte). Brève de Géoconfluences, février 2015
Liens externes
- Frédéric Bessat, Variabilité hydro-climatique et croissance corallienne en Polynésie française : exemples de l’île de Moorea et de l’atoll de Mururoa. Thèse dirigée par Martine Tabaud, soutenue à l’Université de Paris I en 1999
- Le site de l’IFRECOR (Initiative française pour les récifs coralliens)