Récif corallien
Le récif corallien est une construction biologique formée d’un empilement de squelettes calcaires secrétés par des organismes, vivant en colonies et où dominent les coraux, accompagnés d'espèces symbiotiques, notamment des algues microscopiques (les zooxanthelles). C’est tout à la fois un cimetière et une pouponnière. On en distingue quelques principaux types : les coraux de pierre, madréporaires ; les algues rouges productrices de calcaire (Lithothamnia). Les polypes coralliens vivent en association avec des algues vertes, dans une eau claire d'une température comprise entre 18 °C et 30 °C, jusqu'à une profondeur d'environ 30 m maximum pour du corail vivant.
Les formes de récifs sont nombreuses depuis les platures, édifices embryonnaires, peu épais, immergés, jusqu’aux atolls :
- Les atolls, minces anneaux enserrant un lagon et communiquant avec l’océan par des passes. De petits atolls ou faros dessinent parfois des figures complexes, alignement ou couronnes concentriques. Ils cernent un lagon dont la profondeur excède en général 30 m, mais rarement plus de 100 m. Leur diamètre, très variable, peut dépasser 60 km.
- Les récifs frangeants sont des formes linéaires, souvent discontinues, accolées à un rivage, ou parfois séparés de la côte par un petit chenal peu profond.
- Construits à de grandes distances des rivages, les récifs barrières forment, loin des littoraux, une série d’îles basses et allongées. Beaucoup plus larges, ils sont séparés de la côte par un chenal de largeur variable, parfois plusieurs kilomètres, et d'une profondeur allant de 10 à 70 m. Des petites îles coralliennes peuvent se former sur le récif. On peut citer la Grande Barrière australienne, 1 500 km de long, ou la Ceinture de Nouvelle Calédonie.
Document 1. Vue en coupe d'un platier corallien et vue d'un atoll en plan
Sur la côte au vent de l'atoll (exposé à la houle des alizés), on peut observer une crête algate à Lithothamnion qui forme la marge externe du récif affleurant. Le platier du récif se trouve en arrière. Il porte les îles constituées de sable calcaire composé des divers débris des êtres vivants sur l'atoll. Sur un récif corallien, une caye est un îlot de sable, habituellement insubmersible, mais susceptible d'être détruit ou fortement remanié par les tempêtes (cyclones, typhons). Les cayes sont formées de sables coralliens et coquilliers, avec de nombreux cailloux ou galets de corail mort, et elles sont souvent couvertes de cocotiers. En polynésien, on les appelle motu si l'île est stable, et tahuna si elle est souvent remaniée par la mer.
Charles Darwin, le premier, a proposé, au retour de son tour du monde sur le navire Beagle, une explication cohérente permettant de rendre compte de la diversité des formes coralliennes. La clé de son explication réside dans une active subsidence (enfoncement) du soubassement de l’édifice corallien qui détermine le passage du récif frangeant au récif barrière puis à l’atoll. En plus de cette hypothèse unificatrice, il faut tenir compte de nombreuses données actuelles ou passées qui contribuent à compliquer ce schéma d’une grande simplicité : la nature du support, les positions en bordure de continent ou en haute mer, la concurrence biologique entre espèces, la direction des grandes houles, des vents, des courants marins.
Les mouvements tectoniques de soulèvement et les variations du niveau marin, montée rapide lors des transgressions et descentes au cours des régressions peuvent bloquer l’évolution des récifs et provoquer la mort des colonies de coraux. Édifice jeune, réinstallé depuis quelques millénaires, en liaison avec la relative stabilisation du niveau marin, l’écosystème corallien, avec 50 t/ha/an est un des plus productifs du globe.
Les édifices coralliens les plus complets comportent une succession rythmée d’éléments, de la haute mer au lagon, soulignés par les couleurs vives de l’eau des roches et de la végétation.
- Le front, face au déferlement des houles venues du large est un talus raide (45° et plus), présentant des surplombs et des parois caverneuses. Partie vivante du récif, elle est constituée de polypiers, de blocs de coraux effondrés et recimentés formant des marches d’escaliers tapissées de sable fin.
- La crête corallienne, partie affleurante au sommet du front, résultant surtout de l’activité des algues rouges (Lithothamniées), est un espace battu par les vagues, entre hautes et basses mers. Troué de vasques, de cavités, de tunnels qui permettent la pénétration, la stagnation et l’évacuation des eaux marines, son bourrelet calcaire est plus élevé du côté au vent que sous le vent.
- Le platier est un large espace de plusieurs centaines de mètres, aux eaux chaudes, encombré de coraux morts et de leurs débris remaniés par les vagues et le vent. Rochers champignons, cordons de galets, plages de sables consolidés en grès, îles sableuses (les cayes) couronnées de cocotiers, composent la riche gamme des formes de relief du platier.
- Le revers termine le platier du côté sous le vent. Sa pente, tapissée de sable corallien est moins forte que celle du front. Son bourrelet d’algues est peu développé. Seules quelques colonies de polypes en pinacles, succédant à la mangrove, forment l’ourlet bordant le lagon.
Paul Arnould et (ST), décembre 2003. Dernière modification (JBB), septembre 2024
Pour compléter avec Géoconfluences
- Virginie Duvat, « La crise climatique crée-t-elle une situation d’urgence dans les atolls ? », Géoconfluences, mai 2024.
- Esméralda Longépée, Les atolls, des territoires menacés par le changement climatique global ? L’exemple de Kiribati (Pacifique Sud), Géoconfluences, 2015.
- La conquête touristique du Monde, l’exemple de Hurghada (Égypte). Brève de Géoconfluences, février 2015
Liens externes
- Frédéric Bessat, Variabilité hydro-climatique et croissance corallienne en Polynésie française : exemples de l’île de Moorea et de l’atoll de Mururoa. Thèse dirigée par Martine Tabaud, soutenue à l’Université de Paris I en 1999
- Le site de l’IFRECOR (Initiative française pour les récifs coralliens)