Spatial mismatch (décalage spatial)
La théorie du spatial mismatch (décalage spatial), formulée la première fois par John F. Kain (1968), postule que la distance entre les quartiers où vivent les classes populaires et ceux où se situent les emplois qualifiés contribue à accentuer les inégalités sociales. La distance est ici entendue autant comme distance kilométrique que comme distance-temps et distance-coût. Pour le dire autrement : « en 1968, Kain avançait l’idée selon laquelle la déconnexion entre lieux de résidence et lieux de travail (spatial mismatch), pour les populations les plus fragiles, pouvait constituer un frein au retour à l’emploi. » (Duguet et al., 2009).
Dans le contexte américain où est née la théorie du spatial mismatch, les quartiers populaires sont centraux et les possibilités d’emploi sont périphériques, la voiture étant indispensable pour se rendre des uns aux autres. Mais le concept est aussi applicable à d’autres contextes, l’étalement urbain et la spécialisation fonctionnelle des espaces urbains entraînant partout une distance importante entre résidence et emploi, dont le franchissement est encore plus difficile pour des populations privées de revenu ou enclavées.
(JBB), mars 2020.
Références
- Duguet Emmanuel, L’Horty Yannick, Sari Florent, « Sortir du chômage en Île-de-France. Disparités territoriales, spatial mismatch et ségrégation résidentielle », Revue économique, vol. 60, 2009, p. 979-1010.
- Kain John F., (1968), “Housing segregation, negro employment, and metropolitan decentralization”, Quarterly Journal of Economics, 82, pp. 32-59.
Pour compléter
- Laurent Gobillon, Harris Selod and Yves Zenou, “The Mechanisms of Spatial Mismatch”, Urban Studies, vol. 44, n° 2, November 2007, pp. 2401–2427.