Xinjiang
Le Xinjiang, appelé officiellement Région autonome ouïghoure du Xinjiang, constitue une des cinq régions autonomes de la République populaire de Chine (RPC). Située aux confins nord-ouest de la Chine, cette « nouvelle frontière » (selon la désignation chinoise de l'ancien Turkestan oriental) a en réalité une autonomie qui est largement fictive et son administration est étroitement contrôlée par le Parti communiste chinois.
La présence des Chinois d'ethnie han sur le territoire est passée de 6 % à la fin des années 1940 à 41 % aujourd'hui, ils représentent une forte majorité dans certaines villes, dont Urumqi la capitale, et ils détiennent l'essentiel du pouvoir. Les Ouïgours, turcophones musulmans, sont soumis, en particulier sur le plan culturel, religieux, depuis le durcissement de l'encadrement politique au cours des années 1990 et la sinisation accélérée du territoire.
Aussi, certains, parmi la population ouïgoure, sont-ils tentés par le nationalisme indépendantiste (le courant le plus connu et réprimé par les autorités est le Mouvement de libération du Turkestan oriental, ETIM) et aussi par des courants salafistes fondamentalistes. Des phases d'émeutes et de violences, souvent instrumentalisées par le pouvoir, font périodiquement parler de cette région des confins. Depuis 2001, exploitant la situation internationale consécutive aux attentats du 11 septembre et au nom de la lutte antiterroriste, plusieurs rafles ont eu lieu.
Aux revendications à base souvent religieuse et aux mouvements séparatistes du Xinjiang, les autorités de Pékin répondent par une politique de répression (conduite avec les États voisins dans le cadre de l'Organisation de coopération de Shanghai), de colonisation et de développement, en particulier dans la partie nord, en raison des enjeux géopolitiques qu'elle représente. C'est ainsi qu'ayant bénéficié d'importants investissements de la part du gouvernement central et du rapprochement entre la Chine et ses voisins centrasiatiques (→ route de la soie), le Xinjiang connaît un taux de croissance économique supérieur au reste du Grand Ouest chinois.
Les tensions entre le gouvernement chinois et la minorité ouïghoure ont été croissantes dans la dernière décennie et la politique répressive de parti communiste chinois visant à lutter contre le terrorisme islamique et la radicalisation s’est renforcée depuis les attentats de Pékin en 2013 et de Kunming en 2014. Ainsi l’existence de « camps de rééducation » au Xinjiang, où sont emprisonnés des Ouïghours, et de stérilisations forcées visant à réduire les naissances a-t-elle été révélée, conduisant certains chercheurs à parler de « génocide culturel » (James Leibold, 2019 ; Adrian Zenz, 2019).
(MCD), janvier 2016. Dernière modification (LF) en novembre 2020.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Marie Hiliquin, « Les Nouvelles routes de la soie en Asie centrale dans la stratégie géoéconomique chinoise », Géoconfluences, décembre 2024.
- Les cimetières, nouvelles cibles de la destruction de la culture ouïghour par la Chine, brève d’octobre 2019
Pour aller plus loin
- Alain Cariou, « Le nouveau Xinjiang : intégration et recompositions territoriales d’une périphérie chinoise », EchoGéo , n° 9, 2009.
- Thierry Kellner, « Xinjiang : les émeutes interethniques de juillet 2009 : décryptage et commentaires », sur le site Diploweb, 2009.
- Maxime Tellier, Comprendre la répression des Ouïghours par la Chine en quatre point clés, France Culture, 2020