Chanter en Chine pendant la pandémie de Covid-19

Publié le 02/03/2021
Auteur(s) : Sarah Defoin-Merlin, doctorante en géographie - université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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Le chant est omniprésent en Chine : dans la rue, à la télévision, à l'école, au sein du Parti. À partir d'une promenade sonore dans un quartier de Shanghai, l'autrice montre le rôle joué par le chant lors de la pandémie de Covid-19, qui l'a contrainte à inventer un « terrain à distance ». Le chant est utilisé autant pour témoigner du soutien de la population aux personnes mobilisées pendant la crise sanitaire que comme élément rassembleur par la suite, le tout fortement encadré par la communication officielle des autorités.

Bibliographie | citer cet article

Mardi 31 décembre 2019, 15h45, dans une rapide brève, les téléspectateurs du Canal 13 de la Télévision Centrale de Chine (CCTV 13) apprennent l’existence de 27 cas de pneumonies d’origine virale inconnue à Wuhan.

Lundi 20 janvier 2020, 21h00, lors du journal diffusé sur la CCTV 4, le décompte des cas inquiète. Stabilisé à 44 depuis le 17 janvier, le nombre total passe à 224 en à peine une journée avec Pékin et le Guangdong comme nouveaux foyers. La Thaïlande, le Japon et la Corée du Sud commencent également à être touchés. Le président Xi Jinping puis le premier ministre Li Keqiang s’expriment pour la première fois publiquement à ce sujet.

Jeudi 23 janvier 2020, 10h00, la suspension de tous les moyens de circulation est décrétée à Wuhan. Les habitants ont interdiction de sortir sans raison impérative. Le nouveau coronavirus continue son expansion : États-Unis, Taïwan, Singapour, Vietnam puis, du 24 janvier au 31 janvier, France, Népal, Canada, et Cambodge sont entre autres touchés (Kamps, Hoffmann, 2020).

Concomitantes au virus, c’est ensuite la stratégie de défense chinoise et ses conséquences qui se répandent. À partir du 10 mars 2020, suivant l’exemple de l’Italie, les pays européens se confinent. Des pratiques de sociabilité nouvelles, venues de Chine, émergent là où la population se voit dans l’obligation de rester chez elle. L’idée, partie de Wuhan, de se « réunir » tous les soirs à distance pour s’encourager mutuellement, se propage selon une vitesse et des destinations identiques à celles du Covid-19. En Italie, puis en Espagne et en France les voisins se donnent à leur tour rendez-vous le soir pour discuter, chanter et jouer de la musique. Certaines de ces images sont relayées sur des chaînes d’informations chinoises. La New China TV indique ainsi dans une vidéo publiée le 15 mars 2020 que plusieurs Italiens crient « Merci la Chine » depuis leur balcon en signe de reconnaissance pour la dépêche sur place d’une équipe d’experts médicaux. Seraient ensuite chantés l’hymne national italien et parfois même l’hymne chinois. Si l’on peut douter de cette dernière affirmation, elle illustre, néanmoins, comment un chant, même en étant seulement mentionné, peut servir l’image de la Chine, ici en promouvant auprès de sa population sa grandeur influente jusqu’en Europe.

Le propos central de cet article sera de montrer en quoi la crise du Covid-19 rend d’autant plus visible la place structurante du chant dans la vie quotidienne chinoise et son utilisation par le pouvoir comme moyen de légitimation et outil de propagande. Les restrictions de circulation puis la fermeture des frontières nous ont amenée à envisager autrement un sujet de recherche initialement centré sur le chant comme géo-indicateur de l’organisation socio-spatiale shanghaienne. Les éléments exposés ici ont été récoltés virtuellement et à distance depuis décembre 2019, sur la base des moyens de communication officiels chinois, ainsi que par l'intermédiaire de contacts sur place.

Dans une première partie, après être revenue sur l’intérêt de s’appuyer sur le chant pour mieux comprendre le fonctionnement de la société chinoise, nous soulignerons les spécificités méthodologiques d’une approche géo-musicale dans un contexte de crise sanitaire rendant l’accès au terrain impossible. Nous montrerons dans un second temps que, dès le début de la lutte contre le coronavirus, le chant a spontanément été mobilisé par la population et les artistes pour s’encourager à tenir ensemble. La récupération politique de telles initiatives et le recours au chant comme outil de soft power et signe de reprise de la vie économique et culturelle, une fois le cœur de la crise passé, seront abordés dans une troisième partie.

 

1. De l'étude du chant comme géo-indicateur de l'organisation socio-spatiale de la métropole shanghaienne à la réalisation d'un terrain virtuel à distance

La survenue de la pandémie de Covid-19 et les restrictions de voyage qui en ont résulté sont l’occasion de repenser la manière de « faire du terrain » autour d’un sujet de géographie musicale centré sur la pratique du chant à Shanghai.

1.1. Le chant en Chine, une activité structurante au quotidien

En Chine, le chant est une activité pratiquée quasiment par tous tout au long de la journée. Le paysage musical photographié à Shanghai le 1er février 2017 nous en livre un aperçu (document 1).

Document 1. Photographie musicale de l’hypercentre shanghaien, février 2017

Sarah Defoin-Merlin — Photographie sonore d'un quartier de Shanghai

Juste devant la sortie 4 de la station de métro « Jardin Yu », sont réunis, au niveau d’un espace vert, sept retraités qui chantent des opéras chinois sur une bande-son diffusée à l’aide de petites enceintes disposées sur un vélo [Extrait d’un des opéras hu (opéra spécifiquement shanghaien) intitulé « 今日梦圆 » (jinri mengyuan, Aujourd’hui les rêves deviennent réalité)]. En descendant la rue Renmin, en direction du parc Gucheng, un groupe de trois jeunes d’une quinzaine d’années, en même temps qu’ils l’écoutent sur leur téléphone, chantonnent la chanson populaire La plus brillante des étoiles dans la nuit (Yekong zhong zui liang de xing) du groupe Escape Plan (Taopao jihua). Une fois engagée dans la rue Anping, l’air familier de la chanson enfantine « Frères Jacques » (litt : Deux Tigres, Liang zhi laohu), murmurée par une mère à son tout jeune enfant, apporte un relatif apaisement au brouhaha ambiant des célébrations de la Fête du Printemps et son flot incessant de passants [exemple d'ambiance sonore et visuelle]. À l’intérieur du parc Gucheng, une toute autre ambiance se dégage au rythme des chants rouges entonnés par un groupe mixte d’une trentaine de quinquagénaires et plus, accompagné d’instrumentistes [par exemple : Le Soleil rouge dans le ciel]. Le long du jardin Yu, dans la rue Anren, un vieux monsieur cirant ses chaussures sifflote des chants révolutionnaires sur un arrière-fond radiophonique [Apprenez du bon et grand Lei Feng] Au cœur de ce quartier particulièrement animé, au niveau de la rue Jiuxiaochang, est implanté un karaoké au nom assez évocateur : « Stars de demain » (Mingri Zhixing). Après un détour par la rue Chenxiangge, en redescendant le long de la rue Wangyi, le regard est attiré par une dame assez âgée absorbée par son poste de télévision posé sur une table à quelques pas de l’entrée de son habitation, sur lequel est retransmis un spectacle de chant diffusé sur la CCTV 15 [une chaîne consacrée à la musique, voir des extraits de sa programmation 2017]. Dans la rue Henan Sud, se dresse au loin, dans l’allée Wujia, le bar de jazz « JZ Latino », où, tous les soirs, des concerts de jazz chanté sont organisés [voir un exemple de jazz chanté à Shanghai].

  Shanghai, Mercredi 1er février 2017, de 10h54 à 13h41, arrondissement de Huangpu, quartier formé par les rues Renmin, Henan Sud, Fangbang, et Anren. Cette description et ce croquis dépeignent l’ambiance musicale d’un quartier de l’arrondissement de Huangpu au cœur de la métropole shanghaienne. Conception et réalisation : Sarah Defoin-Merlin, août 2020. Habillage de la carte : J.-B. Bouron, février 2021. Cliquez sur l'une des bulles pour écouter un exemple (liens vers YouTube). Toutes les vidéos ont été sélectionnées par l'autrice. 

Cette rapide plongée au cœur des sons de la métropole shanghaienne illustre la manière dont le chant, quelles que soient sa nature et la façon dont il est pratiqué, est relié à tous les aspects, situations et âges de la vie (Liang, 1985) et rythme ainsi le quotidien des habitants (Chen-Hafteck, Xu, 2008). Cette prégnance de la musique vocale dans la société chinoise s’explique en partie par la tradition confucéenne qui en fait le deuxième art parmi les six essentiels à une bonne éducation (Zhe, Gang, 2008). Aujourd’hui encore, en Chine, le chant est considéré comme vecteur de transmission des valeurs sociales (Chen-Hafteck, 2007), mais également comme un moyen de valorisation de soi (Graves, 1946) utilisé notamment dans l’accession à des études universitaires prestigieuses (Leung, Xie, 2011).

Cette proximité entre chant et éducation est aussi directement saisie par le gouvernement, qui, pour faire du chant un outil efficient de propagande et de pouvoir, l’impose dans les programmes scolaires dès le plus jeune âge, à raison d’une à deux heures par semaine (Larson, 1980). Les étudiants sont également incités à participer aux nombreuses chorales des ensembles scolaires (Ho, Law, 2011). Le registre choisi est toujours teinté de patriotisme et de civisme et appelle le plus souvent à l’autodiscipline, ainsi qu’à la cohésion et à la défense de la nation (Ho, 2003). Le chant devient dès lors pour le gouvernement une manière de modeler les consciences puisque c’est à cet âge de l’enfance et de l’adolescence qu’il est « susceptible d'être mémorisé et d'affecter le plus la vie » (Rogers, 1989 : 44).

L’utilisation du chant par le pouvoir chinois pour asseoir sa politique et véhiculer l’image particulière qu’il veut donner de son pays remonte à l’époque des Zhou (-1046 à -221) (Trébinjac, 1990). Mais c’est certainement la période maoïste, au cours de laquelle « les chansons pour le peuple » étaient diffusées en permanence via des haut-parleurs pour (ré)éduquer les consciences, qui reflète le mieux la préhension du chant comme outil de propagande (Bryant, 2005). Plus récemment, le chant a aussi été l’occasion pour la Chine, notamment lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin le 8 août 2008 et à l’occasion de la commémoration de la fondation de la République populaire de Chine le 1er octobre 2009, de diffuser au monde un message d’harmonie et d’unité sociales aussi bien nationales qu’internationales. Nous montrerons que la crise du Covid-19 est, pour le gouvernement en place, une aubaine supplémentaire pour promouvoir par le chant ses décisions et réaffirmer sa position sur la scène internationale.

1.2. Étudier la ville par le chant, une inscription dans le champ de la géographie musicale

La démarche suivie ici rejoint celle que nous devions initialement mener : partir du chant pour questionner la manière dont la métropole shanghaienne se construit aussi bien socialement, spatialement que politiquement, dans un pays autoritaire où les loisirs sont utilisés par le pouvoir pour contrôler et encadrer la population au quotidien. S’il est encore trop tôt pour pouvoir mesurer les effets du Covid-19 sur les décisions politiques et économiques de planification de la ville, il est déjà possible d’étudier les différentes stratégies d’adaptation de la population. À terme nous pourrons alors montrer en quoi la population, en mobilisant spontanément le chant comme elle l’a fait durant la crise, participe de la construction et de l’évolution des tissus social et urbain de la métropole shanghaienne.

Une telle réflexion croise des interrogations communes aux géographies sociale, culturelle, urbaine et politique et s’inscrit plus spécifiquement dans le champ de la géographie musicale. Bien que légitimé en France et en Europe uniquement dans les années 2000, ce courant s’est structuré dans les pays anglophones dès les années 1970 (Guiu, 2006). Parmi les quatre formes principales de géographie musicale qui semblent à ce jour se distinguer tout en se conjuguant (document 2), notre approche relève plutôt d’une géographie par la musique.

Document 2. Histoire, principes et méthodes des différentes approches qui se conjuguent actuellement en géographie musicale
Type d’approche Date d’apparition Chercheur ou école représentatif du courant 
Courant géographique influent
Principe et méthode
Géographie de la musique  Années 1970-1980 États-Unis : École de Berkeley (G.O. Carney) ;
Royaume-Uni : Universités de Nottingham, Bristol et Durham (D. Matless, R. Hudson, B. Anderson)
Cultural Studies

Approche diffusionniste, quantitative, descriptive et cartographique : analyse de la localisation, de la diffusion et de la réception des répertoires musicaux

Approche transdisciplinaire et cartographique : étude des espaces, des réseaux, et du contexte de production, de création, de représentation, et de consommation de la musique, en lien avec les questions d’identité

Géographie sonore  Fin des années 1970 - années 1980 D. Pocock, S.J. Smith Géographie de la perception,
Géographie humaniste
Étude de l’immatérialité de la musique : analyse des bruits et des paysages et espaces sonores
Géographie par la musique Années 1990-2000 J. Connell, C. Gibson, L. Kong
France : J.M. Romagnan, Y. Raibaud
Cultural turn,
Gender Studies 

Étude des relations entre territoire, sense of place, musique, identité, et représentation

Considérer la musique et les pratiques musicales comme des « géo-indicateurs » spatiaux et sociaux afin de mieux comprendre comment les hommes s’approprient, transforment et perçoivent les territoires

Géomusique Années 2010 Y. Raibaud, N. Canova, O. Soubeyran  

Réflexion autour de la territorialisation et de la territorialité, analysées au regard de la fixité et de la fluidité musicales
 
Questionner l’opposition entre imaginaire géographique fixe et pratiques spatiales mouvantes par l’intermédiaire des géo-indicateurs que sont les musiques

Comprendre comment les territoires musicaux se recomposent et s’articulent compte tenu de « nouveaux récits globalisants (crise climatique, accélération ressentie des migrations, dérèglement de l’économie mondiale, prise en compte d’un monde non humain) » (Canova, Raibaud, 2017)

Sources : Guiu, 2006, 2007 ; Raibaud 2006, 2009 a et b ; Canova, 2014 a et b ; Romagnan, 2003 ; Kearney, 2010.
D'après : Defoin-Merlin, Sarah, 2018. « Géographie et lieux de chant à Shanghai ». Echogeo [en ligne], n° 46. 2010.

1.3. Le Covid-19, une obligation de terrain virtuel à distance

Au fur et à mesure que l’épidémie devenait pandémie, les canaux de communication officiels de l’État chinois – CCTV, New China TV, presse écrite en ligne et radios locales accessibles depuis la France – sont devenus le matériau de base de nos recherches. Si ces médias nous servaient au départ à nous tenir au courant de l’évolution de la situation sur place, sous couvert des informations délivrées par les autorités chinoises, très vite, il nous est apparu que nombre des reportages centrés sur le virus évoquaient également la mobilisation du chant. Le site d’hébergement de vidéos YouTube et son équivalent chinois YouKu sont alors devenus un vaste terrain de recherche, à partir desquels il était possible de constituer une banque d’images et de sons pouvant illustrer nos recherches grâce aux extraits d’émissions qui y étaient compilés. Les chaînes dédiées à certaines chorales, comme la Chorale du collège n° 6 de Xiamen ou la Chorale Arc-en-Ciel de Shanghai, nous ont aussi permis d’observer de quelles manières les activités de chant déjà existantes s’étaient réinventées et maintenues.

En parallèle de cette approche globale, nous avons pu appréhender plus finement et localement les effets de la crise du Covid-19, notamment via les réseaux sociaux WeChat et Skype, grâce auxquels nous avons eu des nouvelles régulières des personnes contactées à Shanghai en 2017. Depuis janvier 2020, des discussions en temps réel, orales ou écrites, nous ont donné un aperçu du positionnement et du ressenti de chacun face aux mesures instaurées par le gouvernement. Les effets directs que de telles décisions ont eu sur les activités récréatives, les déplacements et le rapport aux autres des habitants ont aussi pu être esquissés. À partir du mois de mai, la mise à jour de leur fil d’actualités WeChat par les chorales et chanteurs professionnels rencontrés à Shanghai nous ont permis de suivre la reprise et les adaptations de leurs activités. Même si ces informations sont nécessairement aseptisées par le pouvoir en place, elles donnent à voir un des vecteurs par lesquels population et gouvernement s’expriment.

 

2. Au cœur de la crise sanitaire chinoise : le chant entre encouragements et promotion des mesures gouvernementales

Dès le début de la crise provoquée par le Covid-19, le chant a été mobilisé spontanément par la population, les artistes puis le gouvernement chinois. D’abord vecteur et symbole d’union et d’unité de la population face aux difficultés, le chant est peu à peu devenu une marque de soutien aux personnes les plus exposées, mais également un appui à la politique menée par les autorités pour combattre le virus.

2.1. Chanter pour se mobiliser et tenir ensemble pendant la quarantaine, une initiative populaire partie de Wuhan

Face à la crise sanitaire, le chant a très tôt été mobilisé par la population comme moyen de se soutenir à distance. À Wuhan, le 27 janvier 2020 à 20h00, soit quatre jours après la mise en quarantaine de la ville, de nombreux habitants sont sortis sur leur balcon ou à leurs fenêtres pour chanter et crier en chœur à plusieurs reprises « Courage, Wuhan ! » (Wuhan Jiayou). Cette initiative populaire a été relayée le soir même par la New China TV puis le lendemain sur la CCTV 13 grâce à des vidéos amateur. Une discussion entre le présentateur et une journaliste confinée à Wuhan précise que les habitants ont décidé, via WeChat, de chanter l’hymne national et le chant patriotique « Moi et ma patrie » (Wo he wo de zuguo). Le premier, connu de tous, était une manière pour les habitants de Wuhan de rappeler que « tous les Chinois ne sont qu’une même personne, et nous sommes tous ensemble » ((Propos tenus par la journaliste confinée à Wuhan, traduction personnelle, « Suoyou de zhongguoren shi yi ge ren. Women dou zai yiqi  »)). Tandis que le second a été pensé comme un appel pour Wuhan à bénéficier d’appui, de compréhension et d’honneur de la part du reste de la Chine.

2.2. Soutien et reconnaissance aux soignants et militaires en première ligne, un hommage en chanson de la part d’artistes professionnels

En parallèle de cette utilisation populaire du chant, de nombreux artistes ont créé des clip-vidéos d’encouragement et de soutien aux soignants et militaires. L’une des chansons les plus remarquées a été « Tu es tellement joli » (Ni you duo mei) interprétée par de célèbres acteurs et animateurs de télévision. Dans ce clip, les paroles d’hommage et de remerciement sont accompagnées d’images et de courtes vidéos sur lesquelles figurent des militaires qui distribuent des vivres et construisent des hôpitaux, ainsi que des soignants épuisés, aux visages abimés par les protections, mais qui malgré tout se démènent pour sauver des vies. Cette chanson a été diffusée à de nombreuses reprises, aussi bien sur la CCTV que sur des chaînes de télévisions locales, comme la China Hunan TV, fière d’indiquer qu’un de ses présentateurs avait contribué à sa création.

2.3. Une récupération du chant par les chaînes de télévision chinoises pour promouvoir les décisions et actions étatiques face au Covid-19

Rapidement, les chaînes de télévision étatiques ne se sont plus contentées de se faire le relais de l’utilisation du chant par la population et les artistes, mais l’ont à leur tour directement mobilisé. Le 30 janvier 2020, la CGTN ((China Global Television Network, chaîne d’informations chinoises en anglais appartenant à la CCTV)) diffusait sur sa chaîne YouTube un clip-vidéo intitulé « Wuhan ! » (Wuhan ya), qu’elle présentait comme « une chanson qui encourage Wuhan en ces temps durs […] et sans précédent ». Les références à un « soleil [qui] bientôt éclairera de nouveau la ville » et aux « fleurs de cerisiers [qui] bientôt écloront » (document 3) rappellent des promesses de lendemains qui chantent et illustrent l’idée du chant comme outil de propagande.

La diffusion massive, quelques jours plus tard, d’une chanson intitulée « Croyez-le, l’amour triomphera » (Jianxin ai huiying) confirme cette hypothèse. Co-écrit et interprété par des artistes célèbres, ce clip-vidéo a très probablement été réalisé à la demande du gouvernement, comme le laisse sous-entendre la description qui en est faite par la chaîne YouKu (document 4). La mention de la nécessité pour les organisations de se réunir urgemment, en regard de la dévotion personnelle du président Xi Jinping et de la réponse conjointe du Parti Communiste Chinois et de l’État central à la crise, va dans le sens d’une chanson inspirée par l’État pour fédérer la population dans un même combat. Les paroles, accompagnées de nombreuses images de personnes physiquement ou virtuellement côte-à-côte (document 5), soulignent à plusieurs reprises que dans la difficulté, ce qui importe, c’est que la population reste unie. L’épidémie de Covid-19 illustre donc aussi la manière dont le gouvernement chinois mobilise les chanteurs sinophones pour parvenir à ses fins et ici précisément « promouvoir une vision non controversée des mesures prises pour contenir le virus » (Amar, 2020, p. 5).

Document 3. Présentation par la CGTN du clip-vidéo « Wuhan », 30 janvier 2020

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Ce texte de présentation illustre la manière dont le chant est utilisé comme outil de propagande par les organes étatiques. 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=I22IyqfY_Hg

 

Document 4. Présentation proposée par la chaîne YouKu du clip-vidéo « Croyez-le, l’amour triomphera », 7 février 2020

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Le texte descriptif que propose la chaîne YouKu laisse présager que ce clip-vidéo réalisé par des chanteurs professionnels l’a été sur commande de l’État. 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=Mt2-5NrWQbU

Document 5. « Croyez-le, l’amour triomphera », une chanson de propagande qui invite à se serrer les coudes, 7 février 2020

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Les paroles insistent sur l'importance de se tenir ensemble face à l'adversité et les images illustrent la nécessité du collectif et de la mobilisation de tout un chacun dans la lutte (militaires, soignants, chanteurs, mais aussi la population elle-même).

Source : https://www.youtube.com/watch?v=Mt2-5NrWQbU.

3. Une fois la phase la plus critique passée, le chant : une manière de repartir

Très vite après le pic de la crise en Chine, le chant est redevenu un outil de soft power. L’expression en chansons d’un soutien sans limite aux populations nouvellement atteintes par le Covid-19, puis la célébration d’une reprise adaptée des activités de chant en signe de résilience de la société chinoise ont entre autres permis à l’empire du Milieu de réaffirmer sa grandeur et sa place sur l’échiquier mondial.

3.1. Le chant, marque de soutien indirect aux pays nouvellement touchés par le Covid-19

Une fois le cœur de la crise passé en ses terres, le gouvernement chinois a également utilisé le chant comme outil politique stratégique à l’étranger. Au fil des mois, des chansons de soutien envers les autres pays progressivement touchés par le Covid-19 ont fait leur apparition sur les canaux de communication officiels. Dans un contexte diplomatique tendu entre Chine et puissances occidentales, ces chants n’ont probablement pas été directement orchestrés par l’État. Cependant, les initiatives d’écoles et d’universités chantant des messages d’espoir à leurs camarades étrangers ont été relayées par les ambassades et consulats de Chine. Le 10 avril 2020, l’Ambassade de Chine en France partageait ainsi sur sa page Facebook, un clip-vidéo intitulé Nous sommes avec vous » (Women yu nimen tong zai), réalisé par le département de français de l’École internationale des langues de XiamenPrésentée comme une marque de solidarité envers leur lycée partenaire Alain Chartier à Bayeux, la vidéo s’adresse plus largement à la France. Sur l’air de la chanson « Le monde est à toi » ((Chanson écrite en 2014 par Baptiste Charden et mis en musique par Franck Authié pour Les petits chanteurs de Saint-Marc)) les étudiants chinois chantent et déclament des messages du type « Courage la France ! ».

À partir de février 2020, la CCTV a relayé sur ses canaux à destination de l’étranger, des chants de soutien que de nombreux pays avaient adressés à la Chine dès janvier 2020, mais qui jusqu’alors avaient été retransmis uniquement sur les canaux internes. La chanson « Together » (Yu ni tong zai), chantée en anglais par 40 artistes venus de dix-neuf pays différents et au départ preuve de solidarité avec la Chine dans son combat contre le Covid-19, a d’abord été diffusée sur la New China TV le 29 février 2020. Nous l’avons ensuite entendue à de nombreuses reprises au cours du mois de mars sur la CGTN Français. Peut-être est-ce là le signe d’un soutien sous-jacent de la Chine envers les autres pays touchés, et une manière pour cette dernière de réaffirmer son implication à l’échelle mondiale.

3.2. Le chant, une expression du soft power chinois

Les différentes étapes de diffusion du clip-vidéo « L’Ange Gardien » (Tianshi de shenying) sont une illustration du poids pris par le chant dans le soft power chinois lors de l’épidémie de Covid-19. D’abord chantée en mandarin et visible le 20 mars 2020 sur la CCTV, cette chanson, qui initialement mettait à l’honneur le personnel soignant chinois, a ensuite été distribuée sur la CGTN, en anglais le 6 avril 2020, puis le 21 avril 2020 interprétée par des artistes francophones venus de France, de Belgique, d’Afrique mais aussi de Chine (document 6). La veille, une vidéo et un texte explicatif publiés sur la chaîne YouTube de la CGTN Français annonçaient la sortie de ce chant voué à « rendre hommage au personnel soignant du monde entier » (document 7). Était aussi pointée la nécessité de s’unir au-delà des frontières pour pouvoir « remporter la victoire finale », invitant alors à demi-mot chacun à faire fi des tensions pouvant exister entre les autorités dirigeantes de leur pays.

Document 6. Captures d’écran de la version française de « L’ange Gardien » interprétée par des artistes francophones reconnus en Chine

Des artistes francophones chinois, français, belges, gabonais, et sénégalais célèbrent à l’unisson les soignants du monde entier.

vignette de clip

Dantès, de son vrai nom Christophe Hisquin, est connu en Chine sous le nom de Dai Liang comme auteur-compositeur et interprète (source).

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Xiong Wei est présentatrice radio sur le canal français de « Radio Chine Internationale » (source).

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Joyce Jonathan est une autrice-compositrice et interprète française, connue en Chine, notamment pour avoir traduit et interprété plusieurs de ses albums en mandarin lors de ses tournées sur place (source).

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Bolabola Joelle Zita est présentatrice et actrice de doublage pour le groupe de médias télévisuels chinois StartTimes basé à Pékin et implanté exclusivement en Afrique (source).

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Jean-François Maljean est un pianiste belge, connu en Chine sous le nom de Shang Ma Long, notamment pour ses compositions personnelles qu’il interprète sur place depuis 2002. Sa mélodie « Chime Of The Dawn Bells » composée dès février 2020 en soutien aux habitants de Wuhan en lutte contre le coronavirus n’a fait que renforcer sa popularité auprès de la population et des autorités chinoises (sources : https://www.lesuricate.org/rencontre-jean-francois-maljean/  et https://www.moustique.be/25844/le-pianiste-belge-jean-francois-maljean-star-en-chine-avec-sa-melodie-corona).

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Jiang Yuan est journaliste et animatrice TV sur le canal français de la CGTN (source).

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Cheikh Guissé est l’un des membres du groupe sénégalais « Les frères Guissé », connu pour s’être installé en résidence en Chine pendant trois mois en 2017 en vue de développer les relations musicales entre la Chine et l’Afrique (source).

vignette de clip

Jérôme Pierson travaille comme expert pour le canal français de la CGTN (source).

vignette de clip

Luc Bendza est un acteur et producteur sino-gabonais, également connu pour ses talents en kung-fu et en wushu (source).

vignette de clip

Source de la vidéo dont sont extraites ces vignettes : https://www.youtube.com/watch?v=4rkOytW7D2o

Document 7. Présentation par la CGTN Français du clip-vidéo « L’Ange Gardien », 20 avril 2020

présentation youtube

La circulation de ce clip-vidéo, diffusé d’abord sur la CCTV puis la CGTN et enfin sur la CGTN Français, rend compte du soutien implicite de la Chine aux autres pays touchés par l’épidémie de Covid-19. 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=guc4nO_NZ8M

 

La manière dont le chant a été mobilisé, notamment en Europe, pour vivre au mieux la quarantaine peut aussi être envisagée comme le révélateur d’une mondialisation et d’une standardisation des pratiques, qui, dans le cas présent, sont parties de Chine. Les réunions quotidiennes entre voisins, initiées à Wuhan, même si leur forme différait localement – les Français semblent par exemple avoir préféré applaudir plutôt que chanter – commençaient toutes à la même heure : 20 heures pile. Bien que l’organisation des foyers ne soit pas formellement identique partout dans le monde, on peut supposer que la reprise de cet horaire, par mimétisme de ce qui se passait déjà dans d’autres pays, est le signe d’une certaine uniformisation des modes de vie à l’échelle mondiale, par laquelle, sauf horaires atypiques, les personnes ont terminé de travailler à 20 heures.

3.3. Le chant, signe d'une capacité d'adaptation et d'une reprise de la vie économique et culturelle

Sur le territoire national, une fois le pic de la crise passé, le chant a également été une illustration du redémarrage adapté des activités en Chine. La Chorale du collège no 6 de Xiamen publiait ainsi le 28 février 2020 sur sa chaîne YouTube une nouvelle vidéo après trois mois d’absence. Le texte descriptif accompagnant cette chanson « Lueur » (Weiguang) témoigne de la manière dont les activités de chant se sont réinventées et maintenues. À cause de l’épidémie, les choristes n’ont pas pu répéter ensemble. Ils se sont donc filmés sur leur téléphone portable et chacun a ensuite envoyé son extrait au chef de chœur qui les a compilés. Le clip-vidéo s’ouvre sur une image de jeunes choristes portant un masque chirurgical, puis dès les premières notes de musique tous le retirent (document 8). Une interprétation de cette mise en scène peut être qu’une fois le cœur de la crise passé, la nécessité de porter un masque en permanence s’estompe et les activités, notamment de chant, peuvent reprendre en étant ajustées. Une publication du 25 juin 2020 de la responsable de la Shanghai International Chorale League sur WeChat va dans ce sens. Compte tenu de la non-réouverture des salles de répétition, des séances en ligne sont proposées afin de préparer les programmes de la saison prochaine.

Cette continuité des activités de chant collectif a également été officiellement mise à l’honneur, comme en témoigne l’article « L’opéra traditionnel chinois trouve du public sur les plateformes de streaming sur fond d’épidémie », publié par la CGTN Français sur son site internet le 14 avril 2020. La capacité des troupes d’opéra chinois à s’adapter pour continuer d’exister en proposant des retransmissions en direct y est louée, tout comme la possibilité que ces plateformes de streaming deviennent à terme une « nouvelle façon de promouvoir les opéras traditionnels chinois ».

Document 8. Des masques chirurgicaux qui tombent dès les premières notes de musique, 28 février 2020
vignette de clip - masques chirurgicaux vignette de clip - masques chirurgicaux
Source : https://www.youtube.com/watch?v=gqBBx2nXgdo&list=RD-uzuhqQIaTM&index=9

Cette ouverture sur l’avenir, corrélée à la décrue de l’épidémie, a elle aussi été mise en chanson. Le 21 mars 2020, la CCTV 6 diffusait la chanson « Il est difficile de dire au revoir » (Nanshuo zaijian) reprise la veille par les chanteurs Zhou Huajian et Liu Han ainsi que les acteurs Jackie Chan et Andy Lau pour remercier les équipes soignantes venues prêter main-forte dans le Hubei. Cette chanson, créée le 22 août 2008 pour les jeux olympiques de Pékin puis reprise en 2010 pour clôturer l’Exposition universelle de Shanghai, donne une dimension internationale à la lutte entreprise par les 12 000 personnels soignants envoyés dans le Hubei au moment le plus critique de la crise. Illustrer leur départ de Wuhan grâce à un clip-vidéo, en insistant sur la tristesse pour ces personnes unies face à l’adversité de se quitter après avoir vécu tant de moments forts, est aussi une manière de réaffirmer le bénéfice et la nécessité de l’unité nationale chinoise pour une meilleure reprise.

Les réouvertures progressives des salles de spectacles témoignent également d’une amélioration de la situation. À Shanghai, les concerts de jazz ont peu à peu repris à partir de fin mai, comme l’a relayé sur WeChat, à l’occasion de son premier concert post-confinement au Chair Club, un chanteur professionnel rencontré en mars 2017. Une publication mise en ligne sur Facebook le 22 juin 2020 par la CGTN Français indiquait également que le Shanghai Culture Square et le Shanghai People’s Theatre avaient pu relever leur rideau dès le 29 mai 2020. Même si le journaliste mentionne leur « re-fermeture » en raison du possible rebond de l’épidémie à Pékin, la volonté de l’État central de donner à voir les signes d’une nécessaire reprise demeure. Le vice-président du Shanghai Culture Square y indique, en effet, que les représentations nationales vont pouvoir se développer d’autant plus que la plupart des troupes étrangères ne peuvent venir se produire en Chine en raison de l’épidémie de Covid-19. Notons que cette communication, tout comme celle évoquant le maintien des spectacles d’opéra chinois, a été diffusée sur les canaux internationaux de la CCTV. Elles peuvent donc aussi être lues comme un message envoyé par la Chine aux pays étrangers pour leur rappeler sa résilience et continuer à asseoir sa position sur le plan international.

Conclusion

L’épidémie de Covid-19 donne donc à voir plus clairement et au-delà des frontières nationales, la place structurante du chant dans la vie quotidienne chinoise. Mobilisé spontanément par la population et les artistes pour se soutenir mutuellement et exprimer leur reconnaissance aux personnes en première ligne au cœur de la crise, le chant est également utilisé par le gouvernement comme moyen de légitimation politique, outil de soft power et vitrine de la reprise naissante de la vie économique et culturelle. Qu’elles soient spontanées ou organisées par les autorités, les activités de chant sont et continueront à être tributaires des effets du Covid-19 sur la perception, la pratique, l’appropriation et la fabrique de la ville. Le contrôle accru des déplacements, la nécessaire application des mesures barrières, ainsi que la peur de contracter le virus risquent également de  décourager certains chanteurs, amateurs ou professionnels, de se rendre dans leurs lieux de chant, et ainsi de modifier  durablement le paysage culturel urbain chinois.

 


Bibliographie

Bibliographie - Ressources complémentaires
Sitographie (par ordre de mention dans le texte)
  • CCTV 13, Actualités en direct (Xinwen zhibojian 新闻直播间), 31 décembre 2019, 15h45, « La commission municipale en charge de la santé à Wuhan notifie l’existence d’une nouvelle pneumonie virale » (Wuhan shi wei jian wei tongbao dangqian feiyan yiqing fenxi renwei xi bingdu xing feiyan 武汉市卫健委通报当前肺炎疫情 分析认为系病毒性肺炎), http://news.cctv.com/2019/12/31/ARTIKGBFnOmRrTdxTlMDlP7A191231.shtml.
  • CCTV 4, Journal national (Zhongguo xinwen 中国新闻), 20 janvier 2020, 20h00, « Xi Jinping donne des instructions importantes sur l’épidémie de pneumonie causée par le nouveau coronavirus » (Xijinping dui xinxing guanzhuang bingdu ganran de feiyan yiqing zuochu chong yao zhishi 习近平对新型冠状病毒感染的肺炎疫情作出重要指示), de 11’01 à 14’00, http://tv.cctv.com/2020/01/20/VIDEUolPs019dZbK3dPBVfIy200120.shtml?spm=C45305.P76895791933.S09521.11.
  • Xinhua News (Xinhua Wang 新华网), 20 janvier 2020, « Xi Jinping partage des informations importantes sur l'épidémie de pneumonie causée par le nouveau coronavirus en mettant l'accent sur la sécurité et la santé de la population comme première priorité, tout en insistant sur la nécessité de freiner la propagation de l'épidémie. Li Keqiang délivre également des instructions. » (Xijinping dui xinxing de feiyan yiqing zuochu chong yqo zhishi qiangdiao yao ba renmin qunzhong shengming anquan he shenti jiankang fang zai di yi wei jianjue ezhi yiqing manyan shitou Likeqiang zuochu pishi 习近平对新型冠状病毒感染的肺炎疫情作出重要指示 强调要把人民群众生命安全和身体健康放在第一位 坚决遏制疫情蔓延势头 李克强作出批示), http://www.xinhuanet.com/politics/leaders/2020-01/20/c_1125486561.htm.
  • CCTV com, 23 janvier 2020, « Suspension du transport de passagers longue distance par bus, métro et ferry à Wuhan » (Wuhan quanshi gongjiao, ditie, lundu, changtu keyun zanting yunying 武汉全市公交、地铁、轮渡、长途客运暂停运营), http://news.cctv.com/2020/01/23/ARTIOJhl6pHfoTMA3iFN8YeK200123.shtml.
  • New China TV, 15 mars 2020, « "Thanks, China !" Italians sing from balconies to express solidarity », https://www.youtube.com/watch?v=GNjQdZ2yvQg.
  • New China TV, 27 janvier 2020, « Wuhan residents chant "Jiayou" for city to persist in face of adversity », https://www.youtube.com/watch?v=EBUa3WkStFg.
  • CCTV 13, 28 janvier 2020, 21h53, « Les habitants de Wuhan ont établi un record du monde hier soir » (Wuhan renmin zuo wan chuangzaole yige shijie jilu 武汉人民昨晚创造了一个世界纪录), https://www.youtube.com/watch?v=OFpK9DlvjeY.
  • China Hunan TV (Hunan weishi mangguo TV 湖南卫视芒果TV), 1er février 2020, « Tu es tellement joli » (Ni you duo mei 你有多美), https://www.youtube.com/watch?v=QSfmMaN4RSs.
  • École internationale des langues de Xiamen (Xiamen waiguoyu xuexiao 厦门外国语学校), 10 avril 2020, « Nous sommes avec vous » (Women yu nimen tong zai 我们与你们同在), https://www.bilibili.com/video/BV1Cp4y1C7H4.
  • New China TV, 29 février 2020, « Musicians from 19 countries sing to support China's fight against coronavirus », https://www.youtube.com/watch?v=D9SNIK_OY4U.
  • CCTV, 20 mars 2020, « L’Ange Gardien » (Tianshi de shenying天使的身影), https://www.youtube.com/watch?v=YKESuzbtgnA.
  • CGTN, 6 avril 2020, « Returning Angel: CGTN pays tribute to medical staff who fought on front lines », https://www.youtube.com/watch?v=_a-Sq7go5JQ.
  • CGTN Français, 14 avril 2020, « L’opéra traditionnel chinois trouve du public sur les plateformes de streaming sur fond d’épidémie », https://francais.cgtn.com/n/BfJAA-BAA-DEA/BeGBEA/index.html.
  • CCTV 6, 21 mars 2020, 18h11, « Il est difficile de dire au revoir » (Nanshuo zaijian 难说再), http://tv.cctv.com/2020/03/21/VIDEt81kNi825SUb4g31RbV7200321.shtml.

 

 

Sarah DEFOIN-MERLIN
Doctorante en géographie, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 8586 Prodig

 

 

Mise en web : Jean-Benoît Bouron

Pour citer cet article :

Sarah Defoin-Merlin, « Chanter en Chine pendant la pandémie », Géoconfluences, février 2021.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-chine/articles-scientifiques/chant-chine-covid

Pour citer cet article :  

Sarah Defoin-Merlin, « Chanter en Chine pendant la pandémie de Covid-19 », Géoconfluences, mars 2021.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-chine/articles-scientifiques/chant-chine-covid