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Transition

Publié le 24/04/2023
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Au sens premier, une transition est un passage d’un état à un autre. On peut l’envisager un peu plus précisément comme un changement systémique qui entraîne de profondes recompositions spatiales. La transition connote l’idée de progressivité, de changement graduel ; mais une transition peut comporter des ruptures. Menée à son terme, une transition peut être radicale, au sens ou la logique d’organisation, la structuration, les interactions entre les éléments du système d’arrivée peuvent être radicalement différentes de celles du système de départ. Le terme de transition porte également l’idée d’un changement complexe car systémique, englobant, généralisé, qui concerne tout le monde et tous les secteurs sur un espace donné (que celui-ci soit d’échelle locale, régionale ou mondiale).

Le terme de transition a popularisé par Rob Hopkins, initiateur du mouvement mondial des villes en transitions, dans son Manuel de Transition (2008). Dans les années 2010, le terme est repris par des philosophes de l’environnement, biologistes, économistes, juristes… et géographes. Les transitions font l’objet d’un champ de recherche à part entière, les transition studies, très développé dans la littérature anglophone et en Europe du Nord.

transition organigramme schéma

Une transition peut d’abord être un changement observé, en cours ou terminé, que l’on tente de modéliser de manière plus ou moins formelle, pour mieux en comprendre la dynamique. Il en est ainsi des transitions démographiques, urbaines, alimentaires, paysagères, voire politique (d’un régime à un autre). Ces changements majeurs ont des conséquences généralisées, qui bouleversent des organisations socio-économiques, des systèmes productifs, des modes d’habiter. En géographie, on s’intéressera plus particulièrement aux mutations engendrées par une transition sur un espace donné. La comparaison entre un système A de départ, et la manière dont il organisait un espace, et un système B d’arrivée permet d’analyser l’ampleur et les conséquences des recompositions spatiales qui accompagnent nécessairement une transition. Au-delà d’analyses diachroniques comparant un état pré-transition et un état post-transition, le terme de transition invite à mener des analyses dynamiques sur les processus spatiaux en train de se dérouler, à comprendre les facteurs de changement à l’œuvre, les conséquences en train de se dessiner, à retracer des trajectoires d’évolution, à détecter des connexions nouvelles, les recompositions dans les jeux d’acteurs...

Une transition peut ensuite être un projet de société, qui s’incarne dans des politiques publiques, que ces politiques soient transversales (comme pour les transitions territoriales ou écologiques) ou sectorielles (transitions énergétiques ou agro-alimentaires par exemple). La transition suppose alors une intentionnalité et des actions collectives. En ce sens, le terme est employé aussi bien dans les sphères institutionnelles (des collectivités territoriales aux grandes instances internationales, en passant par les gouvernements nationaux) ou militantes (recouvrant ici également des échelles diverses, des mobilisations locales sur les Zones à Défendre par exemple, à des mouvements internationaux comme celui des Villes en transition). À l’instar de l’expression « développement durable », dont il a pris progressivement le relais dans de nombreux discours scientifiques ou politiques au milieu des années 2010 (par exemple en France, le ministère de l’Écologie et du développement durable, devient en 2017 le ministère de la Transition écologique et solidaire), le terme de transition (ou l’expression « en transition ») court le risque, s’il est employé sans précision ou sans épithète, de devenir un fourre-tout (d’autant plus que dans ces discours on évoque souvent « la » transition, comme s’il n’y en avait qu’une et qu’elle désignait un projet partagé, plutôt qu’« une » transition). La connotation écologique est généralement première, elle est parfois accompagnée de préoccupations sociales (réduction des inégalités), politiques (changement de mode de gouvernance vers un approfondissement de la démocratie), économiques (changement de système économique). Ces discours ont pour point commun de faire appel à un changement global, plus ou moins précisé, et plus ou moins radical. Par rapport au développement durable, la transition ouvre un champ de changement plus large, puisque l’idée de développement, qui reposait sur l’idée de progrès linéaire et de croissance économique, n’y est pas un présupposé. Les projets de transition peuvent partager des constats critiques sur un système actuel à modifier, mais ils diffèrent sur le nouveau système vers lequel tendre.

Alexis Gonin, mai 2021.


Pour compléter avec Géoconfluences
Pour aller plus loin
  • Beucher, Stéphanie. 2021. Les transitions. CNRS éditions, La Documentation Photographique n° 8139.
  • Beucher, Stéphanie et Mare, Marion. 2020. « Transitions(s) en question. Quelles approches géographiques de la notion de transition ? ». Bulletin de l'Association de Géographes Français, numéro spécial, n°4.
  • Bourg, Domnique, Alain Kaufmann, et Dominique Méda. 2016. L’âge de la transition. En route pour la reconversion écologique. Paris : Les petits matins/ Veblen.
  • Chabot, Pascal. 2015. L’âge des transitions. Paris : PUF.
  • Geels, Frank W., and Johan Schot, 2007, “Typology of Sociotechnical Transition Pathways”. Research Policy 36(3): 399–417.
  • Durand-Dastès François, 2001, « Le temps, la géographie et ses modèles », Bulletin de la Société de géographique de Liège, 40, 2001-1, pp. 5-13.
  • Grandjean, Alain, et Hélène Le Teno. 2014. Miser (vraiment) sur la transition écologique. Paris: Editions de l’Atelier/ Editions Ouvrières.
  • Van Lang, Agathe, éd. 2018. Penser et mettre en œuvre les transitions écologiques. Paris : Mare et martin (Introduction)
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