Transition énergétique
La transition énergétique désigne le passage d’un système reposant sur des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) très centralisées entre les mains de gros opérateurs, à un système reposant sur des énergies de flux (éolien, solaire, biomasse…) décentralisées avec de nombreux producteurs, auquel s’ajoutent des actions en matière de sobriété et d’efficacité énergétiques ainsi que des mesures pour lutter contre les inégalités et la vulnérabilité dans le domaine de l’énergie.
La notion est née sous la plume du chimiste étatsunien Harrison Brown, dès les années 1960, explicitement forgée sur le modèle de la transition démographique. Elle s’est ensuite diffusée en Allemagne et en Autriche à partir des années 1980 avant de devenir une préoccupation mondiale au XXIe siècle.
C’est donc le passage d’une politique orientée par la demande à une politique déterminée par l'offre énergétique. Ce passage implique quatre groupes de moyens : de la recherche-développement pour accroître notamment l’efficacité ou développer de nouvelles sources ou formes d’énergie, des mesures réglementaires et incitatives (législations et fiscalités adéquates), une nouvelle gouvernance (où l’intérêt collectif l’emporterait sur les intérêts individuels et où les décisions émaneraient davantage de concertations entre acteurs que de prises de décisions unilatérales venant d’en haut) et une meilleure information et formation, tant des décideurs que des citoyens, ce qui donne un rôle particulier à l’enseignement.
Un nombre croissant de chercheurs contestent de plus en plus l’existence de la transition énergétique, estimant que rien ne laisse à penser qu’une telle transition ne soit en train de se produire, ou même qu’elle soit simplement possible. L’historien des sciences Jean-Baptiste Fressoz (2024) rappelle ainsi que dans l’histoire de l’humanité, aucune source d’énergie ne s’est substituée à une source antérieure : elles se sont simplement additionnées. L’humanité n’a jamais extrait et consommé autant de charbon ou de pétrole que maintenant. Par ailleurs, une abondante littérature critique existe sur les reports qu’induit la production de nouvelles sources d’électricité sur de nouvelles formes d’extractivisme minier, parfois particulièrement brutales socialement et destructrices pour l’environnement. C’est particulièrement observable dans la course aux terres dites rares et aux métaux et matériaux critiques (cuivre, cobalt, nickel…).
Bernadette Mérenne-Schoumaker, mars 2019. Dernière modification (JBB) octobre 2025.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Clara Loïzzo, « La COP 30 : le climat au tournant », Géoconfluences, octobre 2025.
- Patrick Blancodini, « La forêt ou le climat ? Un conflit environnemental en Guyane française : la Centrale électrique de l’ouest guyanais (CEOG) », Géoconfluences, septembre 2025.
- Sinan Efendioglu, « Le charbon, une consommation toujours en hausse en dépit du changement climatique », Géoconfluences, novembre 2024.
- Anne-Lise Boyer et Lætitia Balaresque, « Les États-Unis dans le changement climatique », Géoconfluences, septembre 2024.
- Sébastien Bourdin et Nicolas Jacquet, « Le Pacte vert européen comme réponse à la crise climatique : une perspective géographique », Géoconfluences, mars 2024.
- Teva Meyer, « Quelle transition énergétique en Polynésie française ? », Géoconfluences, septembre 2021.
- Bernadette Mérenne-Schoumaker, « La Scandinavie, un modèle de transition énergétique ? », Géoconfluences, 2019.
- Annaig Oiry, « Développer les énergies marines renouvelables sur la façade atlantique française : entre contestation et planification », Géoconfluences, 2018.
- Bernadette Mérenne-Schoumaker, « Afrique du Sud, les défis énergétiques et miniers d’un pays émergent », Géoconfluences, 2018.
Liens externes
- Sur le site du gouvernement : La transition énergétique pour la croissance verte.
- Sur le site de l’agence en charge de la transition écologique (ADEME) : https://www.ademe.fr/lademe/presentation-lademe/transition-energetique-coeur-lademe.







