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Urbanisation

Publié le 28/02/2022
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L'urbanisation désigne le processus, continu depuis la première industrialisation, de croissance de la population urbaine et d'extension des villes. Au début du XXIe siècle, le phénomène tend même à s'accélérer avec le développement des pays dits émergents et un exode rural parfois massif.

En 2010, on comptait déjà 32 agglomérations de plus de 10 millions d’habitants dans le monde : elles regroupaient près de 10 % de la population mondiale sur moins d’un millième de la superficie terrestre (Dorier, Lecoquierre, 2018). On compte aujourd’hui plus de 400 villes dont la population est comprise entre 1 et 5 millions d’habitants, et les mégapoles de plus de 10 millions d’habitants qui étaient au nombre de 4 en 1975 sont aujourd’hui plus de 50, à la tête desquelles on retrouve Tokyo dont l’agglomération dépasse les 37 millions d’habitants.

Le métropolisation désigne le même processus que l'urbanisation mais prend davantage en compte ses dimensions économiques, politiques et symboliques, en désignant les niveaux supérieurs d'organisation des systèmes urbains en fonction du niveau d'échelle étudié.

(ST), juin 2006, modifié et actualisé (LF) en décembre 2020 et (JBB), février 2022.

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Urbanisation en Afrique subsaharienne | Urbanisation en Chine

Urbanisation en Afrique subsaharienne

La croissance démographique de l'Afrique subsaharienne est surtout urbaine et la population urbaine y croit à un rythme accéléré, de l'ordre de 6% de moyenne annuelle. Par comparaison, l’Europe affichait un taux de 2% au plus fort de sa croissance urbaine. La population de Londres a ainsi doublé en 30 ans, quand celle d’Abidjan a doublé en sept ans. Celle de Lagos est passée de 300 000 à 9 millions en 40 ans (Kinuthia-Njenga, 2002).

C'est le résultat d’un important exode rural, mais également d’une croissance naturelle des villes. L'urbanisation accélérée de l’Afrique a un impact sur la gestion urbaine, à travers la question foncière, l’accès aux services de base ou la maîtrise de l’étalement. Elle pose également des questions plus globales concernant la hiérarchie urbaine, les relations ville-campagne, et même l’intégration régionale.

L’image de la ville, tout au moins de la grande ville africaine, est souvent négative. Elle est perçue comme un lieu de perdition, de violence, de conflits exacerbés entre communautés et de corruption. Les grandes conurbations comme Lagos, Johannesburg ou Abidjan paraissent concentrer les maux africains. De nombreux quartiers sont organisés sur une base ethnique et des guérillas urbaines peuvent s'y dérouler périodiquement comme cela a pu être le cas à Brazzaville ou à Monrovia.

Mais les réseaux d’immigration et de sociabilité en milieu urbain sont facteurs de dynamisme et de diffusion de l'innovation, sans oublier que les agglomérations urbaines apparaissent comme de véritables moteurs du développement, y compris du développement rural : c’est du marché, des aires de chalandise, qu’est issu le stimulant permettant la mise en œuvre des processus de progrès de l’agriculture.

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Urbanisation en Chine

Au début des années 1950, le pouvoir maoïste avait adopté une politique très coercitive de contrôle des migrations des ruraux vers les villes ainsi que des mesures de désurbanisation : assignation des ruraux à résidence et migrations forcées vers la campagne de plusieurs dizaines de millions de citadins (laogaï), notamment de « jeunes instruits ». Aussi, jusqu’en 1978, la part de la population urbaine dans la population totale avait-elle été maintenue à un faible niveau.

Cette politique s'est trouvée mise en échec par les réformes économiques à la campagne décidées en 1978. L’autorisation donnée aux ruraux en 1984 de s’installer en ville à condition de garder leur enregistrement agricole (c'est-à-dire sans hukou) et la diminution de l’emprise des autorités sur la société rurale ont alors engendré un mouvement d’émigration vers les villes où s’est formée une « population flottante » (mingong) estimée à environ 200 millions d’individus en 2009, qui échappent au contrôle de l’administration. Faiblement urbanisée de 1953 (13,3 %) à 1982 (20,6 %), la Chine l’est plus fortement en 1990 avec la même définition (53,2%), mais encore assez peu selon celle de 1990 (26,2%) [1]. L’urbanisation effrénée de la Chine aujourd’hui montre qu’elle n’a réussi qu’à différer l’explosion urbaine. Entre 1953 et 1982 la proportion de la population urbaine augmente de 1,5% par an en moyenne. Cette augmentation annuelle dépasse 3% entre 1982 et 1990. En 2009, le taux d'urbanisation serait d'environ 46%, mais une partie des 700 millions de « ruraux » demeure, en réalité, dans des quasi-villes.

Les villes chinoises rassemblaient 77 millions d'habitants en 1953, 190 en 1980, 470 en 2000 et quelque 650 en 2008 si l'on inclut la population flottante des 200 millions de travailleurs migrants, les mingong. La Chine comptait 89 villes de plus d'un million d'habitants en 2008, dont 49 n'existaient pas vingt ans auparavant. Si l'on s'en tient aux limites administratives des municipalités, les dix plus grandes villes chinoises étaient, en 2008, selon le Bureau d'État des statistiques : Shanghai (14,5 millions d'habitants), Pékin (12,8), Guangzhou (11,8), Shenzhen (11,7), Dongguan (7,6), Tianjin (7,2), Wuhan (5,2), Shenyang (4,6), Nanjing (4,1), Chongqing (4,1). Les six plus importantes agglomérations étaient Chongqing (31,4), Shanghai (18,5), Pékin (17,4), Guangzhou (15), Shenzhen (13,3) et Tianjin (11,5).

On observe, depuis une dizaine d'années, que l'expansion urbaine touche l'ensemble du réseau urbain chinois, y compris les villes de seconde, troisième ou quatrième catégorie et les villes de l'intérieur. Cette dynamique serait la conséquence d'un recentrage des systèmes productifs sur les besoins du marché intérieur. Elle favoriserait le rééquilibrage du développement chinois en déplaçant les centres de gravité de la croissance vers l'intérieur, même loin des côtes. Cette nouvelle vague d'expansion urbaine s'appuie aussi sur l'amélioration continue des grandes infrastructures de transport.

Un modèle de conurbation, mi-planifié, mi-anarchique tend à prendre forme dans les régions les plus développées et autour des grandes « mégacités » (Canton - Shenzhen, Shanghai, Pékin - Tianjin) et les grandes ou moyennes agglomérations se dotent de « villes nouvelles ». Selon la version 2009 du Rapport sur le développement urbain en Chine réalisé par l'Académie des sciences sociales, la superficie des villes chinoises aurait augmenté de 70% de 2001 à 2007 alors que leur population, sur la même période, ne se serait accrue que de 30%. Au moins 246 villes nouvelles ont été construites depuis 1990, quelque 400 supplémentaires sont programmées d'ici à 2020 pour accueillir les populations d'origine paysanne.

[1] : La définition de la population urbaine a subi plusieurs modifications, restrictive en 1963, libérale au début des années 1980, puis de nouveau limitative en 1990. L'évolution de la taille de la population urbaine est aussi, avec les autres mesures administratives, le résultat de ces artifices statistiques.

(ST), juin 2010.

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