Ouragan Florence et typhon Mangkhut : des ressources pour aborder le risque cyclonique
L’ouragan Florence et le typhon Mangkhut ont frappé presque simultanément la côte Est des États-Unis pour le premier et la côte Pacifique de l’Asie pour le second, en particulier l’archipel des Philippines. Au-delà des dépêches des agences de presse reprises dans la presse, nous avons essayé de regrouper des ressources pouvant s’avérer utiles pour étudier ces deux événements météorologiques.
Pour commencer, une note de Météo France du 16 septembre 2018, fréquemment reprise par la presse, rappelle que la différence entre typhon, ouragan et cyclone tropical tient simplement à la partie du monde dans laquelle ces phénomènes tourbillonnaires violents se produisent.
Mangkhut, un lourd bilan humain
Dans son journal télévisé du 15 septembre 2018, la RTBF annonçait que le typhon Mangkhut était trois fois plus puissant que l’ouragan Florence. Il a déjà fait de nombreuses victimes, par exemple aux Philippines ou le bilan atteignait 81 morts le 19 septembre 2018 (Le Monde). De manière plus anecdotique mais significative, les casinos de Macao ont fermé pour la première fois de leur histoire. Le 16 septembre, la chaîne d’information LCI annonçait que les autorités de la province du Guangdong, dans le Sud-Est du pays, évacuaient 2,37 millions d’habitants alors que le typhon atteignait les côtes chinoises. Voir aussi le récit de Florence de Changy, correspondante du Monde à Hong-Kong.
Florence, des ressources pour travailler sur les cartes
Concernant l’Ouragan Florence, une série de billets de blogs consacrée à la cartographie des cyclones par Sylvain Genevois, un auteur qui avait contribué à Géoconfluences en 2005 (voir l’article).
- Cartographier la trajectoire des cyclones avec des données en temps réel (1)
- Cartographier la trajectoire des cyclones avec des données en temps réel (2)
- Cartographier la trajectoire des cyclones avec des données en temps réel (3)
- Cartographier la trajectoire des cyclones avec des données en temps réel (4)
Le quatrième et dernier volet en date est d’autant plus intéressant qu’il se focalise sur la vulnérabilité sociale des populations, quand beaucoup d’autres traitements de l’information s’arrêtent à la dimension météorologique du phénomène (l’aléa). Il mentionne aussi une conséquence environnementale inattendue : l’apparition de « lagunes de lisiers », c’est-à-dire d’importantes quantités de boues excrémentielles échappées des élevages porcins de la région frappée par le séisme (voir la carte des principaux comtés producteurs de porcs en 2012 sur le site de l’USDA Census of Agriculture)
Les catastrophes qui exigent un traitement médiatique immédiat favorisent la viralité des informations sur les réseaux sociaux. Un article du Monde permet de démonter quelques fake news qui ont circulé (du journaliste exagérant la violence de la tempête feignant de lutter contre un vent violent jusqu’aux requins nageant sur les autoroutes à la faveur de l’inondation).
- Anne-Aël Durand, « Rafales de canulars et vidéos détournées sur la tempête Florence et le typhon Mangkhut », Les Décodeurs du Monde, 17 septembre 2018.
- >>> Voir aussi, sur Géoconfluences : Jean-Benoît Bouron, « Internet, les sources et la géographie : enjeux civiques », 2017.
Les images de la NASA
Le Nasa Earth Observatory propose de visualiser de manière très interactive les deux cyclones tropicaux.
- Une carte glissante comparant la photographie satellite du typhon Mangkhut et la carte de la température de la couverture nuageuse
- Une carte glissante comparant l'humidité des sols et les précipitations sur les deux Caroline
- Une vidéo de l'évolution de l'ouragan Florence depuis sa naissance au large du Cap-Vert
- Une image en coupe de l'ouragan Florence
Les conséquences possibles sur l’industrie nucléaire
Depuis la catastrophe de Fukushima, en mars 2011, chaque événement climatique incite à prendre la température des centrales nucléaires. Deux articles récents :
- Theodore J. Kury, « Cyclones et installations nucléaires : les risques en cinq points », TheConversation, 16 septembre 2018.
- Bruno Chareyron, « Ouragan Florence et typhon Mangkhut. Quel impact sur les installations nucléaires ? », Médiapart, 19 septembre 2018.
Un phénomène météorologique récurrent
Pour replacer ces événements dans le temps long de la climatologie, on pourra se référer à la carte publiée par Robert A. Rohde sur le site de la NASA en novembre 2006. On y voit la trajectoire des tempêtes tropicales depuis 150 ans, montrant que les régions frappées par les trajectoires des cyclones les plus intenses sont stables dans le temps : le Golfe du Mexique et surtout la côte pacifique de l’Asie étant les parties du monde les plus fréquemment touchées.
Source : Nasa Earth Observatory, Historic Tropical Cyclone Tracks, image of the day for November 2, 2006. Image by Robert A. Rohde. |
La carte montre bien également que ce phénomène touche principalement les zones situées de part et d’autre de chaque tropique, même si les trajectoires peuvent se prolonger vers les latitudes plus hautes. La zone équatoriale, en revanche, est complètement épargnée, en raison de l’affaiblissement de la force de Coriolis à l’approche de l’Équateur. Les régions parcourues par des grands courants océaniques froids sont également épargnées (Californie, Andes, Mauritanie, côte occidentale de l’Afrique australe…)
D'ailleurs, la veille de Géoconfluences a souvent fait écho à ces événements :
- Ouragans, inondations, séisme : les risques sont d'actualité (septembre 2017)
- L'ouragan Harvey aux États-Unis : douze ans après Katrina, des circonstances différentes (août 2017)
- Les catastrophes et après (mai 2015)
- Le typhon Haiyan aux Philippines, une sélection de liens (novembre 2013)
- Une saison cyclonique dévastatrice sur l'Atlantique Nord : Charley, Frances, Ivan, Jeanne ... et les autres (septembre 2004)
Vocabulaire
- Aléa | Risque | Vulnérabilité | Résilience | Acceptabilité | Cartographie de crise (crisis mapping)
- Voir tous les mots du glossaire associé au dossier Risques et sociétés