Gouverner Istanbul
La région métropolitaine d'Istanbul est gérée par la "Municipalité métropolitaine" (Istanbul Büyükşehir Belediyesi). Depuis 2004, les limites administratives de la Mairie métropolitaine coïncident avec celles du département d'Istanbul dont les contours ont été revus en 1996, avec la transformation d'un ancien arrondissement (Yalova, sur la rive sud du Golfe d'Izmit) en département. Plusieurs échelons de gouvernement se partagent la gestion et l'aménagement de ce territoire de 5 343 km².
L'État et le département
Certains ministères jouent un rôle fondamental dans la gestion et l'aménagement d'Istanbul. Le ministère de la Culture et du Tourisme tout d'abord, qui garde des compétences sur certaines zones échappant de ce fait aux pouvoirs locaux. Le ministère des Transports également, qui gère les franchissements du Bosphore et les infrastructures d'envergure nationale. Le ministère de la Défense enfin, qui possède quelque 17% du sol dans le département d'Istanbul. Ce ministère est devenu un acteur majeur de la production de la ville dans la mesure où il transfère progressivement ses réserves foncières soit aux acteurs publics locaux (par le biais de négociations plus ou moins informelles), soit au secteur privé.
Représentant de l'État central, le vali, s'appuie sur l'administration spéciale du département (il özel idaresi), constituée de plusieurs services départementaux et propriétaire d'un vaste patrimoine foncier. Ses compétences principales concernent la police, l'état civil et le contrôle des constructions. À un niveau inférieur, celui des 39 arrondissements (ilçe) que compte le département d'Istanbul, se trouvent les sous-préfectures (kaymakamlik), qui constituent un simple relais du pouvoir central et de ses services. Enfin, à un niveau encore inférieur, les maires de quartier (muhtar) – même s'ils sont élus par leurs administrés – peuvent être considérés comme d'ultimes représentants du pouvoir central.
La Municipalité métropolitaine
Face au pouvoir central, les "pouvoirs locaux" sont principalement détenus par la Municipalité métropolitaine d'Istanbul (Istanbul Büyükşehir Belediyesi), issue des réformes de décentralisation votées en 1984. Ses limites administratives ont été étendues en 2004-2005 afin de coïncider avec celles du département. Les territoires intégrés sont ceux des 41 "municipalités de premier rang", essentiellement situées au nord-ouest d'Istanbul (Silivri, Çatalca) et en moindre mesure au nord-est (Şile). La Mairie métropolitaine est dotée d'un budget considérable (5 milliards de livres turques / TL en 2009, soit environ 2,5 milliards d'euros), principalement composé de dotations de l'État central, et emploie entre 30 000 et 40 000 personnes. La Mairie métropolitaine est dirigée par un "maire métropolitain", élu au suffrage universel direct pour cinq ans, et par un conseil municipal métropolitain, formé à partir des conseils municipaux d'arrondissement. Ses compétences, élargies à la fin des années 1990, portent sur la planification urbaine – la Mairie métropolitaine élabore un plan d'aménagement général (Nazim Imar Planı) – ainsi que sur la construction de logements et la gestion du patrimoine foncier public. En 2004-2005, son autonomie financière a été renforcée : possibilité de faire des emprunts sur les marchés financiers, assouplissement des règles en matière d'appels d'offre, etc. Cependant, on observe actuellement un processus relatif de recentralisation puisque le gouvernement, par l'intermédiaire de l'agence TOKI, s'investit aujourd'hui massivement dans la politique du logement à Istanbul.
Les municipalités d'arrondissement (ilçe belediyeleri)
Créées en 1984, les municipalités d'arrondissement (ilçe belediyeleri) – ou "municipalités de second rang" – sont depuis 2008 au nombre de 39. Neuf nouveaux arrondissements ont en effet été créés à partir des anciennes "municipalités de premier rang", tandis qu'un autre a été supprimé, celui d'Eminönü. Les mairies d'arrondissement ont des compétences dans le domaine de l'éducation, de la santé et de la police locale. Elles octroient également les "permis de construction" (ruhsat belgesi), gèrent et aménagent les espaces verts. Elles sont tenues d'élaborer les "plans d'application" locaux du plan d'aménagement général (Nazim Imar Planı) de la Mairie métropolitaine, sans pouvoir d'initiative réel. Cependant, il faut noter d'importantes inégalités de revenus entre ces différentes municipalités, ce qui leur donne des marges de manœuvre très variables.
Sources : Pérouse, 1999 ; Urban Age, 2009 ; Uzun, 2007 ; Mairie métropolitaine d'Istanbul, www.ibb.gov.tr/en-US/Organization/MunicipalHistory/Pages/AnaSayfa.aspx
Voir la conférence vidéo de J.-F. Pérouse "La gestion d'Istanbul", www.ifea-istanbul.net/website_2/index.php?option=/.../lang=fr
Pour citer cet article :
« Gouverner Istanbul », Géoconfluences, novembre 2010.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/urb1/popup/Istanbul1.htm