"Transformation urbaine", évictions et résistances
La politique de "transformation urbaine" de la Mairie métropolitaine consiste en des "interventions lourdes sur le tissu urbain" selon des procédures de délégation au secteur privé et "vise à rendre la ville plus viable et moderne" (Pérouse, 2007a). Dans de nombreux secteurs, les pouvoirs publics cherchent en fait à détruire des quartiers auto-construits pour y développer de nouveaux projets de construction et de nouvelles zones d'activité tertiaire qui conduisent à l'éviction des habitants. Situé à l'ouest de l'agglomération, l'arrondissement de Küçükçekmece, qui s'est principalement développé selon un mode spontané, est au premier chef concerné. L'ambition des projets menés par la Mairie d'arrondissement et soutenus par la Mairie métropolitaine est de "faire disparaître les stigmates de l'habitat illégal en remplaçant les formes auto-construites par des collectifs faisant meilleur impression. En d'autres termes, le but ultime est de remodeler fondamentalement le paysage urbain de l'arrondissement en procédant a posteriori à une réorganisation des fonctions et une remise en ordre du tissu" (Pérouse, 2007a). Mais la politique de "transformation urbaine" concerne autant les arrondissements centraux (par ex. Sulukule à Fatih) que les arrondissements périphériques (par ex. Kartal et Pendik). Dans certains cas, comme à Ertuğrul et à Kurtköy (Pendik) ou encore à Karadolap (Eyüp), les habitants se sont mobilisés pour résister au processus d'éviction et se sont engagés dans de véritables luttes urbaines qui ont permis d'infléchir voire de bloquer certains projets (Pérouse, 2007a ; Cabannes et al., 2010).
Antoine Fleury, CNRS, UMR 8504 Géographie-cités,
pour Géoconfluences le 5 novembre 2010
Pour citer cet article :
« "Transformation urbaine", évictions et résistances », Géoconfluences, novembre 2010.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/urb1/popup/Istanbul2.htm