Archive. Le monde méditerranéen : un espace en manque d'intégration ?
NB. Le contenu de cet article donne des informations disponibles au moment de sa publication en 2004.
NB. Le contenu de cet article donne des informations disponibles au moment de sa publication en 2004.
>>> Pour des informations à jour, lire par exemple : Jean-Benoît Bouron et Yves-François Le Lay, « La Méditerranée : introduction du dossier », Géoconfluences, juin 2024.
Les disparités des revenus (adaptation d'un document de la DREE)
Les pays méditerranéens connaissent aujourd'hui, pour la grande majorité d'entre eux, une croissance faible et heurtée et parviennent peu à attirer les investissements étrangers. Après l'embellie timide de 2000, la croissance des pays méditerranéens, mesurée en moyenne pondérée (par le PIB/PPA), s'est contractée en 2001.
Le ralentissement a été aggravé par la tragédie du 11 septembre dont les retombées, conjuguées à la dégradation de la situation israélo-palestinienne, font planer des incertitudes sur les perspectives 2002. Ce revers n'est cependant pas un accident conjoncturel, et s'inscrit dans la tendance de ces dix dernières années. On constate en effet qu'au fil des ans, la croissance moyenne des pays méditerranéens a ralenti pour se rapprocher de celle de l'Union Européenne. Ainsi, au cours des 5 dernières années, la croissance du PIB per capita s'est limité à 1%. Le revenu moyen (en parité de pouvoir d'achat) de la rive sud a doublé entre 1967 et 2000, mais l'écart entre les deux rives ne s'est pas résorbé : le revenu du sud demeure équivalent à 30% de celui du nord.
Med (pays méditerranéens) : désigne ici les 12 pays du "partenariat euro-méditerranéen" lancé à Barcelone en 1995, c'est à dire l'Algérie, Chypre, l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la Syrie, la Tunisie, la Turquie, l'Autorité palestinienne. Source : Direction des Relations économiques extérieures (DREE) - Secrétaire d'État au Commerce extérieurwww.commerce-exterieur.gouv.fr/euromed et www.commerce-exterieur.gouv.fr/publications1 |
Les échanges commerciaux
Il pourra être pertinent de comparer, du point de vue des échanges (évolution générale, asymétries par exemple), l'interface méditerranéenne avec d'autres situations ailleurs dans le monde : États-Unis / Amérique latine ; Asie orientale par exemple. Bien entendu, des précautions sont indispensables et il conviendra de mettre en perspective cette analyse en prenant en compte l'ensemble des paramètres : poids démographiques, relations géopolitiques, trajectoires historiques, etc. Rappelons l'appartenance du Mexique et des États-Unis à une zone commune de libre-échange, l'Alena (Nafta) incluant aussi le Canada. Interface et "corridor économique" d'Asie orientaleLa Chine représente 13% des exportations du Japon, et ces exportations augmentent depuis 2 ans de 40% par an ; le Japon représente 15% des exportations de la Chine, et ces exportations De plus, le Japon réalise chaque année 4 milliards USD d'investissements directs en Chine (le PIB de la Chine est de 1 250 milliards USD, son investissement de 500 milliards USD). |
Des éléments pour comparer : d'autres interfacesImportations et exportations des États-Unis et de l'Amérique latine (y compris Mexique) %
Structure des importations et exportations de la zone "Algérie, Maroc et Tunisie"
|
1990
|
2002
|
|||
Exports
|
Imports
|
Exports
|
Imports
|
|
France |
21,1
|
22,7
|
19,9
|
25,7
|
Allemagne |
5,4
|
9,3
|
5,7
|
6,8
|
Italie |
16,8
|
10,5
|
16,3
|
11,1
|
Espagne |
5,8
|
5,6
|
11,7
|
8,1
|
Autres UE |
18,3
|
11,6
|
14,2
|
11,6
|
Total UE |
67,4
|
59,7
|
67,8
|
57,3
|
Commerce de biens intra-zone et avec l'UE des pays méditerranéens¹ en 2001
Total du commerce extérieur
(millions USD) |
Dont intra-zone (pays méditer-
ranéens¹) (%) |
Dont :
UE (%) |
|
Algérie |
29 962
|
6,3
|
62,5
|
Égypte |
23 199
|
4,2
|
36,9
|
Israël |
59 266
|
1,2
|
37,0
|
Maroc |
18 831
|
2,9
|
64,1
|
MO non Opep² |
28 369
|
9,3
|
36,9
|
Tunisie |
15 879
|
3,5
|
77,5
|
Turquie |
69 473
|
5,8
|
49,8
|
Source : Chelem, calculs DPAEwww.commerce-exterieur.gouv.fr/euromed/doc/ide_oct2003.pdf
1 - Pays méditerranéens = les 12 pays du "partenariat euro-méditerranéen" lancé à Barcelone en 1995, c'est à dire l'Algérie, Chypre, l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la Syrie, la Tunisie, la Turquie, l'Autorité palestinienne.
2 - Moyen Orient non Opep = Jordanie, Liban, Syrie, Yémen
On relève ainsi la faible part des échanges commerciaux régionaux intra-zone méditerranéenne comparés aux échanges avec l'UE. Et, par ailleurs, la place des pays euro-méditerranéens (au sens des pays du "partenariat euro-méditerranéen") dans l'ensemble des échanges mondiaux est très faible (1,7% en 2000).
Les flux d'investissement direct étranger (IDE)
L'IDE en direction des pays du Maghreb, qui pourrait contribuer à réduire les clivages entre les deux rives semble stagner. En effet, on constate que les IDE à destination du Maroc et de la Tunisie, les deux pays du Maghreb qui ont attiré les flux les plus importants, abstraction faite de l'année 2001 (on observe un pic dû à l'effet des privatisations au Maroc), plafonnent à partir des années 90 aux environs de 10% de la formation brute en capital fixe (FBCF). Inversement, la perspective de leur adhésion a induit une forte augmentation d'IDE vers les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) : ils passent de 5% de la FBCF en 1993 à 15% en 2001.
Stock d'IDE en Méditerranée en millions d'euros (2000)
Origines\Destinations |
Euromed*
|
Israël
|
Turquie
|
Maghreb
|
dont Maroc
|
Machrek
|
dont Égypte
|
Pays-Bas |
7 313
|
502
|
1 037
|
310
|
81
|
1 671
|
ND
|
France |
6 263
|
157
|
1 034
|
1 711
|
1 252
|
654
|
293
|
Allemagne |
1 362
|
197
|
1 716
|
437
|
212
|
364
|
293
|
Royaume-Uni |
9 342
|
455
|
734
|
260
|
74
|
1 476
|
1 226
|
Italie |
6 091
|
67
|
1 196
|
903
|
281
|
264
|
228
|
Portugal |
2 591
|
0
|
0
|
754
|
316
|
504
|
504
|
Total UE |
229 363
|
1 541
|
6 228
|
6 420
|
3 285
|
5 353
|
3 697
|
* Euromed = pays du "partenariat euro-méditerranéen" lancé à Barcelone en 1995
Source : Eurostat - Diffusion : www.commerce-exterieur.gouv.fr/euromed/doc/ide_oct2003.pdf
Les investissements étrangers nord-sud, qu'ils soient industriels ou financiers, contribuent à moderniser les entreprises locales, à les insérer dans les échanges mondiaux, à favoriser une intégration "de fait" sud-sud.
Vers un espace économique régional ?
Le partenariat euro-méditerranéen* ne saurait se résumer à une simple juxtaposition d'accords d'association "nord-sud". La réduction de la fracture que constitue encore aujourd'hui la mer Méditerranée et l'émergence d'une zone de prospéritié partagée dépendront en grande partie de la création d'un véritable espace économique régional. L'ouverture Nord-Sud programmée devra ainsi être complétée par une intégration Sud-Sud concomitante. Il en va de la nécessaire rationalisation de l'espace productif régional, de la cohérence de son cadre institutionnel, de sa perception par la communauté internationale, et donc de son attractivité, notamment auprès des investisseurs. Dans ce contexte, une juxtaposition d'accords d'association sans mise en place d'un véritable marché régional déséquilibrerait les relations "centre-périphérie" au détriment des pays méditerranéens. Or, à ce jour (mai 2002), le volume des échanges "Sud-Sud" se limite à 6%. Certes, les accords commerciaux "Sud-Sud" se sont multipliés depuis cinq ans, en phase avec le processus de Barcelone, mais leur impact sur les échanges régionaux n'est pas encore perceptible. La stratégie d'intégration actuelle des pays méditerranéens repose sur un cumul d'accords bilatéraux engendrant une superposition de régimes douaniers à géométrie variable dont la cartographie est malaisée. (...) Dans cette perspective, le prochain accord de libre échange des pays signataires de la déclaration d'Agadir (Égypte, Jordanie, Maroc et Tunisie) fera figure de test.
Extrait de : Vers un espace économique euro-méditerranéen - Les enjeux économiques internationaux - dossier de la DREE - Mai 2002www.commerce-exterieur.gouv.fr/euromed/doc/dreedoss0502.pdf
* Voir le glossaire : processus de Barcelone
Note : La dénomination "accord de libre-échange" vise d'autres objectifs que la seule libéralisation des échanges : elle concerne toutes les dimensions de la globalisation, investissements directs et flux de capitaux financiers compris.
Niveaux et modes d'insertion dans les organisations régionales et internationales
À consulter :
|
Sources, références, compléments
- Les Cahiers du Cercle des économistes - n° 4, Europe et Méditerranée - "5+5", l'ambition d'une association renforcée. Le document propose d'intéressantes comparaisons internationales entre différentes situations d'échanges et d'intégrations régionales (Chine et Japon, États-Unis et Amérique latine, UE et PECO) :www.lecercledeseconomistes.asso.fr/5+5.pdf
- Direction des Relations économiques extérieures (DREE) - Secrétaire d'État au Commerce extérieur :www.commerce-exterieur.gouv.fr/euromed et www.commerce-exterieur.gouv.fr/publications1
- La CNUCED (UNCTAD) : www.unctad.org/Templates/StartPage.asp?intItemID=2068&lang=2
- Divers documents du Réseau Femise - http://www.femise.net dont :
- L'impact de la libéralisation agricole dans le contexte du partenariat euro-méditerranéen (rapport novembre 2003) : http://www.femise.net/PDF/femise-agri-fr.pdf
Sélection et mise en page web : Sylviane Tabarly
Mise à jour : 01-03-2004
Pour citer cet article :
Sylviane Tabarly, « Archive. Le monde méditerranéen : un espace en manque d'intégration ? », Géoconfluences, mars 2004.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/etpays/Medit/MeditDoc3.htm